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Plaidoyer pour le droit à l’erreur !

Elle n’est aux achats que depuis quelques semaines. Ce revendeur informatique qui a embauché Laura (jeune femme avec de l’expérience dans des domaines d’activité similaires) va lui confier les liens quotidiens avec les grossistes et constructeurs pour tout ce qui concerne le « hardware », le matériel, dans son intégralité. Quelles sont les conditions de l’erreur en droit ?

L’intégration dans l’entreprise

Bien sûr, savoir acheter, quel que soit le produit, requiert un minimum de rigueur et d’observation, en plus de bases solides en négociation. Et Laura, excellente spécialiste Télécom, a besoin d’un certain temps d’adaptation. Les deux premières semaines sont consacrées à s’approprier la culture de l’entreprise, repérer les circuits d’influence, identifier les jeux de politique interne entre les commerciaux, apprendre les noms des interlocuteurs chez les fournisseurs, tout en surfant sur les multiples références, promos, « part numbers » et autres outils de gestion des stocks mis en place par son prédécesseur de patron.

Car c’est lui qu’elle va devoir « aider/supplanter/assister/renforcer ». Donc, comme c’est une « pro », il lui a montré, expliqué, plus ou moins patiemment (« ce n’est quand même pas ma faute si le téléphone nous interrompt sans arrêt ! ») ; il l’a mise en garde contre les pressions de certains constructeurs, lui a confié (avec quel déchirement !) les codes d’accès aux modules commande, et Laura peut enfin effectuer ce pour quoi elle est rémunérée : passer des ordres chez ses fournisseurs pour satisfaire les demandes (urgentes, bien sûr) des commerciaux et de leurs clients.

Puis l’erreur qui n’est pas tolérée…

Malheureusement, dès le 2ème jour de prise de poste, la bourde arrive ! Faisant confusion entre 2 lignes, elle commande un modèle de PC sans les graveurs prévus. L’erreur se remarque à l’arrivée des produits, et la crise éclate. En 5 années, au préalable, elle ne s’est pourtant jamais trompée.

Mais là, c’en est – déjà – trop pour son boss : inexcusable. L’entretien, ou plutôt la soufflante, commence devant une partie de l’équipe, et se termine en tête à tête, avec suffisamment de vigueur toutefois pour que tout le monde entende ! « Nulle, incapable, irresponsable », les qualificatifs frôlent l’injurieux. Et Laura se recroqueville, doutant de ses capacités, de son sérieux, voire de son avenir dans cette société. Car elle s’est trompée, une fois !

… et ses conséquences immédiates

Et voilà une bonne acheteuse, qui parce qu’elle perd de son assurance, devient maladroite dans les semaines qui suivent, hésite, demande 3 fois avant de confirmer un ordre, bref CONFIRME à son patron que son impatience et sa colère sont justifiées. Se rappelle-t-il, ce manager exemplaire, le nombre incroyable d’erreurs qu’il a lui-même commises, et qu’il a appris, avec le temps, à anticiper, comprendre, analyser, bref à mettre en place les systèmes de contrôle adéquats ?

En montrant un peu plus de patience et de pédagogie avec sa collaboratrice, il aurait probablement évité cette démotivation rapide. Car le résultat, trop fréquent, est évident : c’est lui qui va reprendre en mains la fonction achats. Donc continuer à déborder, se montrer irritable, surmené, tout en pestant contre l’incapacité de tous ses collaborateurs. Laura ira certainement chercher un autre job ; souhaitons-lui de tomber sur un boss qui saura l’encourager lorsqu’elle se trompera (au moins la 1ère fois).

J’oubliais : le client final acceptera les PC sans graveur, car moins chers au bout du compte. Satisfait, il en profitera pour passer une commande supplémentaire ! Et comme disait Alexandre Vialatte : « Sauf erreur, je ne me trompe jamais ! ».

La mort, opportunité pour les entrepreneurs?

Un entrepreneur peut voir la mort comme une opportunité pour sa future idée de business. L’industrie funéraire est un secteur porteur qui se développe et se diversifie partout dans le monde. Les entrepreneurs créatifs peuvent offrir des services et produits créatif pour accompagner les familles dans cette douloureuse épreuve.

Un marché en développement

On aura beau lutter contre, la mort est une fatalité. Elle peut aussi être une source d’opportunité. Aux Etats-Unis, l’industrie funéraire génère plus de 17 milliards de dollars par an, avec une moyenne de 6 500 dollars dépensés pour un enterrement. Ces chiffres, pourtant élevés, n’incluent pas les coûts supplémentaires. La demande est de plus en plus forte et les clients exigent des enterrements de plus en plus personnalisés. Peu d’entrepreneurs sont attirés par ce secteur qui pourtant peut devenir rapidement rentable. N’oubliez pas que l’objectif consiste souvent à faciliter la tâche au client et à répondre à ses besoins dans ces moments difficiles. Si vous manquez d’idées, il existe un réel marché à développer. Peut-être serez-vous le premier à fabriquer le cercueil personnalisé à la Star Wars ?

Quelques exemples d’entreprises

Space Services est une entreprise qui propose des enterrements dans l’espace. Charles Chafer, cofondateur et directeur de Space Services, a fait partie de l’équipe qui a envoyé la première fusée à financement privé dans l’espace en 1982. L’entrepreneur a fait le pari selon lequel les personnes seraient
davantage attirées par l’idée de voir leurs cendres être dispersées dans l’espace que dans la mer. Le concept est simple : une capsule, de la taille d’un rouge à lèvre, remplie des cendres du défunt (7 grammes) serait envoyée en orbite. L’entreprise, qui a ouvert ses portes en 1997, continue de se développer en diversifiant ses services. 

LifeGem est une entreprise qui propose aux personnes, qui veulent garder près d’eux leurs défunts, des bijoux. Les bijoux sont créés à partir du carbone issu des cendres du défunt pour en faire un diamant. Cette idée qui pourrait avoir l’image d’une mauvaise farce connaît un vif succès. LifeGem a atteint les 7,5 millions de dollars de bénéfices.

C’est la rentrée de l’emploi, rencontrez les meilleurs talents sans discriminer !

Bien des entreprises n’ont pas de méthode particulière pour évaluer un candidat. Chacun y va de sa technique, de son humeur, de son langage. Le candidat peut se sentir déstabilisé, surpris par un entretien non structuré, un recruteur peu convaincant, voire choqué par des questions d’ordre privé sans rapport avec le poste à pourvoir ; ce qui ne respecte pas la protection des droits fondamentaux du candidat à un emploi et qui peut exposer le recruteur à de lourdes sanctions pénales.

L’entretien est une technique de recrutement qui met en situation le recruteur et le candidat dans un échange constructif, pour identifier les compétences professionnelles clés, déceler les forces et faiblesses du candidat et évaluer la véracité des faits exposés au regard d’un poste à pourvoir. Un entretien se prépare à l’aide d’un guide d’entretien ou d’un questionnaire précis sur les critères objectifs à analyser. Il doit respecter et protéger le candidat à l’embauche selon la loi.

Questions discriminantes à ne pas poser

Voici un florilège de questions encore posées par des recruteurs en juillet 2013 sans rapport avec le poste à pourvoir :

Nathalie postule pour un emploi de Responsable d’établissement d’un groupe de formation :

• « Pour quel parti votez-vous ? »
• « Vous allez à l’église ou la synagogue » ?
• « Que faîtes-vous pendant vos loisirs ? » réponse de la candidate : je fais du sport » Recruteur : « Savez-vous que les gens qui font du sport ont une libido mal contrôlée ? ».
• « Avez-vous des enfants ? »
• « Que fait votre conjoint ? »

Corinne est reçue chez un traiteur renommé pour un poste de Responsable d’équipe d’accueil :

• « Qu’avez-vous cuisiné à votre conjoint hier soir ? »
• « Que pensez-vous des motifs à pois sur la veste de ma collaboratrice ? »
Bonne candidate qui correspondait parfaitement au poste, non retenue car le recruteur n’a pas eu le « feeling ».

Que dit la loi sur la discrimination à l’emploi

Selon l’article L.1132-1 du Code du travail « aucune personne ne peut être écartée d’une procédure de recrutement ou de l’accès à un stage ou à une période de formation en entreprise, aucun salarié ne peut être sanctionné, licencié ou faire l’objet d’une mesure discriminatoire, directe ou indirecte » eu raison de :

L’âge, l’apparence physique, l’appartenance ou non à une ethnie, à une nation, à une race, à une religion, l’état de santé, l’identité et l’orientation sexuelle, la grossesse, la situation de famille, le handicap, le patronyme, le sexe, les activités syndicales, les caractéristiques génétiques, les mœurs, les opinions politiques, l’origine.

Peuvent faire aussi l’objet de sanctions, les questions posées sur la situation familiale, l’entourage familiale, la profession du conjoint, les habitudes et comportements de la vie privée, la situation financière, la mobilité (propriétaire/locataire, région de naissance), l’adhésion à une association.

L’entretien doit se centrer exclusivement sur l’évaluation des compétences requises du candidat pour un poste en fonction de son expérience, ses connaissances ou sa formation.

Certaines questions sont toutefois admises lors d’un entretien car elles sont en lien direct avec le poste à pourvoir : les horaires/astreintes et déplacement sans contrainte familiale, la mobilité possible ou pas (clause de mobilité sur le contrat de travail), le permis de conduire, le casier judiciaire en fonction de l’activité, les loisirs à orienter sur les compétences acquises.

Quelles sont les sanctions pénales :

La discrimination à l’embauche est punie de 3 ans d’emprisonnement pour une personne physique.
L’amende s’élève à 45 000 €.

Quelques conseils pratiques :

Soyez le plus objectif possible dans votre jugement et éviter les projections, les préjugés ou stéréotypes, l’effet de halo, la perception sélective qui pourraient altérer votre décision.
Préparez vos entretiens. Soyez à l’heure, ne faites pas attendre le candidat 1 heure avant l’entretien prévu !
Sachez que la première impression du candidat sur l’accueil, le déroulement de l’entretien, la qualité de l’échange clair et précis sur le poste, l’environnement de travail, la mobilité, la rémunération, l’entreprise, sont des éléments déterminants dans sa décision. C’est aussi l’image et la réputation de votre entreprise que vous engagez.

Exemples de questions à poser au candidat

• Pourquoi avoir changé de postes et d’entreprises ?
• Pourquoi avoir répondu à l’annonce ? (intérêt poste / entreprise / Secteur d’activité)

Qualités professionnelles :

• Quelles ont été vos missions principales ? les avez-vous réalisées seul ou en collaboration ? Quel degré d’autonomie ? (exemples avec chiffres à l’appui),
• Quelles ont été vos responsabilités ?
• Qu’avez vous aimé réaliser ?
• Qu’est ce que vous n’aimez pas dans votre métier ?
• Avez-vous vécu un échec professionnel et comment l’avez vous surmonté ?
• Quelles qualités pensez-vous avoir pour le poste ? Vos atouts ? Quelles qualités vous reconnait-on ? (vos collègues, vos supérieurs hiérarchiques)
• Quels sont vos axes de progression ?

Situation de changement :

Comment réagissez-vous face au changement d’environnement ? face à la pression ?

Mobilité : Etes-vous mobile ? sur quelles zones ?

Qualités personnelles :

Elles pourront se déduire tout au long de l’entretien. Notez celles que vous souhaitez impérativement valider : Energie/Engagement/Motivation, structure du discours/Logique, expression orale / élocution, sens relationnel, capacité d’adaptation, ouverture d’esprit, sens de l’analyse/Synthèse.

Conclusion :

• Qu’attendez vous d’un supérieur hiérarchique ? (soutien, autonomie, confiance, échanges, formation….)
• Dans quel environnement professionnel vous vous épanouissez ?
• Pourquoi retenir votre candidature ?
• En résumé, en quoi pensez-vous m’avoir convaincu ?

Synthèse

Soignez la rédaction de votre compte rendu d’entretien sans commentaires sur la vie de famille, ni d’appréciation relative aux mœurs. Vous ne devez pas émettre de jugement sur la personnalité et le caractère du candidat en vous fondant sur vos impressions, mais vous pouvez exprimer les traits de personnalité du candidat en fonction des caractéristiques comportementales et compétences professionnelles définis en lien avec le poste à pourvoir.

Pour plus d’informations, connectez vous sur le www.defenseurdesdroits.fr

Le piège des clauses statutaires illicites

Parce que le droit évolue au rythme des réformes mais aussi de l’interprétation de la jurisprudence, nombre de clauses statutaires aujourd’hui en application sont susceptibles d’être reconnues non écrites. Que faire pour éviter de s’enferrer dans le piège qu’elles représentent ?

Du fait de la large diffusion de modèles de statuts notamment par Internet, il est aisé de constituer une société en s’inspirant plus ou moins servilement de statuts trouvés au hasard des lectures. Or certains peuvent contenir des dispositions illicites, notamment pour les SAS pour lesquelles la liberté de rédaction a poussé, par le passé, à adopter des clauses par la suite sanctionnées. La jurisprudence estivale nous donne une illustration de la prudence nécessaire à adopter dans une telle situation.

Dans deux arrêts du 23 juillet 2013 concernant la sanction de l’exclusion d’un associé sans que celui-ci n’ait pu prendre part au vote, la Cour de cassation a confirmé une position déjà ancienne, mais de façon inédite est venue préciser la portée de la sanction qui pèse sur une disposition statutaire illicite.

L’article 1844-10 du code civil rappelle que toute clause statutaire contraire à une disposition impérative est réputée non écrite. La portée de la sanction est grande, car ce n’est pas seulement la disposition illicite qui est atteinte, mais l’ensemble de la clause.
Un tel constat s’impose au juge qui ne peut donc écarter la disposition litigieuse et appliquer le reste de la clause, mais aussi interdit aux associés d’écarter eux-mêmes ladite disposition non écrite.
Au cas d’espèce, le dirigeant avait proposé à l’associé dont l’exclusion était prévue de prendre part au vote alors que les statuts l’en écartaient expressément : une telle proposition ne pouvait être valablement émise car elle revenait à modifier les statuts, ce que seule la collectivité des associés pouvait décider mais ce préalablement à l’assemblée.

Concrètement, on ne peut valablement constater en cours d’assemblée générale qu’une disposition statutaire incluse dans une clause que l’on envisage de mettre en œuvre est de nature à être réputée non écrite et décider de l’écarter.
Il est impératif au contraire de rejeter la résolution proposée puis, dans une nouvelle assemblée, modifier les statuts selon les règles de majorité applicables (en l’espèce s’agissant d’une SAS, la modification de la clause d’exclusion nécessite l’unanimité) pour ensuite, une fois ces modifications rendues opposables, se prononcer sur la résolution initialement envisagée.

Inutile encore de demander au juge de déclarer une clause non écrite pour que celle-ci soit écartée des statuts. La Cour de cassation vient de rappeler, dans l’un des deux arrêts, que le pouvoir de modifier les statuts appartient aux associés et à eux-seuls. Le juge, qui ne peut se substituer à la collectivité des associés, ne peut que statuer sur les conséquences de l’illicéité d’une clause statutaire, à savoir la nullité pure et simple des résolutions prises en leur application.
Dans les arrêts de juillet, la conséquence était la réintégration au capital de l’associé exclu par le premier vote.

La prudence est de mise face à des statuts anciens, ou issus sans vérification d’une base de données : inutile de se précipiter, la mise en conformité des statuts doit d’abord être menée pour ainsi sécuriser les décisions à intervenir. Il peut être opportun aussi, pour éviter d’être pris au dépourvu dans l’urgence, de faire relire ses statuts sous l’œil de la jurisprudence la plus récente.

Un NDA pour protéger votre ADN

NDA et ADN : deux acronymes donnant l’impression de se regarder dans le miroir sans pour autant être identiques ou opposés dans le sens. Et pourtant, ils se retrouvent pieds et poings liés pour défendre les intérêts de l’entreprise, l’un permettant d’assurer les arrières de l’autre pour que cette dernière puisse aller de l’avant et s’épanouir. Une demande d’explication s’impose…

Partons de la définition propre et indépendante de chacun de ces acronymes.

Le NDA se décompose en Non Disclosure Agreement qui n’est autre que la traduction anglaise d’un Accord de Confidentialité. Celui-ci se signe entre deux parties qui cherchent à échanger sur un sujet précis au niveau financier, technique, R&D etc…pour mieux se rapprocher. Ce document est indispensable au préambule d’un partenariat sous toutes les formes qu’il peut prendre.

L’ADN de son nom scientifique Acide DésoxyriboNucléique est l’élément naturel qui caractérise de manière unique tout être vivant. Depuis sa découverte totale en 1944, l’expression « c’est dans notre ADN » a fait son chemin pour devenir une vérité à toute entreprise quelle qu’elle soit.
L’ADN d’une entreprise est à la fois une notion vague et très complète puisque celle-ci change en fonction de la maturité de l’entreprise, associant sous un même toit, l’idée, le projet, l’équipe, le savoir-faire, les processus etc… Néanmoins, à chaque étape d’une entreprise, l’élément clé fédérateur qui donne la cohésion à un projet demeure l’idée de départ…ce fameux ADN.

Relation essentielle entre le NDA et l’ADN

Nul projet ne voit le jour sans qu’il naisse de l’esprit d’un entrepreneur souhaitant répondre à un besoin personnel ou suite au constat d’une nécessité commune…donnant ainsi vie à l’ADN de l’idée. Dans le cas d’une réponse à un besoin personnel, l’entrepreneur doit rapidement identifier si ce manque est partagé par une grande majorité d’utilisateurs potentiels. Dans l’éventualité d’un constat d’une insuffisance commune, il est important de vite valider la manière de répondre au besoin qui sera consommé par le plus grand nombre.

L’entrepreneur démarrant fait rapidement face au dilemme délicat entre partager son idée pour la faire valider et évoluer tout en la gardant secrète pour préserver son essence originelle. Cette contradiction qui frappe de plein fouet les entrepreneurs français n’apparaît pas être un frein aux Etats-Unis où la confrontation d’une idée au monde réel est de mise pour orienter le concept vers le projet le plus prometteur. Le processus de maturation pour qu’une idée se finalise en produit peut s’affirmer sous plusieurs formes suivant un « time to market » plus ou moins long…et qui semble, à projet égal, être plus court aux USA qu’en France.

D’où vient cette différence éloquente entre ces deux nations innovantes?

Du simple fait que dans l’ADN des entrepreneurs américains, le NDA est la sauvegarde de toutes leurs idées et qu’ils le font systématiquement signer avant toute conversation sérieuse avec un étranger au projet.

Quid sur le NDA

Le NDA est le premier garant de l’intégrité de l’idée du projet…de l’ADN, au moment où l’entrepreneur est le plus en position de faiblesse face au « vol » de propriété intellectuelle. Aux Etats-Unis la personne qui ne souhaite pas signer un NDA est automatiquement suspectée….au contraire de la France où celui qui veut faire signer un NDA se retrouve automatiquement sur le banc des accusés.

En France, j’ai très régulièrement été témoin de discussions du type… « Tu veux que je signe un accord de confidentialité ? Mais pourquoi ? Tu n’as pas confiance ? Penses-tu vraiment avoir le prochain Facebook entre les mains ? (avec un sourire narquois) …»

Il est bien connu que l’amitié dans le monde de l’entreprenariat n’existe pas…ou peu. La confiance vient avec le temps et dans un cadre borné. La réponse à de futures discussions sereines ne peut passer que par la signature d’un document acté, engageant la responsabilité des parties impliquées.

Dans le monde actuel où l’information est quasi instantanée, préserver son ADN par un simple NDA n’est que le B. A. BA !

Prévenir ou guérir (sujet de mon article précèdent) à vous de choisir.

Embaucher un salarié (3) : la clause relative au salaire

La clause relative au salaire ! Enfin un vrai sujet. Mais que de questions ? Combien doit-on payer, pour quelle prestation, comment définir le salaire, quand le payer, faut-il le réviser, comment l’augmenter ? Et aussi, que doit-on mentionner dans le contrat : salaire de base, brut, net ? Et les frais, et les primes, et les avantages en nature ou en espèces, et les heures supplémentaires, et les variables, et les bonus, et les commissions, etc…. un vrai casse tête finalement.

Quatre principes fondamentaux à respecter

  1. Vous connaissez déjà le premier : respectez la convention collective ! Une lecture décidément bien enrichissante pour éviter les grosses erreurs de classification ou de mise au point d’une période d’essai. La convention collective fixe aussi le salaire minimal du poste, avec des barèmes mis à jour en principe chaque année. Pour savoir si vous respectez bien les barèmes minima, vous devrez additionner tous les éléments permanents et obligatoires de la rémunération. Cela concerne le salaire fixe et, éventuellement, le salaire variable, mais aussi les avantages en nature et en espèces obligatoires tels que les primes prévues par la convention collective (ou par un usage en vigueur dans l’entreprise) ; il en est de même des primes variables liées à la performance du salarié ou des commissions dépendant d’un plan de commissionnement.
  2. Si vous n’avez pas de convention collective, renseignez vous sur le montant du SMIC (à titre indicatif actuellement le SMIC horaire est à 9,43 € et le SMIC mensuel basé sur 151, 67 heures est à 1430,22 € : vous pouvez utilement consulter le site internet de l’INSEE).
  3. Déterminez le salaire sans discriminer (article L. 1132-1 du code du travail : pas de discrimination en fonction du sexe, de l’origine, de la religion, de l’appartenance politique etc…)
  4. Respectez le principe « A travail égal, salaire égal » (article L. 3221-2 du code du travail : notamment l’égalité salariale entre les femmes et les hommes).

Les principes ci dessus étant respectés, il va falloir rédiger le contrat de travail de la manière la plus claire et la plus précise qui soit, s’agissant de ce sujet fondamental qu’est le salaire. Vous devrez pour cela vous poser, a minima, les diverses questions suivantes.

Déterminer la durée du travail

Dans un contrat de travail, l’ARGENT c’est généralement du TEMPS. 

Il existe aussi des formes autres de salaire, dans des professions déterminées, telles que le salaire aux pièces, à la tâche, la prime de rendement ou le pourboire. On s’en tiendra ici au cas le plus général dans lequel le salaire de base est calculé en fonction du temps passé par le salarié à son travail. Il faut donc prévoir dans le contrat une clause mixte, qui fixe à la fois la durée du travail et la rémunération qui en découle.

Oui mais, combien de temps ?

La durée légale du travail est de 35 heures par semaine, ou 151,55 heures par mois. C’est sur cette base que sont indiqués les barèmes de salaire minimal dans les conventions collectives.

Ainsi par exemple, pour un salarié simplement soumis à la durée légale, on écrira : « Article X : durée du travail et rémunération : Madame ou Monsieur Z est engagé à temps complet, soit à raison de 151,67 heures par mois. Il percevra en conséquence un salaire brut horaire de xxx € (ce qu’on nomme aussi le TAUX HORAIRE) soit un salaire mensuel brut de xxx € (à savoir le TAUX HORAIRE X 151,67 H) ».

Peut-on prévoir autre chose que la durée légale ?

Alors là, sachez que le droit du travail foisonne de possibilités en la matière ! De quoi écrire plusieurs tomes. En bref, vous vous adapterez à … la convention collective (encore elle !). Les solutions les plus courantes tournent autour de quelques schémas de base :

  • un temps complet correspondant à la durée légale de 35 heures par semaine, soit 151,67 heures par mois (soit 151 heures et 40 minutes de travail effectif),
  • un temps complet mais avec des heures supplémentaires déjà déterminables (rappel : toute heure dépassant 35 heures par semaine est en principe une heure supplémentaire à majorer) ; dans ce cas vous pouvez prévoir un forfait obligatoirement écrit et conforme à la convention collective,
  • un temps partiel, avec ou sans heures complémentaires et /ou supplémentaires etc…

Déterminer le ou les montants bruts qui seront dus au salarié

Une fois résolue la question de la durée du travail, le contrat doit déterminer les bases de calcul du salaire, car le salarié devra pouvoir vérifier qu’il a bien perçu ce qui lui est juridiquement dû.

Brut ou net ?

Le salaire indiqué dans le contrat de travail est généralement, et même sans indication du mot « brut », le salaire brut et non le salaire net. Le salarié ne recevra pas sur son compte bancaire le salaire brut mais le salaire net, obtenu en déduisant du salaire brut les cotisations salariales (cotisations de sécurité sociale, assurance chômage, cotisation de retraite complémentaire, cotisations prévoyance, CSG, CRDS) et la valeur des avantages en nature éventuels. Salaire brut et salaire net devront tous deux figurer sur le bulletin de paie.

Fixe ou variable ?

La rémunération brute mensuelle peut se décliner de plusieurs manières :

  • un salaire fixe,
  • OU un salaire fixe auquel s’ajoute une partie variable type commissions, primes, bonus, liée à la bonne réalisation d’objectifs par le salarié,
  • ET/OU des avantages en nature type voiture, logement, nourriture.

Mensuel ou annuel ?

Le salaire ne dépend pas du nombre de jours travaillés dans le mois. Il est donc mensuel. Sauf pour les travailleurs à domicile, temporaires, saisonniers et intermittents. Pour les salariés travaillant 35 heures par semaine, la rémunération mensuelle forfaitaire est donc calculée ainsi : 35 heures × 52 semaines/12 mois (ce qui donne les 151,666 heures, arrondies aux fameuses 151 heures et 67 centièmes).

Quelle valeur pécuniaire doit-on donner aux avantages?

La rémunération, comme dit plus haut, c’est le salaire de base ET les éventuels avantages :

  • Avantages en nature, à savoir, logement, nourriture, voiture sont financièrement évalués par référence aux barèmes de l’URSSAF, d’abord pour les mentionner sur le bulletin de paie, ensuite pour calculer les cotisations sociales, enfin pour calculer les indemnités de congés payés. Vous trouverez sur le site internet de l’URSSAF tous les éléments utiles à la fixation de la valeur de l’avantage en nature concerné.
  • Avantages en espèces obligatoires, à savoir les primes et autres gratifications en argent. Parmi les primes les plus courantes dans les conventions collectives, on trouve les primes d’ancienneté, d’assiduité, d’astreinte, de salissure, de pénibilité, de risque, de productivité, de rendement de bilan, de déménagement, d’expatriation, de repas, de transport, « de fin d’année », de naissance, de vacances etc… Leur montant est fixé par la convention collective ou par le contrat de travail (c’est le plus favorable qui s’applique).

Le remboursement des frais professionnels peut-il être un élément du salaire ?

Deux situations doivent être distinguées :

  • NON lorsqu’il s’agit réellement du remboursement de frais dont le salarié a fait l’avance : il ne sera donc pas pris en compte pour l’application du Smic ou du salaire minimum conventionnel, et dans l’assiette des cotisations ;
  • OUI lorsque les remboursements sont effectués forfaitairement et qu’ils ne correspondent pas à des dépenses réellement faites par le salarié : ils constituent alors un complément de rémunération.

Faut-il prévoir des objectifs dans le contrat de travail ?

Bien évidemment, si le contrat prévoit une part variable de rémunération dépendant de la réalisation d’objectifs, ces objectifs doivent être précisés dans le contrat. Ils doivent être raisonnables, réalistes et compatibles avec le marché. Leur renouvellement ou leur revalorisation périodique doivent aussi être envisagés par le contrat. En effet, à défaut d’une telle précision, l’employeur ne pourra pas modifier les objectifs sans l’accord exprès du salarié.

En conclusion, un dernier petit conseil : la rédaction de la clause relative au salaire doit être soignée et réfléchie. En effet, n’oubliez pas que les éléments du salaire qui auront été indiqués dans le contrat signé entre l’employeur et le salarié ne pourront être modifiés par la suite que par un nouvel accord.

Pourquoi s’implanter en Belgique ?

La Belgique est l’un des pays voisins de l’hexagone. Elle possède sa propre culture qui, contrairement aux idées reçues, est bien différente de celle de la France. Elle est également un carrefour Européen du fait de sa position géographique mais aussi de la présence d’institutions européennes. Le pays offre pour les entrepreneurs, les investisseurs et les exportateurs français des avantages et des opportunités que nous allons vous faire découvrir. 

Pour certains français la Belgique serait un pays facile à aborder puisque nous partageons une histoire commune, une langue commune et des similitudes culturelles. Cette manière de penser est cependant réductrice car elle est, en réalité, un pays à part entière qui possède ses propres coutumes et qu’il faudra prendre en compte. Les entrepreneurs et les exportateurs doivent ainsi prendre conscience de certains éléments avant de se lancer à la conquête de ce pays.

Pourquoi la Belgique?

La Belgique regorge d’opportunités pour les entrepreneurs français. Elle représente un carrefour pour de nombreux pays et est très ouverte à l’Europe puisqu’elle est l’un des pays fondateur de l’Union Européenne. Elle bénéficie dans ce cadre d’une absence quasi-totale des droits de douanes Import/export.

Pratiquement au centre de l’Europe, elle est une place de choix dans les exportations de certains secteurs. Ainsi, selon Jacques Maes, fondateur d’une entreprise spécialisée dans la fabrication de plats cuisinés surgelés à Boulogne-sur-Mer: « Le pays semble être le meilleur marché pour démarrer une activité à l’export ».

La Belgique possède aussi des infrastructures de qualité, denses et performantes sur le plan des transports et communications. Le pays a su acquérir une notoriété à l’échelle mondiale grâce à sa population reconnue pour être à la fois productive et qualifiée. S’implanter en Belgique, c’est choisir une place de choix pour votre entreprise et vos projets internationaux.

La capitale, Bruxelles, n’est pas en reste et est considérée comme la capitale de l’Union européenne du fait du nombre d’institutions européennes présentes. Sur le plan économique, Bruxelles forme également un carrefour économique et attire les entreprises internationales, les congressistes et les touristes. Capitale, elle l’est à la fois pour la communauté wallonne et la communauté flamande avec plus d’ 1 million d’habitants.

Un autre pays

Même si nous partageons certains points communs avec une partie du pays, il ne faudrait pas confondre le marché belge et le marché français. Les entrepreneurs français ont quelques atouts en mains puisque la langue française y est pratiquée dans une partie du pays et que la Belgique est un pays proche géographiquement. Néanmoins, le comportement de certains français nous ont valu la réputation de « tchatcheurs » d’après Stéphane Perchenet, Directeur Pays Ubifrance Belgique.

Pour être apprécié par les investisseurs et les collaborateurs belges, il est ainsi conseillé de tenir ses promesses même verbales mais aussi rester à l’écoute, proposer des solutions concrètes et de garder un sérieux professionnel. Il est aussi déconseillé de tenter l’humour si l’on n’est pas habile en la matière.

Un pays divisé en 3 catégories

La Belgique est un Etat fédéral constitué de plusieurs régions et fédérations. Les entrepreneurs peuvent être vite perdus car plusieurs langues, régions, cultures diverses sont réunies au sein d’un même pays. Le pays se divise notamment en 3 catégories :

– La Wallonie, reste l’une des cultures les plus proches de la culture française. Ce voisin francophone resterait informé sur l’actualité française et a accès à certaines chaines télévisées françaises. Malgré les apparences les wallons ne sont pas des français et sont « fiers de leur histoire et de leurs succès culturels », explique le directeur du bureau UBIFRANCE Belgique.

– La Flandre est une région totalement différente de la partie francophone du pays. Les flamands ont pour réputation d’être fiers de leur langue, de leur régions, de leur économie et de leur culture. Il vous faudra être soigné, scrupuleux et sérieux pour faire affaire en Flandre. Les flamands sont notamment sensibles à certains comportements et ne désirent pas être associés aux Pays-Bas ou à la Wallonie.

Bruxelles, est considérée comme la capitale européenne et est une ville ancrée dans l’international. La ville « se distingue nettement de la Wallonie », selon Stéphane Perchenet.

Les habitants sont pour la plupart polyglottes, la langue française est pratiquée mais encore une fois il ne faut rien prendre pour acquis malgré les similitudes.

Par ailleurs, les belges ont la réputation d’être des commerçants compétents et des personnes ouvertes.

Les secteurs clés de l’économie Belge

La Belgique est un pays européen développé et mature. Les secteurs importants du pays sont déjà bien occupés par des géants du secteur ou des entreprises robustes qui connaissent bien le territoire. Il pourrait s’avérer judicieux d’aborder le marché belge en s’implantant dans des secteurs clés, bien déterminés. Il est aussi conseillé de s’attaquer à un marché de niche ou à un secteur en relatif déclin pour optimiser vos chances de réussite.

Industrie chimique et pharmacie
L’industrie chimique est importante. La Belgique est un des grands leaders de l’industrie chimique mondiale. Le pays se concentre sur « six substances pétrochimiques essentielles – l’éthylène, le propylène, le butadiène, le benzène, le toluène et le xylène » comme nous l’énumère le Directeur Ubifrance en Belgique. Le secteur expérimente une nouvelle croissance grâce aux biotechnologies industrielles et environnementales. Ce secteur regroupe des entreprises à forte notoriété tel que BASF, Bayer, Borealis, BP, Chevron, Monsanto.

Le secteur de la pharmacie quant à lui est primordial pour l’économie belge. De la recherche à la vente du produit final, les entrepreneurs français peuvent tirer leurs épingles du jeu. En Belgique, environ 200 entreprises travaillent dans le secteur de la pharmacie. Les secteurs de la pharmacie, de la biotechnologie et de la chimie seraient des moteurs de croissance en Belgique. Les biotechnologies médicales concentrent ainsi 10% des dépenses européennes de R&D dans ce domaine d’après Ubifrance.

L’industrie du textile
L’industrie en Belgique est souvent oubliée. Pourtant ce secteur offre de nombreuses opportunités pour les entrepreneurs français. La Belgique peut vous aider à garder une image de marque honnête auprès de vos consommateurs et collaborateurs puisque les conditions de travail y sont respectées. Grâce à l’innovation, à la qualité et à la sophistication des produits, l’industrie du textile a pu survivre en Belgique. 70 % de la production textile belge est d’ailleurs exportée. Le textile d’intérieur et le textile technique représentent une part importante du chiffre d’affaire du secteur et s’exportent bien à l’international (tapis, linge de maison, ennoblissement, de l’enduction, etc.).

L’industrie agricole et agroalimentaire
L’industrie agricole et agroalimentaire est un secteur important pour exporter en Belgique. L’industrie se concentre essentiellement sur la production de pommes de terre, blé, betteraves et légumes. De plus, les belges connaissent la réputation des agricoles français puisque les exportations agroalimentaires de la France vers la Belgique atteignent 4,5 milliards d’euros : la Belgique est le 2ème client mondial de la France dans ce secteur. Cette industrie est un avantage pour les entrepreneurs spécialisés dans l’agriculture et l’agroalimentaire français car le pays importe beaucoup de produits à cause de sa petite superficie qui limite les possibilités de développement agricole.

Innovation et création
Bruxelles s’impose de plus en plus comme une ville où la création présente un fort dynamisme. De plus, l’innovation et la création touchent tous les secteurs en Belgique (urbanisme, textiles, architecture d’intérieur, design graphique, dessin etc.) Si il est compliqué de se lancer dans la mode et le textile en France mais que vous êtes assez audacieux, innovant et créatif vous pouvez développer votre talent dans la ville qui vous ouvrira ses portes. Le directeur Ubifrance Belgique rappelle que « ce n’est pas un hasard si le groupe de luxe Dior a récemment nommé un styliste belge, Raf Simons, au poste de directeur artistique du groupe ».

Conclusion

En définitive, la Belgique est accessible à tout entrepreneur. Son économie dynamique portée sur l’international, est ouverte aux idées novatrices. La consommation des belges se rapproche de celle des français. Des secteurs clés et en relatif déclin offrent des opportunités. Certes certains secteurs importants sont déjà occupés par des entreprises et par des géants robustes mais vous pouvez toujours tenter votre chance. Faites toutefois attention à ne pas considérer la Belgique pour acquis. Le pays possède des normes, des valeurs et des traditions qui varient en fonction des différentes régions. L’innovation et la création sont des créneaux porteurs.

Qu’est-ce qu’un expert ?

Les conseils d’experts sont nombreux. Le besoin de l’entrepreneur est davantage d’arbitrer entre ces conseils. Comment faire ? Qu’est-ce qu’un expert ?

On attribue au physicien danois Niels Bohr (1885-1962) cette définition de l’expert : « Un expert c’est celui qui a fait toutes les erreurs qu’il est possible de faire dans un domaine. ». Cette formule est séduisante. Examinons pourquoi.

Tout d’abord, c’est une formule qui est séduisante car elle va à l’encontre d’une définition classique de l’expert comme quelqu’un qui maîtrise suffisamment bien un domaine pour ne pas échouer. A l’inverse, donc, Bohr fait de l’échec la marque de l’expertise. Est un expert celui qui a échoué. Et qui a échoué régulièrement.

On pourrait même dire : l’expert est celui qui a échoué méthodiquement. En ce sens, l’expert n’est pas celui qui sait quelle est la bonne solution à un problème, mais celui qui a un grand nombre de pistes, et est en capacité de toutes les essayer en acceptant que de nombreuses pistes vont se solder par des échecs. Ce qu’il sait est la somme de tout ce qu’il a essayé et raté.

L’expert, c’est celui qui échoue

Notons ici que cette définition n’est sans doute pas facile à entendre, dans la mesure où nous aurions des hésitations à accorder notre confiance à quelqu’un qui nous expliquerait que son projet est de rechercher méthodiquement l’échec.

De même, les personnes politiques ont toujours un programme, qu’elles s’engagent à appliquer. Aucun candidat ne se présente à une élection en expliquant qu’il n’a pas d’idées, mais s’engage à expérimenter toutes sortes de choses pour ne retenir que ce qui fonctionne.

Plus généralement, une partie importante des acteurs de l’économie conserve une foi vive dans le succès, foi qui est assortie d’une pulsion de généralité envers les positions de chacun : celui qui a réussi une fois réussira toujours, celui qui a échoué est un pestiféré. Sur ce point, les entrepreneurs sont soumis à une vive pression, qui consiste à leur faire éviter l’échec à tout prix – y compris au prix de la possibilité de réussir…

Un autre aspect séduisant de cette définition de l’expert comme un “expert en échec”, c’est qu’elle rappelle qu’un expert est quelqu’un qui fait des choses. Que ces choses soient pratiques ou théoriques. Par exemple, même si Bohr est un théoricien, ses théories sont le concours d’hypothèses et d’expérimentations – il a donc été dans une situation où l’échec est possible.

Les trois genres d’expert

Ce point permet de discerner trois types d’expert : le praticien, le théoricien et le compère.

On peut être un expert car on a vécu des choses : on les a expérimentées et on a un regard critique sur elles, ce qui nous permet de donner un sens à une succession d’événements apparemment sans lien. Ce type d’expert est le praticien : il porte plaies et balafres et ses conseils sont de grande valeur. Leur portée a toutefois une limite nette : il y a de nombreuses manières d’entreprendre et ce qu’il dit peut ne pas s’appliquer à vous. Ses conseils sont généraux, mais ont une grande justesse, souvent.

On peut être expert car on a étudié un secteur. Cette figure théoricienne de l’expert a aussi une très grande valeur : c’est l’expert-comptable, l’avocat, le communicant, le commercial – qui n’est pas un entrepreneur, mais vit de la vente de son expertise à des entrepreneurs.

La somme d’informations qu’il maîtrise est souvent bien plus étendue que celle du praticien – ce qui lui manque, c’est la capacité à appliquer ses conseils, car il est rarement dans la situation pratique de les appliquer. Il conseille des praticiens. Il appartient donc à l’entrepreneur d’évaluer, non pas la précision des conseils de l’expert (cette précision va de soi), mais leur justesse par rapport à sa situation. Il est ainsi logique que chaque expert insiste sur l’importance fondamentale de son domaine dans la bonne gouvernance de l’entreprise. En retour, il est souhaitable que l’entrepreneur parvienne à la sagesse nécessaire pour discerner ce qui s’applique à lui de ce qui ne le concerne pas.

Enfin, on peut être expert car on travaille depuis un temps certain dans un secteur dont on maîtrise les codes. Les conseils de ce genre d’experts sont à la fois généraux, imprécis, et, souvent, sans grande justesse. Par contre, leur position d’autorité permet à ce genre de compère d’assener ses conseils avec force. Mais c’est peut-être là le pire des conseillers, que celui qui propose et impose toujours de reconduire les mêmes recettes – dans la mesure où les recettes finissent toujours par s’épuiser – et la richesse vient de l’innovation.

L’expert, ami et ennemi de l’entrepreneur

Or, ce type d’expert se retrouve être, par la force des choses, l’ennemi de l’innovation. D’ailleurs, au sens de Bohr, cet expert ne serait pas un expert, dans la mesure où il n’a rien expérimenté, échoué, digéré, amélioré, pivoté, repris, réinventé.

Bref, l’expertise peut tuer l’innovation et la faculté d’entreprendre – autant qu’elle peut faire son succès. Que dire à l’entrepreneur pour l’aider face aux experts?

Qu’est bon ce qui marche. Que les conseils de ceux qui ont expérimenté quelque chose sont sans prix. Que, face à un expert “théoricien”, il lui appartient de savoir ce qui s’applique à lui – ce n’est pas à l’expert de décider. Qu’il faut, pour réussir, se mettre dans une position où l’on rencontre très vite le réel, et la possibilité de l’échec.

Ce que pense un investisseur pendant un pitch, les erreurs à ne pas commettre (2/2)

Ça y est vous avez fini de pitcher et ce fût dur. La tension redescend un peu mais à la suite de ces 5 ou 10 minutes, les questions commencent à fuser et il faut tout de suite se recentrer sur l’objectif premier qui est de convaincre des investisseurs dans la salle de bien vouloir étudier votre dossier. Le second objectif est de vous rencontrer pour voir avec vous s’ils souhaitent investir et/ou recommander le projet aux autres investisseurs.

Et quel meilleur moyen de convaincre quelqu’un que de répondre à sa question et établir donc un contact direct ? De plus, si la réponse lui convient, son intérêt sera décuplé. Mais attention, il est assez aisé de très rapidement « casser » l’intérêt en perdant sa concentration ou en faisant quelques petites erreurs pendant la session de questions/réponses.

Quelques exemples d’erreurs à éviter lors de votre rencontre avec des investisseurs.

« C’est une bonne question »

C’est certainement la phrase que j’ai le plus entendue dans ma carrière ! La plupart des porteurs de projets pensent qu’il est utile de faire cette remarque après chaque question. Abstenez-vous, les Business Angels qui posent les questions pensent de toute manière que leurs questions sont bonnes sinon ils ne les poseraient pas. Finalement, cette phrase a paradoxalement tendance à rabaisser l’investisseur et implique que les autres questions ne sont pas bonnes.

Donc ne faites pas ce commentaire et vous n’aurez pas la chance d’entendre un investisseur vous répondre : « Merci, je suis ravi qu’elle vous plaise »

Attendre que les gens se taisent pour répondre à une question

J’ai très souvent vu des entrepreneurs attendre le silence total pour répondre à une question qui avait soulevé l’enthousiasme dans la salle.

Malgré les rires et les discussions dans la salle, ne vous laissez pas déconcentré, cela est souvent positif, mais enchaînez rapidement sur la réponse. Ne perdez pas de temps, celui-ci est décompté et surtout ne laissez pas de blanc sinon les digressions de la salle s’amplifieront. Il vous faut tenir votre audience et ne pas la laisser se disperser.

« Tout à fait Monsieur » de manière agressive

La plus grande peur des investisseurs est d’accompagner des entrepreneurs peu à l’écoute et trop impulsifs. Ils ne sont donc pas du tout rassurés lorsque le porteur de projet répond à l’une de leurs questions (il est vrai de temps en temps un peu vicieuse) de manière agressive et fermée.

Préférez un ton plus ouvert et plus à l’écoute même si vous pensez que le business angel a tort. Dites le lui en argumentant votre réponse de manière concise et précise mais sans signe d’exaspération.

« La valorisation on ne l’a pas faite tout seuls »

Les entrepreneurs, souvent peu experts sur la question, ont tendance à s’appuyer sur leurs conseils pour valider une valorisation. Et ils utilisent cette personne extérieure comme référence qui permet de fixer la valeur de l’entreprise.

Et alors, pourquoi les investisseurs devraient avoir confiance dans un calcul effectué par un tiers que vous rémunérez ? Cette étude est pour eux indicative et ne représente pas un fait établi. Ce n’est pas parce que vous avez été aidé pour calculer votre valorisation que celle-ci doit être inscrite dans le marbre. Soyez ouvert sur le sujet et ne refermez jamais le débat en utilisant cet argument pour statuer sur votre valorisation.

Bon courage à tous pour vos prochains pitchs ! Et attention aux erreurs !

Les bonnes résolutions de la rentrée !

Comme tout un chacun, et après un été reposant, nous décidons de nous donner des résolutions, toujours bonnes, à mettre en œuvre !

Nous pourrions évoquer ensemble celle concernant notre forme physique, et après des vacances toniques ou sportives, inciter à poursuivre sur cette voie, mais il ne m’apparaît pas de compétences dans ce domaine. Nous pourrions envisager d’écrire sur quelques régimes alimentaires après une liberté estivale, mais de nouveau ce rôle-là ne me sied pas. Ensemble, il s’agit de lister quelques-unes des bonnes résolutions de la rentrée pour l’entreprise. Sans que cela ne devienne un inventaire, quelques traits me paraissent importants.

Fixer les objectifs

Dans une période chaotique, de crise économique et financière, et de révolution technologique et sociétale, il faut connaître le cap vers lequel l’entreprise doit aller dans les mois à venir et quels moyens seront mis en œuvre pour y parvenir. Il faut demeurer humble, et envisager des objectifs crédibles et donc atteignables. Il est nécessaire, dans le cas d’une présence de salariés, de les tenir informés de ce cap et des indicateurs de mesure de réussite. Sans une information claire, une réelle difficulté de motivation pourrait surgir !

Établir les budgets

Que l’on soit en exercice décalé , ou si son activité est basée sur l’année civile, il est nécessaire de préparer le budget pour les douze mois à venir en tenant compte des paramètres de gestion courante, des projets et des objectifs. Il s’agira dans un premier temps d’élaborer le budget d’exploitation, puis les prévisions d’investissements, et enfin d’en tirer les budgets de financement et de trésorerie. De la même manière, il apparaît souhaitable d’ajuster les budgets en cours d’exécution. A nouveau, la communication de ces éléments est essentielle. Si bien entendu, ils peuvent constituer les indicateurs de réussite évoqués plus haut, ils sont un vecteur essentiel d’information du banquier, et de l’environnement de l’entreprise.

Gérer la balance client

Il existe un mal endémique dans notre économie : le crédit client. C’est le premier facteur de mortalité des entreprises ! Loin des textes législatifs qui évoquent des délais de paiement à 60 jours, les délai de paiement interentreprises ne font qu’augmenter en période de dysfonctionnement économique. Les entreprises qui paraissent les plus solvables ou celles qui interviennent de manière la moins critique dans le processus de création de marge de l’entité acheteuse, deviennent de véritables banques, se substituant ainsi au processus financier que devraient assurer les établissements bancaires par le découvert autorisé ou le crédit à court et moyen terme. Il faut donc s’organiser et ne pas accepter des dépassements de délais de paiement faute de quoi, la survie de votre propre entreprise serait en jeu !

Il est recommandé de pouvoir, avec son expert-comptable, et un huissier de justice et /ou une société spécialisée, de mettre en place une procédure stricte de relance et de recouvrement. Il est souhaitable, par ailleurs et en fin d’exercice, de ne pas se voiler la face et constituer toutes les provisions sur les créances dont le paiement est devenu incertain.

Bien entendu, bien d’autres résolutions pourraient être prises que l’on peut citer de façon pêle-mêle :
– se donner les moyens d’une gestion rigoureuse de la trésorerie,
– se doter d’une ambition d’innovation,
– maîtriser les coûts salariaux,
– trouver des capacités à renforcer ses capitaux propres,
– etc….

Chacun se doit d’établir « sa » liste en fonction de « sa » réalité. Parfois, pour comprendre des dysfonctionnements constatés, il est souhaitable de recourir à un conseil extérieur, pour vous permettre de revisiter :
– vos forces et vos points d’efforts,
– votre stratégie,
– vos moyens,
– vos prix,
– votre organisation.

Cette résolution peut s’avérer très payante, alors n’hésitez pas à la faire entrer au sein de votre catalogue.
Bonne rentrée et bonnes résolutions !