1722

Entrepreneur

Interview de Jacques-Antoine Granjon, PDG de vente-privee.com

article/augustin-paluel-marmont.21

Présentez-nous vente-privee.com

vente-privee.com organise des ventes évènementielles de stocks de grandes marques à des prix allant jusqu’à moins 80 %. Notre société se positionne sur le marché du déstockage comme le partenaire des marques. Nous leur proposons un site Internet de qualité sur lequel elles peuvent écouler leurs stocks en 3 à 5 jours. A chaque vente, nous réalisons pour les marques un spot publicitaire ainsi qu’un catalogue de photos des produits de grande qualité pour les mettre en valeur. Nous leur fournissons également après la vente une étude marketing très précise analysant les comportements de leurs clients lors de la vente.

Comment êtes-vous passé du métier de grossiste au lancement de vente-privee.com ?

En 2001, alors que nous faisions 35 millions de chiffre d’affaires, nous avons dû réfléchir à l’évolution de notre métier de grossiste. D’un côté, les grandes chaînes de magasins commençaient à apparaître (Zara, H&M, etc), entraînant une déperdition de fréquentation dans les magasins de discount, et, de l’autre, les marques cherchaient à protéger leur image et à contrôler l’endroit où leurs stocks étaient distribués. A ce moment-là, nous avons décidé d’utiliser Internet et de créer un outil très qualitatif pour pratiquer le déstockage.

En l’occurrence, nous avons eu l’idée de reprendre le système des ventes privées réservées à un cercle de privilégiés et de journalistes et de le transposer sur Internet. Comme dans les ventes privées, il faut être parrainé pour accéder aux ventes sur notre site. Si ces ventes évènementielles traditionnelles ne peuvent rassembler que quelques personnes, nous pouvons grâce à Internet repousser nos murs et faire rentrer plusieurs millions de clients dans notre boutique en même temps !

Est-ce que vous aviez vraiment mesuré la portée de l’outil Internet ?

A l’époque, j’essayais d’investir sur Internet et je ne comprenais rien aux business models de l’époque. J’ai fait comme pas mal de monde de très mauvais investissements. Au début, je ne mesurais pas la portée de cet outil magnifique. Quand nous avons commencé, le chargement de chaque page du catalogue prenait un temps fou et comme nous n’avions pas de photographies numériques, chaque cliché devait être scanné. Cela correspondait bien à notre taille de structure car nous n’avions qu’un catalogue réduit. Puis Internet, l’ADSL, et la photographie numérique se sont développés et nous ont permis de gagner du temps. Aujourd’hui, nous prenons plus de 600 000 échantillons en photos chaque année dans nos 40 studios ! L’évolution d’Internet n’en est, cependant, qu’à ses débuts. J’imagine que dans quelques années, on pourra présenter les produits de nos catalogues de vente sous forme d’hologrammes !

Vous vous habillez de manière décontractée ! Votre style vous a-t-il posé des problèmes ?

J’ai toujours été habillé selon mon style, cela n’est ni pour choquer, ni pour provoquer, mais simplement pour être moi-même. Pour ma part, mon métier était assez basique : j’achetais des stocks et les revendais. Je n’avais donc pas de relations qui nécessitent le port d’un uniforme. Avoir un style différent peut jouer en votre faveur dans votre relation avec votre banquier car au moins il vous remarque, mais par contre il vous faudra être encore plus crédible.

Il ne faut néanmoins pas confondre « style différent » avec « laisser aller » qui est rarement d’à propos. Mon constat est que, si l’on ne rentre pas dans des codes vestimentaires, au début, c’est plus dur. Il faut juste savoir que, lorsque notre manière de penser ou d’agir est différente, on est plus attendu au tournant. On pardonne moins à quelqu’un qui se plante s’il a les cheveux longs ! Si vous choisissez d’être différent, il va vous falloir être encore plus fort, plus professionnel. N’oubliez pas que quelque soit votre look, c’est le respect de sa parole et de ses engagements qui est essentiel.

Selon vous, les français sont- ils des entrepreneurs- nés ?

Les français passent leur temps à remettre en cause l’ordre établi. Ils demandent à ce que les choses soient faites autrement, ce qui représente une véritable caractéristique de l’entrepreneur ! En France, les valeurs de l’entrepreneur sont fortement respectées par tous. Les entrepreneurs sont le cœur de l’avenir de notre pays, mais, malheureusement, aucun homme politique ne l’a encore réellement compris. Aujourd’hui, l’avenir des entreprises passe par un capitalisme plus respectueux des individus. Croissance responsable, respect de l’environnement, formation développant l’employabilité des salariés, entreprise développant des projets sociaux et sociétaux, oui le sujet de la responsabilité des entreprises et de leurs collaborateurs est vaste et passionnant.

Que recherche un entrepreneur ?

La valeur que cherche à développer un entrepreneur ne se trouve pas systématiquement du côté financier. Bien sûr, le désir de s’enrichir est un moteur pour l’entrepreneur : on veut s’acheter une belle maison, une grosse voiture, voyager, faire profiter sa famille. Puis avec le temps et les succès, l’entreprise devient une richesse en elle-même. On l’accompagne comme un enfant qui acquiert doucement son autonomie et qui ne vous appartient plus entièrement.

Vos responsabilités vis-à-vis de vos managers et de tous vos collaborateurs changent votre vision des choses. On pense alors davantage à l’évolution et aux défis de la croissance qu’au bénéfice net et à ses dividendes même s’ils sont fondamentaux et sont une juste rétribution des risques pris. Le vrai sujet de l’entrepreneur c’est : comment mon entreprise va continuer à grandir dans un univers toujours plus concurrentiel, à générer la meilleure qualité de service aux clients, à satisfaire ses collaborateurs en respectant le meilleur équilibre entre revenus du travail et revenus du capital.

Les 5 conseils de J.A GRANJON aux entrepreneurs

  • Ne pas attendre l’idée géniale : il suffit de regarder les métiers qui existent déjà et d’essayer d’imaginer comment ils peuvent se transformer afin de leur donner de la valeur ajoutée. L’idée « géniale » c’est faire les choses différemment.
  • Entreprendre jeune : plus le temps passe, plus le couloir de prise de risque diminue. à 22 ans on peut plus facilement prendre des risques que lorsqu’on a des enfants à charge et une maison à payer.
  • Observer le comportement des jeunes : leur manière de consommer aujourd’hui définit les habitudes de demain.
  • Toujours réfléchir au long terme : même si l’on peut avoir tendance à rechercher le profit à court terme, il est fondamental de placer son entreprise dans une logique longue durée.
  • S’associer : être seul est dur car, quand on souffre, on a personne à qui se confier et, quand on connait le succès, on devient la cible des courtisans. J’ai la chance d’avoir toujours eu des associés de grande valeur dans toutes mes affaires.

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page