Créer son entreprise, c’est souvent la promesse d’une liberté retrouvée. Mais derrière la vitrine de l’indépendance, se cache une réalité bien plus fragile : celle d’hommes et de femmes épuisés, stressés, parfois au bord du burn-out. En 2025, plusieurs études confirment ce que beaucoup pressentaient : la santé des entrepreneurs français est en danger silencieux.
1/ Un entrepreneur sur deux en état de stress élevé
Selon le Baromètre 2024 de la Fondation MMA des Entrepreneurs du Futur, 52 % des dirigeants déclarent ressentir un stress important ou très important au quotidien.
Les causes ?
• L’incertitude économique,
• La surcharge administrative,
• Et la difficulté à concilier vie pro et perso.
Ce stress chronique n’est pas anodin : il entraîne troubles du sommeil, fatigue mentale, hypertension et parfois épuisement professionnel.
2/ Une fatigue structurelle : plus de 55 heures de travail par semaine
L’étude OpinionWay pour Harmonie Mutuelle (2024) révèle que :
• Un entrepreneur travaille en moyenne 55 heures par semaine,
• 1 sur 3 ne prend aucun congé complet dans l’année,
• Et près de la moitié reconnaît penser à son travail même la nuit.
Dans les start-ups, la situation est encore plus marquée. Les jeunes dirigeants, souvent portés par l’urgence de la croissance, cumulent rythmes intenses et isolement.
3/ Santé mentale : un tabou qui se fissure
Longtemps tue, la question de la santé psychologique des dirigeants est désormais au cœur du débat. En 2023, une étude du Lab Santé Entrepreneurs (Bpifrance) révélait que :
- 45 % des entrepreneurs ont déjà ressenti des symptômes d’épuisement professionnel,
- et 12 % ont songé à tout arrêter.
Ces chiffres rappellent ceux du Global Entrepreneurship Monitor (GEM 2024) : en France, 38 % des créateurs d’entreprise déclarent avoir envisagé un abandon de projet à cause du stress.
3/ Le corps encaisse, le mental suit
Derrière les chiffres, il y a des signaux physiques : migraines, troubles digestifs, tension artérielle, surmenage. Le problème, c’est que l’entrepreneur ne s’autorise pas à tomber malade. Il n’a souvent ni remplaçant, ni sécurité du revenu, et repousse sans cesse les signaux d’alerte.
Le sociologue Pierre-Yves Gomez, dans son ouvrage Le Travail invisible des entrepreneurs (2024), évoque « un rapport sacrificiel au travail, nourri par la passion mais épuisant à long terme ».
4/ Des initiatives qui changent la donne
Heureusement, les lignes bougent. En 2025, plusieurs réseaux d’accompagnement mettent la santé au centre du parcours entrepreneurial :
- Bpifrance intègre désormais un module “Bien-être du dirigeant” dans ses programmes Accélérateurs.
- Réseau Entreprendre et Initiative France ont lancé des cellules d’écoute psychologique pour les porteurs de projets en difficulté.
- La Fondation MMA multiplie les ateliers sur la prévention du burn-out et la gestion du stress.
- Des associations comme Apesa France (Aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aiguë) proposent même un soutien psychologique gratuit et confidentiel pour les dirigeants en détresse.
5/ L’enjeu de demain : réinventer le modèle entrepreneurial
La santé des entrepreneurs ne se joue pas seulement dans les cabinets médicaux. Elle dépend aussi de la façon dont on conçoit l’entrepreneuriat : moins comme un sprint, plus comme un marathon.
De nouveaux courants émergent, comme le slow entrepreneuriat, qui prône un rythme soutenable et humain. On parle davantage de durabilité personnelle, pas seulement financière.
6/ Un équilibre encore fragile, mais essentiel
L’entrepreneuriat français reste une aventure passionnante, mais il ne peut plus reposer sur l’épuisement des fondateurs. Les études sont claires : un entrepreneur en bonne santé est plus lucide, plus créatif et plus performant.
En 2025, la question n’est plus de savoir comment créer à tout prix, mais comment durer sans se briser.

