Longtemps perçue comme une démarche optionnelle, la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) s’est imposée aujourd’hui comme un véritable levier de transformation. Derrière ce concept, une vision renouvelée du rôle des entreprises a émergé.
Il est désormais acquis que celle-ci n’est plus une tendance passagère et qu’elle devrait être dictée non seulement par le marché mais également par le cadre légal. Cependant, loin d’être seulement une obligation, elle améliore la performance de l’entreprise tout en répondant aux nouvelles attentes des parties prenantes.
Une évolution ancrée dans l’histoire économique
Si la notion de RSE semble récente, son origine ne date pas d’hier et remonte au XIXe siècle, avec l’émergence des premières initiatives sociales portées par des entrepreneurs philanthropes. En France, des figures comme Jean-Baptiste Godin, fondateur du Familistère de Guise, ont posé les bases d’un modèle où le bien-être des salariés et la prospérité de l’entreprise étaient intimement liés.
De la responsabilité morale à l’obligation légale
Cependant, ce n’est qu’au XXe siècle que la RSE commence à se structurer véritablement, portée par des réflexions sur la responsabilité des entreprises face aux crises économiques et aux déséquilibres sociaux. Dans les années 1970, la montée des préoccupations écologiques et des inégalités met en lumière l’impact des activités industrielles sur l’environnement et la société. Ce mouvement s’accélère dans les années 2000 avec des réglementations qui exigent une plus grande transparence des entreprises, notamment en matière d’impact environnemental et social.
En France, la loi NRE de 2001 constitue un tournant, obligeant les entreprises cotées à publier des rapports sur leur engagement en matière de développement durable. Depuis, les exigences se sont accrues avec la loi Pacte de 2019, qui introduit la notion de « raison d’être » et permet aux entreprises de devenir des « sociétés à mission », comme l’a fait Danone pour inscrire ses engagements sociaux et environnementaux au cœur de sa stratégie.
Une quasi obligation pour les entreprises
L’évolution de la RSE ne repose pas sur le volontariat des entreprises. Les pouvoirs publics, à travers de nouvelles législations (et des incitations financières) « incitent » à se diriger dans cette direction pour structurer et accélérer ces démarches au sein des entreprises. Les entreprises doivent désormais aller au-delà des simples déclarations d’intention pour intégrer de véritables objectifs mesurables ou respecter certaines obligations.
La loi Pacte de 2019 a marqué une avancée significative En France en introduisant la possibilité pour les entreprises d’adopter le statut de société à mission. Cette évolution juridique a donné l’opportunité à plusieurs groupes d’inscrire leur engagement dans leurs statuts et de formaliser leur volonté d’intégrer des objectifs sociétaux dans leur stratégie. Cette dynamique devrait se renforcer dans les années à venir, avec des contrôles accumulés et des sanctions pour les entreprises qui ne respectaient pas leurs engagements.
L’Union européenne impose un cadre plus strict en matière de reporting RSE
L’Union européenne impulse également une dynamique forte avec la directive sur le reporting extra-financier, qui oblige les grandes à publier des indicateurs précis sur leur impact social et environnemental. Ce cadre réglementaire implique davantage de transparence et conduit les sociétés à intégrer la RSE dans leur pilotage stratégique, sous peine de voir leur accès aux financements se compliquer.
Une démarche à ne pas prendre à la légère
Si certaines entreprises ont encore du mal à l’intégrer, c’est d’abord parce qu’il s’agit d’une démarche complexe. Il ne suffit pas seulement de chercher à maximiser les profits mais il est nécessaire d’intégrer l’impact social et environnemental dans la stratégie de l’entreprise. Les réglementations de plus en plus strictes et une pression croissante des parties devraient pousser en ce sens et ont un retentissement parfois invisible mais quotidien.
Quand la RSE redéfinit la culture et la gouvernance des entreprises
La transformation peut aller jusqu’à influencer les modèles économiques et conduire à repenser la gouvernance des entreprises. Autrement dit, l’intégration implique une transformation en profondeur de la culture d’entreprise et les entreprises qui réussissent leur transition RSE sont celles qui placent cet engagement au centre de leur stratégie. Cela passe par l’implication des dirigeants, la formation des collaborateurs et la mise en place de mécanismes de suivi et d’évaluation des performances extra-financières. Certaines entreprises l’inscrivent donc dans leurs statuts et adoptent une gouvernance participative, intégrant les sociétaires et les salariés dans les décisions stratégiques.
Les trois piliers de la RSE
Pilier n°1 : L’aspect social
Il concerne le bien-être des salariés, l’égalité des chances, la diversité et l’inclusion. Des entreprises comme Michelin ou L’Oréal ont mis en place des politiques ambitieuses pour favoriser la qualité de vie au travail et promouvoir des pratiques managériales responsables.
Pilier n°2 : L’impact environnemental
Il se traduit par des engagements en faveur de la réduction des émissions de CO2, de l’économie circulaire et de la limitation des déchets. Renault, avec sa stratégie de recyclage des batteries de véhicules électriques, illustre cette volonté d’intégrer l’écologie dans son modèle économique.
Pilier n°3 : L’axe économique
Celui-ci repose sur une croissance durable, qui intègre à la fois la rentabilité et l’éthique des pratiques commerciales. BNP Paribas a par exemple redirigé ses financements vers des projets à impact positif, essentiellement son soutien aux industries polluantes. l

