Prendre soin de soi pour prendre soin des autres

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Dans le désir de faire de la performance, de l’impact, de bien gérer ses équipes, beaucoup de dirigeants et d’entrepreneurs finissent par négliger la personne la plus stratégique de l’entreprise : eux-mêmes. La croyance implicite est tenace : « je suis là pour soutenir les autres, pas pour me prioriser. »

Pourtant, dans la durée, prendre soin de soi n’est pas un luxe. C’est une responsabilité. Celle de maintenir son propre socle physique, émotionnel, mental, pour pouvoir véritablement être au service des autres sans s’épuiser.

Les signes d’un déséquilibre

Le surinvestissement professionnel est souvent vécu comme une forme de courage ou de sacrifice. Mais il engendre des effets insidieux :

  • Fatigue chronique ou “fatigue noble” (celle qu’on ne remet jamais en question).
  • Baisse de la patience, de l’écoute, de la créativité.
  • Irritabilité ou repli émotionnel.
  • Pertes de mémoire ou troubles de concentration.
  • Sentiment de ne plus exister en dehors de son rôle.

Ces symptômes ne sont pas les signes d’un manque de performance, mais d’un manque de régénération.

La logique du masque à oxygène

Or, dans les avions, on rappelle toujours cette règle : « en cas de dépressurisation, mettez votre propre masque avant d’aider les autres. »

Ce principe s’applique à la lettre au leadership : on ne peut pas prendre soin de son équipe, de son entreprise ou de ses clients si l’on est soi-même en carence. Prendre soin de soi, ce n’est pas s’extraire du collectif : c’est enraciner sa contribution dans un socle plus solide.

Les 5 dimensions du soin personnel

Prendre soin de soi ne se limite pas à « faire du sport » ou « partir en week-end ». C’est un écosystème global, fait de 5 piliers principaux :

1/ Énergie physique : alimentation, sommeil, mouvement, pauses.

2/ Hygiène émotionnelle : traitement des tensions, libération des charges, rituels de recentrage.

3/ Santé mentale : stimulation intellectuelle, limites au stress cognitif, moments de vide.

4/ Connexion spirituelle ou existentielle : sens, ancrage, gratitude, valeurs incarnées.

5/ Relations nourrissantes : temps de qualité avec des proches, espaces de vérité.

Les bénéfices sur le collectif

Quand un dirigeant prend soin de lui, plusieurs effets positifs se diffusent. En effet, il devient plus stable émotionnellement, donc plus fiable. Il peut alors soutenir sans s’effondrer, écouter sans absorber.

Aussi, il montre par l’exemple que le respect de soi est une valeur de l’organisation. Il favorise généralement une culture du long terme, où la performance ne se fait pas au détriment de la personne.

Autrement dit, il élève la qualité de la relation humaine dans son entreprise.

Vers un leadership régénératif

On parle de plus en plus d’entreprises régénératives. Mais pour qu’elles émergent, il faut des leaders régénérés.

Cela passe par un rythme plus respectueux des cycles humains, une autorisation donnée à la lenteur, au repos, à l’imperfection. Mais également par des pratiques de recentrage intégrées dans le quotidien (méditation, marche, respiration…) et une revalorisation de la vulnérabilité comme point d’ancrage, pas comme faiblesse.

Lever les freins culturels et personnels

Prendre soin de soi peut sembler évident en théorie, mais dans la pratique, de nombreuses barrières subsistent. Chez les dirigeants comme chez les entrepreneurs, plusieurs freins inconscients entravent cette démarche : peur d’être perçu comme faible, culpabilité à ralentir, injonction à « tenir bon » coûte que coûte.

Ces résistances ne sont pas seulement individuelles, elles sont aussi culturelles. Le culte de la productivité, la valorisation du surmenage ou l’image du leader infaillible nourrissent une forme d’auto-exigence toxique. Repenser le leadership, c’est aussi déconstruire ces croyances, et reconnaître que le soin de soi n’est pas une faiblesse mais une stratégie de pérennité.

Des rituels simples pour un impact durable

La bonne nouvelle, c’est que prendre soin de soi ne demande pas forcément du temps en plus : cela demande surtout une attention différente. Intégrer des rituels courts mais réguliers peut transformer la qualité de présence d’un leader, sans bouleverser son emploi du temps.

Quelques exemples : démarrer la journée par trois respirations conscientes, marcher 10 minutes après une réunion intense, écrire une gratitude en fin de journée, poser une intention avant une prise de parole, ou encore s’accorder un vrai « non » dans l’agenda. Ces gestes, bien que simples, créent un effet cumulatif puissant.

C’est dans la régularité, plus que dans l’intensité, que la régénération opère.

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