« C’est au quotidien que je m’assure que les porteurs de projet aient accès au financement. »
Pensez-vous qu’il est aujourd’hui difficile de financer son entreprise en France ?
Les difficultés de financement des entreprises connaissent naturellement des fluctuations. Mais la crise financière a fait naître des craintes légitimes sur l’accès au crédit des PME. C’est pourquoi, dès le 2 octobre, nous avons mis en place un plan de soutien aux PME. Ceci, avec un montant de 22 milliards d’euros. Aux 17 milliards d’euros alloués à l’ensemble des banques s’ajoutent 5 milliards mobilisés au travers de l’établissement public OSEO.
De surcroît, M. René Ricol a été désigné « médiateur du crédit » par le Président de la République. Il peut être saisi par toute PME et suivra, département par département, la façon dont les prêts sont accordés par les banques. L’accès des PME au crédit est véritablement une préoccupation centrale pour le gouvernement et tout est mis en oeuvre pour limiter l’impact de la crise sur les entrepreneurs. Le tout récent plan de relance annoncé par le Président de la République comporte des mesures additionnelles. Ceci afin d’améliorer la trésorerie des entreprises. Enfin, les apports en fonds propres doivent rester un levier majeur de financement des entreprises. Ils ont un caractère contra-cyclique très important.
Les difficultés liées à la recherche des premiers financements ne représentent-elles pas un frein pour les jeunes qui rêvent d’entreprendre ?
C’est parfois le cas et c’est pourquoi nous avons mis en place des dispositifs destinés à surmonter ces difficultés et à rendre solvables les projets pour leur permettre d’accéder au crédit bancaire. Parmi ces dispositifs, on peut notamment évoquer les prêts d’honneur et les prêts solidaires des associations de micro-crédit, les prêts à la création d’entreprise ou encore la garantie de crédits bancaires.
Pourquoi encourager l’entrepreneuriat ?
L’une des grandes priorités du gouvernement est la promotion de l’esprit d’entreprendre et la volonté de faciliter l’émergence de projets de qualité débouchant sur des créations d’entreprises pérennes.
En outre, les entreprises, notamment les petites et les moyennes, par leur ancrage territorial, par leur contribution essentielle à la cohésion sociale grâce aux emplois de proximité qu’elles créent ou maintiennent dans nos villes ou nos zones rurales. Ceci aussi par les services qu’elles rendent à la population et leur rôle fondamental dans l’aménagement du territoire. Enfin, elles participent activement au développement économique et social du pays.
Le kit de l’auto entrepreneur est-il justement l’une des mesures destinées à encourager l’entrepreneuriat ?
Le nouveau régime de l’auto-entrepreneur répond à un besoin réel : les personnes qui veulent commencer une activité économique, éventuellement en complément d’une autre, souhaitent bénéficier d’un régime simple, d’un coût raisonnable et qui leur permettent d’anticiper facilement les charges sociales et fiscales qu’ils devront supporter. Le régime de l’auto-entrepreneur répond à cette demande. Le créateur est dispensé des frais d’immatriculation aux registres légaux, il ne paye pas de charges s’il n’a pas d’activité. En effet, son impôt sur le revenu et ses cotisations sociales sont strictement proportionnels à son chiffre d’affaires. Je suis absolument persuadé qu’avec l’auto-entrepreneur, nous avons mis en place une véritable arme anticrise, qui libérera toutes les énergies de notre pays.
Quelles sont les mesures concernant le financement que le gouvernement pourrait prendre pour encourager la création d’entreprise ?
Nous allons dans les jours à venir donner plus de moyen à l’Association pour le Droit à l’Initiative économique. Le micro-crédit est un instrument particulièrement bien adapté pour encourager la création d’activité. Il me semble indispensable que les auto-entrepreneurs qui se déclareront à partir du 1er janvier 2009 aient accès à ce type de financement. Je souhaite aussi que des réseaux bancaires s’engagent à financer les auto-entrepreneurs, comme nombre d’entre eux se sont engagés en soutien à la création d’entreprise.
La crise affecte-t-elle la recherche de financement pour la création d’entreprise ?
La crise renforce la prudence des banques, mais il existe des solutions appropriées pour lever leurs réticences. Je pense notamment aux mécanismes de garantie, qui permettent le partage des risques, et les prestations d’accompagnement, rendues par les chambres consulaires et des réseaux associatifs qui sécurisent les projets. La crise est évidemment au coeur des préoccupations du gouvernement. C’est au quotidien que je m’assure que les porteurs de projet puissent avoir accès au financement.
Quel est son impact sur les créations d’entreprise ?
Il est pour le moment limité. En effet, si le nombre cumulé de créations des mois d’août, septembre et octobre 2008 est en baisse de 3,4 % par rapport aux mêmes mois un an auparavant, on constate que sur le long terme, la création d’entreprise reste dynamique en France. Ainsi, au cours des 12 derniers mois, plus de 333 000 entreprises ont été créées, soit une hausse de 5,3 %.
Soutenir la création d’entreprise est-elle une solution pour enrayer la crise ?
Oui, bien sûr. D’une manière générale, créer des entreprises, c’est créer des emplois pour demain et pour longtemps. Et la création d’entreprise est d’autant plus pertinente que certains secteurs économiques recèlent un très important potentiel de croissance. Par exemple, l’environnement, les énergies renouvelables, la santé ou encore les services à la personne.
Existe-t-il, selon vous, suffisamment d’aides financières pour la création d’entreprise ?
Absolument, les aides financières à la création d’entreprise sont nombreuses. Les principaux reproches que je reçois sur ce point concernent plutôt l’abondance de l’offre et son manque de lisibilité. Ceci dit, pour une entreprise donnée, en un lieu donné, il est possible d’identifier facilement les aides les plus pertinentes. Et pour s’y retrouver, il existe des outils de recherche en ligne très performants.
Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui rêve de créer son entreprise ?
Je lui conseillerais de consulter le site de l’Agence pour la Création d’Entreprises. Il pourra y trouver la méthode à suivre pour rencontrer le succès avec son projet ainsi que des pistes pour trouver les réponses aux questions qu’il se pose.
Je lui conseillerais de se faire accompagner pour valider son projet avant la création, mais également après la création. L’accompagnement pré et post-création est un facteur déterminant de la pérennité de la jeune entreprise. Associatifs ou consulaires, les réseaux d’accompagnement sont nombreux. Le porteur de projet pourra le choisir en fonction de la région où il habite et de sa situation personnelle : si plusieurs réseaux sont généralistes, d’autres sont en effet plus spécialisés dans certains types de projets « à fort potentiel », ou bien s’adressent à des publics précis, tels que les chômeurs ou les Rmistes. Les informations nécessaires pour faire un choix sont disponibles sur le site de l’APCE.