Accueil Blog Page 1113

La solution pour améliorer la survie des entreprises : Le mentorat

Interview de Nicole Laverrière, Directrice du service de mentorat d’affaires de la Fondation de l’entrepreneurship (Canada)

Qu’est-ce que la Fondation de l’entrepreneurship ?

Reconnu comme le plus grand réseau de mentorat d’affaires au Canada, le Service de mentorat d’affaires de la Fondation de l’entrepreneurship compte plus de 70 cellules locales réparties dans les 17 régions du Québec ainsi que 1 300 mentors, qui ont permis de réaliser près de 3 000 jumelages d’entrepreneurs, c’est une croissance exponentielle ! Depuis sa création en 2000, le programme de mentorat d’affaires de la Fondation de l’entrepreneurship s’est adapté aux besoins des diverses clientèles auxquelles il s’adresse.

Afin d’évaluer le programme et son impact, l’organisme a mandaté une firme externe pour recueillir les commentaires d’environ 150 entrepreneurs mentorés. Réalisée en novembre et décembre 2005, l’étude confirme que 83% des répondants se disent satisfaits du programme et qu’ils n’hésiteraient pas à inviter des amis entrepreneurs à y adhérer.

Quel est le but du mentorat d’affaires ?

Le mentorat d’affaires représente actuellement l’une des mesures les plus efficaces pour assurer le suivi et l’accompagnement des entrepreneurs et dirigeants de toutes les sphères de l’économie. Par le biais du mentorat d’affaires, l’entrepreneur ou le dirigeant est assuré de se doter plus rapidement de compétences de bon gestionnaire et du même coup d’assurer la survie, voire la croissance de son entreprise.

Le mentorat vient briser l’isolement que connaît tout nouvel entrepreneur ou dirigeant, enrayant ainsi le découragement de la prise de décisions hâtives et sous-évaluées tout en lui permettant de développer son plein potentiel et sa détermination à réussir.

Un facteur significatif dans le taux de survie et de réussite des entreprises

Rappelons que le but premier du programme de mentorat d’affaires de la Fondation de l’entrepreneurship est de permettre aux entrepreneurs d’acquérir de solides compétences en matière de gestion en plus d’entraîner des retombées positives dans les organisations qui en bénéficient.

Ainsi, dans 66% des cas, on note une hausse du chiffre d’affaires pour les entreprises mentorées. Aussi, 78% des entreprises mentorées par le Service de mentorat sont encore en opération et 70% de celles-ci ont franchi le cap des cinq années d’existence, doublant ainsi les résultats obtenus au Québec lorsque les entrepreneurs sont laissés à eux-mêmes (Enquête sur le taux de survie des entreprises, Gouvernement du Québec, mars 1999).

Soutenir l’humain derrière l’entrepreneur

Dans le cadre des quatre groupes de discussion ayant suivi le sondage, les mentorés participants ont souligné l’impact du mentorat en matière de planification, prise de décision, de motivation et de confiance en soi. La personnalité, le charisme et l’expérience terrain sont des critères incitatifs à choisir un mentor plutôt qu’un autre lors d’un jumelage. On juge qu’il doit être plus apte à transférer ses connaissances que ses compétences.

Lors de ces rencontres, les mentorés ont aussi pris conscience de leurs responsabilités quant au succès de la relation qu’ils ont avec leur mentor. La définition d’objectifs clairs, la discipline, l’ouverture d’esprit, l’utilisation des outils et des formations offertes par le Service de mentorat d’affaires ainsi que le fait de miser sur une relation à long terme sont autant de facteurs qui leur permettront de profiter au maximum de l’accompagnement d’un mentor.

Enfin, l’enquête a permis d’observer que les relations de mentorat durent en moyenne 18 mois à raison d’une discussion mentor/mentoré par semaine. Les principaux thèmes de ces échanges touchent principalement la gestion et l’organisation d’une entreprise. Le Service de mentorat d’affaires ayant toujours préconisé les bienfaits du long terme dans un tel type de projet, on voit que les participants ont adopté cette manière de faire.

100 000 entrepreneurs : le défi de sensibiliser les jeunes à l’entrepreneuriat

Interview de Philippe Hayat : « Beaucoup de jeunes pensent qu’il faut obligatoirement être riche pour pouvoir créer son entreprise. Ils se donnent ainsi une « bonne raison » pour ne jamais avoir à se lancer »

Quel est le parcours professionnel qui vous a conduit à créer 100 000 entrepreneurs ?

Dès 1993, j’ai créé et repris des entreprises que j’ai ensuite développées et revendues. Trois aventures entrepreneuriales dans trois secteurs très différents : l’industrie, les technologies et les services. Parallèlement à mon parcours d’entrepreneurs, j’ai travaillé en tant que professeur en création d’entreprise à l’ESSEC puis à Sciences Po. J’ai toujours été attaché à la notion de transmission de l’expérience professionnelle et cette aspiration s’est concrétisée avec la fondation de l’association à but non lucratif 100 000 Entrepreneurs, dont la vocation est de transmettre l’esprit d’entreprendre aux jeunes de 13 à 25 ans.

Pourquoi cette envie de transmettre ?

Je crois que la transmission de l’expérience fait partie des rôles de l’entrepreneur. L’entrepreneur travaille pour lui-même, pour son entreprise, pour ses salariés et gagne de l’argent. Mais il y a un moment où cela ne suffit plus et où l’entrepreneur doit avoir un rôle citoyen.

Tous les entrepreneurs ont-ils la même vision que vous ?

Les entrepreneurs, qui sont au cœur de leur activité, n’ont en général pas le temps de se consacrer à autre chose qu’à leur entreprise. Mais nous avons tout de même 1500 entrepreneurs, tous en activité, inscrits dans notre base. Ils prennent le temps d’aller parler une demi-journée devant des collégiens ou des lycéens. Je peux vous dire que l’envie de transmettre reste un état d’esprit assez répandu. Il n’y a qu’à voir le nombre d’entrepreneurs qui viennent vers nous chaque année.

Parlez nous de votre association, pourquoi l’avoir nommé « 100 000 Entrepreneurs » ?

Tout simplement parce que notre objectif est de faire 100 000 interventions par an dans des classes de 30 élèves et donc de toucher 3 millions de jeunes chaque année. Pourquoi cela ? Parce qu’il y a 6 millions de jeunes scolarisés entre 13 et 25 ans de la 3e à bac + 5. Si on en touche 3 millions, cela représente la moitié. Je crois que ce n’est qu’en agissant à cette échelle qu’on pourra faire enfin évoluer les mentalités au sujet de l’entrepreneuriat. L’objectif de 100 000 entrepreneurs se place sur le long terme.

Pourquoi avez-vous choisi de vous adresser aux élèves à partir de la 3e ?

C’est en classe de 3e que commencent à se dessiner les premières réflexions sur l’orientation professionnelle. Une option de découverte professionnelle a été mise en place par l’éducation nationale pour ces élèves et il est demandé aux élèves de réaliser un stage de 5 jours en entreprise. La classe de 3e est le meilleur moment pour commencer à stimuler l’intérêt des jeunes à la culture d’entreprendre.

Comment les entrepreneurs sont-ils formés pour intervenir auprès des jeunes ?

Il y a un guide explicatif adapté à chaque niveau (collège, lycée et enseignement supérieur) ainsi qu’une séance de formation destinée à sensibiliser les intervenants sur le message à transmettre aux élèves et la manière de s’adresser à eux, ce qui n’est pas facile.

Quand vous dites à un élève « je fais du logiciel et je suis leader sur mon marché », ils ne comprennent ni logiciel, ni leader, ni marché. Nous avons donc conçu une vraie méthodologie pour parler aux élèves.

Comment réagissent les élèves aux interventions des entrepreneurs ?

Ils sont très attentifs. Au début, ils se demandent ce qu’on fait là. Ils ne connaissent pas vraiment le monde de l’entreprise et encore moins la notion d’entrepreneuriat mais, si on arrive à s’adresser à eux avec leurs mots, qu’on les fait entrer dans notre univers, ils s’intéressent rapidement. On demande à l’entrepreneur d’orienter son intervention vers les questions (De quoi ai-je besoin pour concevoir mes produits ? Où ai-je été chercher l’argent ? Comment ai-je fait pour évaluer le montant de l’argent nécessaire ?…). L’entrepreneur raconte son histoire en interactivité avec les jeunes.

Avez-vous des retours de vos interventions ?

Oui, et ce sont justement ces retours qui nous ont conduits à mettre en place au sein de l’association deux types d’actions supplémentaires. Nous proposons désormais un programme de parrainage entre l’entrepreneur et une classe : pendant l’année scolaire, l’entrepreneur intervient à plusieurs reprises auprès des élèves, les invite à visiter son entreprise et aide les enseignants à leur trouver des stages. Nous avons aussi développé des actions de tutorat pour les élèves de bac à bac +5. Ce programme s’adresse aux élèves porteurs d’un projet entrepreneurial. Un entrepreneur suit l’élève tout au long de l’année et le conseille sur son projet.

Comment financez-vous cette association ?

Au début nous avons été financés par des sponsors (principalement SAP, PPR, SFR) et par la subvention public du Codice, un comité créé par le ministère de l’économie pour permettre la diffusion de l’économie après des jeunes. Nous nous sommes également rendus éligibles afin de pouvoir bénéficier de la taxe d’apprentissage : on peut demander aux entrepreneurs de nous verser une partie de leur taxe d’apprentissage, ce qui nous permet de nous financer d’une façon plus régulière.

Lors de vos cours à Sciences Po, vous répétez à vos élèves : « Ne dites plus : je n’ai pas d’argent donc je ne peux pas entreprendre ». Expliquez nous.

Beaucoup de jeunes pensent qu’il faut obligatoirement être riche pour pouvoir créer son entreprise. Ils se donnent ainsi une « bonne raison » pour ne jamais avoir à se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat !

J’essaie de bien faire comprendre à mes élèves que trouver de l’argent n’est pas un problème si le projet s’avère bon. Il est tout à fait possible de lever des fonds auprès d’actionnaires ou de banquiers. Mes élèves me répondent alors en général que si ce n’est pas d’eux mêmes que viennent les fonds de leur entreprise, ils risquent d’en perdre tout contrôle. Mais il faut savoir qu’on peut très bien aller trouver des fonds à l’extérieur de l’entreprise et en garder entièrement le contrôle opérationnel. Ne pas avoir d’argent ne doit pas être un frein pour ceux qui veulent d’entreprendre.

Pensez-vous qu’il est difficile en France de créer son entreprise ?

Non, je ne crois pas. C’est une idée reçue qu’il faut dépasser.

La masse de documents administratifs ne représente-t-elle pas un obstacle ?

La situation évolue en France et les démarches administratives pour une création d’entreprise se simplifient. Aujourd’hui on peut se rendre aux CFE – Chambre de Commerce pour une entreprise et Chambre des Métiers pour une profession libérale ou artisanale et s’immatriculer en quelques jours seulement. Il ne faut alors que 10 jours pour recevoir son Kbis. Et si vraiment cet aspect administratif vous rebute, il existe des offices de formalités qui peuvent tout régler cela pour vous à moins de 1 000 euros. Un nouveau statut pour l’auto-entrepreneur vient même d’être voté : si vous débutez votre activité avec un chiffre d’affaire faible, une simple déclaration au CFE reste désormais nécessaire, vous n’avez même pas besoin de vous immatriculer (Ndlr : Loi de modernisation de l’économie du 22 juillet 2008). Démarrer son activité en France est devenue, malgré ce que l’on en dit, assez facile.

Pensez-vous que l’information soit suffisamment claire ?

Il y a beaucoup de sources d’informations disponibles : des sites de références comme ceux de l’APCE ou du Ministère des PME et, bien sur les différentes Chambres de Commerce. Je pense franchement que l’entrepreneur qui s’arrête à la difficulté de s’immatriculer n’est pas fait pour être entrepreneur ! L’immatriculation représente peut être la moindre des difficultés qu’il rencontrera.

5 mots pour définir un bon entrepreneur ?

Je dirais : volontaire, imaginatif, persévérant, vendeur et chef d’équipe. Toutes ces qualités doivent être également soutenues par une bonne dose de bon sens.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune entrepreneur ?

Mon premier conseil est de ne pas se donner de mauvaises raisons pour ne pas se lancer. Je m’explique : on peut entreprendre à n’importe quel âge et dans n’importe quelle condition. Il n’est pas forcément utile d’attendre d’avoir une expérience, un réseau, de l’argent…

Il existe selon moi deux préalables à l’acte d’entreprendre :

  • •Savoir si on a une âme d’entrepreneur et si on a réellement envie de le devenir. Beaucoup de gens se lancent dans un projet de création alors qu’ils ne possèdent pas un esprit d’entrepreneur et beaucoup d’autres n’osent pas se lancer car ils ignorent qu’ils sont par nature de vrais entrepreneurs. Il faut bien se connaître et savoir ce qu’on désire vraiment faire dans la vie avant de créer son entreprise. être entrepreneur n’est pas qu’un choix professionnel, c’est avant tout un choix de vie. Il faut déjà se poser la question de base : Est-ce que j’ai envie de travailler pour moi ou pour les autres ? Il faut être en cohérence avec soi-même.
  • •S’assurer que son idée d’entreprise est bonne. Il faut avoir conscience que les bonnes idées restent rares : environ 99 % des idées peuvent être considérées comme mauvaises. Il faut vraiment prendre le temps d’étudier son projet avant de se lancer, c’est-à-dire qu’il faut confronter son idée au marché, aller interroger des clients, des fournisseurs, des concurrents, réaliser une vraie étude de marché… tout cela pour se rendre compte sur le terrain de la pertinence ou non de l’idée.

Quels sont les pièges à éviter par le futur entrepreneur ?

Je dirais d’abord qu’il ne doit pas avoir peur de parler de son idée et d’interroger beaucoup de monde à ce sujet. Il faut confronter son idée au marché car cela demeure la seule façon de savoir si elle est bonne ou non. Le piège réside dans le fait de rester seul dans son coin avec son idée.

Ensuite, il doit bien faire attention à qui il donne le capital. Le capital de l’entreprise représente la seule décision irréversible pour un entrepreneur : il est crucial d’être très précautionneux avant de donner des parts de capital à quelqu’un. Si on a besoin de lever de l’argent, il faut bien étudier toutes les solutions possibles afin de trouver celles qui ne sont pas trop gourmandes en termes de capital.

Enfin je voudrais ajouter que la clé se trouve dans le fait de bien savoir s’entourer. Lorsque l’on est entrepreneur, il faut accorder l’essentiel de son emploi du temps à vendre, dégager/générer des commandes et animer son équipe. Le reste doit être délégué ou sous traité pour avoir le temps de se concentrer sur les tâches majeures. Je pense, par exemple, qu’il est judicieux de faire le choix d’embaucher une secrétaire car, même si cela coûte un peu d’argent, le temps économisé sera utilisé à promouvoir et vendre son produit, et donc à faire plus de profits.

Quels sont vos futurs projets ?

Je crée actuellement SERANA capital, un fond d’investissement à but lucratif pour aider les entrepreneurs désirant développer des entreprises en leur donnant les moyens financiers nécessaires.

Les méthodes pour fidéliser les jeunes

Interview de Corinne DESCOURS, Directrice de la communication ressources humaines chez AREVA.

Pourquoi recruter et former des jeunes ?

Il faut recruter des jeunes pour répondre au besoin du business mais, en réalité, il faut surtout s’assurer du transfert de compétences des plus expérimentés vers les plus jeunes et de la professionnalisation de chaque individu.

Comment fidéliser les jeunes, selon vous ?

Il est nécessaire de donner du sens au travail qu’on leur confie. Concrètement, cela consiste à leur faire comprendre la dimension de l’entreprise et, par exemple, en ce qui concerne notre entreprise : « les grands enjeux énergétiques ». Quand je dis donner du sens, c’est montrer aux jeunes qu’ils vont participer à une grande aventure. Pour les entreprises comme AREVA, ils se montrent très sensibles au contexte de croissance de l’entreprise. Enfin, la dimension internationale du groupe les attire énormément, et ce même s’il n’y a pas un nombre d’expatriés aussi important qu’on puisse le croire. Dans notre cas, nous travaillons souvent avec des équipes internationales en mode projet mais la mobilité des français reste réduite.

Quelles sont les méthodes concrètes pour les fidéliser ?

Ce qu’il faut bien comprendre c’est que, si les jeunes décident d’entrer dans l’entreprise qu’ils ont choisie, ils ne la quittent qu’à cause du management. C’est la fameuse maxime « on intègre l’entreprise pour l’entreprise et on la quitte pour le manager ». S’il existe donc une méthode de fidélisation des jeunes à l’entreprise, elle passe par l’implication des managers. Il y a aussi d’autres techniques qui vont lui permettre de mieux s’intégrer comme le parrainage par exemple.

Il faut aussi leur montrer leur importance pour nous. C’est pourquoi au sein d’Areva nous avons fait le choix de les réunir au cours de la première année avec la présidente, les chefs des filiales et le top management. Nous avons également mis en place ce que nous appelons des rapports d’étonnement.

Il demeure également primordial qu’ils puissent se rencontrer. En France, 1000 des 4000 nouveaux embauchés se sont réunis pendant 2 jours lors de séminaires d’intégration où ils ont participé à des séances de Team Building de 250 personnes.

Ensuite, il faut pouvoir les faire évoluer avant la troisième année. La présence d’une politique salariale permet cette fidélisation : pour les jeunes de moins de 30 ans, nous révisons deux fois les salaires au lieu d’une fois car nous savons par expérience que la fidélité des jeunes n’est plus la même qu’auparavant.

Enfin, le point essentiel tient dans le principe de toujours « dire ce qu’on fait et faire ce que l’on dit » tout en restant le plus proche possible de la réalité. Par exemple, si l’on affirme que le développement durable représente une nécessité, il faut traduire ce principe en actes concrets. Il faut également donner des informations très précises sur les postes avant qu’ils ne soient pourvus.

Avez-vous des méthodes innovantes pour fidéliser ?

Nous sommes en train de travailler sur la notion de réseaux sociaux au sein de l’entreprise, voire en dehors. Il nous est même arrivé de recruter sur Facebook ! Et nous avons pu constater que des groupes composés de nos salariés se sont déjà créés et que ces communautés se repèrent suivant le pays, la filiale, le métier. Nous pensons aussi mettre en place des systèmes type blog etc. Nous espérons ainsi obtenir un sentiment d’appartenance à l’entreprise et permettre à l’esprit d’équipe de se développer.

Exemple d’un poste

Filiale à 100% d’AREVA NC, SGN, spécialiste en ingénierie du cycle du combustible nucléaire, recherche pour son site de Bagnols-Sur-Cèze un Technicien Etudes en Automatisme et Contrôle Commande (I&C) F/H.

Mission : Au sein des équipes de projet et sous la responsabilité d’un Responsable d’équipe Opérationnel REO, vous serez en charge des missions suivantes :

  • Conception des installations dans le domaine des Automatismes et du Contrôle Commande et de l’instrumentation
  • Élaboration des chaines de sécurité en classement SIL selon CEI 61511 & CEI 61508
  • Réalisation des Analyses Fonctionnelles
  • Élaboration des spécifications des équipements de contrôle commande (SNCC, API)
  • Dimensionnement des équipements de Contrôle commande et estimation des investissements
  • Rédaction des cahiers des charges, consultations et analyses des offres fournisseurs
  • Vérification des documents fournisseurs
  • Analyse et vérifications des interfaces techniques avec les autres corps d’états

Comment rédiger les statuts de votre entreprise ?

Les statuts vont déterminer les rapports que vous entretiendrez avec vos futurs associés. Voici les points auxquels vous devez être particulièrement attentif.

La définition des statuts

Les statuts permettent d’arrêter les règles de fonctionnement d’une société. Ils peuvent être notamment établis par un avocat ou juriste d’entreprise. En cas de difficultés, les Centres de Formalités des Entreprises (Décret du 18 mars 1981 et Loi du 11 février 1994) accompagnent le créateur dans l’immatriculation de son entreprise. Celui-ci fournit alors à un guichet unique les pièces demandées au préalable, ainsi que le statut désiré. Le créateur reçoit ensuite sous huit jours l’extrait K bis.

Le contenu des statuts

Une attention particulière s’impose lors de la définition et la rédaction de l’objet de l’entreprise. Il convient de ne pas être trop précis, car par la suite, et selon l’évolution de l’entreprise, de nouvelles idées peuvent venir à se développer. La tendance est aujourd’hui à la rédaction de statuts simplifiés, notamment pour éviter d’avoir à les modifier trop souvent en cas de changement législatif ou réglementaire.

Les mentions obligatoires

Un contenu plancher insusceptible d’être réduit est cependant prévu par le législateur. Deux textes sont notamment à prendre en compte :

  • l’article L 210-2 du Code de Commerce : la forme, la durée (99 ans maximum), la raison, la dénomination sociale, le siège social, l’objet social, le montant du capital social ;
  • l’article 1835 du Code Civil : les apports de chaque associé et les modalités de fonctionnement, doivent être déterminés par les statuts de la société.

Les mentions facultatives

La clause d’agrément ou du type procédure d’éviction

Dans l’hypothèse où la structure comprend des associés, il peut être utile d’inclure dans les statuts l’une des clauses ci-dessus En effet, alors que la première permet d’envisager l’évincement d’un associé qui a refusé plus de deux fois la validation des comptes, la seconde empêche quant à elle, la vente de parts à un tiers.

Définition du statut du dirigeant

Il est cependant important de bien définir le statut du dirigeant car celui-ci peut avoir des répercussions sur ses biens propres.

La modification des statuts

Une modification ultérieure des statuts fera l’objet d’une décision extraordinaire. L’article 1836 du Code Civil dispose que les « statuts ne peuvent être modifiés, à défaut de clause contraire, que par l’accord unanime des associés » ; mais le code de commerce a prévu, pour les sociétés commerciales, des conditions de majorités distinctes selon la société en cause.

En effet, l’acte de société résultant de la volonté collective des associés, seule cette dernière peut le modifier. Elle s’exprimera alors en assemblée générale en pratique qualifiée d’extraordinaire. Formalisme lourd inhérent aux modifications statutaires voire coûteux dans le cas des sociétés par actions qui peuvent regrouper des milliers d’actionnaires.

Les documents complémentaires : les documents extra-statutaires

Des documents peuvent venir compléter les statuts, tels que : le règlement intérieur, les conventions extra-statutaires, les pactes d’actionnaires :

Après la signature des statuts des formalités sont à prévoir :

  • l’enregistrement des statuts dans le délai d’un mois à la recette des impôts ;
  • l’enregistrement de l’entreprise au registre du commerce et des sociétés ;
  • l’insertion d’un avis dans un journal d’annonces légales ;
  • le dépôt des actes constitutifs en annexe au RCS (formalité du dépôt en double exemplaire au greffe du TCom ou TGI statuant en matière commerciale du lieu du siège social)
  • la publication d’un avis au BODACC.

Par Lydia Da Costa

Thomas Chaudron, past-président du CJD, association de plus de 3300 entrepreneurs.

Interview de Thomas Chaudron qui nous partage sa vision d’un spécialiste de l’entrepreneuriat

Quelles sont les caractéristiques communes des entrepreneurs que vous rencontrez ?

Le point commun entre tous ces entrepreneurs ? C’est qu’ils ont pris et qu’ils prennent tous les jours des risques. Entreprendre est un acte audacieux, il faut avoir une certaine dose de folie pour se lancer dans l’inconnu. D’ailleurs l’idée de liberté est très ancrée dans l’esprit de ces aventuriers. Mais attention, il ne s’agit pas de la liberté telle que celle des « sauvages » dont parlait Rousseau, car certaines contraintes (comme les attentes des clients par exemple) sont omniprésentes.

Etre entrepreneur ce n’est pas faire ce que l’on veut quand on veut !

On remarque également que le gain important et immédiat est rarement une motivation première. En effet, pour percevoir vraiment de grosses sommes d’argent, il faut déjà avoir constitué une entreprise de taille conséquente. En fait, si l’on veut gagner beaucoup d’argent, il vaut mieux en général privilégier un parcours dans les grands groupes.

Enfin, une dernière caractéristique que partagent les entrepreneurs que je rencontre, consiste dans l’envie de progrès, d’une remise en cause personnelle et professionnelle constante. Il existe beaucoup de formations, mais peu offrent un réel apprentissage des savoirs nécessaires pour entreprendre. Or, au CJD, nous considérons qu’être entrepreneur, c’est un métier à part entière et qu’au-delà de savoirs techniques (comptabilité, gestion, management…) et de savoirs personnels (qualités humaines), d’autres types de compétences restent à acquérir pour être un vrai professionnel.

Je suis conscient, cependant, que les entrepreneurs du CJD ne représentent pas tous les types d’entrepreneurs. En effet, les adhérents partagent des valeurs communes dont celle de mettre l’économie au service des hommes. C’est pourquoi le CJD n’a pas vocation à rassembler tous les jeunes dirigeants mais à rassembler des dirigeants, jeunes, qui possèdent d’abord une approche humaniste de l’entrepreneuriat.

Quelles sont les qualités que doivent avoir les entrepreneurs ?

L’expression, qui représente bien pour moi l’entrepreneur idéal, s’exprime par la maxime : « la tête dans les étoiles et les pieds dans la glaise ». Autrement dit, il faut voir loin et agir localement. On peut citer également les qualités personnelles nécessaires comme l’humilité, car rien n’est jamais acquis ni gagné, ou encore la ténacité, mais aussi, et c’est peut être le plus important, le respect car c’est en respectant que vous serez respecté. Et sans respect, il ne peut y avoir de confiance, élément fondamental pour toute entreprise humaine. Respecter les collaborateurs, les clients, les fournisseurs ou l’environnement, sont forcément une des qualités de bases pour un entrepreneur. Sinon, il n’aura aucune chance de réussir dans la durée !

Quels ont été vos premiers défis ? Comment les avez-vous dépassés ?

Le premier défi que j’ai rencontré, à l’âge de 23 ans, était celui de me faire accepter comme patron car la propriété du capital n’amène pas pour autant l’autorité. Il a donc fallu que je m’impose comme dirigeant et pas uniquement comme actionnaire majoritaire de l’entreprise que je venais de créer. En réalité, ce défi je l’ai franchi non pas en agissant sur les autres mais en progressant moi-même, en me professionnalisant dans mon métier et en apprenant de mes erreurs.

Le deuxième défi fut la difficulté à prendre de la hauteur. De manière imagée, on peut vouloir pédaler de plus en plus vite mais tout ce que l’on va faire, si on va dans le mur, c’est juste se faire encore plus mal au moment de l’impact. Il faut donc rapidement réussir à prendre du recul afin d’acquérir une vision à moyen terme pour son entreprise et se faire une idée objective des raisons du succès et des échecs. Le troisième défi, ce fut bien sûr de trouver et fidéliser les clients !

Que doit faire l’entrepreneur en priorité ?

Une entreprise représente un système complexe, qui doit être appréhendée comme un tout.

La grande difficulté pour l’entrepreneur réside dans le fait qu’il ne peut pas juste segmenter ses activités pour avoir une vision claire et précise de ce « tout ». En effet, les interactions générées par ses différentes actions ne sont pas mesurables, et pourtant c’est en cela que réside la richesse de ce métier : impossible de se dire « lundi je m’occupe des collaborateurs, mardi des clients, mercredi des actionnaires etc.. ». Les décisions du lundi auront un impact les jours suivants et réciproquement. C’est pourquoi, la première tâche consiste à bien définir une vision et une stratégie à moyen terme, pour avoir un cap et s’y fixer dans les décisions de tous les jours. C’est, à mon avis, la seule possibilité pour donner un sens et une cohérence aux priorités définies.

« N’importe qui peut devenir entrepreneur » : que pensez-vous de cette affirmation ?

Tout dépend de ce que l’on entend par le mot « entrepreneur ». Si on parle simplement de constituer une structure juridique, d’en apporter le capital social initial et de prendre la tête de cette structure, tout le monde peut le faire. Mais si, par le mot entrepreneur, on désigne quelqu’un qui veut aller de l’avant, qui prend un risque et qui l’assume, je pense que la part de la population concernée devient plus faible. D’ailleurs, je ne lie pas la propriété du capital à cette qualité : on peut tout à fait être entrepreneur dans sa vie ou dans son entreprise.

Que suggérez-vous pour faciliter la tâche des dirigeants d’entreprise ?

On peut toujours considérer que l’herbe sera toujours plus verte ailleurs, mais je pense qu’il faut aussi savoir s’accommoder des contraintes et composer avec elles.

Bien sur, des progrès pourraient être faits avec moins de nouvelles lois et une meilleure application de celles déjà en vigueur. L’enjeu réside aujourd’hui dans l’évolution vers une plus grande équité des entreprises face à la loi. Et pour que la notion d’équité devienne une réalité, il faudrait admettre que toutes les entreprises ne sont pas équivalentes.

Peut-on en effet traiter de la même manière le cas d’une entreprise cotée au CAC 40 et celui d’une PME ?

Toutes les sociétés ne peuvent pas être régies par les mêmes règles de droit car leurs enjeux restent différents. Pour autant, je me méfie des décisions hâtives qui consistent à supprimer toutes les obligations et contraintes sous prétexte que les PME n’ont pas systématiquement les moyens de s’y adapter. N’oublions pas que l’enjeu majeur des années qui viennent se trouve dans la pénurie de main d’œuvre. Il faut donc arriver à une voie médiane grâce à laquelle on permettra aux PME de vivre et de se développer plus facilement sans leur enlever les moyens d’attirer les nouveaux collaborateurs dont elles auront besoin. Certaines idées séduisantes, de prime abord, se sont surtout soldées au final par un écart encore plus grand entre les PME et les grands groupes en termes d’attractivité. C’est un écueil à absolument éviter.

Quelles seraient les mesures nécessaires pour favoriser le développement des entreprises françaises à l’étranger ?

Il faudrait encourager les grands groupes à accompagner les PME à l’export. Certes, on ressent une véritable frilosité chez nombre de dirigeants de PME au sujet de l’international. Mais pour beaucoup, leur marché est devenu mondial, et nous avons la chance d’avoir de grands groupes présents partout dans le monde.

Cela sous-entend également que les dirigeants développent leur capacité à travailler en réseau. La conquête à l’étranger reste toujours plus facile lorsqu’on s’y engage à plusieurs : cela permet par exemple de mutualiser les frais de traduction ou d’implantation, etc…

Enfin, sur un mode différent, il faudra aussi revoir le financement de notre protection sociale, qui pèse très fortement sur le travail. Aujourd’hui, à prix d’achat égal de matières premières, l’impact de la masse salariale sur le prix de vente rend les entreprises françaises beaucoup moins compétitives que leurs principales concurrentes européennes.

Véhicule de société : quel est le prix pour motiver les troupes ?

Le véhicule de société est un incontournable des stratégies de rémunération globale. Pas forcément parce qu’il se révèle attractif, au terme des calculs comparatifs, mais en raison de sa haute charge symbolique. Il s’agit, pour le praticien du conseil en rémunération, d’un périphérique au salaire particulièrement difficile à valoriser. Le calcul d’équivalence, permettant de comparer l’attribution d’un véhicule de fonction avec une augmentation de salaire suppose un chaînage complexe.

C’est pourquoi le véhicule de société peut très facilement devenir un avantage acquis et démonétisé. Dans ce cas, c’est au pire moment qu’il retrouve une valeur, parfois fantasmée : quand l’entreprise décide sa suppression. Pour disposer d’une évaluation objective de l’avantage voiture, nous allons distinguer deux cas : le cadre, pour lequel l’entreprise voudra déterminer un équivalent salaire, et le dirigeant possédant, qui cherchera à réduire les charges pesant sur sa société.

Le coût d’un véhicule pour l’entreprise

En premier lieu, comme le particulier, l’entreprise assume ce que nous appelons les coûts directs : l’achat ou la location, la carte grise et les coûts d’exploitation (assurance, carburant et entretien). Pour illustrer ce premier poste de charges, nous allons considérer trois véhicules, d’entrée, milieu et haut de gamme. Aux coûts directs, il convient ensuite d’ajouter les coûts indirects, réservés aux véhicules de société. Ils proviennent de quatre sources : la taxe sur les véhicules de société, l’impôt société sur les coûts non déductibles, la taxe professionnelle et les charges sociales patronales dues sur le montant de l’avantage en nature.Ces calculs, comme vous pouvez le constater, démontrent l’augmentation très significative des coûts indirects, notamment après la loi de finances 2006. Un véhicule haut de gamme déclenche des coûts indirects d’environ 80 % des coûts directs !

Modes de calculs des coûts indirects

La taxe sur les véhicules de société

Pour les véhicules ayant fait l’objet d’une réception communautaire, dont la première mise en circulation intervient à compter du 1er juin 2004, et qui n’étaient pas possédés ou utilisés par l’entreprise avant le 1er janvier 2006, le tarif de la taxe sur les véhicules de société est désormais basé sur un barème écologique. Il est calculé en fonction du taux d’émission de dioxyde de carbone, en gramme par kilomètre.

L’impôt société

Il procède de deux types de charges non déductibles. La taxe sur les véhicules de société et une quote-part de l’amortissement ou du loyer. Dans son intégralité, la taxe sur les véhicules est non déductible. Ainsi, une taxe de 4.500 euros provoque en fait un coût annuel de 6.000 euros pour l’entreprise (4.500 + 1/3 d’impôt société). Concernant la déduction de l’amortissement du véhicule, nous devons distinguer le véhicule dont le taux d’émission de dioxyde de carbone excède 200 grammes par kilomètre. La fraction déductible du prix d’acquisition est alors ramenée à 9.900 euros. Sinon, l’amortissement reste déductible pour la fraction du prix d’acquisition n’excédant pas 18.300 euros.

La taxe professionnelle

La taxe professionnelle est calculée sur la valeur locative du véhicule. Notons qu’elle est basée sur la valeur à neuf, toutes taxes comprises. Un véhicule vieux de trois ans, ayant parcouru 100.000 kilomètres subit la taxe professionnelle sur sa valeur du premier jour d’exploitation.

Les charges sociales patronales

L’utilisation privative du véhicule de société doit occasionner un avantage en nature. Son évaluation pourra être opérée au réel ou au forfait. L’évaluation au réel comprend, au prorata du kilométrage privé, l’amortissement du prix d’achat public TTC sur 5 ans (ou le coût de location), l’assurance, les frais d’entretien, voire le carburant. Sur le montant de l’avantage en nature ainsi calculé, l’entreprise devra acquitter les charges sociales. L’évaluation au réel confronte à la difficulté de la preuve : comment justifier du kilométrage privé ? L’entreprise peut sécuriser son dispositif en utilisant l’évaluation au forfait. Lorsque le véhicule a moins de 5 ans et que l’employeur prend en charge le carburant, le forfait est égal à 12 % du prix d’achat TTC, ou 40 % du coût global annuel de la location, de l’assurance et de l’entretien.

Calcul de l’équivalent salaire

L’attribution d’un véhicule de fonction se traduit d’abord par une perte de revenu immédiat pour le salarié. L’avantage en nature lui coûte deux prélèvements supplémentaires : les charges sociales salariales et l’impôt sur le revenu. Mais le salarié bénéficie de deux gains. D’abord, les charges sociales déclenchées par l’avantage en nature lui permettent d’acheter des droits retraite supplémentaires. Ensuite, l’utilisation privative du véhicule de société lui évite de devoir financer un véhicule personnel.

Le gain global offert au salarié est donc égal à la somme de ces deux gains, diminuée de la perte de revenu immédiat. L’équivalent salaire du véhicule de fonction devient le salaire brut permettant de générer le même gain global. Quand le gain global s’élève à 10.345, son équivalent salaire est égal à 14.382 euros. Un salaire brut de 14.382 euros distribue en effet au salarié un gain global équivalent à celui de l’avantage voiture. En considérant un taux de charges sociales de 22 %, dont la CSG et la CRDS, et un taux d’impôt sur le revenu de 30 %, nous aboutissons aux résultats suivants, en reprenant nos trois types de véhicule et en faisant varier le nombre des kilomètres privés.

Comparaison entre véhicule de fonction et véhicule privé + indemnités kilométriques

Cette problématique vise particulièrement le dirigeant possédant qui va comparer les stratégies de rémunération possibles en fonction de leur dépense globale pour la société. Nous traitons ici l’exemple du véhicule haut de gamme. Ses conditions d’utilisation sont les suivantes : 30.000 kilomètres par an, dont 5.000 relèvent de la vie privée. Nous considérons que le véhicule est financé à crédit, au taux de 5 % sur 48 mois.

Nous considérons dans notre comparaison que l’entreprise est éligible à l’exonération de taxe sur les véhicules de société sur le remboursement des indemnités kilométriques, dans la limite de 15.000 euros. Le salaire brut annuel du dirigeant s’élève à 100.000 euros. L’option véhicule de fonction est comparée à celle d’un véhicule personnel, donnant lieu au paiement d’indemnités kilométriques relatives au kilométrage professionnel parcouru.

Dans notre exemple, l’option véhicule de société coûte 10.000 euros par an à l’entreprise. Sur les quatre années d’exploitation du véhicule, ce sont 40.000 euros qui sont perdus. De ce cas particulier, nous pouvons tirer une conclusion paradoxale : moins l’exercice des fonctions exige d’accomplir des kilomètres professionnels, plus on a intérêt à opter pour un véhicule de fonction. Il s’agit de la conséquence du poids quasi confiscatoire des coûts indirects.

Le véhicule de fonction affiche cependant deux atouts qui dépassent sa stricte équation calculatoire. Il est doté d’une incontestable force managériale, efficace pour recruter et fidéliser. Ceci, même quand le montant de l’équivalent salaire reste un peu flou. Il offre enfin un vrai confort de gestion. Pas de décompte laborieux des indemnités kilométriques à opérer, pas de trésorerie personnelle à engager.

Reste, pour chaque cas particulier, à vérifier que le prix de ce confort ne se révèle pas fiscalement et socialement exorbitant.

Le management par le design

On peut s’appuyer sur le design pour donner un sens à l’entreprise et fédérer les salariés : idée surprenante ? C’est pourtant la conviction de Laurent Vincenti, PDG de l’agence de design global Vincenti Design et grand spécialiste de la marque.

Dans la société comme dans le monde de l’entreprise, les hommes sont aujourd’hui en quête de sens, c’est le constat de Laurent Vincenti. De ses 25 ans d’expérience à la création de l’image des plus grandes marques, cet expert du design a acquis une profonde connaissance du monde sensible de l’entreprise.

L’entreprise se doit de générer un sens

Tout l’enjeu du management se trouve, selon lui, dans la capacité de l’entreprise à générer un sens auquel les salariés pourront se référer. « Depuis toujours les groupes humains se sont structurés par des signes, des rites et des mythes ». Alors, dans un temps où les fusions et changements de marque deviennent de plus en plus courants, comment trouver ses repères dans ce qui souvent n’est que réorganisation ou optimisation de la rentabilité de l’entreprise? Par quels moyens concevoir et donner vie à ces mots séduisants qui annoncent « une philosophie » d’entreprise ? C’est là que le design management entre en scène…

Incarner le message de l’entreprise

Aider l’entreprise à trouver son sens, sa mission, et créer un univers de mots, de signes, de symboles et de repères. Ceux-ci vont incarner le message de l’entreprise, c’est le métier du nouveau designer d’entreprise. C’est la gestion de ces différents signes qui va enfin produire du sens. Qu’il soit graphique, sémantique, architectural, sonore ou même olfactif, le design va structurer la vie du salarié au sein de l’entreprise et lui permettre de s’identifier aux valeurs qu’elle prône.

Par le canal de sa marque, l’entreprise émet régulièrement des signes. Ces derniers ont du sens et touchent les sens des employés, des clients et de tout le monde en général. Le design est devenu un des moyens adaptés à l’époque pour fédérer, séduire, et aider les évolutions de l’entreprise. « Quand nous avons lancé le nouveau logo de Total et son positionnement, les salariés ont vécu un grand moment de renaissance. Un nouveau monde d’entreprise s’ouvrait à eux avec un discours différent et des signes modifiés. Avec ce changement de positionnement et d’identité globale, quelque part une nouvelle histoire a commencé pour les salariés du groupe.».

La marque est un code génétique !

« On peut comparer la marque au code génétique de l’entreprise. Lorsqu’on modifie la marque, on touche réellement aux gènes’ de cette entreprise. Intervenir sur la marque demeure un travail d’expert qui ne laisse pas le droit à l’erreur. Lorsque nous travaillons sur l’image d’une société, nous commençons d’ailleurs par penser et mettre au point avec le comité de direction et le président. C’est ce que nous appelons un génotype de marque’, la définition exhaustive de l’activité, de la personnalité, des valeurs et de la mission de l’entreprise. C’est sur cette base que nous créons ensuite le discours, le design de la marque et l’univers de signes de l’entreprise. ».

Le lien étroit entre le management et le design

Pour expliquer le lien étroit qui relie le management au design, Laurent Vincenti cite l’exemple de l’armée napoléonienne. Pour encourager et fédérer les soldats, un ensemble de signes évoquant une mission valorisante était constamment présent dans l’univers de la guerre. L’analogie se retrouve à tous les niveaux : le drapeau s’apparente au logo percutant de l’entreprise, la devise rappelle le slogan, l’hymne correspond à la musique de marque et le général c’est le manager !

En ces temps de guerre, les repères étaient souvent perdus. Il en va de même à notre époque de concurrence. En effet, le travail devient de plus en plus tourné vers le gain et moins vers la création de valeurs. Or, l’individu a besoin de s’ancrer sur des référents qui touchent son cœur et sa conscience. Le design management joue alors un rôle clé dans l’entreprise. Par des signes forts, il raconte une histoire, déploie le scénario dont les salariés seront les acteurs principaux.

Ainsi, développer une philosophie interne, un discours intelligent pour l’entreprise, trouver un sens, une mission claire et visible pour ses acteurs, là réside, selon Laurent Vincenti, un des secrets pour fédérer les acteurs de l’entreprise. Il s’agit de créer une cohésion naturelle autour d’un projet de marque. « Le design intérieur des locaux que nous avons réalisé pour Cortal Consors, très coloré, tranchait avec l’univers classique du monde bancaire. Ce renouveau a permis d’affirmer un management plus sensible, qui était l’expression claire d’une volonté d’entreprise, et d’améliorer l’adhésion, la cohésion et l’optimisme au sein des équipes. ».

Le management doit devenir plus sensible

Partant de sa réflexion sur les enjeux du design, Laurent Vincenti en est arrivé à développer une observation claire. Son analyse est formelle : le management doit aujourd’hui évoluer. Il doit savoir s’adapter à une société dont les aspirations se sont modifiées ces dernières années. Le « nouveau consommateur » est aussi un « nouvel employé ». D’après Laurent Vincenti, « il est temps de passer du management gant de boxe’ au management stimulant. ».

L’entreprise a besoin de s’orienter vers ce qu’il nomme le « management sensible ». La motivation du personnel ne va plus de paire avec l’autorité d’une direction arrogante. Au delà du salaire, l’individu a besoin de considération, de faire parti d’une aventure humaine. Il est crucial d’accompagner et sécuriser chaque salarié avec une vision inspirante. Il y a donc un retour des managers charismatiques, aux grands hommes qui donnent du sens et une histoire à l’entreprise. C’est la fin du management clonique. La personnalité de chaque salarié doit être prise en compte et il faut lui témoigner une reconnaissance toute particulière. Le plus important pour le manager du 21e siècle c’est qu’il inspire son équipe. Il doit également resituer le travail dans une perspective plus large en valorisant la tâche de chaque salarié.

Le design management peut alors lui servir d’outil indispensable pour un management plus sensible, adapté à un monde qui change. Il devient un référent clair pour les salariés d’aujourd’hui, en quête de sens.

Article par Laurent Vincenti

Les DRH au service de la stimulation des salariés

Interview de Charlotte Duda, présidente de l’association ANDRH, regroupant 5000 DRH, qui a pour but d’être une vitrine du métier. Elle représente un lieu de prise de parole et de réflexion sur les problématiques d’aujourd’hui dans notre domaine. L’association a réalisé un travail considérable de modernisation et de renouvellement en intégrant entre autres, un millier de nouveaux jeunes DRH. Elle porte également le projet de réconcilier l’économique et le social et de mettre en valeur les richesses de la diversité pour les entreprises.

Existe-t-il des méthodes pour stimuler ses salariés ?

Je ne crois pas aux méthodes pour régler les problèmes de motivation. C’est plutôt le fait de mettre du sens dans une entreprise, de savoir où on va, ce que l’on cherche et ce que l’on vise, qui va stimuler les salariés.

S’il n’y a pas de méthodes, alors comment faire ?

Les méthodes peuvent s’avérer un moyen pour communiquer mais elles reposent sur les valeurs et sur les « règles » que l’on peut mettre en place pour les faire vivre. La première de toutes, et qui est indispensable, réside dans le respect. En effet, le respect des salariés est un principe de base, c’est une valeur fondamentale qui concerne toute entreprise et qui permet sans conteste de stimuler les salariés par la reconnaissance de chacun en tant que personne. D’autres valeurs développent la stimulation des collaborateurs et j’ai coutume de dire qu’il y en a au moins trois, ce sont : « l’exigence, la bienveillance et l’exemplarité ». Et « dire ce que l’on fait et faire ce que l’on dit » reste essentiel. En effet, aucun salarié ne se laissera tromper deux fois. Il est donc primordial d’être honnête dans la relation avec les salariés.

Que voulez-vous dire par bienveillance ?

Il s’agit du droit à l’erreur et du souci de l’autre. Quand quelque chose ne marche pas bien, il faut comprendre pourquoi. En effet, rassurer l’autre et essayer de l’aider en s’intéressant aux événements. Je suis de ceux qui pensent qu’un souci personnel peut affecter le travail. Le fameux adage : « au travail, on laisse ses soucis personnels derrière la porte », ne demeure qu’une fiction. En réalité, quand une personne est préoccupée, cela peut interférer dans sa capacité à être impliquée, à être attentive.

Vous parlez d’exemplarité, en quoi est-elle nécessaire ?

Elle est nécessaire car on ne peut pas exiger de l’autre ce que l’on ne peut exiger de soi-même. Aujourd’hui il y a des différentes méthodes de management et l’autorité ne se décrète plus. De plus en plus, il faut savoir montrer l’exemple. Pour exiger des autres d’être à l’heure, il faut être à l’heure soi-même : les collaborateurs ne sont pas dupes !

Qu’est-ce qui fait qu’un salarié s’investit plus dans une entreprise plutôt que dans une autre ?

En réalité, la stimulation d’un salarié dépend, avant tout, du contexte dans lequel il travaille et de la manière dont il est reconnu et impliqué. On le remarque dans les start-up où le fait de se sentir bien, dans une ambiance que l’on apprécie, change la perception entière du travail : on s’aperçoit alors qu’il n’existe plus, étrangement, de problèmes d’horaire !

Faire participer les salariés, c’est avant tout être à leur écoute et savoir recueillir ce qu’ils pensent. En effet, « celui qui fait est celui qui sait ! ». Ainsi quand une suggestion est faite, même s’il n’est pas toujours possible de l’appliquer, il faut savoir la prendre en compte et comprendre ce qu’elle recouvre. Ainsi, solliciter les collaborateurs, organiser des échanges, créer des « boites à idées » mais, aussi et surtout, organiser des réunions d’équipes… reste très important. Cela passe par la nécessité que l’encadrement ait une meilleure visibilité sur les résultats et les orientations afin qu’ils soient à l’aise.

Comment gérer les évolutions de carrière ?

La gestion des carrières demeure une problématique complexe pour les entreprises et tout dépend de leur mode d’organisation. Certaines sont organisées de manière plus matricielles que d’autres.

Dans la gestion des carrières au-delà des questions de formations c’est en réalité dans l’information que réside la clef : les nouveaux salariés ont envie de connaître les possibilités d’évolution.

Pour conduire au mieux ces évolutions, on ne peut pas travailler sur le ressenti, par nature trop subjectif. En effet, il faut rationaliser et objectiver les moyens d’évaluer et de gérer les carrières. Pour cela je préconise de généraliser à chaque manager, au moins une fois chaque année, l’entretien d’appréciation écrit du travail de son collaborateur ; entretien qui doit également aborder le futur de celui-ci. Un bilan de l’année écoulée et une perspective pour l’année à venir représentent le minimum.

Et il ne faut pas oublier que la promotion interne reste souvent un bon moyen de protéger le savoir-faire de l’entreprise : quand un salarié part, il emporte avec lui une technicité considérable, une dimension incontournable de l’entreprise.

Tout comme l’évaluation, le recrutement n’est pas non plus une science exacte. Aussi, il est essentiel de s’appuyer sur des éléments factuels, mesurables ; car, plus on s’appuie sur du ressenti, moins on est dans le juste. Il faut savoir également donner à quelqu’un sa chance d’évoluer en lui confiant une responsabilité avec un risque mesuré. L’expérimentation permet de dessiner également une voie d’évolution.

Voyez-vous d’autres points importants dans la reconnaissance ?

La reconnaissance peut s’exprimer de différentes manières : cela peut être bien entendu la reconnaissance par l’argent, un basique qu’on a tendance à oublier. Mais il existe bien d’autres moyens de témoigner de la reconnaissance, et notamment par la visibilité donnée au travail accompli en interne, vis-à-vis des autres.

Que pensez-vous de l’intéressement pour les salariés ?

L’intéressement est une reconnaissance importante du travail collectif. Elle a l’avantage de rappeler à tous que, quand la difficulté apparaît, elle se présente pour tout le monde et, quand tout va bien, tout le monde gagne.

En ce qui concerne les jeunes générations, elles s’intéressent énormément aux questions liées à la performance de l’entreprise ; peut-être plus qu’autrefois. En effet, les jeunes ont envie de savoir comment l’entreprise évolue, et le besoin de transparence devient donc de plus en plus fort

Relation Presse : un métier qui s’invente chaque jour !

Interview de Caroline Duffaud qui a créé l’agence de conseil en relation media « De cause à effet ».

Les Relations Presse c’est quoi ?

Les Relations Presse sont un des outils de la communication qui permet à une entreprise d’entrer en contact avec les media. En tant qu’agence nous mettons en place une stratégie de communication réussie. Nous conseillons aussi nos clients sur la manière la plus pertinente de communiquer à la presse. Un attaché de presse est donc le vecteur entre l’entreprise et un journaliste.

Quel est votre parcours ?

J’ai préparé une licence de Lettres Modernes à La Sorbonne, puis j’ai intégré l’EFAP (Ecole Française des attachés de presse), dont je suis sortie Major de promotion. Ensuite, j’ai travaillé pendant plus de 15 ans dans de grandes agences de communication et d’événements (le Public Système, Euro RSCG,..). J’y ai appris mon métier et développé un carnet d’adresses. Un jour, j’ai eu envie de me lancer et de créer ma propre entreprise armée de mon savoir-faire et de mon réseau !

Y a t-il beaucoup de concurrence sur le marché ?

Oui et c’est tant mieux, c’est stimulant ! De nombreuses agences, de nombreux indépendants travaillent dans le secteur des RP. C’est un métier qui s’invente chaque jour, en fonction des particularités des clients, des messages à transmettre et des techniques de promotion. Chaque agence a, je pense, sa personnalité. Il me semble qu’il a y de la place pour tout le monde à partir du moment où on est pro !

Une fois un contrat signé, quelles sont les grandes étapes de votre action ?

Tout d’abord nous proposons à notre client une stratégie en fonction de ses antécédents, s’il en possède, en terme de communication (quels messages pour quelles cibles presse, quels outils, quels résultats, etc). Nous devenons alors partenaires et nous affinons ensemble la stratégie pour qu’elle réponde parfaitement à nos objectifs communs. Parfois nous allons au-delà des outils de relations presse purs, en intégrant des partenariats media, de l’affichage, du buzz Internet, etc.

Nous établissions systématiquement un rétroplanning d’actions. Puis nous débutons nos actions de « communicant ». Nous créons du buzz auprès des rédactions, nous organisons des rendez-vous avec des journalistes et notre client, des conférences, nous rédigeons des outils tels que des communiqués ou des dossiers de presse, des invitations, etc. Bref, nous transmettons l’information aux bons interlocuteurs. Tous ces outils utilisés « intelligemment » nous permettent de faire exister une marque, un produit dans la presse.

Comment gérez vous la relation avec les journalistes ?

Nous sommes une source d’info pour la presse. A nous de savoir tenir ce rôle !

Que pouvez vous dire aux entreprises qui ne font pas de RP ?

Que c’est dommage ! Les RP sont un outil efficace pour développer ou augmenter la notoriété d’une entreprise, d’un service ou d’un produit. Je crois que l’on peut affirmer qu’il s’agit d’un des outils de communication particulièrement performant et sans doute le moins onéreux.

Selon vous, quelle est votre plus grande réussite à ce jour en terme de RP ?

Avoir obtenu un sujet dans le JT de PPDA pour un Institut pour enfants handicapés jusqu’alors absolument inconnu du grand public.

Enfin, que pouvez vous dire aux futurs entrepreneurs qui souhaitent s’y lancer ?

Bonne chance ! Être à la tête de sa propre entreprise est extrêmement stimulant et excitant.

Marketing viral : le virus qui touche tout le monde.

Interview de Gaï Assouline. Après deux années d’études d’économie à l’université de Tolbiac, il entre à l’ESJ, l’école Supérieure de Journalisme. Il travaille ensuite dans la production cinématographique et télévisionelle et produit un certain nombre d’émissions pour Paris première. De fil en aiguille, il va passer de directeur de production à directeur de l’agence. Cependant, les challenges le poussent à créer, il y a 6 ans, Idé Prod, qui produit du spectacle vivant, de la publicité et des courts métrages deviendra l’Agence Divine, spécialisée dans la publicité.

Pouvez vous nous parler de votre activité. Avec quel type de clients travaillez-vous ?

Je travaille avec deux types de clients. De très grandes entreprises en tant que producteur, dont le plus important est le fabriquant de cigarettes Winston, du groupe GTI, mais également pour le Crédit Agricole, le groupe Accord, Sofitel, ainsi que Kawasaki, Nike et Lipton. Et à coté d’elles, j’ai aussi de très petits clients pour lesquels l’Agence Divine assure essentiellement la partie création comme les métiers du théâtre. Ce sont donc de très petits budgets avec lesquels nous essayons de faire des miracles, de les faire émerger du paysage de la communication. J’ai aussi un client appelé Skaaz, appartenant à la structure Virtuooz dont nous avons fait la publicité. Avec eux nous avons tout pris en charge, de la création à la diffusion, avec M6.

Pour les néophytes, en quoi consiste le marketing viral ?

Le marketing Viral consiste à faire en sorte que l’internaute soit le vecteur de communication de la publicité et non le média en lui-même. Ce n’est pas une chaîne de télé qui diffusera votre publicité, ce n’est pas une radio ni une bannière web mais ce sera l’internaute. Donc on glisse du média traditionnel à ce qu’on appelle le « 5e pouvoir » ; c’est à dire le pouvoir de l’internaute. Le marketing viral sert à développer une forme de communication qui soit transmise, comme un virus, c’est à dire en cascade. On part d’une dizaine ou centaine de personnes, et cette centaine de personnes se transforme en 200. Puis cela devient exponentiel comme un virus, la communication se développe, grâce à l’internaute.

Est-ce que c’est une publicité cachée aux internautes ?

Il existe deux types de marketing viral : une communication en Buzz qui consiste à laisser croire quelque chose dont on ne connaît ni les tenants ni les aboutissants et le marketing viral de base qui consiste juste à laisser se propager un film ou une blague qui soit un peu décalé, que les gens se transmettent entre eux, et de fil en aiguille, cela devient une communication de masse.

Quels sont les facteurs pour que cela plaise ?

Le principal facteur, c’est l’humour, c’est toujours l’humour qui prédomine. C’est l’un des vecteurs principaux de communication. En fait, l’idée c’est de se démarquer de toutes les censures télévisuelles des grands médias. Le marketing viral aujourd’hui, c’est l’ anti-censure. Il faut absolument être décalé, choquant, pousser les curseurs de l’humour très très loin. Alors qu’en télé on met beaucoup de gants, il faut rester dans le consensus et toucher en un instant le plus grand nombre de personnes. Dans le marketing viral, c’est l’inverse, il ne faut surtout pas être consensuel sinon cela ne marche pas. Les gens ne voient pas l’intérêt d’envoyer une publicité à leurs contacts, qu’on pourrait voir à la télévision. Il faut qu’ils puissent s’identifier à elle, que ce soit du rire, une émotion. A partir de là seulement l’acte de transmettre la publicité peut se faire.

Il y a encore des tabous ?

Je pense que la pédophilie est un gros tabou. Mais c’est un tabou légitime. C’est normal. Je pense que les tabous ont presque tous sauté aujourd’hui.

On prétend souvent que le marketing viral est la publicité des pauvres. Aujourd’hui, même les plus grandes entreprises y ont recours. Quelle est votre opinion sur ce point ?

Pour moi, il n’existe pas de publicité de pauvre ou de riche, il y a le meilleur moyen pour toucher sa cible. La communication c’est l’art de toucher sa cible. Les très grosses structures ont de plus en plus de mal à toucher leur cible et s’aperçoivent qu’une partie de leur cible leur échappe c’est à dire les jeunes internautes, à savoir les 15-25 ans, se détournent de la télévision : le temps passé devant leur ordinateur a dépassé celui passé devant leur télévision. Ce n’était jamais arrivé et cela ne devrait pas s’arrêter. Or, sur internet, on ne communique pas de la même manière que sur un spot télé. Elles sont donc obligées d’utiliser les même moyens que tous les petits annonceurs qui ont compris cela depuis longtemps et qui ont tout de suite identifié leur cible.

Beaucoup de gens en ont assez de la publicité, saturent, comment est ce qu’on peut les toucher ?

Avant il y avait 6 médias. Mais il y a eu une explosion de l’espace communicationnel. Avec internet, de nouvelles chaînes sont apparues, l’espace s’est complètement dilaté, comme un élastique et du coup, on s’aperçoit de plus en plus qu’on à du mal à toucher les gens. C’est un grand écart, parce qu’aujourd’hui pour aller toucher les gens et bien il faut aller les toucher en vrai. La solution alternative c’est le hors média. C’est aller à la rencontre des gens pour communiquer sur le produit. Aujourd’hui, vous avez un groupe de rock, qui a mis des codes barre sur leurs affiches placées sur des feux rouges. Si tu photographies le stickers et l’envoies par texto, et bien en retour tu reçois la vidéo du groupe de rock. Cette communication touche les gens à la source.

Le marketing viral ne sert-il qu’à toucher que des marchés de niche ?

Les grands annonceurs ont l’impression de perdre du temps à faire du marketing viral parce qu’ils ne savent pas qui a vu la publicité. Ils n’ont aucun outil d’analyse. Le seul outil qu’ils possèdent c’est le nombre de cliques sur leur site. Mais en dehors de ça on ne sait pas qui est venu ni par qui s’est passé. Donc, il est très difficile de maîtriser une campagne de marketing viral. Cependant, le rapport entre le coût et le bénéfice en terme de connexions est plus intéressant sur du viral que sur du non viral. Fort de cette efficacité, les petits annonceurs l’utilisent allégrement ; les petits annonceurs nichés. C’est une chance d’être niché car on sait précisément qui on veut toucher. Une bouteille de lait on peut la vendre à des jeunes, des vieux, des gens qui ont des chats etc.… mais si on vend des skateboards on sait à qui on s’adresse. A priori les personnes âgées ne sont pas consommatrices etc. La cible va donc des 14 à 18 ans essentiellement. On sait où ils sont, on sait où les toucher.

Quel est l’avantage de travailler également dans la production ?

L’avantage c’est de maîtriser toute la chaîne de conception de la campagne média, de la création à la diffusion en passant par la production, de limiter les interlocuteurs pour être beaucoup plus efficace, de diminuer les coûts pour l’annonceur.

Quelles sont les étapes de la réalisation d’une publicité ?

C’est déjà de comprendre la problématique de notre client. L’annonceur vient vous voir pour toucher une cible. Il faut donc s’imprégner du domaine de l’annonceur que souvent l’on ne maîtrise pas. Par exemple, en ce moment on communique pour une société qui fait du Web, et je ne connaissais pas ce qu’était un agent conversationnel (avatar, ndlr).

Pour comprendre la problématique, il faut cerner le marché. Pour cerner le marché il faut l’analyser, regarder comment les concurrents communiquent. Qu’est-ce qui est bon en matière de communication ? Est-ce que les concurrents arrivent à communiquer, pourquoi ils y arrivent. Et enfin comment on peut mieux faire.
A partir du « comment on peut mieux faire », on décide de tracer une direction et de définir la problématique à travers un brief. Cela peut passer par un dessin, un slogan, une histoire etc.…

Au final on arrive à un petit script qu’on soumet à l’annonceur et qu’on affine avec lui jusqu’à la réalisation du story board, le script pour arriver à la phase de production et de réalisation de la publicité. Pour revenir sur les étapes, parmi les personnes qui interviennent sur la publicité, c’est d’abord le directeur de création, ensuite, le directeur artistique sous sa direction. C’est le bras armé du DC. Ensuite le concepteur rédacteur et éventuellement le ruffman qui va faire des dessins etc. ou le story border pour finir par le réalisateur.

N’existe-t-il pas un paradoxe entre dire que le marketing viral n’a pas de tabou et travailler pour de grands annonceurs qui eux se fixent énormément de limites à la télévision ?

Et bien déjà on peut être beaucoup plus créatif en viral car on n’est pas limité par le temps. Un spot télé c’est 30 secondes. Or le viral permet de s’étendre, de créer des petites histoires en épisodes. La marge de manœuvre est donc plus grande dans le marketing viral.

Comment cela se passe pour des entreprises comme Winston qui ne peuvent pas communiquer autour de leur produits ?

Ils ne peuvent pas communiquer sur le net. Pour Winston on travaille sur 23 pays (Russie, Allemagne etc…). Ils communiquent dans les aéroports, les duty free et les espaces fumeurs des aéroports, par exemple.

Quel est l’échelle de temps que peut prendre un projet ?

Autant de temps que le client souhaite que cela prenne. Si le client ne valide pas, s’il est lent ou qu’il ne sait pas précisément ce qu’il veut diffuser cela peut prendre énormément de temps. S’il sait ce qu’il veut, qu’il « flashe », cela peut aller très vite. Mais en moyenne cela prend de 4 à 6 mois.

Et en terme de budget ?

Tout dépend le format de tournage de la vidéo, mais globalement on peut réaliser des films à très petit budget, moins de 10 000 euros. Et en terme de gros budgets, ils peuvent atteindre jusqu’à 400 000 euros.

Vous appartenez à un réseau d’entrepreneurs. Pouvez-vous nous en dire plus ?

J’appartiens au centre des dirigeants des jeunes entreprises, le CJD. Il existe depuis 1938, et son credo c’est l’engagement moral, en terme de valeurs écologiques, sur la conception de manager son entreprise. Le coeur du CJD c’est la force de l’engagement et des valeurs au service de l’entreprise. C’est une vision très humaniste de l’entreprise. C’est un réseau d’échange entre les entrepreneurs. Ce n’est pas du tout un club d’entrepreneurs. C’est un réseau de pensées et d’échanges. Un club d’entrepreneurs c’est un endroit dans lequel chacun essaye de se servir du club pour maximiser ses ventes au travers du club, ce qui n’est pas le cas du CJD. C’est un organe de réflexion, un lobby. Pendant les élections par exemple, ils sont intervenus très fortement auprès de Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. J’y trouve un avantage intellectuel.

Quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs qui souhaitent se lancer dans les métiers de création et de production de publicité ?

Soyez très curieux, lisez beaucoup, soyez à l’affût de tout. La clé, c’est la curiosité. Pour pouvoir donner, il faut engranger des choses à donner. Et pour cela il faut être curieux. Il faut lire, rencontrer des gens, leur parler, susciter leur attention, s’enrichir des autres et écouter. D’une manière ou d’une autre l’entrepreneur doit avoir des choses à dire. C’est une vision, l’entreprise. C’est une volonté d’exister et de s’exprimer. Si on est très content dans son entreprise, qu’on à toute la marge de manoeuvre qu’on souhaite, en général on ne crée pas d’entreprise.

Vous saviez dès le départ que vous seriez entrepreneur un jour ?

Oui, depuis toujours je savais que j’allais créer ma société.

Et avez-vous rencontré des difficultés ?

J’ai créé deux sociétés. La première a déposé le bilan il y a un an et demi. Elle marchait bien mais j’ai connu des difficultés de trésorerie, des difficultés de gestion de croissance. J’ai mal géré mes finances, et mon association aussi. Je me suis associé avec les mauvaises personnes et cela a précipité la chute de la société qui s’est fait de manière très classique, sans planter personne. Mais ce fut pour moi l’occasion de rebondir et de tirer tous les enseignements de 5 ans d’expérience pour créer une société complètement différente avec une nouvelle façon de gérer. Je souhaite à tous les entrepreneurs de se planter au moins une fois. Le plus bel enrichissement qu’on peut avoir c’est de se relever d’un coup dur.

Comment bien choisir ses associés selon vous ?

Je pense qu’il faut garder la tête froide quand on les choisit car on a tous peur de la solitude quand on démarre une aventure. Etre jeune entrepreneur c’est être seul. On est seul face à ses handicaps à ses incompétences. Car on ne peut pas être bon et acquérir des compétences en comptabilité, en juridique, en commercial etc. On ressent donc le besoin de s’associer. Une association doit se faire parce qu’elle a du sens. Sans complémentarité dans une association, à moins d’une entente unique, je n’y crois pas. Il y en a toujours un qui travaille plus que l’autre et celui qui travaille n’a pas le temps de s’énerver tandis que l’autre qui ne fait rien a tout le temps pour critiquer. Il faut un équilibre. C’est un mariage l’association. Chacun doit amener quelque chose, soit du temps, soit de l’argent, soit des idées.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune entrepreneur ?

Tenez bon. C’est avant tout une histoire de persévérance. Et surtout, ne dépensez pas l’argent que vous n’avez pas car si votre société se retrouve bloquée par la banque, elle ne peut plus avancer. Anticipez les dépenses et soyez très vigilant.