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Les « bus Macron », un succès ?

La loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques, dite « Macron », promulguée le 6 août 2015, a pour objectif de « libérer » l’activité économique pour un grand nombre de secteurs. Emmanuel Macron a fait de la libéralisation du transport régulier interurbain de voyageurs par autocar, un axe fort de son projet. Un moyen de faire jouer la concurrence et de proposer un nouveau service. En 2015, 70,9 % des internautes considéraient le train comme leur mode de transport préféré, selon un sondage publié par Kelbillet (site internet de revente de billets de train entre particuliers, ndlr). Depuis l’ouverture du marché dans l’Hexagone, différentes compagnies se disputent les faveurs des Français comme Flixbus, Isilines et même la SNCF avec Ouibus, quitte à concurrencer son propre transport ferroviaire. Mais sont-elles réellement un succès, près de trois ans après ? Les détails des « bus Macron ».

Pendant longtemps, les trajets en autocar sur les liaisons longue distance étaient interdits en France pour protéger les intérêts de la SNCF et seulement autorisés lors d’étapes sur un voyage à destination d’une ville européenne. Ils étaient alors peu utilisés par nos compatriotes jusqu’en 2013 où moins de 110 000 personnes les empruntaient.
Dans d’autres pays d’Europe, ce moyen de locomotion a su séduire les usagers : trente millions de voyageurs l’utilisent au Royaume-Uni et huit millions de personnes, habitants en Allemagne, en ont eu recours à la suite de son implantation en 2011. Mais alors, présentes depuis trois ans, les compagnies de bus ont-elles véritablement conquis l’Hexagone ?

Trois compagnies en recherche de rentabilité

Lorsque la loi a été promulguée, cinq sociétés se sont lancées sur le marché du transport en bus longue distance. La compagnie britannique Megabus et la firme française Starshipper n’ont, cependant, pas survécu aux premiers mois. Megabus, qui propose des prix très bas, à partir d’un euro, s’est d’abord développée au Royaume-Uni sur la période 2003-2006 avec de nombreuses liaisons entre Londres et les grandes villes du pays comme Liverpool ou Édimbourg. La société s’est ensuite déployée en Amérique du Nord notamment aux États-Unis et au Canada, où elle a rencontré un franc succès, transportant en moyenne 16 millions de passagers par an. En 2012, elle décide de se développer en Europe continentale et affiche plus de trois millions de voyageurs annuels. Avec la libéralisation du secteur dans l’Hexagone, elle dessert ainsi une douzaine de villes françaises. Mais en novembre 2016, elle fait faillite à cause de la perte du contrat de sous-traitance du seul et unique client de la société, Flixbus (étant donné que celui-ci a racheté le réseau français de Megabus durant l’été de la même année, ndlr). 175 salariés sont alors licenciés. Quant à Starshipper, créée en 2014 par trente-deux petites et moyennes entreprises du groupe Réunir, elle desservait des grandes villes françaises comme Paris, Lyon et Rennes. Mais elle disparaît et décide de rejoindre Ouibus, à travers un contrat de franchise.

Aujourd’hui, elles ne sont plus que trois à se partager le secteur en France. La compagnie FlixBus, fondée à Munich par trois jeunes, André Schwämmlein, Jochen Engert et Daniel Krauss en 2013, a transporté 5,2 millions de passagers français l’année dernière. Deux millions de voyageurs ont pris des bus Ouibus, filiale du Groupe SNCF, en 2016. Quant à Isilines, son nombre de passagers était de 250 000 en 2015. Ces compagnies ont admis que leur activité n’est pas encore rentable, mais qu’elle le serait en 2018 ou 2019. En 2017, Flixbus comptait cinq millions de pertes pour un chiffre d’affaires qui dépassait les 80 millions d’euros. Ses deux concurrents, qui se partagent un marché estimé à 200 millions d’euros, sont, eux aussi, dans le rouge notamment Ouibus
avec 45 millions d’euros de pertes en 2016.

La grève SNCF, favorable au secteur

Depuis le début de la grève SNCF, début mars dernier, les compagnies d’autobus voient leurs réservations exploser, allant de 40 à 60 %. Ouibus affiche plus de 44 % d’augmentation de réservations, Flixbus, le leader du marché, 60 %, tandis qu’Isilines avoisine les 40 %. Ce mode de transport a même été choisi, sur cette même période, par les salariés, la proportion de trajets professionnels ayant doublé de 10 à 20 % pendant les jours de contestation. Les sociétés ont bien compris que la grève constitue une occasion en or d’attirer de nouveaux clients et de les fidéliser. Alors que les habitués de ces bus réservent leur place en avance pour bénéficier de prix avantageux, les non-initiés choisissent de réserver à la dernière minute. Pour se préparer à l’afflux de ces récents voyageurs, les entreprises ont décidé d’augmenter leurs offres avec plusieurs dizaines de cars supplémentaires en service lors des jours de grève. Les trajets Paris-Bordeaux, Paris-Marseille et Paris-Lille demeurent les plus prisés étant donné que ce sont les lignes de trains les plus impactées par le mouvement social.

Le marché du transport en bus longue distance s’est donc progressivement installé dans l’Hexagone mais peine encore à engranger des bénéfices. Mais les difficultés rencontrées par le secteur ferroviaire et l’arrivée de nouveaux clients vont peut-être permettre à ces compagnies d’atteindre la rentabilité en 2018.

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