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Interview de Franck Provost, PDG de Franck Provost

Lorsque vous avez débuté votre carrière de coiffeur, imaginiez-vous une telle réussite ?

Honnêtement, je ne pensais pas être un jour à la tête d’une telle entreprise. Aujourd’hui, je suis fier de cette réussite. Je suis arrivé dans un salon de coiffure un peu par hasard. J’ai rapidement été passionné par ce métier avec une forte envie de réussir, ce qui m’a conduit à créer le groupe Provalliance.

Je n’avais pas d’envie particulière d’entreprendre. En rentrant de chez son coiffeur dans la Sarthe, au Lude, le village dont je suis originaire, ma mère m’annonce que le petit salon pour dames dans lequel elle se rend cherche un apprenti. Sans a priori j’y suis allé, pour voir… On ne peut pas dire qu’à cette époque ce métier me passionnait.

A 20 ans, sur les conseils de mon père, je me suis installé à Paris. C’est ici que j’ai rencontré des coiffeurs passionnés avec lesquels j’ai fréquenté un club de coiffure et préparé des concours. Je suis ainsi moi aussi devenu passionné et curieux.

De votre premier salon jusqu’au réseau actuel du groupe Provalliance, comment avez-vous développé votre réseau ?

J’exerce mon métier depuis plus de 30 ans et c’est comme je vous le disais la PASSION qui m’a toujours amené à progresser. J’ai ouvert mon 1er salon en 1975 à Saint-Germain-en-Laye, la banlieue chic de Paris. Champion de France, puis champion du monde en 1977, l’esprit de compétition et la soif de réussir ont nourri ma passion.

En 1979, j’ai inauguré le 1er salon parisien, vaisseau amiral de l’enseigne dans le 8e arrondissement, avenue Franklin Roosevelt, une adresse très prestigieuse.

L’ouverture de succursales, le lancement de la franchise, la création de nouvelles enseignes : tout est allé très vite. J’ai associé mes collaborateurs et me suis entouré d’un directeur administratif et financier, Daniel Gagnor, et d’un directeur du développement, Marc Aublet, qui m’ont rejoint en 1993 et 1995 afin de m’aider à construire cette entreprise et à développer la franchise. Ils sont restés fidèles et ont su m’aider à construire cet empire.

Ma famille m’a, elle aussi, toujours soutenu : ma femme, Natacha est à mes côtés depuis mes débuts, ma fille Olivia, dirige la communication internationale du groupe et mon fils Fabien est quant à lui directeur artistique. Construire une entreprise familiale à dimension internationale. En effet, le groupe Provalliance dont je suis président-fondateur est numéro 1 européen et numéro 2 mondial avec 9 marques : Franck Provost, Jean Louis David, Saint Algue, Fabio Salsa, Intermède, Coiff & Co, Interview Coiffure, Niwel et Jean-Marc Maniatis avec lequel nous collaborons.

Provalliance, aujourd’hui, c’est 20 000 collaborateurs, un siège social regroupant 200 personnes, 2 400 salons dans le monde avec une présence dans 30 pays et plus de 30 millions de clients par an.

Pourquoi avez-vous décidé de développer vos salons en franchise ?

J’ai toujours conservé la fibre artistique qui est à l’origine de ma passion mais j’ai aussi progressivement acquis le sens des affaires. Je reste d’abord un coiffeur qui souhaite sublimer les femmes. Après la création de mon premier salon à Saint Germain-en-Laye je me suis donc installé à Paris même. Une amie-cliente m’a présenté l’équipe de l’émission phare de l’époque : Sacrée Soirée, ce qui m’a permis de coiffer Jean-Pierre Foucault et de faire régulièrement des apparitions en prime time. Nous avons ainsi créé une agence Studio avec une douzaine de coiffeurs qui travaillent aujourd’hui sur la majorité des programmes télévisés.

La notoriété et le nombre de salons ont grandi mais j’ai souhaité me développer, d’abord en succursale puis en franchise 20 ans après l’ouverture de mon 1er salon. Mes associés, avec lesquels j’avais monté plusieurs salons sont passés, via des échanges, de la succursale à la franchise. Alors que le nombre de salons en succursales s’élevait à 25, Marc Aublet, m’a rejoint en 1995 en tant que directeur du développement. Il a su m’aider à développer les franchises tout en continuant l’ouverture de succursales qui représentent aujourd’hui 35 % des salons Franck Provost. Ainsi les franchisés savent de quoi je parle. Bien que je sois très heureux de l’évolution de mon activité, j’ai persévéré dans ce milieu plus par passion pour la coiffure et par envie de réussir.

Comment choisissez-vous vos futurs franchisés ?

Nous choisissons nos franchisés avec grande attention. Tout d’abord, nous souhaitons travailler avec des coiffeurs qui ont un esprit entrepreneurial mais il est très important pour nous que le franchisé ait une formation initiale de coiffeur. Nous demandons également de la rigueur. Il est en effet primordial que les franchisés respectent l’enseigne et reflètent ainsi à travers leur salon une image positive de la marque.

Nous leur demandons aussi d’être très attentifs à la formation (grâce à la franchise, ils ont la possibilité de faire des stages illimités, en fonction des disponibilités des centres de formation, pour les managers et leurs équipes).

Vous avez créé une académie. Comment formez-vous les futurs franchisés ? Que leur transmettez-vous ?

La formation est un des atouts majeurs de la franchise.

Quel que soit le niveau professionnel des apprenti(e)s, coiffeurs(euses), techniciens(iennes), ou managers, chacun d’entre eux pourra suivre le stage qui correspondra à ses objectifs de perfectionnement professionnel ou de développement personnel.

Tous les professionnels du groupe Provalliance, suivent au minimum deux fois par an un stage de perfectionnement afin d’être toujours à la pointe des nouvelles tendances et techniques.
Chaque marque détient son propre centre de formation à Paris mais nous avons aussi ouvert des centres de formations décentralisés à Marseille, Lyon, Bordeaux et Rennes.

Aujourd’hui, comment souhaitez-vous faire évoluer votre réseau ?

Nous souhaitons encore développer notre réseau. Nous avons pris le contrôle des marques européennes continentales du groupe Régis (Jean Louis David, Saint Algue, Intermède, Coiff & Co) en septembre 2007. Aussi, nous avons racheté les salons Jean-Marc Maniatis il y a quelques mois et je ne compte pas m’arrêter là.

En conservant l’identité et le positionnement de chaque marque, les enseignes cohabitent en parfaite harmonie. Je reste très proche de mes collaborateurs et franchisés qui souhaitent eux aussi progresser dans ce sens.

Mon objectif d’ici une dizaine d’années est que les grandes enseignes représentent 40 % du marché contre 25 % (en valeur) aujourd’hui.

Reproduire le succès de Franck Provost à l’international est aussi une vraie motivation.

Interview de Dan Serfaty, Co-fondateur et PDG de Viadeo

« Il ne faut pas attendre d’avoir besoin d’un réseau pour le créer. »

Quelle est la spécificité de Viadeo par rapport aux autres plateformes ?

Viadeo a une approche à la fois globale et locale. Notre ambition est de devenir une référence mondiale. Dans chaque pays où nous sommes présents, nous cherchons à devenir leader en y installant des équipes et en privilégiant avant tout le tissu économique local. Si je suis directeur d’une agence bancaire par exemple, ce sont les entrepreneurs de ma ville et de ma région qui m’intéressent, pas de savoir qui travaille dans la Silicon Valley. De la même manière, il est important qu’un cadre italien ait le sentiment d’être sur un site italien quand il surfe sur Viadeo.

Pourquoi s’inscrire sur Viadeo  ?

C’est simple ! Grâce à Viadeo, vous pouvez développer votre réseau de contacts professionnels et faire naître de nombreuses opportunités de carrière et de business. Tout cela grâce à une plate forme et des outils simples et efficaces. S’inscrire sur un réseau social professionnel, c’est comme prendre l’autoroute, cela permet d’aller beaucoup plus vite dans le développement de son business. Je pense qu’il ne faut pas attendre d’avoir besoin d’un réseau pour le créer. En cette période de crise, où l’avenir de beaucoup d’entreprises reste incertain, se constituer un solide réseau peut s’avérer crucial. Sur Viadeo les membres gardent une totale maîtrise de leur image. Ici pas de mélange des genres. Tout reste axé sur le professionnel.

Comment se créer son réseau sur Viadeo ?

Pour commencer, il est facile de se constituer un réseau en retrouvant sur le site ses amis, collègues, anciens camarades d’études. Ceux-ci vous sont d’ailleurs proposés dès votre inscription à Viadeo. Ensuite, en fonction des objectifs que vous vous êtes fixés, vous pouvez contacter les membres dont le profil correspond à vos critères de recherche. Pour ce faire, il vous suffit d’utiliser le moteur de recherche mis à votre disposition. Celui-ci vous permet d’effectuer vos recherches en jouant sur de nombreux filtres et d’obtenir des réponses et des contacts pertinents. Autre avantage propre au réseau social, vous avez accès aux contacts de vos contacts. Une garantie supplémentaire d’être en contact avec des interlocuteurs compétents et fiables.

Justement, comment s’adresser à un contact de l’un de mes contact ?

Premier conseil : il est essentiel, au préalable, de remplir son profil correctement ! Quelle que soit la demande que j’émets, qu’elle passe par un intermédiaire ou pas, la première chose que fera la personne contactée sera d’aller voir votre profil. En cas de prospection commerciale, nous recommandons toujours de passer par un contact commun pour atteindre la personne visée. En cas de recherche de fournisseur, passer par le contact commun permet de savoir si cela vaut la peine de faire appel à cette personne ou pas. Par contre, si votre objectif est de recruter, mieux vaut une prise de contact directe pour garantir une totale confidentialité.

Comment fait-on vivre son réseau sur Viadeo ?

En tenant son profil à jour, en partageant et en recommandant des articles, en créant ou en participant à un HUB. Au travers des « mini-news », à chacune des actions que j’effectue sur Viadeo mon réseau en est informé. L’inverse est aussi vrai.

Les 5 conseils pour optimiser son profil Viadeo de Dan Serfaty

  • N’oubliez pas de mettre une photo : +35 % de clic quand il y a une photo. Ce n’est pas une histoire de drague, Viadeo n’est pas Meetic ! Mais il existe un facteur psychologique qui nous pousse à aller plus facilement vers un profil avec une photo.
  • Soignez la partie « libre » du profil : à côté du CV se trouve une partie à remplir librement et qui, donc, laisse plus de place à la créativité et permet aux gens de mieux comprendre qui vous êtes. On peut comparer cette partie libre à la lettre de motivation, d’un CV. Et, bien-sûr, veillez à ne pas faire de fautes d’orthographe ou de syntaxe sur votre profil !
  • Positionnez-vous : la plateforme offre plusieurs possibilités d’afficher ses centres d’intérêt. Vous pouvez intégrer un HUB spécialisé sur une de vos passions, ou, mieux encore, créer un HUB et l’animer. Vous pouvez également recommander et commenter des articles que vous souhaitez partager avec votre réseau.
  • Placez-vous en tant qu’expert d’un sujet : le site comporte un espace « expert » où l’on peut poser une question et où n’importe qui peut répondre. S’exprimer sur cet espace permet de mettre en valeur ses compétences et, encore une fois, de se positionner.
  • Surveillez le nombre de vos contacts : le nombre de contacts que vous avez a une influence sur l’opinion que les gens vont se faire de vous. Si une personne n’a que 2 ou 3 contacts, on comprend qu’elle ne doit pas être très active sur le site ou bien qu’elle n’a pas de réseau. La personne qui a plus de 1 000 contacts, on sait d’office qu’elle fait la course aux contacts pour se montrer. Un tel réseau n’a que peu de sens, vous ne connaissez pas vraiment vos contacts et vous ne pouvez donc ni les recommander, ni vous faire recommander par eux. La moyenne d’un réseau efficient se trouve à 50 contacts. Ne me prenez pas pour exemple : j’ai environ 1 500 contacts ! Lors du lancement de Viadeo, j’ai dû contacter le monde entier pour faire partir la mécanique virale !

Interview de Cathérine Néressis, Fondatrice de PAP, Particulier à Particulier

Interview de Cathérine Néressis, Fondatrice de PAP, Particulier à Particulier

D’où vous est venue l’idée de créer PAP ?

Je me suis lancée dans l’aventure PAP, il y a 33 ans, avec mon compagnon, devenu depuis mon mari (Patrick Jolly).

Alors étudiante, je ne possédais pas beaucoup d’argent et recherchais un appartement. à l’époque, la seule possibilité pour trouver un logement, consistait à passer par une agence immobilière. Cela impliquait de leur verser un mois de loyer. J’ai refusé de devoir débourser cet argent et me suis mise à la recherche d’annonces de particuliers dans les associations, supermarchés…

L’idée de rassembler ces annonces dans un journal a alors germé dans mon esprit.

Comment avez-vous mis votre idée en oeuvre ?

A l’occasion d’un petit travail au sein de la rédaction de Stratégies, j’ai pu étudier les différentes étapes de la fabrication d’un journal. J’étais prête pour lancer mon projet. Les banquiers que nous avons rencontrés afin d’obtenir un prêt pour la création n’ont pas cru à notre projet. « Si c’était une bonne idée, ce serait déjà fait ! », nous ont-ils assénés !

Nous nous sommes donc passés des banques, à l’amorçage comme tout au long de la vie de l’entreprise : nous avons tout financé par des fonds propres.

Le démarrage réel de l’entreprise a ainsi été retardé d’une année, le temps que nous arrivions à rassembler suffisamment d’économies. Ce choix ne nous a peut-être pas permis d’aller aussi vite que si nous avions eu un capital important dès le début. Au départ nous avons publié sur Paris, puis nous avons su convaincre des municipalités d’île de France, les régions et enfin la France entière.

Quand on crée, on commet nécessairement des erreurs. Démarrer petit nous a permis de les faire à petite échelle. Nous n’étions pas nés avec des journaux dans notre berceau mais ce développement dans la durée nous a permis d’avoir le temps d’apprendre notre métier, de nous roder.

Etudiante et Femme, avez-vous rencontré des barrières spécifiques ?

Aujourd’hui, sauf dans certains milieux, la parité est devenue la règle. à l’époque, une femme créant son entreprise, c’était très original. Mes interlocuteurs me considéraient au premier abord comme une secrétaire charmante et me demandaient de rencontrer ma direction ! Et comme je sortais tout juste des études, on pensait souvent que PAP était l’entreprise de mes parents ! S’imposer dans un secteur a parfois été une tâche complexe.

Avez-vous toujours eu envie de créer une entreprise ?

J’ai monté mon entreprise car je désirais plus de liberté. Mes expériences professionnelles en tant que salariée ne correspondaient pas à mes attentes. Avant tout, je voulais comprendre pourquoi je travaillais. L’envie d’entreprendre mûrissait également dans la tête de mon mari. Nous nous sommes donc lancés en pensant que si cela ne marchait pas, nous pourrions en tirer une expérience précieuse. à ce moment, notre grand rêve était d’avoir 5 salariés, et il représentait pour nous le stade ultime du développement de l’entreprise. Aujourd’hui nous sommes 270 !

Comment a évolué le groupe PAP ?

Nous avons débuté l’activité avec un seul journal, « De Particulier à Particulier » et, petit à petit, nous avons diversifié notre offre et lancé d’autres titres tels que Immoneuf, Faire construire sa maison, Bureaux et Commerces… soit en tout 12 références couvrant les différents secteurs de l’immobilier. L’autre évolution majeure du groupe s’est faite grâce au minitel puis au Web, qui se sont imposés et ont révolutionné nos méthodes de travail : nous avons surfé sur la déferlante Internet et créé un site sur lequel le nombre d’annonces proposées et les photos associées ne sont plus limitées par les contraintes matérielles liées à la fabrication du journal.

Quelle est votre stratégie de développement de l’entreprise ?

Cela fait 33 ans que nous improvisons ! Quand on crée son entreprise on se construit tout un scénario, mais le développement d’une entreprise ne se déroule jamais comme prévu. Si je devais résumer ma stratégie, ce serait celle de la « plus rapide réaction ». Dans le monde actuel je pense qu’on ne peut rien prévoir. Qui aurait imaginé la place que prend aujourd’hui Internet dans les entreprises ? Tout bouge très vite et on ne peut pas prévoir ce que sera l’entreprise demain. Quelle nouvelle technologie séduira la population et avec laquelle il faudra composer ?

Vos deux enfants ont créé des entreprises. l’entrepreneuriat, c’est contagieux ?

Mes deux enfants ont grandi avec cet état d’esprit que créer son entreprise, c’est du domaine du possible. Ils se sont donc orientés vers ce chemin naturellement. L’entrepreneuriat est contagieux ! L’exemplarité d’un parcours réussi inspire les autres. Les gens voient qu’on parle de notre entreprise de façon heureuse : ils osent donc plus facilement concrétiser leurs aspirations.

Quelques conseils pour les futurs chefs d’entreprise ?

  • Démarrez petit ou en ne réalisant qu’une partie de votre projet. Le développement sera plus lent mais solide.
  • Ayez l’obsession du client : c’est le client qui fait vivre l’entreprise, pas les subventions.
  • Créez pour satisfaire le client, l’argent viendra naturellement. Commencez par la question « comment trouver le jackpot ? » mène à un échec certain. Demandez vous d’abord si votre produit/service apporte un plus au client, si vous lui faites plaisir, si vous l’aidez.
  • N’hésitez pas à sauter le pas, même en cas d’échec, cela représentera une expérience qui séduira vos futurs recruteurs.
  • Ne considérez pas l’entrepreneuriat comme une prison : créer son entreprise ne vous enferme pas dans le rôle de chef d’entreprise pour la vie.
  • Embarquez dans l’aventure la personne avec laquelle vous vivez : Si il/elle ne vous soutient pas, cela va être très dur. Créez la complicité autour de votre projet.

Interview de Mathilde Thomas, Fondatrice et gérante de l’entreprise de cosmétique Caudalie

Interview de Mathilde Thomas, Fondatrice et gérante de l’entreprise de cosmétique Caudalie

Comment est née Caudalie ?

Je me trouvais avec celui qui allait devenir mon mari dans la propriété de famille, sur les vignes du château Smith-Haut-Lafitte, en 1993 lors de la période des vendanges. Nous y avons fait la connaissance du professeur Vercauteren, directeur du laboratoire de chimie des substances naturelles à l’université pharmaceutique de Bordeaux. Il nous a raconté ses découvertes concernant les vertus anti-oxydantes et anti-âges des polyphénols contenus dans les pépins de raisin. Et, cela a été le déclic. Nous avons tout de suite senti qu’il y avait une véritable opportunité dans ces pépins magiques !

Avez-vous toujours eu envie de créer votre entreprise ?

Mon mari voulait créer une entreprise. Pour ma part, je rêvais d’une carrière dans la cosmétique, les parfums, les huiles essentielles et les plantes. Le projet de l’entreprise Caudalie rejoignait nos deux ambitions.

A ce moment-là, nous étions encore tous deux étudiants en école de commerce, lui à l’ESSEC et moi à Sup de Co Nice. Nous avons passé notre dernière année d’étude à réfléchir chacun de notre côté au projet et nous avons profité des cours pour réaliser une étude de marché exhaustive et interroger des chefs d’entreprise. Nous cherchions à savoir s’il était possible de faire exister une marque de cosmétiques à base de pépins de raisin en France. Le résultat de cette étude de marché a été clair : il y avait une place pour l’innovation en matière de produits de soins cosmétiques. Les femmes étaient prêtes à essayer une marque qu’elles ne connaissaient pas si elle apportait une réelle innovation et une grande efficacité. Tout juste diplômés, nous avons décidé de nous lancer.

Comment avez-vous financé le démarrage de l’entreprise ?

Nous avons mis 50 000 francs pour créer la SARL puis avons fait le tour des banques du quartier mais aucune d’entre elles ne voulait les prendre. Aujourd’hui, pas un jour ne se passe sans qu’un banquier ne sollicite notre directeur administratif et financier ! Finalement, une petite banque a accepté de nous faire confiance. Malgré tout, personne ne voulait nous prêter de l’argent. Alors, nous sommes allés frapper à la porte familiale et nous avons emprunté l’équivalent de 150 000 euros.

Nous avons commencé tout petits, sans se payer pendant 2 ans, sans salariés et en ne fabriquant que très peu de produits. Nous faisions absolument tout, réinvestissant le peu que nous gagnions dans l’entreprise. Au final Caudalie n’a jamais été endettée. Nous avons réalisé nos avancées tranquillement, les unes après les autres, et grâce à cela, aujourd’hui, Caudalie c’est du solide !

Pensiez-vous créer une entreprise de cette envergure ?

Lorsqu’on dépose les statuts, on ne peut pas imaginer l’avenir qui nous attend. à ce stade, on est bien souvent apeuré par le risque que l’on prend en créant sa propre entreprise. Je me souviens qu’à cette époque je pensais souvent : « je ne suis raisonnable d’investir de l’argent dans un domaine si saturé de produits qu’est la cosmétique ». Tout le monde me disait : « avec tes diplômes, tu ferais mieux d’aller travailler dans un grand groupe ». En dépit de cela, nous avons quand même décidé de nous lancer. Avec mon mari nous nous disions : « si jamais un jour nous atteignons un million de chiffre d’affaires, ça sera magnifique » ! Aujourd’hui, avec ses 450 salariés, Caudalie a dépassé toutes nos espérances.

Comment avez-vous fait connaitre vos produits ?

Je suis allée à la rencontre des journalistes du domaine de la beauté afin de pouvoir développer la médiatisation de nos produits et avoir ainsi de la publicité gratuite. Je leur ai tout simplement parlé de mon histoire, de l’efficacité de mes produits, du naturel des compositions et de l’aspect glamour des textures. Ils ont été séduits, c’est de cette façon que la marque Caudalie a commencé à se faire connaître parmi les femmes.

Ensuite nous avons énormément investi en échantillonnage de nos produits car nous savions que notre formule donnait des résultats visibles. Nous avons fait le tour des pharmacies afin de développer la distribution. Nous en profitions pour former les pharmaciens aux vertus des produits Caudalie pour qu’ils relaient le message auprès de leurs clientes.

A quel moment le grand démarrage de l’entreprise s’est produit ?

Les premiers produits ont été mis en vente mi-1995, mais il a fallu attendre l’année 2000 pour que les ventes de produits explosent, à la suite de l’ouverture du spa utilisant les techniques de soin de la «Vinothérapie®», créée par Caudalie. Ce spa a permis une exposition médiatique de grande ampleur de l’entreprise au niveau international.

Continuez- vous la recherche et développement ?

La recherche et développement a depuis toujours été au cœur de la progression de notre entreprise. Nous investissons d’ailleurs 10 % de notre C.A dans la R&D. Nous travaillons depuis les débuts avec le professeur Vercauteren, qui a déposé de nombreux brevets pour Caudalie.

Comment vous partagez-vous les tâches avec votre mari ?

L’organisation est simple et efficace. Lui s’occupe de commercialiser les produits. Je les crée avec le professeur et les équipes pharmaceutiques. Ce duo fonctionne toujours aussi bien depuis plus de 13 ans maintenant.

Quelles sont les perspectives de développement de Caudalie ? 

Nous venons tout juste d’ouvrir un nouveau spa dans un lieu mythique et magnifique : le Plazza de New York. Notre challenge est de faire vivre et fonctionner cet espace de détente et de soins. Nous concentrons également nos efforts sur le spa des étangs de Corot récemment ouvert à 15 min de Paris. Nous continuons également de développer de nouveaux produits tels que le « Sérum Pulpe Vitaminée » destiné aux trentenaires.

Interview de Jacques Olivier Chauvin, Directeur Général de Relais et Châteaux

Interview de Jacques Olivier Chauvin, Directeur Général de Relais et Châteaux

Pourriez-vous nous expliquer ce qu’est Relais et Châteaux ?

J’aime présenter Relais et Châteaux (R&C) davantage comme une famille que comme une chaîne hôtelière. L’association regroupe des indépendants qui, il y a 50 ans, ont compris qu’ils seraient plus forts ensemble que seuls. Aujourd’hui le réseau rassemble 500 établissements présents dans 55 pays. Il est constitué de personnalités uniques dans 500 lieux uniques allant du ryokan au Japon au château dans la vallée de la Loire offrant tous des expériences uniques ! Les adhérents R&C conçoivent les relations humaines fortes comme l’élément fondamental de l’expérience client.

Vous avez beaucoup travaillé sur les valeurs de la marque R&C. Quelles sont ces valeurs ?

Nous ressentions en effet le besoin de nous recentrer sur notre ADN de marque, c’est-à-dire sur ces valeurs qui étaient en nous, mais de manière cachée. Nous avons pu identifier 5 valeurs clés, 5 idéaux qui se traduisent concrètement dans l’expérience des clients.

  • Le passeport de l’amitié qui unit et réunit ces établissements entre eux pour former une véritable route à travers le monde
  • La générosité et l’âme d’un aubergiste authentique
  • La célébration des sens
  • Le sens du lieu, du terroir
  • Le sentiment de plénitude

Par quels moyens ces valeurs sont-elles traduites concrètement ?

Nous avons un système de contrôle qualité composé d’inspecteurs de nationalités, de culture et de palettes de compétences très diverses (tels que des critiques gastronomiques, des journalistes, d’anciens hôteliers). Nous sensibilisons nos 22 000 collaborateurs à ces valeurs au travers de « Relais et Châteaux days ». Dans le cadre de ces formations, nous apprenons pendant une journée à nos équipes comment faire le saut entre la promesse R&C et l’expérience que peut vivre le client dans l’établissement.

Comment le travail sur la marque a-t-il influencé la communication de R&C ?

Cela nous a permis de structurer notre communication, de lui donner du sens, de réduire le « gap » entre le message et la réalité. La signature « Partout dans le monde, unique au monde », parue il y a 2 ans, est la transcription, dans un langage simple mais évocateur, de ces cinq expériences clients que nous promettons.

Si une entreprise ne respecte pas sa promesse client, quelles en sont les conséquences ?

Pour nous elles sont catastrophiques ! Une mauvaise expérience et la généralisation à l’ensemble du réseau est immédiate. En revanche, si une erreur est commise mais habilement et honnêtement réparée, d’un client insatisfait, on peut en faire le plus bel ambassadeur de la marque.

Comment parvenez-vous à fédérer les équipes ? Existe-t- il des valeurs universelles qui fédèrent ?

Appliquer les valeurs de solidarité et de générosité est la clé pour fédérer les équipes. La solidarité puisque chaque membre du réseau a des droits comme des devoirs vis-à-vis des autres. La générosité ensuite, qui doit se traduire dans la formation des jeunes par exemple ou dans le service apporté à un client. Plus de 2 000 apprentis sont formés chaque année dans les Relais & Châteaux du monde. Au sein de R&C, la cohésion se crée également au travers du respect des cultures de chacun. R&C parle ainsi 6 langues dans ses communications avec ses clients dont le japonais ! En termes de management, l’effet est extrêmement positif. Cela permet aux équipes de ressentir de la fierté et de la reconnaissance. Rendre une personne fière dans son métier représente une motivation considérable et un levier colossal de son action.

Parvenez-vous à créer cette solidarité entre les différents établissements ?

Oui et pour cela nous rassemblons les propriétaires et directeurs d’établissement chaque année lors d’un congrès mondial. Au niveau du partage de l’expérience et de la transmission d’information, ce congrès est absolument indispensable. A un niveau plus local, R&C est divisé en une vingtaine de délégations, par région du monde. Cette logique locale reste un élément clé de l’efficacité et de la pertinence des actions ancrées à l’échelle d’un pays. Nous venons d’ailleurs de créer une délégation sud-américaine et une délégation asiatique ; toutes deux emblématiques de notre développement international. Nous disposons également d’un extranet qui permet les échanges transversaux, même si, selon moi, le contact virtuel ne peut fonctionner que dès lors qu’un premier lien a déjà été créé lors d’une rencontre physique. Dans un métier basé sur les relations humaines directes, on ne peut totalement virtualiser les échanges.

Comment réussir à créer la cohésion entre des membres de cultures très diverses ?

Nous avons abandonné le principe de charte qualité factuelle, liée à des points de contrôles attachés à notre culture occidentale, en faveur d’un principe de charte qualité basé sur des valeurs. Nos clients sont à 70 % non français et, de la même manière, 80 % de nos établissements ne sont pas français. Nous sommes donc dans une logique multiculturelle.

Dans ce contexte de crise, comment se porte R&C ?

Les établissements ne sont pas tous touchés par la crise de la même manière. Ceux possédant une personnalité très forte, une unicité démontrée résistent relativement bien. L’authenticité de l’expérience client est un levier efficace de résistance à la crise.

Les 5 conseils de Jacques Olivier Chauvin aux entrepreneurs

  • Ancrez votre différence : la proposition d’un entrepreneur doit apporter quelque chose de nouveau ou de différent au marché qu’il aborde. Cultiver sa différence est extrêmement important, surtout quand on est très petit.
  • Soyez régulier : il n’y a rien de mieux pour réussir. L’important n’est pas de faire très bien un jour, mais de durer. Mettez en œuvre des processus qui assureront une régularité.
  • Ne restez pas seuls : on s’enrichit énormément de ses pairs. Allez vers vos voisins mais aussi vers l’international.
  • Soyez humble : veillez à ce qu’il n’y ait pas de différences entre la promesse de votre marque véhiculée dans sa communication et la réalité du service. Une des bases du marketing mais surtout une forme d’humilité indispensable.
  • Ne perdez pas de vue la formation : toute entreprise a par nature, une vocation de formation qui constituera une des clés de sa pérennité.

Interview de Marc du Pontavice

Interview de Marc du Pontavice, Fondateur et président de Xilam, société de production audiovisuelle et multimédia

Présentez-nous votre parcours ?

Peu de temps après la fin de mes études, le groupe Gaumont est venu me chercher pour démarrer une activité dans laquelle ils souhaitaient se développer : la production de télévision. En 1990, Gaumont Télévision a été créé et nous avons rapidement connu d’importants succès, comme la série Highlander qui s’est fait connaître dans le monde entier. En 1994, j’ai eu envie d’acquérir une autonomie éditoriale de producteur et c’est ainsi que j’ai proposé à Gaumont de créer une nouvelle division, Gaumont Multimédia. Avec cette nouvelle entité, j’ai lancé de nombreux projets de dessins animés, de jeux vidéo et de sites Net. Là aussi, nous avons connu des succès impressionnants et très rentables comme Oggy et les cafards ou les Zinzins de l’espace. En 1999, Gaumont a décidé de se séparer de cette branche, que j’ai rachetée et renommé Xilam. Ensuite, j’ai continué à développer cette affaire en toute indépendance, puis j’ai eu envie de l’amener en bourse pour intensifier son développement. Xilam est donc entrée à la Bourse de Paris en 2002.

Pourquoi Gaumont avait-il décidé de se séparer de cette branche multimédia ?

A cette époque, le groupe investissait massivement dans les multiplexes et consacrait toute la trésorerie à cette activité. Pour eux, il n’était pas stratégique de conserver le pôle multimédia, activité considérée comme périphérique, au sein de Gaumont.

Créer votre entreprise a donc été une histoire d’opportunité ?

Même si je ne cultivais pas le rêve de créer mon entreprise, j’ai depuis toujours eu un tempérament très indépendant. Chez Gaumont tout se passait très bien. L’activité de Gaumont multimédia était un peu à part et le groupe me laissait une grande autonomie. Quand Gaumont a décidé de se séparer de cette branche, j’ai voulu mener la logique d’indépendance jusqu’au bout. J’ai profité de cette belle occasion pour me lancer.

Vous avez racheté l’entreprise avec vos fonds propres ?

J’ai fait un montage financier qui me permettait de racheter la branche multimédia à un prix abordable en conservant la totalité du capital. J’avais passé des accords de diffusion importants avec une firme allemande dont les besoins d’investissement étaient très importants car elle venait tout juste d’être cotée en bourse. Ces fonds ont été suffisants pour que je puisse racheter Gaumont Multimédia. Le groupe a consenti un prix très correct et plutôt favorable en ce qui me concerne. J’ai pu financer la boîte, en partie en cash et en partie grâce à un crédit-vendeur, ce qui m’a permis de rester indépendant.

Au moment de la création, avez-vous eu peur de vous lancer ?

Je n’ai pas eu de doutes, mais j’ai eu des peurs. Quand on est entrepreneur on a toujours peur car l’entrepreneuriat est toujours lié à la notion de risque. Dans mon cas, lorsque je me suis lancé, je connaissais parfaitement le marché et j’y étais déjà bien implanté. Dès le lancement de Xilam, j’avais déjà un portefeuille de productions en cours et un carnet de commandes. La peur demeure présente, bien sur, car il faut gérer la trésorerie. Comme toute activité de commandes, notre métier génère un stress important. Chaque année nous devons chercher de nouvelles commandes, ce qui demande énormément d’énergie et de confiance.

Qu’avez-vous retenu de votre passage dans un grand groupe ?

J’ai appris deux choses qui me servent aujourd’hui : à structurer mon entreprise en termes d’encadrements et à toujours travailler avec des personnes expertes dans leurs domaines.

Le leadership, l’avez-vous de manière innée ou bien avez-vous dû le développer ?

C’est dans mon tempérament. Selon moi, améliorer son leadership, n’est pas une question d’autorité ou de commandement, mais une affaire de capacité à tirer les autres vers le haut. Un bon dirigeant emmène avec lui ses salariés à un niveau auquel ils ne travailleraient pas forcément s’ils avaient un poste dans un grand groupe, avec des responsabilités plus segmentées.

Confiez-vous beaucoup de responsabilités à vos salariés ?

Je délègue assez facilement. Il s’agit davantage d’une affaire de dialogue que de répartition des responsabilités. Le bon fonctionnement de ce type d’organisation au sein de Xilam réside dans le fait que, dans une structure moyenne comme la nôtre, l’échange avec l’ensemble des cadres peut se faire quotidiennement.

Avec l’expérience, j’ai fait évoluer l’organisation interne de la société. Suite à l’entrée en bourse, j’ai pensé, dans un premier temps, qu’il fallait introduire une notion de direction générale au sein de Xilam. Pendant plusieurs années, tout s’est bien passé, mais, quand le DG a quitté l’entreprise, je ne l’ai pas remplacé. Je me suis rendu compte que, lorsque, sur une activité comme la nôtre, vous avez un DG, les cadres qui travaillent avec lui ont tendance à se sentir déresponsabilisés ou infantilisés. Lorsque le DG est parti, les cadres se sont sentis responsabilisés. La délégation, au lieu d’être centralisée, s’est trouvée distribuée sur l’ensemble des cadres qui dirigent la maison.

Dans vos locaux sont placardés de petites affiches annonçant : « Le dernier mercredi du mois, c’est jour de massage ». Qu’est-ce qui vous a motivé à organiser cette activité pour vos salariés ?
Il y a quelques années, j’étais à New York, en visite dans une entreprise du secteur. J’avais été un peu surpris car je voyais des gens se faire masser à droite à gauche dans les bureaux. J’ai trouvé cette idée formidable car, dans notre métier, les gens passent tout leur temps devant leur écran. Cela leur fait beaucoup de bien d’avoir la possibilité de se délasser de la sorte une fois par mois. Dans une activité qui requiert une grande concentration, le corps doit suivre autant que la tête. Les 20 min de massage ne sont pas trop chères et cela procure un grand bien-être aux employés.

Interview de Yseulys Costes, Co-fondatrice et présidente de 1000mercis.com

Interview de Yseulys Costes, Co-fondatrice et présidente de 1000mercis.com

Présentez-nous le groupe 1000mercis ?

Notre société est spécialisée dans la publicité et le marketing sur les médias interactifs, soit Internet et les mobiles. Nous accompagnons des annonceurs qui souhaitent faire la conquête de nouveaux clients et les fidéliser grâce à ce type de médias. Pour cela, nous leur proposons la conception et la mise en place d’opérations de marketing interactif.

Du site millemercis.com, proposant aux internautes de constituer leur liste de cadeaux, à l’agence de marketing interactif 1000mercis, votre concept a-t-il évolué ?

Non, car le modèle économique est toujours resté le même. Nous avons toujours pensé qu’Internet représente un formidable outil pour collecter des bases de données et les utiliser pour pouvoir mieux parler au consommateur ou trouver de nouveaux clients pour les annonceurs. Notre première application pour collecter ces données s’est faite à travers deux sites de liste de cadeaux (millemercis.com et millemercismariage.com). Ces sites ont été le moyen que nous avons trouvé pour commencer à constituer cette base. Aujourd’hui, 35 % de notre chiffre d’affaires provient de la location de base de données intelligente.

Quel a été votre parcours professionnel avant 1000mercis ?

J’ai un parcours entrepreneurial atypique puisque je suis issue de la recherche. J’ai découvert Internet en 1995, lors de mes études aux états-Unis, alors qu’en France, presque personne ne s’y intéressait encore ! C’est comme cela que j’ai décidé de faire de la recherche et de l’enseignement en regroupant mes deux centres d’intérêts : Internet et le marketing. Parallèlement, j’ai participé à la création et été coordinatrice de l’IAB, une association qui regroupe les professionnels du marketing sur Internet, association qui existait déjà aux états-Unis. J’avais donc un pied dans le monde académique et un autre dans le monde professionnel. En 2000, avec mon associé, nous avons eu l’idée de 1000mercis. Nous nous sommes dit qu’il fallait y aller, même si nous n’avions pas l’âme entrepreneuriale à la base. Je n’avais jamais rêvé de créer mon entreprise !

De la recherche au monde de l’entreprise : un parcours atypique ?

Malheureusement oui, dans des pays tels que les états-Unis ou l’Allemagne, on rencontre très fréquemment des créateurs ayant ce type de parcours. Je pense que l’entrepreneuriat c’est avant tout créer de la valeur et, souvent, à l’origine de cela se trouve l’innovation. Pour moi, le pont entre ces deux mondes paraît donc assez naturel. Ce que nous faisons aujourd’hui avec mon associé n’est ni plus ni moins que la continuité de nos travaux de recherche.

L’innovation est au cœur de l’activité de 1000mercis. Comment procédez-vous ?

Nous consacrons 20 % de nos dépenses à la R&D, au travers de partenariats avec de nombreux laboratoires de recherche comme par exemple HEC, l’école Normale Supérieure de Cachan, l’INSEAD ou l’Université Paris Dauphine. Nous accueillons également dans notre équipe des doctorants qui réalisent leur thèse chez nous et des salariés dont une partie de leur activité est consacrée à la R&D.

Comment innove-t-on en marketing ?

On a une vision encore très « industrielle » de l’innovation, alors qu’aujourd’hui la majorité de l’innovation se fait dans le monde de services. Je prends l’exemple d’un travail de recherche que nous faisons actuellement : Price Minister, qui est un de nos clients, ne peut pas envoyer chaque semaine une newsletter présentant 120 millions de produits à 8 millions de personnes ! On doit donc essayer de deviner, grâce à des modèles mathématiques, quelle personne aura besoin de quel produit et quand. Nous recherchons des algorithmes qui pourront définir cela de manière pertinente et ainsi apporter une véritable valeur ajoutée aux consommateurs à qui Priceminister fait ainsi gagner du temps.

Faire de la recherche, qu’est-ce-que cela apporte à l’entreprise ?

Je pense que, pour être en mesure d’apporter de la valeur à nos clients, il faut constamment innover. Dans les périodes de crise économique, l’important est de prendre de l’avance et, ainsi, de créer des vraies barrières à l’entrée pour les concurrents.

Quelles sont pour vous les clés du succès de 1000mercis ?

Cette dynamique de R&D représente bien sûr une des clés du succès de la société. Mais notre force, c’est notre positionnement. Nous essayons d’être vraiment efficaces et concentrés dans notre cœur de métier, sans nous éparpiller.

Comment voyez-vous l’avenir de 1000mercis ? 

L’entreprise a été introduite en bourse en 2006, et ce, notamment pour financer le développement international. Il y a un an de cela, nous avons racheté une entreprise, Ocito, spécialisée dans le marketing sur mobiles. Aujourd’hui, notre projet est d’inventer ce qui sera un mix entre le web et le mobile, afin d’étoffer nos métiers sur les médias interactifs.

Que représente pour vous la création d’entreprise ?

C’est une magnifique aventure et beaucoup de bonheur ! Cela a quand même quelque chose de magique de créer de la valeur et d’avoir pu choisir chacune des personnes de son équipe ! Bien sûr, on ne peut pas faire cela à moitié, et il faut y consacrer beaucoup d’énergie. Il faut en donner et ne pas avoir peur d’en donner. C’est un métier où il ne faut pas compter et ne pas avoir peur de ne pas compter ! Créer de la valeur prend du temps, il n’y a pas de miracles !

Les 5 conseils d’Yseulys Costes aux entrepreneurs

  • Créer une boîte dans un savoir-faire qu’on aime, dans un domaine de passion. 
  • Être conscient que la création d’entreprise c’est un vrai choix de vie qui demande de ne compter ni son temps, ni son énergie.
  • Avoir une approche ludique dans ce que l’on fait. Je pense qu’on crée plus de valeurs quand on le fait en s’amusant, plutôt que dans la douleur. 
  • Avoir beaucoup d’humilité. L’entrepreneuriat c’est de fortes convictions mais aussi d’importantes remises en question. 
  • Garder toujours en tête une vision d’où on veut aller et de la manière par laquelle on peut y arriver.

Interview de Aliza Jabès, PDG de la marque de cosmétique Nuxe

Interview de Aliza Jabès, PDG de la marque de cosmétique Nuxe

Pourquoi avez-vous choisi de créer votre entreprise ?

Au fond de moi, j’ai toujours eu envie de créer mon entreprise. Pourtant les études que j’avais suivies au sein de grandes écoles me prédestinaient plutôt à faire carrière dans un grand groupe. C’est finalement par choix et guidée par mon instinct que je suis entrée dans l’entrepreneuriat.

Comment avez-vous déniché le laboratoire Nuxe ?

En fouinant ! Après mes études, j’avais envie de créer une marque de cosmétiques naturels. Mon père qui est pharmacien a eu échos de la vente d’un petit laboratoire artisanal spécialisé dans les soins naturels. Ce laboratoire, inconnu à l’époque, s’appelait Nuxe, soit la contraction des mots « naturel » et « luxe ». J’ai senti que le mariage du naturel avec le luxe était avant-gardiste. Alors j’ai foncé sur un coup de tête, tout simplement.

Pourquoi vous êtes-vous tournée vers une reprise d’entreprise ?

A l’époque j’envisageais deux scénarios comme possibles : soit je démarrais une marque de zéro, soit je m’appuyais sur un laboratoire existant avec des formules auxquelles il fallait donner vie. C’est finalement cette deuxième option qui s’est imposée à moi.

Comment avez-vous réussi à faire connaître la marque Nuxe ?

Cela a été le parcours du combattant ! Les sept premières années ont été celles de la « vache maigre » et ce, pour plusieurs raisons. D’abord parce que j’avais beau avoir de bons diplômes, je ne connaissais pas ce métier. Je n’avais jamais travaillé dans une boite de cosmétologie, je n’étais pas formulatrice… et je devais quand même remettre sur pieds un laboratoire. Ces sept années ont été consacrées à la R&D. Nous ne développions que très peu la partie commerciale, juste le minimum pour que nous puissions survivre. Nous plantions les fondations de la marque et ne cherchions pas à communiquer. La deuxième phase a été celle de la communication et de la distribution. Comme je n’avais pas de fortune personnelle, j’ai dû utiliser le bouche à oreille pour communiquer sur nos produits. Les journalistes beauté ont découvert la marque Nuxe qu’ils ont tout de suite adorée, puis les célébrités ont adopté nos produits… le buzz médiatique était lancé ! Nous n’avons commencé à communiquer de façon importante que bien plus tard. Nous ne diffusons des publicités que depuis 5 ou 6 ans, ce qui est très récent quand on pense que Nuxe a déjà presque 20 ans.

Comment avez-vous réussi à tenir pendant ces sept premières années ?

Grâce à ma famille qui m’a énormément soutenue pendant cette période mais aussi grâce à mon acceptation de ne rien gagner pendant des années. Avant de créer ma boite, mon job d’analyste financier dans un grand groupe me procurait déjà, de par mes diplômes, un salaire très confortable. Je pense que le propre des entrepreneurs, c’est d’accepter d’avoir un train de vie bas pendant quelques temps. C’est pour cela aussi qu’il est intéressant de se lancer lorsqu’on est encore jeune. C’est sûr que si on a la folie des grandeurs et qu’on veut tout de suite avoir un 200m², il vaut mieux ne pas créer son entreprise !

Quels sont selon vous les secrets de la réussite d’une entreprise ?

Je crois qu’il n’y a pas vraiment de secrets, mais plutôt des caractères propres à l’entrepreneur. Pour mener une entreprise vers la réussite, il faut avoir une capacité de résistance hors du commun ! Des coups, on en prend tout le temps, et en particulier lors des dix premières années. Si on n’a pas une capacité de marathonien, plutôt que celles d’un sprinter, on ne peut pas tenir. Pour réussir, il faut avoir un bon produit et qu’il soit innovant. Il doit correspondre aux attentes mais aussi l’entrepreneur doit compter sur une bonne dose de chance. Les études c’est bien, mais il faut aussi une grande capacité de résistance.

Vous innovez sans cesse. Pourquoi ?

Nous innovons constamment car c’est indispensable dans notre univers. Pour qu’une entreprise soit pérenne et puisse devenir un des fleurons d’une société, pour qu’elle puisse ensuite s’imposer à l’international, il faut être capable d’innover. Les sept premières années, nous avons tout investi sur le labo interne, ce qui est un peu atypique car la logique aurait été d’externaliser cette partie. Ce choix de ma part a été purement instinctif. Avec le recul, je me dis que c’est peut-être cela qui nous a permis de tenir et devenir aujourd’hui un acteur majeur de la cosmétologie naturelle en France et au niveau européen.

Comment imaginez-vous les développements futurs de Nuxe ?

Nous allons continuer à innover pour découvrir de nouvelles molécules, toujours dans le naturel bien entendu. Nous venons de créer une nouvelle marque, Bio-Beauté®, certifié Ecorcert® afin de développer de nouveaux segments sur le marché. Le futur sera donc également axé sur le développement de marques au sein du groupe Nuxe. Le deuxième volet de développement sera l’international. Nous avons embauché beaucoup de collaborateurs à l’international. Aujourd’hui, nous faisons déjà une vingtaine de millions de CA à l’étranger et notre challenge est de faire de Nuxe un groupe international.

Les 5 conseils d’Aliza Jabès aux entrepreneurs

  • Partir d’une idée, avoir une vision.
  • Essayer de fédérer autour de soi sa famille. Dans les débuts, la famille vous soutient généralement mieux que les banques. Et celles-ci vous prêtent plus facilement si la famille vous soutient financièrement.
  • Résister et ne pas penser que l’entreprise décolle en un an ou deux car c’est généralement impossible.
  • Structurer le plus tôt possible dès que vous sentez que le business commence à prendre. Avoir les méthodes des grandes boites au niveau managérial, logistique, gestion… quand vous vous développez, vous freinez l’entreprise si l’augmentation de la production n’a pas été anticipée.
  • Toujours garder l’esprit « petite boite ».

Interview de Denis Payre, Fondateur de Business Objects

Denis Payre, a été élu « Entre-preneur de l’année » en 1996 par l’édition américaine de Business Week après avoir été Sacré « Prix de l’internationalisation » par le Nouvel Économiste en 1995. Il a été également classé à deux reprises dans le « Top 25 Technology Europe » du Time Magazine qui recense les chefs d’entreprise européens les plus visionnaires en matière de technologie et d’innovation.

Aujourd’hui Denis Payre est surtout reconnu pour ses deux grandes réussites entrepreneuriales : BUSINESS OBJECTS qui, en 2005, comptait déjà 30.000 clients, 100.000 utilisateurs répartis à travers 80 pays et 4.418 collaborateurs (le chiffre d’affaires s’élève à un milliard de dollars). Il est également à l’origine de l’association CROISSANCE PLUS. Enfin, de KIALA, en passe de conquérir l’Europe.

Pourriez-vous nous dire où vous en êtes actuellement ?

L’entreprise que je gère actuellement, KIALA, a démarré en 2002 avec 1,4 millions d’euros de chiffre d’affaires. En 2007, nous faisions 26 millions d’euros de chiffre d’affaires. Nous avons donc eu une croissance annuelle pondérée de 80%. Cela ne s’éloigne pas trop de la croissance de ma première création, BUSINESS OBJECTS, qui connaissait à la même période une croissance de 100%. Nous sommes actuellement les leaders dans notre domaine et avons des clients tels que Rue du commerce, Cdiscount, Alapage, Orange, H&M, Neuf Telecom, Free, Esprit… Aujourd’hui, nous sommes au Benelux, en Autriche, en France, en Espagne. Aussi, nous préparons les lancements en Angleterre et en Russie.

Quelles sont les principales qualités que doit posséder un entrepreneur pour réussir ?

Je pense qu’un entrepreneur doit être très complet. Il doit être à la fois capable de vendre son produit ou son service mais doit aussi savoir gérer son entreprise. A défaut, il doit savoir s’entourer des compétences manquantes par le biais notamment d’associés. Il se doit d’être le spécialiste de son produit afin de pouvoir appréhender tous les aspects de sa création et tout risque.

La deuxième qualité dont il doit faire preuve est l’énergie. La vie d’entrepreneur n’est pas simple et il faut parfois travailler avec acharnement sans se poser trop de questions. Ainsi, il se doit parfois de changer les habitudes des consommateurs ou des entreprises pour parvenir à vendre son produit. Il faut rappeler que, même en ayant des avantages concurrentiels forts, il est souvent difficile de percer dans le marché. Il faut arriver à s’y faire une place (et ceci particulièrement en France.)

Je pense aussi que sa grande capacité à résister à l’inertie (qu’il va rencontrer) et sa très grande confiance en lui vont être les véritables facteurs de sa réussite. Pour cela, il ne doit pas trop écouter les autres car on lui répètera très souvent toutes les bonnes raisons qu’il aurait de ne pas se lancer. S’il doit rester réaliste et écouter systématiquement les conseils des autres, il doit apprendre à trier les informations qu’il reçoit.

Que doit vérifier un entrepreneur avant de se lancer ?

Il doit, tout d’abord, vérifier que son idée va rencontrer une demande. C’est la logique de l’offre et de la demande. Sans cette demande il est inutile de chercher à vendre son produit. L’entrepreneur doit faire une étude approfondie du marché.

Il est nécessaire de vérifier les barrières dont il dispose à l’entrée de produits concurrentiels, de s’assurer que le produit ne peut pas être l’objet d’une réplication immédiate. Mais il n’est cependant pas forcément obligatoire de se créer des barrières avec des brevets et des technologies très sophistiquées, les barrières sont souvent, de nos jours, dans le savoir faire ou dans la stratégie mise en oeuvre.

Si vous deviez vous associer, avec qui le feriez-vous ?

En ce qui me concerne, j’ai toujours fait le choix de m’associer. La connaissance technique du produit m’était apportée par mes associés. Pour ma part, j’apportais une approche plus marché/besoin/client. C’est cette complémentarité qu’il faut rechercher à travers l’association. Bien sûr, il ne faut pas s’arrêter simplement à la technique mais au-delà, s’assurer de la compatibilité et la complémentarité des tempéraments des associés.

Quels sont les points essentiels dans la création d’entreprise ?

Je pense qu’il faut recruter les meilleurs et être prêt à y mettre le prix car c’est le moyen le plus efficace de protéger son capital. J’ai souvent payé plus cher que ce que je ne l’aurais voulu mais, jusque là, ils ont largement couvert leur surcoût. Il ne faut pas oublier que nous sommes dans une industrie où il n’y a de richesses que d’hommes.

Il peut donc être utile de mettre en place des stocks options dont le quota peut être proportionnel au temps passé. Bien entendu, pour des raisons que l’on comprend cette solution n’est pas à appliquer avec tout le monde.

La France est-elle un bon pays pour créer son entreprise ?

Le climat s’est amélioré par rapport à celui que j’ai connu lorsque j’ai commencé. A l’époque il n’existait que 2 ou 3 fonds d’investissement. De nos jours, nous ne sommes plus dans la méconnaissance du sujet comme il y a 15 ans mais il reste encore des améliorations à apporter et ce notamment au niveau du financement en amorçage et du droit du travail.

Quelles pourraient être ces améliorations ?

L’entrepreneur doit rencontrer moins d’obstacles, particulièrement au niveau des fonds de départ. Il est pour cela nécessaire de faire un travail et particulièrement sur les business angels. Or, les particuliers sont encore trop peu incités à investir dans les jeunes entreprises même si des progrès ont été faits avec les mesures de l’impôt sur la fortune.

Il reste également un grand axe : le droit du travail pour les PME. En France, lorsqu’on est une entreprise en expansion et que l’on ne parvient pas à réaliser son plan de croissance. La menace pèse alors sur l’entreprise, on se retrouve alors bloqué avec des salariés en surnombre. On privilégie donc des plans moins ambitieux pour ne pas avoir à recourir aux licenciements dont le coût reste trop élevé.

Certes, il y a des progrès mais ils sont encore trop lents et ne sont pas à la hauteur des défis de la mondialisation.

Interview de Philippe Houzé, Président du Directoire du groupe Galeries Lafayette

Interview de Philippe Houzé, Président du Directoire du groupe Galeries Lafayette

Quels sont vos principaux conseils pour les entrepreneurs ?

  • Avoir confiance en soi et savoir douter. La qualité principale d’un bon entrepreneur réside dans la confiance en soi : il faut croire en soi, en son projet et en ses produits. Une fois que l’entrepreneur a mené une réflexion approfondie sur son marché, la confiance en lui déterminera l’énergie qu’il déploiera pour développer son entreprise. Il reste essentiel de savoir se remettre en question même s’il ne faut pas passer son temps à douter. L’important demeure d’avancer avec confiance. Si l’on commence à se faire des montagnes autour des problèmes qui pourraient advenir, on ne va jamais bien loin.
  • Être capable de se mettre à la place des autres (l’empathie). Si l’on possède naturellement peu d’empathie, on peut la travailler. Si au contraire, on ressent facilement de l’empathie, il faut la valoriser. Pour les fonctions marketing et commerciales, avoir de l’empathie leur permet de savoir instinctivement comment l’autre va recevoir leur conception, parole ou action. Pouvoir se mettre à la place des autres facilite la communication : d’un rapport d’opposition on passe naturellement à un lien de compréhension mutuelle.
  • Ne pas penser qu’on manque de chance. Je crois profondément qu’il n’existe pas des personnes ayant de la chance et d’autres qui n’en n’ont pas. Par contre, il existe des optimistes et des pessimistes. L’optimiste n’a pas de chance, il est juste revenu 100 fois sur le sujet et a trouvé la solution parce qu’il a persévéré. Le pessimiste, quant à lui, va essayer une fois ou deux fois. Si cela ne marche pas, il s’arrête en prétextant un manque de chance. La ténacité systématique ainsi que la capacité à toujours voir le coté positif des choses : voilà ce qui génère la « chance ».
  • Ne pas avoir peur de la différence au sein d’une équipe. Ce qui apporte la richesse d’une association réside dans la différence de personnalités. Elle permet de porter un regard autre que le sien. Cela entraîne généralement la prise de meilleures décisions.
  • Savoir utiliser son Quotient Emotionnel (QE). Le système français a tendance à plutôt mettre en avant le Quotient Intellectuel (QI). Or, dans l’activité entrepreneuriale, c’est souvent la créativité, la capacité à sortir des sentiers battus qui détermine la réussite. Comme disent les anglo-saxons, « You have to think out of the box! ». Dans tous les domaines d’activité, le cycle s’est accéléré. Selon moi, une des qualités principales de l’entrepreneur doit être cette capacité à constamment se renouveler et réinventer son business model. Cela aura pour effet de redonner une impulsion et permettra de retrouver la période de maturité du cycle. Tant mieux si l’on a un Q.I élevé, mais, on le sait bien, ce n’est pas la logique qui mène le monde, et cela reste d’autant plus vrai en ce qui concerne l’entreprise : de nombreux événements viennent bouleverser la stratégie de l’entreprise et votre vision du monde. Se baser sur des analyses intellectuelles et logiques restent indispensables, mais l’intuition ne doit pas être mise de côté.
  • Mettre en avant ses valeurs personnelles. J’ai la conviction que la société dans laquelle nous vivons, une société post-déflagration mondiale, aspire à retrouver des valeurs. Le monde qui se désagrège aujourd’hui a détruit les valeurs par dévoiement du système capitaliste. Le monde a détruit les valeurs (humaines) pour créer de la valeur (financière). Le jeune entrepreneur doit être très clair sur ses valeurs personnelles, sa ligne éthique, et ne pas en dévier. Il est indispensable que son entreprise crée de la valeur, mais en aucun cas en trahissant ses valeurs propres. Le monde de demain attend de l’éthique, de l’esthétique, de la relation et de la durabilité. L’entreprise doit dès maintenant s’attacher à développer ces quatre valeurs.

Pouvez-vous expliciter ces valeurs que vous prônez au sein de votre entreprise ?

L’éthique et l’esthétique : je rassemble ces deux valeurs car aujourd’hui les artistes possèdent une vision du futur qu’il faut essayer de comprendre. Le design, l’art, la création font appel à l’émotion et l’intuition qui sont, comme vous l’avez compris, des qualités essentielles à développer au sein de l’entreprise.
Le bien être et la relation : la recherche de naturel et de relationnel caractérisent notre époque. Cette tendance devient perceptible grâce à l’impact des réseaux communautaires tels que Facebook.
La durabilité : je pense que l’entreprise joue un rôle déterminant dans
la société actuelle. Elle doit travailler à la création d’un futur
souhaitable.

Comment développer la confiance en soi ?

Le fait d’entreprendre montre une certaine confiance en soi. J’ai mis très longtemps à la développer. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles je me sens davantage manager qu’entrepreneur. Dans mon parcours, j’ai vécu des périodes de doutes sur les directions à suivre ou des remises en question après des échecs. Dans de tels moments, j’ai pu avancer grâce à ma famille et mes amis qui étaient présents pour m’insuffler cette énergie qui m’a permis de repartir. On peut également trouver des moyens de cultiver cette confiance en soi et je crois que la pratique du sport peut beaucoup aider dans ce domaine. Le sport relie l’effort à un succès visible. Le fait d’aller au bout des objectifs qu’on s’est fixé apporte un sentiment de réalisation personnelle.

Votre secret pour prendre les bonnes décisions et développer sans cesse votre activité ?

Lorsque l’on prend une décision, on ne peut avoir une claire compréhension de la portée qu’elle aura dans le futur. Aussi, la réussite d’une stratégie ne peut être jugée que longtemps après avoir été mise en place. Dans ma carrière, si j’ai pu prendre des bonnes décisions, je l’ai fait de manière intuitive et grâce à l’empathie dont j’ai parlé, c’est grâce à elle que j’ai pu saisir le besoin de mes clients. Je reste en permanence à l’écoute afin de sentir les évolutions de la société. D’autre part, j’ai toujours un œil sur ce qui se fait à l’étranger. Certaines de mes décisions ont pu sembler n’être que des caprices de patron mais elles s’appuyaient sur ce cocktail d’intuition et d’observation.