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Les technologies implantées dans le corps humain, une bonne chose ?

Souvent abordés dans des films de science-fiction comme Minority Report et Final Cut, les implants et puces dans le corps humain deviennent aujourd’hui réalités, grâce à la technologie RFID (radio frequency identification device, procédé d’identification automatique qui utilise le rayonnement radiofréquence, ndlr). Des innovations créées ou en développement peuvent permettre aux porteurs d’ouvrir des portes sécurisées, de remplacer un moyen de paiement ou bien de prouver son identité, par le seul biais de leur peau. La série télévisée Black Mirror parle régulièrement de ces technologies pour faire émerger des interrogations sur les dangers et les limites de ces implants électroniques. Avec notamment la crainte d’un monde où l’être humain serait géolocalisé sans cesse, menaçant le respect de la vie privée.

Solution essentielle pour l’avenir ou technologie dangereuse pour l’humain ? Le débat sur les implants électroniques, aussi surnommés puces RFID, NFC ou TIC, est tenace notamment pour des questions éthiques et morales. Ils mesurent quelques millimètres, semblables à la taille d’un grain de riz ou de sable, et sont implantés sous la peau à l’aide d’une seringue intradermique. Le premier essai d’insertion d’une puce chez l’être humain remonte à 1998 avec Kevin Warwick, scientifique britannique et professeur de cybernétique à l’Université de Coventry. Celui-ci a réalisé l’expérience sur son propre corps. Il a ainsi pu ouvrir des portes, allumer des lumières et provoquer des messages sonores. Au fur et à mesure, cette technologie s’est imposée dans le domaine médical et se propage également au sein de certaines entreprises.

Une solution utile dans le secteur de la santé

La société américaine Applied Digital est la première à avoir développé VeriChip, un implant RFID sous la peau à des fins médicales. Le produit a été autorisé sur le marché en 2004, par la FDA (Food and Drug Administration, agence administrative américaine chargée d’autoriser la commercialisation des produits alimentaires et médicamenteux, ndlr). Comportant un numéro d’identification unique à 16 chiffres, la puce peut être consultée à distance par un lecteur de données spécifique via un signal radio, qui se connecte à des systèmes informatiques comme un ordinateur. Le personnel médical récupère de précieuses informations sur la personne hospitalisée comme son groupe sanguin, ses allergies et son nom. Les implants peuvent alors apporter une meilleure prise en charge des patients. Ils contiennent le dossier médical qui permet à des médecins d’immédiatement lire les données et les antécédents médicaux d’un malade afin d’évaluer son état de santé plus rapidement. Ils servent également à compenser certaines déficiences d’organes en se transformant en stimulateurs cardiaques. Enfin, avec ces puces, les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer peuvent être géolocalisées lorsqu’elles s’échappent ou se perdent.

Des entreprises l’utilisent à d’autres fins

La Suède est l’un des pays précurseurs dans les puces RFID sous-cutanées contenant des données personnelles. Sur environ dix millions d’habitants, trois mille ont implanté ce système électronique à l’intérieur de leur corps, afin de remplacer leur carte bancaire, leurs papiers d’identité ou leur clé de maison et de travail. Epicenter, grand immeuble de bureau high-tech à Stockholm où plusieurs entreprises numériques du pays se sont installées, a proposé en 2015 à 400 salariés de se faire installer sous la peau, ces puces pour supplanter leurs badges électroniques. Selon les dirigeants du complexe, les dispositifs avec un simple geste de la main fonctionnent pour passer les portillons de sécurité, ouvrir la porte d’un bureau, mettre en marche les photocopieurs et payer son repas à la cafétéria. En 2017, ils étaient plus de 150 à avoir cédé aux sirènes de cette technologie.

D’autres sociétés ont suivi le pas comme Three Square Market, firme américaine installée au Wisconsin et spécialisée dans les programmes informatiques de distributeurs automatiques. Elle est la toute première aux États-Unis à utiliser ce procédé. Les fonctionnalités de la puce sont les mêmes que pour Epicenter. Sur les 85 salariés de l’entreprise, plus de cinquante ont accepté de faire partie de l’expérience. Quant à la firme belge de marketing numérique Newfusion, elle s’y est également initiée afin de permettre aux collaborateurs d’ouvrir les portes sans clé ou encore de faire démarrer les ordinateurs sans mot de passe. Huit employés ont bien voulu prendre part au projet. Si cette technologie peut faciliter le quotidien, des questions se posent sur le respect de la vie privée et la menace de piratage de données.

Les risques de ces technologiques

Les puces contiennent de nombreuses données, dont plusieurs peuvent être personnelles comme l’adresse du domicile, le numéro de téléphone, le casier judiciaire ou les informations bancaires. Cryptés, les implants sont vulnérables. Autant de renseignements dans un si petit objet provoquent  des conséquences désastreuses sur la vie privée d’un individu, s’ils sont récupérés par des personnes malveillantes comme des pirates informatiques. Ils peuvent alors usurper l’identité d’une personne implantée. Avec la géolocalisation, les moindres faits et gestes des porteurs peuvent être observés et surveillés.

La série télévisée Black Mirror illustre bien les dangers et les limites de ces implants électroniques, notamment dans l’épisode 2 de la quatrième saison, intitulé « Archange ». On y découvre Marie, mère célibataire, qui préoccupée par la sécurité de sa fille Sara, décide de lui implanter dès l’âge de trois ans, un prototype de puce de surveillance. Prénommé ArkAngel, le système permet aux parents de contrôler la santé de leurs enfants, de les localiser et d’éliminer les facteurs de stress en les brouillant visuellement, à travers une tablette. La mère surveille sans relâche Sara, même lorsqu’elle se trouve au travail. À l’âge de sept ans, la fillette ressent un mal-être à cause des filtres installés et commence à se mutiler. Marie décide alors de désactiver le programme. Mais lorsque Sara devient adolescente et lui cache des choses, elle recommence à l’espionner et tombe sur des moments intimes de sa fille. Peu à peu, cette surveillance accrue va devenir dévastatrice pour les deux personnages. La notion d’atteinte à la vie privée est ainsi sensiblement soulignée.

Si les technologies de puces et d’implants dans le corps humain peuvent servir pour le secteur médical, faciliter le quotidien ou l’organisation d’une entreprise, elles risquent de porter atteinte à la vie privée et de mettre à disposition des données confidentielles à de potentiels pirates informatiques. En France, aucune entreprise n’a instauré pour l’heure de puces RFID sous-cutanées chez ses salariés.

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