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Interview de Alain de Mendonça, PDG de Promovacances.com

Interview de Alain de Mendonça, PDG de Promovacances.com

Comment s’est déroulée votre levée de fond ?

Nous sommes très vite tombés dans l’éclatement de la bulle Internet en 2001, ce qui représentait le pire moment pour démarrer sur le web ! Le contexte s’est effondré en mars et nous avons cherché des fonds à partir d’avril. Nous avons dû effectuer 242 RDV pour lever 3 millions d’euros ! 2 mois avant, nous aurions pu lever 20 millions d’euros en 2 coups de téléphone ! Les débuts ont été très difficiles mais finalement très salutaires. On le voit souvent dans les histoires d’entreprises ou d’hommes : ce sont des débuts difficiles qui forgent des personnalités au fer.

Comment avez-vous fait pour persévérer ?

Je l’ai fait car l’entrepreneuriat c’est un véritable acte de foi. Tout le monde nous démontrait que notre idée était mauvaise, qu’on arrivait trop tard, qu’on ne connaissait rien au voyage et qu’on était bien trop jeunes. Mais notre conviction nous a portés et nous avons fini par réussir. Si on n’y croit pas, on n’a aucune chance de réaliser son projet.

Quel a été votre plus grand moment de stress ?

La levée de fonds, car en 2001 plus personne n’y croyait. C’est très difficile d’aller contre le pessimisme, mais à un moment la conviction et l’acharnement l’emportent ! Nous étions dans le doute. Nous travaillions sur le projet depuis un an, je m’étais endetté à hauteur de 150 000 euros et avais demandé à des amis de quitter leurs boulots pour venir me rejoindre. à un moment nous étions prêts à jeter l’éponge, car nous ne pouvions plus payer les loyers. Jusqu’à la veille de la signature, rien n’était sûr. Cela a été une épreuve physique et nerveuse. Mais c’était palpitant et nous en sommes ressortis grandis. Nous sommes entrés sur le marché avec 10 fois moins d’argent que nos concurrents, nous sommes partis 2 ans après eux… mais nous avions notre chance, et pour nous, cela valait de l’or.

Qu’est-ce qui vous a fait passer des difficultés au succès ?

En 2002, nous faisions 55 millions d’euros de CA, ce qui nous permettait d’amortir la masse du coût fixe. à ce moment là, c’est comme en ski nautique, tout d’un coup on décolle. Et une fois qu’on prend de la vitesse, il faut savoir garder son équilibre. Si on va trop vite, on risque de couler et si on ne prend pas suffisamment de vitesse, on tombe. Nous avons su bien doser afin de garder toujours un développement commercial et financier. C’est un « mix » de développement organique et de développement externe qui a permis à Promovacances de connaître la réussite.

Pourquoi avoir revendu l’entreprise en 2005 ?

Cela correspondait à une phase de maturité pour nos actionnaires qui ont décidé de revendre l’entreprise. Mais en 2007, nous l’avons rachetée, et pour un prix plus élevé que celui auquel on l’avait vendu ! Bien plus qu’à l’argent, nous étions attachés à l’histoire de l’entreprise.

Comment avez-vous vécu la perte de votre entreprise ?

Dans l’entrepreneuriat, il y a une grande dose d’affectif. On travaille énormément, il y a beaucoup d’énergie, de passion, d’implication. Quand on vend sa société, on se coupe une partie de soi. Mais les gens ne comprennent pas cela car la vente représente une belle opération financière. Or, la motivation entrepreneuriale est ailleurs.

Que vous ont apporté vos études à Harvard ?

Cela m’a énormément aidé car le système français est complètement anti-entrepreneur. Aux états-Unis, on glorifie les entrepreneurs comme Michael Dell, Bill Gates ou Steeve Jobs qui sont des icônes. En France ce sont, non pas les créateurs, mais les grands patrons comme Carlos Goshn qui font rêver. Les gens se mettent des barrières psychologiques en pensant qu’ils ne seraient pas capables de créer une entreprise. Sur le campus, des entrepreneurs viennent régulièrement témoigner et j’ai fini par me dire « pourquoi pas moi ? ». L’entrepreneur est rarement un génie, c’est un pragmatique simple. Pour créer Promovacances, nous n’avons rien fait de sorcier ! Nous avons juste lancé un concept et poussé les bonnes portes. Il faut se décomplexer et démystifier l’entrepreneuriat. Avoir fait des études aux états-Unis m’a ouvert à la mentalité américaine pragmatique et orientée vers l’action. Or, l’entrepreneuriat, c’est 95 % action et 5 % réflexion. C’est sans arrêt en mouvement, il faut agir très vite. Beaucoup d’entrepreneurs ont gagné grâce à leur rapidité.

Comment arrivez-vous à gérer le stress de l’entrepreneur ?

C’est très important d’essayer de prendre du recul pour mieux gérer le stress, de faire du sport ou du yoga, même si ce n’est pas facile de prendre du temps. L’entrepreneur est comme dans une pièce de théâtre. Il joue un rôle mais il ne doit pas oublier que la vie ce n’est pas seulement son entreprise. Ce n’est pas facile de prendre du temps car l’entrepreneur est sur-impliqué et si il se désimplique, il risque de perdre en énergie. Il y a une sorte d’équilibre psychologique à trouver. J’ai la chance d’avoir des collaborateurs qui sont à mes côtés depuis le début de l’aventure. J’ai confiance en eux et cela m’aide un peu à porter le fardeau !

Les 5 conseils d’Alain de Mendonça aux entrepreneurs

  • Croire : c’est la base de tout.
  • Travailler : on ne peut pas espérer un miracle sans travailler.
  • Vendre : un entrepreneur doit sans cesse vendre son entreprise aux actionnaires, aux collaborateurs, aux clients, aux partenaires…
  • Savoir compter : je ne suis pas un financier ni un comptable mais je sais compter. Si un entrepreneur ne sait pas un minimum compter, il va droit dans le mur.
  • Fédérer les bonnes personnes : dans l’entrepreneuriat, on voit toute sorte de profils ! on rencontre des escrocs, des magouilleurs… on est dans la forêt et on peut rencontrer Cendrillon, comme on peut tomber sur le méchant loup !
  • Toujours garder l’esprit « petite boîte ».

Interview de Jean-Emile Rosenblum, Co-fondateur de Pixmania

Entretien exclusif avec le co-fondateur de Pixmania, Jean-Emile Rosenblum, spécialiste des appareils connectés mobiles neufs et reconditionnés en ligne.

D’où est venue cette envie de créer votre entreprise ?

J’ai toujours eu envie de créer ma boîte. J’ai eu la chance d’avoir un père qui lui-même était son propre patron et qui m’a sans cesse encouragé à suivre sa voie. Comme moi, il a toujours travaillé avec son frère. C’est à l’occasion du stage que j’ai réalisé en fin d’études que mon envie de devenir entrepreneur était devenue claire pour moi.

Comment est né Pixmania ?

Mon frère ainé avait déjà créé depuis quelques années Photowatch, une société spécialisée dans la commercialisation de montres personnalisées. Il voyageait alors pour trouver une nouvelle idée de business. Des états-Unis, il a rapporté le concept du tirage photos par Internet à l’usage des appareils photos numériques. Il m’a alors parlé de cette idée et, comme je finissais mes études, j’ai saisis cette opportunité pour démarrer avec lui Pixmania en mars 2000. à l’époque, nous étions un peu trop en avance sur notre temps car les gens n’étaient pas encore suffisamment équipés en informatique et que le haut débit n’était pas bien diffusé. Nous nous sommes donc adaptés au marché et avons décidé de nous lancer dans la vente d’appareils photos numériques. Pixmania était né !

Comment vous êtes vous organisés la répartition du travail avec votre frère ?

Nous avions des profils complémentaires. J’ai plutôt un profil de frontoffice (la vente, les achats et le marketing), alors que mon frère a plus d’affinités avec le backoffice (les finances, l’informatique, la logistique). Au début je m’occupais de la traduction du site mais, rapidement, dès que nous avons commencé à vendre, je suis devenu directeur commercial.

Comment arrivez-vous à prendre les décisions importantes ?

Le plus souvent, nous avons le même point de vue concernant les décisions stratégiques. Quand nous ne sommes pas d’accord, nous laissons celui qui est dans son domaine de compétences prendre la décision. Il arrive parfois que le désaccord persiste. Dans ce cas là, nous abandonnons l’idée tout simplement.

Avez-vous rencontré des difficultés lors de la création de Pixmania ?

Nous en avons rencontré beaucoup ! Mais celle qui a été la plus marquante reste la LBO que nous avons réalisée sur la société familiale spécialisée dans le service photos. Mon père et mon oncle s’apprêtaient à vendre la société à quelqu’un lorsque mon frère leur a demandé d’attendre afin qu’il puisse lui aussi faire une offre. Arrivée le jour du closing, les fonds qui nous appuyaient ont pris peur et ont abandonné. Ce premier échec était dû probablement à notre jeune âge (j’avais 21 ans et mon frère 25 ans). Un an plus tard, nous avons tout de même réussi à réaliser cette LBO avec un fonds d’investissement, malgré l’éclatement de la bulle Internet et les évènements du 11 septembre 2001. Je vous laisse imaginer la complexité de la situation et la pression que nous avions pour réaliser de bons résultats ! Malgré ces contraintes, nous avons réussi à être rentables dès la création.

Quelle a été votre stratégie pour optimiser la rentabilité de l’entreprise ?

Nous avons pris le pari d’attaquer l’Europe tout de suite et, ainsi, de ne pas être dépendant d’un seul marché. Nous nous sommes d’abord lancés en France puis, très vite, nous étions présents dans 26 pays d’Europe. Ceci nous a permis de multiplier nos chances de croissance et de résultats. Nous avons opté pour la même stratégie concernant nos produits. Nous avons commencé à vendre des appareils photos et des caméscopes, puis nous nous sommes entendus sur l’image, le son, l’informatique et l’électroménager. Notre maîtrise des métiers de l’e-commerce nous a donné l’idée de développer une société de services nommée E-merchant. Aujourd’hui, des clients comme Bouygues Telecom utilisent notre plateforme. Ce marché étant moins concurrentiel que celui du site Pixmania, nous avons pu nous imposer assez facilement.

Avez-vous eu des conflits avec votre frère ?

Tout s’est toujours bien passé entre nous. Au début nous n’étions pas engagés à 50/50 dans l’entreprise mais, comme nous fournissions la même dose d’efforts pour le développement de Pixmania, mon frère a décidé de lui-même de rééquilibrer les parts. Je pense que cela est important lorsqu’on est associé et qui plus est de la même famille. C’est une des clés de la réussite. Nous avons chacun eu nos hauts et nos bas dans notre implication. Mon frère a eu des enfants plus tôt que moi, il a naturellement eu envie de passer plus de temps avec eux. Maintenant, je suis devenu papa et moi aussi j’ai envie de rester davantage auprès de ma famille.

Comment avez-vous géré les dividendes de l’entreprise ?

Depuis que l’on a créé notre entreprise, nous ne nous sommes jamais versés de dividendes. Tout a été investi dans notre société. Nous préférons miser sur la croissance et sur une logique de valorisation d’entreprise.

Pensez-vous que lorsqu’on crée une entreprise, il faut savoir tout sacrifier ?

Il faut être prêt à le faire mais ne pas tout sacrifier. Quand je voyais mes amis partir le week-end, je me disais qu’il fallait que je fasse des choix et que je pourrai en bénéficier dix fois plus par la suite. Aujourd’hui, l’entreprise se porte bien et je prends le temps de profiter de mon fils et de ma femme. Mais il est vrai que les débuts étaient durs ! Pendant les cinq premières années, nous travaillions 6 jours sur 7, 14h par jour avec quelques nuits blanches.

Les 5 conseils de Jean-Emile Rosenblum aux entrepreneurs

  • Démarrer tôt. Lorsqu’on est jeune, on est beaucoup plus libre et on a moins de responsabilité. Une fois que l’on a goûté au confort du salarié, que l’on commence à monter les échelons et que l’on a créé une famille, c’est trop tard. Prendre des risques mesurés à ce moment là devient très difficile.
  • Ne pas être influencé par les personnes qui disent : faites vos expériences d’abord .
  • Avoir de l’ambition. Il faut décider de devenir le premier, pas le deuxième.
  • Être prêt à travailler.
  • Écouter les conseils et savoir bien s’entourer.

Interview de Natanael Wright, PDG et co-fondateur de Wall Street Institut

Entretien exclusif avec Natanael Wright, PDG et co-fondateur de Wall Street Institut

Parlez-nous de votre entreprise.

Wall Street Institute est le numéro 1 des formations d’anglais en France. Le numéro 2 sur ce marché doit faire la moitié de notre CA. L’entreprise est organisée sous forme de franchises organisées par zones territoriales. Aujourd’hui nous avons 67 centres en France mais nous projetons d’en ouvrir 100 supplémentaires. Notre succès vient du fait que notre formation délivre un résultat mesurable et garanti par la formule du client satisfait ou remboursé.

Avez-vous toujours rêvé devenir entrepreneur ?

Mon père, qui était cadre dans une multinationale, a été licencié à 42 ans, en partie à cause de sa « grande gueule ».Observant que j’avais la même « grande gueule » que mon père, voire pire, je me suis dit que j’allais très logiquement finir de la même manière ! à 15 ans je me suis donc dit que je voulais devenir mon propre patron.

Comment est née l’entreprise Wall Street Institute en France ?

En 1983, mon père a importé le concept Wall Street d’Italie et a acheté les droits pour la zone francophone. Au départ, l’entreprise n’a pas fonctionné et mon père a même frôlé la faillite. Un directeur d’agence de pub m’a demandé de lui donner des cours d’anglais afin de l’aider à vendre des campagnes à des clients anglo-saxons. à partir de là, l’entreprise s’est vite spécialisée dans les cours d’anglais destinés aux agences de pub, ce qui a duré 6 ans.

Mon père a été embauché par une agence de pub par un drôle de hasard : l’agence lui avait demandé de faire lui-même la présentation en anglais devant le client qui a été emballé et ne voulait plus travailler qu’avec mon père ! Il m’a appelé en urgence pour le remplacer à la tête de Wall Street. J’ai donc quitté mon poste de banquier en Afrique et suis rentré dans le groupe en 1993, à 26 ans. à l’époque, Wall Street faisait 700 000 € de CA… et 150 000 € de pertes !

C’est vous qui avez redressé l’entreprise ?

Pendant 3 ans nous avons vivoté. Nous avions un vrai problème de cash et je passais chaque jour la moitié de mon temps au téléphone à négocier avec le banquier pour lui expliquer que le cash allait arriver. à un moment, alors que j’avais trois mois de retard de salaire, j’ai décidé de faire autrement. Je suis allé voir ce qui se faisait en Espagne où les franchises Wall Street fonctionnaient très bien grâce à un CD-Rom qu’ils avaient développé. Voyant que je voulais tout changer, mon père m’a demandé de ne pas mettre en danger l’entreprise familiale et de créer une filiale. Là, tout a décollé ! Au bout de 6 mois la filiale a racheté la maison mère car c’est elle qui avait ce fameux contrat de franchise qui nous intéressait.

Comment avez-vous fait ?

Nous avons fait preuve d’audace ! D’abord au niveau de notre communication : je suis allé voir le métro parisien et leur ai fait une proposition un peu folle. Je leur ai promis que nous allions toujours leur allouer un pourcentage de nos CA s’ils acceptaient de nous faire un tarif de bouclage pour seulement 20 affiches qui n’auraient pas trouvé de clients. Ils nous ont dit « pourquoi pas » et ça a tout de suite fonctionné. Ensuite nous avons contacté deux grosses entreprises en leur proposant notre méthode mais en étant payé d’avance et en encaissant la caution pour le matériel que nous leur prêtions. Nous avons pris de gros risques mais c’est ainsi que nous avons réussi à générer du cash.

En tant qu’ancien banquier, comment avez-vous géré les contacts avec les banques ?

Je me suis d’abord adressé à la banque familiale mais celle-ci m’a adressé un refus d’emprunt qu’elle m’avait pourtant promis. Je lui ai simplement dit qu’elle allait le regretter plus tard et le lendemain j’ai changé de banque ! 6 mois plus tard ils sont revenus taper à notre porte et nous ont envoyé une banque filiale… mais c’était trop tard. Lorsqu’on arrive à tenir tête aux banques dès le départ et qu’on réussi ensuite à générer du cash, on devient les rois du pétrole ! L’entreprise n’est alors plus cliente de la banque, mais celle-ci devient un partenaire fournisseur de crédit.

Quel est votre secret pour retrouver le moral lorsque vous avez des moments de découragement ?

Avoir des projets motivants ! Personnellement, c’est la crise qui m’a permis de retrouver ma motivation… Avec l’arrivée de la crise, nous avons été obligé de nous remettre à créer, à innover. Nous nous sommes remis au travail ! Aujourd’hui nous allons ouvrir de nombreux nouveaux centres et nous nous apprêtons à lancer une nouvelle offre réservée aux professionnels. La crise nous a fait un bien fou !

Avez-vous réussi à concilier vie professionnelle et vie personnelle ?

Au moment où l’entreprise connaissait un fort développement, j’ai décidé de prendre un peu plus de temps pour moi. J’ai commencé à prendre des jours de vacances, ce qui m’a fait le plus grand bien et m’a permis de profiter de ma famille. Aujourd’hui je travaille également souvent à mon domicile.

Les 5 conseils de Natanael Wright pour les entrepreneurs

  • Se fixer des objectifs et les écrire, puis les relire chaque matin. Cela permet d’intégrer totalement ces objectifs et de trouver naturellement les moyens de les réaliser.
  • Oser. Comme l’ont fait Michel et Augustin lorsqu’ils ont présenté leur nouveau yaourt à moitié-nu avec des tâches de vaches dans un supermarché !
  • Choisir de créer dans le cadre d’un réseau de franchise. Un bon moyen pour l’entrepreneur de se sentir moins seul et de bénéficier de points de repères pour développer sa rentabilité.
  • Définir un business plan clair et réaliste. Ce qui fait peur aux banquiers ce sont les entrepreneurs qui se présentent avec un business plan annonçant 180 % de croissance par an. Il faut présenter des chiffres qui montrent que si, par malheur, le CA baissait, l’entreprise s’en sortirait toujours.
  • Connaître les décisionnaires des banques et les convaincre de votre projet, par exemple en leur faisant visiter les locaux de l’entreprise. Il faut être pro-actif pour faire accepter ses petites demandes de prêts lorsqu’on en a besoin.

Interview de Charles Beigbeder, Fondateur de Selftrade, Poweo, Gravitation, AgroGeneration, Audacia et Happy Time

Entretien exclusif avec Charles Beigbeder le fondateur de Selftrade, Poweo, Gravitation, AgroGeneration, Audacia et Happy Time

Comment avez-vous trouvé vos premières idées de création d’entreprise ?

En lisant les pages saumon du Figaro. Pour ma première création, Selftrade, j’étais tombé sur un article qui parlait du développement de la bourse en ligne aux états-Unis. Une directive européenne venait de tomber pour annoncer la libéralisation du secteur des services boursiers. J’ai creusé le sujet et découvert qu’à la Bourse de Paris tout s’était déjà automatisé. à l’époque il fallait encore téléphoner à son agent de change pour passer un ordre de bourse et les commissions prélevées étaient exorbitantes. Plus j’amassais des informations sur le sujet, plus cela me confortait dans la conviction que mon idée était excellente.

Lorsque j’ai souhaité créer à nouveau une entreprise, j’ai cherché quel secteur d’activité serait libéralisé après les finances par la Commission Européenne. Le secteur de l’énergie m’est apparu comme le plus intéressant à creuser et c’est ainsi que j’ai créé Poweo en 2002. Alors que Poweo se développait bien, je me suis dit que j’avais encore beaucoup d’autres idées et d’autres rêves. Observant que le défi alimentaire est en passe de devenir un des enjeux les plus importants pour faire face à l’augmentation de la population, j’ai décidé de créer Agrogénération. Cette entreprise agit pour remettre les terres en jachère au travail, comme par exemple les anciens kolkhozes en Ukraine, et développer de nouvelles surfaces cultivables.

Qu’est-ce-que l’entrepreneuriat représente pour vous ?

Pour moi, être entrepreneur c’est rester adolescent, c’est avoir des rêves et les réaliser. Lorsqu’on est enfant, on pense que l’on peut tout faire, mais par la suite le système fait tout pour nous casser et nous faire rentrer dans le moule de la réalité. Or, le seul moyen de prendre son destin en main, d’être autonome, de développer une vraie capacité d’épargne pour acheter des biens immobiliers, reste de créer son entreprise. Il n’existe pas d’aventure plus excitante que la création d’entreprise !

Qu’est-ce qui a éveillé en vous ce goût pour l’entrepreneuriat ?

Le constat qu’en étant salarié, j’étais prisonnier de ma situation, même si j’étais un prisonnier de luxe ! J’avais envie d’être plus autonome, de créer quelque chose, de laisser une trace. Devenir entrepreneur relève presque d’un questionnement métaphysique.

Qu’est-ce-qui vous motive pour créer toutes ces entreprises ?

L’envie de réaliser mes rêves. Je suis heureux car, en créant ma holding industrielle et financière Gravitation, j’ai trouvé le mécanisme qui me permet de le faire. Moi je suis un créateur, un animateur stratégique, mais je n’ai pas le temps d’être opérationnel sur toutes les entreprises. Au sein de cette holding, nous lançons les idées, puis identifions les managers qui vont être capables de les porter. Avec Gravitation, j’ai en quelque sorte industrialisé ce que j’avais déjà fait cinq fois lors de mes précédentes créations d’entreprises.

Comment faites-vous pour garder le moral ?

La clé est de bien savoir s’entourer car, quand vous êtes déprimé, les autres ne le sont jamais tous en même temps. Je ne suis pas toujours très énergique, très optimiste, comme tout le monde, j’ai des périodes difficiles. J’ai ma femme, qui est la première personne qui me soutient, et mes collaborateurs. Je pense également que, pour garder le moral, il faut avoir un bon sens de l’humour et ne pas se prendre trop au sérieux. J’essaie aussi d’avoir la foi. Je pense que nous ne sommes pas tout seul et qu’il existe autre chose au-delà de notre monde matériel, ce qui me donne une énergie supplémentaire.

Vous vous engagez en faveur de l’entrepreneuriat, comment à votre avis populariser la création d’entreprise en France ?

Il y a en France un vrai paradoxe : l’entreprise n’est pas aimée dans notre pays, mais quand vous demandez aux jeunes ce qu’ils rêvent de faire, ceux-ci répondent majoritairement qu’ils veulent créer une entreprise. La relation entre les français et l’entrepreneuriat est complexe ! Pour faire bouger cela, je m’engage à Croissance Plus, dont j’ai été président ou au Medef, dont je fais parti du conseil exécutif. Je m’engage aussi en politique en assurant la vice-présidence de la Fondation pour l’innovation en politique. Je m’implique dans le débat politique pour faire changer cet état d’esprit contre l’entreprise.

Les choses changent doucement mais il y a encore beaucoup de travail ! Je veux transmettre aux français un message pour qu’ils soient plus nombreux à découvrir ce qu’est le bonheur d’entreprendre. N’oublions pas également que c’est grâce au dynamisme économique créé par les entrepreneurs qu’on peut en France financer notre modèle social. Pour qu’on puisse bénéficier d’une protection sociale élevée, nous avons besoin de favoriser la liberté d’entreprendre.

Dans le livre Energie positive, qui prônait l’entrepreneuriat, que défendiez-vous ?

Que la création d’entreprise n’est pas réservée à une élite et que les vrais obstacles sont souvent dans la tête. Il suffit d’avoir un peu d’audace, de courage, d’humour et une capacité à bien s’entourer. L’entrepreneuriat est une aventure fantastique !

Les 5 conseils de Charles Beigbeder pour les entrepreneurs

  • Lire les journaux
  • Dès qu’une idée vient, la noter et prendre le temps de réaliser un bon business plan, le week-end par exemple.
  • Ne pas hésiter à se jeter à l’eau. Ne pas s’arrêter à l’idée si le business model est bon et que l’idée tient la route.
  • Bien s’entourer, ce qui est le plus dur. Il faut également bien définir la répartition du capital. Les partages à parts égales ne sont pas une bonne solution car l’entreprise a besoin d’un chef.
  • Avoir confiance en soi tout en étant capable de se remettre en cause, avoir de l’humour et de la ténacité.

Interview de Oleg Tscheltzoff, PDG de la banque d’images Fotolia

Retrouvez notre entretien exclusif avec Oleg Tscheltzoff, PDG de la banque d’images Fotolia.

Parlez-nous de votre parcours ?

Après des études d’ingénieur, j’ai fait un MBA à HEC, puis j’ai été embauché par L’Oréal en tant que chef de produit. J’ai vite compris qu’être salarié d’un grand groupe ne me convenait pas et que j’avais un profil plutôt entrepreneurial. Je me suis alors lancé dans la production de spectacles pour les pays de l’est. J’ai d’ailleurs lancé Patricia Kaas en Russie ! Par la suite, j’ai créé une première entreprise, toujours en Russie, dans le domaine des télécoms. J’ai revendu cette société avant de rentrer en France pour créer avec mon meilleur ami l’entreprise Amen qui est devenue le numéro 2 français de l’hébergement de sites internet. Nous avons vendu Amen en 2004 puis avons lancé Fotolia avec Thibaud Elzière, un ancien collaborateur d’Amen.

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie d’entreprendre ?

Au départ, j’avais cette volonté d’être libre dans mes choix et dans mes actions. Puis, dès que j’ai commencé à entreprendre, je me suis senti comme un sportif qui se bat pour se trouver à la première place du podium. Je sentais également qu’en créant mon entreprise je pouvais, à mon échelle, réussir à faire changer les choses.

Comment vous sont venues les idées d’Amen puis de Fotolia ?

Nous avons créé Amen à la suite à la loi de dé-régularisation des noms de domaine. Nous avons donc cherché à développer des offres packagées bon marché pour démocratiser l’internet, et Amen est née. L’idée de Fotolia est elle aussi liée au développement du web. Les personnes avaient besoin d’illustrer leurs sites web et leurs supports de communication, mais les photos proposées par les banques d’images traditionnelles coûtaient trop cher. Nous avons donc découvert qu’il existait une véritable demande pour des contenus visuels de qualité à des prix compétitifs. Aujourd’hui, Fotolia est la banque d’images leader en Europe sur le marché de la microstock avec plus de 550 000 clients et 1,7 millions de membres.

Quel est le cœur de métier de Fotolia ?

Fotolia est une place de marché de contenus visuels et vidéo libres de droits qui propose sur son site 8 millions d’images de photographes, de créatifs et d’agences photos parmi les plus renommées à travers le monde. Lorsque ces contenus sont retenus, ils sont mis en vente sur le site via un moteur de recherche multilingue qui fait apparaître les résultats indexés. Les agences de communication, les organismes de presse, les éditeurs, les administrations et collectivités locales et les TPE/PME achètent ensuite ces photos pour diverses utilisations : illustration de site web, de blog, de newsletter, de catalogue ou de publicité…

Avez-vous connu des moments difficiles ?

Lorsqu’Amen a été lancée, les clients ont afflué. Les débuts de Fotolia ont été très différents. Pendant presque un an et demi, nous avions pour objectif d’enrichir notre banque d’images. Nombre de mes associés pensaient que le site n’allait jamais décoller et qu’il valait mieux s’arrêter. Mais j’ai persévéré jusqu’au moment où le nombre de clients s’est mis à augmenter grâce au bouche à oreille. Les photographes professionnels, quant à eux, se sont aperçus qu’ils pouvaient gagner de l’argent grâce au volume de ventes généré.

Pourquoi avoir décidé de vous engager en tant que business angel ?

Quand je me suis lancé dans les affaires, il n’y avait aucun fonds pour m’aider à financer mes projets. Cela a été très difficile de devoir autofinancer mes projets et je n’ai pas réussi à concrétiser toutes mes idées faute d’argent. Je pense qu’il doit y avoir beaucoup d’entrepreneurs qui se trouvent dans cette situation et j’ai envie de les aider. Il ne faut pas oublier qu’il y a aussi des opportunités. Je préfère placer mon argent dans des jeunes entreprises plutôt que de le laisser dormir à la banque.

Vous venez de lever 100 millions dollars. Comment avez-vous fait ?

Pour lever des fonds, l’important est que le business model soit clair et que la base soit saine, car la valorisation se fait par rapport à la profitabilité. Ensuite, je pense que l’entrepreneur doit être dans une vraie démarche active. Il ne suffit pas d’attendre que quelqu’un vienne vous racheter. Il faut s’entourer de conseillers et d’une banque d’affaires. Les financeurs cherchent à investir dans une entreprise à croissance explosive. Si votre boite a ce profil, il n’y a pas de raisons pour que vous ne réussissiez pas à lever de l’argent.

Quelles sont vos perspectives de développement ?

Nous lançons aujourd’hui un nouveau service avec flixtime.com : les contenus vidéos. Bien que de plus en plus à la mode, la vidéo reste très chère à produire. Nos clients peuvent désormais créer gratuitement des animations vidéos à partir de photos, de texte et de bande son. Nous continuons par ailleurs notre développement à l’international. Contrairement à nos confrères, nous sommes implantés localement dans 11 pays, et nos services sont disponibles en 10 langues. Nous développons une adaptation des moteurs de recherche pour chaque zone géographique afin de proposer les photos qui correspondent le mieux aux spécificités locales.

Les 5 conseils pour les entrepreneurs

  • Ne pas être paresseux, surtout dans les débuts. Il faut être au four et au moulin, 24H sur 24. Il faut donc s’assurer qu’on sera prêt à s’engager de la sorte pour son entreprise et que la personne avec laquelle on vit puisse l’accepter.
  • Suivre son intuition. Comme Fotolia, beaucoup de business ne fonctionnent pas tout de suite. Si nous n’avions pas eu cette intuition que l’entreprise pouvait fonctionner, nous aurions probablement arrêté.
  • Ne se fâcher avec personne, car le monde est petit !
  • Rester humble. Ce n’est pas parce qu’on connaît le succès qu’il faut prendre la grosse tête.
  • Ne pas avoir peur de gagner de l’argent. La plupart des entrepreneurs à succès sont des personnes qui considèrent qu’ils doivent gagner le maximum. On peut comparer cela à un coureur qui vise un temps de 8 secondes pour atteindre les 12 secondes.

Interview de Tristan Lecomte, Fondateur d’Alter Eco

Retrouvez notre interview exlusive de Tristan LECOMTE, créateur de la marque de commerce équitable Alter Eco

Quel a été votre parcours de création de la marque Alter Eco ?

Une de mes sœurs avait acheté le journal des sans-abris dans lequel il y avait un article sur le commerce équitable. Elle m’en a parlé et le sujet m’a intéressé alors j’ai eu envie de me lancer. J’ai d’abord monté une petite boutique dans un quartier central de Paris, en 1998. Après avoir été obligé de mettre la clé sous la porte, j’ai monté une seconde boutique, plus grande, dans le même quartier. Deuxième échec commercial. J’ai ensuite créé un site Internet en 2000, toujours sur le thème de la vente d’artisanat équitable. Là encore le projet s’est arrêté, faute de débouchés. J’ai fini par trouver le bon filon en me réorientant vers la vente de produits alimentaires équitables dans la grande distribution. Aujourd’hui, grâce au succès de la marque dans les supermarchés, nous pouvons aider réellement les producteurs et trouver un équilibre économique.

Pourquoi avoir d’abord choisi d’appliquer votre concept à travers l’ouverture de boutiques ?

Je pensais que c’était le moyen le plus simple de vendre les produits. Or, gérer une boutique en centre ville est très compliqué. De plus nous vendions de l’artisanat, qui n’est pas un produit de consommation courante. Désormais, je me rends compte que ce n’était pas les bons produits et pas le bon circuit de diffusion que nous avions choisis. Peut-être également que nous arrivions trop tôt et que les consommateurs n’étaient pas prêts à acheter équitable.

A travers tous ces échecs, qu’est-ce qui vous a poussé à rebondir et à retenter une nouvelle fois l’aventure ?

La volonté que cela réussisse, je pensais qu’il y avait un vrai intérêt pour les producteurs, une vraie utilité. Je sentais également un attrait de la part des consommateurs. Pour ces raisons, je n’ai pas laissé tomber, jusqu’au moment où cela a décollé, lorsque nous avons pris le parti de vendre nos produits en grande distribution.

Pendant toutes ces années où votre projet ne démarrait pas, n’avez-vous jamais eu envie de tout arrêter ?

Bien sûr ! De temps en temps, je me décourageais mais je ne doutais pas de la validité de mon projet. Nous avons été soutenus par de nombreuses personnes autour de nous qui croyaient dans le concept Alter Eco, ce qui nous a permis de ne pas baisser les bras. Même si l’entreprise ne fonctionnait pas, les gens nous encourageaient à continuer.

Comment vous avez réussi à convaincre les réseaux de grande distribution de vous suivre ?

Je leur ai montré que nos produits étaient de qualité et qu’ils pouvaient à la fois développer des ventes et se valoriser avec ces produits. Les distributeurs ont vite compris que vendre les produits Alter Eco était intéressant d’un point de vue économique, mais aussi pour leur image. J’ai eu la chance de rencontrer des personnes motivées par le thème du commerce équitable dans ces enseignes. à l’époque j’étais tout seul dans l’entreprise. J’ai frappé à la porte des réseaux de grande distribution et l’enseigne Monoprix a été la première à accepter de me faire confiance. Par la suite, les autres distributeurs ont quasiment tous suivi et l’entreprise a décollé.

Aujourd’hui vous essayez d’étendre votre marque à l’international. Quelle stratégie adoptez-vous pour développer Alter Eco à l’étranger ?

Nous développons notre marque aux états-Unis et en Australie, grâce à des entrepreneurs qui ont souhaité s’engager pour développer la marque et qui créent des filiales d’Alter Eco à l’étranger. Ce système fonctionne assez bien et la marque commence à bien se développer à l’international.

Quelles sont pour vous les valeurs de l’entreprise Alter Eco ?

L’ouverture d’esprit, la solidarité et l’envie de changer le monde.

Comment appliquez-vous ces valeurs dans l’entreprise au quotidien ?

En discutant avec les collaborateurs de notre mission et de ses enjeux. Nous avons essayé de créer un espace de travail convivial et propice à ce genre de discussions. Les collaborateurs ne sont pas tous des personnes super engagées pour le commerce équitable, mais ils partagent tous cette ouverture d’esprit, la qualité la plus importante pour nous. Nous vendons plus que des produits. Nous sommes là pour susciter un mouvement car tout l’enjeu du changement se trouve à l’intérieur de chacun. Les produits ne sont qu’un prétexte pour générer des réactions et faire que les personnes se posent des questions. Le but de la marque Alter Eco est de susciter une dynamique de changement des états d’esprit.

Vous incluez un véritable volet social dans l’entreprise. Cet aspect social est important pour vous en tant que créateur d’une entreprise solidaire ?

Oui, nous essayons d’avoir un engagement solidaire global. Nous avons fait travailler des SDF pour vendre nos produits sur des stands par exemple. Nous travaillons également avec un CAT (Centre d’Aide par le Travail) au Havre pour le conditionnement de nos produits. Pour nous, il est normal d’agir de cette manière, que ce soit avec les petits producteurs à l’étranger ou en France.

Votre plus grande satisfaction dans cette aventure ?

La cohérence de notre projet avec les valeurs que nous prônons.

Les 5 conseils de Tritan Lecomte pour les entrepreneurs

  • Croire en ses idées.
  • Ne jamais laisser tomber.
  • Écouter les conseils des personnes expérimentées.
  • Croire en soi.
  • Croire que tout est possible.

Interview de Stéphane Treppoz, PDG de Sarenza

Retrouvez notre interview exclusive de Stéphane TREPPOZ, PDG de Sarenza, grand magasin en ligne de chaussures et d’accessoires

Quel a été votre parcours jusqu’à votre arrivée à la tête de Sarenza ?

Après avoir obtenu mon diplôme à HEC, je suis parti vivre aux états-Unis pendant 6 ans pour développer la filiale américaine des jeux de construction Mécano. à mon retour en France, je suis entré dans le groupe Général des Eaux, futur Vivendi, où je gérais les fusions-acquisitions dans les médias. J’ai ensuite développé AOL en France pendant 2 ans, avant d’avoir une activité de business angel dans une société d’investissements. J’ai repris Sarenza avec ma meilleure amie Hélène Supau il y a trois ans à une période où l’entreprise était en grande difficulté.

Comment êtes-vous arrivé dans l’aventure Sarenza ?

Un des trois fondateurs de la société avait travaillé pour moi chez AOL. Il m’a appelé à l’automne 2006, quelques temps après que Sarenza ait fait une importante levée de fonds. Le concept de l’entreprise était très bon, mais elle était tout de même en pleine déconfiture au niveau du business. J’ai réalisé un audit de la société pour le compte des actionnaires financiers qui nous a conduits à la conclusion que la société avait un grand avenir, mais qu’il fallait tout changer. Lorsque nous sommes arrivés à la tête de Sarenza, nous avons pris une participation au capital et nous sommes appliqués à remettre l’affaire en route en réorganisant tout.

Justement, aujourd’hui Sarenza se porte bien, comment avez-vous réussi à remettre l’entreprise sur pieds ?

Ça a été assez simple : nous avons tout refait ! Nous avons notamment ré-internalisé des services tels que la maintenance du site ou le service après-vente, afin de garantir au client une qualité d’utilisation maximum. Nous avons également revu la stratégie d’achat de nos produits et négocié avec tous les fournisseurs. Ces changements ont permis à Sarenza de se placer enfin dans une dynamique de rentabilité et de croissance.

Avez-vous facilement réussi à vous faire accepter comme le nouveau patron par les équipes ?

Ce qui reste difficile dans une reprise d’entreprise, est de faire ses preuves pour obtenir une véritable légitimité face aux salariés. Nous avons donc essayé de dire ce que nous faisions et de faire ce que nous disions. Les gens nous ont vus travailler avec sérieux et le succès de l’entreprise a prouvé notre légitimité à la tête de Sarenza.

Vous qui avez développé de nombreuses entreprises, comment envisagez-vous la mise en place d’une stratégie efficace ?

Je pense que, pour une société, ce qui va vraiment faire la différence, ce n’est pas sa vision stratégique, mais plutôt l’exécution de cette stratégie. Ce qu’il faut faire pour que l’entreprise se développe, tout le monde peut le voir, ce n’est qu’une question de bon sens. Mais traduire cette stratégie en actions est beaucoup plus compliqué. Mettre en musique cette vision au sein de l’entreprise n’est pas si simple. Pour exécuter une stratégie, il faut être très rigoureux, se faire accompagner d’une bonne équipe et être intransigeant sur les points importants. Il est impératif également de se doter d’indicateurs de suivi de l’application de cette stratégie.

Vous avez récemment lancé le fonds d’investissement ISIA. En tant que business angel, comment sélectionnez-vous les projets que vous allez accompagner ?

A 90 % en fonction des équipes qui le portent et seulement à 10 % par rapport à l’idée. Si le patron est bon, même si son concept ne l’est pas, il saura toujours le faire évoluer pour obtenir un projet qui tient la route. Je pense qu’il faut surtout parier sur les hommes.

Les 10 conseils de Stéphane Treppoz pour les entrepreneurs

  • Soyez certains que vous êtes faits pour ce challenge : l’entrepreneuriat n’est pas fait pour tout le monde.
  • Assurez-vous que votre modèle économique est viable, surtout en cas de concurrence accrue.
  • Sachez vous entourer et demander conseil.
  • Si vous avez envie de tester d’abord votre modèle à petite échelle, et que celui-ci le permet, commencez par devenir auto-entrepreneur, une formule simple et rapide à mettre en œuvre.
  • N’investissez dans votre entreprise que ce que vous êtes prêts à perdre, rien de plus. Cette prise de risque est le prix de la liberté de l’entrepreneur.
  • Utilisez à bon escient les fonds d’investissements pour porter le risque.
  • Les banques ne prêtant que très exceptionnellement aux très jeunes entreprises, tournez vous vers deux autres formes d’aides : les aides de l’état, les fonds d’investissements, business angels, capitaux risqueurs.
  • Gérez l’argent de manière frugale pour vous donner le temps de réussir.
  • Soyez rigoureux dans le suivi de vos engagements.
  • Sachez arrêter un projet quand sa viabilité est incertaine.

Jacques Allard : Eco Co2

De l’intrapreneuriat à l’entrepreneuriat, il n’y a qu’un pas… que Jacques Allard a su brillamment franchir. Ce nouvel entrepreneur n’est pas à sa première expérience de dirigeant ! 

Salarié pendant 25 ans du groupe EDF S.A, il a bénéficié de l’expérience acquise au sein du groupe qui lui confiait d’importants projets à développer, en interne comme au sein de filiales qu’il a créées en partenariat avec son employeur. Depuis longtemps, l’envie de se lancer tout seul dans l’aventure entrepreneuriale lui tournait dans l’esprit. Et c’est le système de l’essaimage, pratiqué par le groupe EDF S.A, qui l’a finalement convaincu de se lancer.

Jacques développe depuis mars 2009 Eco Co2, une entreprise résolument axée « développement durable », qui ambitionne de permettre aux citoyens de faire des économies d’énergie (et donc de faire des économies tout court !). Jacques a pour cela notamment développé un jeu de société baptisé T’es au courant ?, sorte de remake du célèbre « Monopoly » mais centré sur les dépenses énergétiques !

Essaimé par le groupe EDF S.A, il a la possibilité de réintégrer son poste chaque année, et ce pendant 5 ans. Une sécurité qui a fortement rassuré son épouse lorsque celui-ci lui a annoncé son souhait de créer sa propre entreprise. Il a bénéficié d’un accompagnement dispensé en interne par un conseiller essaimage et en externe par les réseaux d’accompagnements partenaires du groupe. Il va également recevoir un financement de son ancien employeur afin de multiplier les chances de pérennisation de sa jeune entreprise. Souhaitons-lui le même avenir que les 2/3 des entrepreneurs essaimés par EDF S.A : la création d’une entreprise pérenne après 5 ans.

Cédric Neuville : Jericoa

Depuis toujours, Cédric Neuville savait qu’il voulait créer sa propre entreprise. Cet ingénieur télécom de formation s’était donné entre 7 et 12 ans avant de se lancer pour se construire un parcours qu’il souhaitait international et varié. Chose faite ! 

Une idée née de l’expérience

Cédric a pu vivre de nombreuses expériences professionnelles en France mais surtout à l’étranger avant de lancer sa propre société en 2008. Cet entrepreneur aux multiples talents a notamment contribué à inventer le système de réduction du souffle. Celui qui nous permet d’entendre nos correspondants lorsque nous parlons au téléphone portable ! Il a également équipé l’ambassade de France en Grande Bretagne en informatique à l’heure où Internet n’en était qu’à ses premiers balbutiements.

Un projet à la base reporté

Son entreprise, il a failli la créer quelques années plus tôt. Mais le destin l’a porté vers une nouvelle expérience à la tête d’une entreprise de logiciels. Cette dernière expérience lui a donné un avant goût de la fonction de chef d’entreprise avant qu’il ne crée sa propre structure. Aujourd’hui, Cédric est à la tête de Jericoa, une société spécialisée dans la sécurité informatique et les technologies mobiles. Jericoa est installé en Suisse car la fiscalité de ce pays est plus favorable au type d’activité à l’export qu’il développe.

Des produits qui comment à marcher !

L’entreprise édite deux programmes qui commencent à s’imposer sur le marché : IVault for IPhone et IVault for Web. Ces logiciels fonctionnent tels des coffres-forts numériques qui gardent en mémoire ses mots de passe, les codes de ses cartes ou même encore le code de la porte de la grand-mère ! Ce spécialiste de la protection des informations en garde une précieusement : le secret de ses multiples succès !

Guillaume Tostivint : Curiocités

J’ai décidé de démissionner de ma boite pour créer ma propre entreprise la semaine où j’ai su que j’allais être père. Et de jumeaux en plus ! » 

Une réaction différente des autres

Face à un tel évènement, la plupart des gens auraient réagi en choisissant la voie de la plus grande sécurité. Guillaume Tostivint, lui, en a profité pour sortir de sa zone de confort et se lancer dans la voie de son épanouissement professionnel. Aujourd’hui Guillaume développe Curiocités, une entreprise spécialisée dans les visites guidées de Paris, ludiques et conviviales.

Un statut d’auto-entrepreneur comme marchepied

Cette société, Guillaume a commencé par la développer sous le régime d’auto-entrepreneur. Dès le départ son objectif était de transformer son auto-entreprise en structure traditionnelle. Le statut d’auto-entrepreneur représentait pour lui un marchepied vers la création classique, une occasion de tester son idée, mais aussi de se tester lui-même en tant qu’entrepreneur. « Créer son entreprise est comme courir un marathon de 42 km. Avec le statut d’auto-entrepreneur, je pouvais voir si, déjà, j’étais capable de courir 5 km ! ». Les résultats de ce test « grandeur nature » ont été concluants car de grands groupes ont fait appel à ses services. Les clients étaient au rendez-vous et, après avoir réalisé un sérieux business plan aidé de son expert comptable, Guillaume s’est lancé et a créé en décembre sa SASU. 

Une période d’alignement des planètes

Guillaume a une théorie : il croit en ce qu’il nomme « l’alignement des planètes », ce moment où toutes les conditions sont rassemblées pour pouvoir se lancer dans la création d’entreprise. Cette période d’alignement des planètes est intervenue pour Guillaume après qu’il ait pu travailler pendant sept ans au sein d’un grand groupe, puis une autre année dans une petite start-up. Ces deux expériences complémentaires lui ont apporté le bagage nécessaire pour créer et pour, enfin, vivre de ses passions pour l’histoire et la ville de Paris. Espérons que les planètes se soient bien alignées pour que ce « raconteur d’histoires » professionnel connaisse le succès entrepreneurial !