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Entrepreneur

Interview de Charles Beigbeder, Fondateur de Selftrade, Poweo, Gravitation, AgroGeneration, Audacia et Happy Time

Entretien exclusif avec le fondateur de Selftrade, Poweo, Gravitation, AgroGeneration, Audacia et Happy Time

Comment avez-vous trouvé vos premières idées de création d’entreprise ?

En lisant les pages saumon du Figaro. Pour ma première création, Selftrade, j’étais tombé sur un article qui parlait du développement de la bourse en ligne aux états-Unis. Une directive européenne venait de tomber pour annoncer la libéralisation du secteur des services boursiers. J’ai creusé le sujet et découvert qu’à la Bourse de Paris tout s’était déjà automatisé. à l’époque il fallait encore téléphoner à son agent de change pour passer un ordre de bourse et les commissions prélevées étaient exorbitantes. Plus j’amassais des informations sur le sujet, plus cela me confortait dans la conviction que mon idée était excellente.

Lorsque j’ai souhaité créer à nouveau une entreprise, j’ai cherché quel secteur d’activité serait libéralisé après les finances par la Commission Européenne. Le secteur de l’énergie m’est apparu comme le plus intéressant à creuser et c’est ainsi que j’ai créé Poweo en 2002. Alors que Poweo se développait bien, je me suis dit que j’avais encore beaucoup d’autres idées et d’autres rêves. Observant que le défi alimentaire est en passe de devenir un des enjeux les plus importants pour faire face à l’augmentation de la population, j’ai décidé de créer Agrogénération. Cette entreprise agit pour remettre les terres en jachère au travail, comme par exemple les anciens kolkhozes en Ukraine, et développer de nouvelles surfaces cultivables.

Qu’est-ce-que l’entrepreneuriat représente pour vous ?

Pour moi, être entrepreneur c’est rester adolescent, c’est avoir des rêves et les réaliser. Lorsqu’on est enfant, on pense que l’on peut tout faire, mais par la suite le système fait tout pour nous casser et nous faire rentrer dans le moule de la réalité. Or, le seul moyen de prendre son destin en main, d’être autonome, de développer une vraie capacité d’épargne pour acheter des biens immobiliers, reste de créer son entreprise. Il n’existe pas d’aventure plus excitante que la création d’entreprise !

Qu’est-ce qui a éveillé en vous ce goût pour l’entrepreneuriat ?

Le constat qu’en étant salarié, j’étais prisonnier de ma situation, même si j’étais un prisonnier de luxe ! J’avais envie d’être plus autonome, de créer quelque chose, de laisser une trace. Devenir entrepreneur relève presque d’un questionnement métaphysique.

Qu’est-ce-qui vous motive pour créer toutes ces entreprises ?

L’envie de réaliser mes rêves. Je suis heureux car, en créant ma holding industrielle et financière Gravitation, j’ai trouvé le mécanisme qui me permet de le faire. Moi je suis un créateur, un animateur stratégique, mais je n’ai pas le temps d’être opérationnel sur toutes les entreprises. Au sein de cette holding, nous lançons les idées, puis identifions les managers qui vont être capables de les porter. Avec Gravitation, j’ai en quelque sorte industrialisé ce que j’avais déjà fait cinq fois lors de mes précédentes créations d’entreprises.

Comment faites-vous pour garder le moral ?

La clé est de bien savoir s’entourer car, quand vous êtes déprimé, les autres ne le sont jamais tous en même temps. Je ne suis pas toujours très énergique, très optimiste, comme tout le monde, j’ai des périodes difficiles. J’ai ma femme, qui est la première personne qui me soutient, et mes collaborateurs. Je pense également que, pour garder le moral, il faut avoir un bon sens de l’humour et ne pas se prendre trop au sérieux. J’essaie aussi d’avoir la foi. Je pense que nous ne sommes pas tout seul et qu’il existe autre chose au-delà de notre monde matériel, ce qui me donne une énergie supplémentaire.

Vous vous engagez en faveur de l’entrepreneuriat, comment à votre avis populariser la création d’entreprise en France ?

Il y a en France un vrai paradoxe : l’entreprise n’est pas aimée dans notre pays, mais quand vous demandez aux jeunes ce qu’ils rêvent de faire, ceux-ci répondent majoritairement qu’ils veulent créer une entreprise. La relation entre les français et l’entrepreneuriat est complexe ! Pour faire bouger cela, je m’engage à Croissance Plus, dont j’ai été président ou au Medef, dont je fais parti du conseil exécutif. Je m’engage aussi en politique en assurant la vice-présidence de la Fondation pour l’innovation en politique. Je m’implique dans le débat politique pour faire changer cet état d’esprit contre l’entreprise.

Les choses changent doucement mais il y a encore beaucoup de travail ! Je veux transmettre aux français un message pour qu’ils soient plus nombreux à découvrir ce qu’est le bonheur d’entreprendre. N’oublions pas également que c’est grâce au dynamisme économique créé par les entrepreneurs qu’on peut en France financer notre modèle social. Pour qu’on puisse bénéficier d’une protection sociale élevée, nous avons besoin de favoriser la liberté d’entreprendre.

Dans le livre Energie positive, qui prônait l’entrepreneuriat, que défendiez-vous ?

Que la création d’entreprise n’est pas réservée à une élite et que les vrais obstacles sont souvent dans la tête. Il suffit d’avoir un peu d’audace, de courage, d’humour et une capacité à bien s’entourer. L’entrepreneuriat est une aventure fantastique !

Les 5 conseils de Charles Beigbeder pour les entrepreneurs

  • Lire les journaux
  • Dès qu’une idée vient, la noter et prendre le temps de réaliser un bon business plan, le week-end par exemple.
  • Ne pas hésiter à se jeter à l’eau. Ne pas s’arrêter à l’idée si le business model est bon et que l’idée tient la route.
  • Bien s’entourer, ce qui est le plus dur. Il faut également bien définir la répartition du capital. Les partages à parts égales ne sont pas une bonne solution car l’entreprise a besoin d’un chef.
  • Avoir confiance en soi tout en étant capable de se remettre en cause, avoir de l’humour et de la ténacité.

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