Les banlieues
françaises, contrairement, aux idées préconçues regorgent de jeunes talents. Si
la tendance entrepreneuriale demeure au beau fixe chez les jeunes issus
d’écoles d’ingénieurs ou de commerce, elle s’avère plus difficile à appréhender
pour ceux issus de la banlieue. De nombreuses aides sont mises à leur
disposition pour les encourager à bâtir leur projet de création d’entreprise.
Retour sur ce pari des plus ambitieux.
L’entrepreneuriat
comme porte de sortie
L’entrepreneuriat en banlieue, en plus de casser les idées
préconçues, représente souvent la seule échappatoire face à la précarité et au
chômage. Plus de 45 % des jeunes issus des quartiers difficiles sont touchés
par le chômage (selon le site FranceTvInfo). Pour certains, créer son
entreprise revient à créer son propre emploi. Face à une égalité des chances
parfois mince dans certaines régions de France, nombreux sont ceux qui s’attellent
à entreprendre pour prouver leurs compétences et qui passent outre les
préjugés.
Les idées ne manquent pas venant des jeunes issus de
banlieue. L’assimilation des codes entrepreneuriaux leur paraît, en revanche, plus
contraignante. « On est une génération qui part avec des handicaps.
C’est plus difficile parce qu’on n’a pas le réseau, on n’a pas les personnes
qui peuvent nous prêter de l’argent pour démarrer. On a vécu des
discriminations qui nous renforcent dans l’idée que lorsqu’on entreprend il
faut être très patient et persévérant »,
explique Abdou M’Bodji ,
cofondateur de Logement Habitat Services, issu d’un quartier prioritaire du
Havre.
Un développement des
plus accompagné
Pour mettre sur pied son projet, il demeure nécessaire, en
premier lieu, de prendre conscience de ses compétences et d’acquérir une forte
confiance en soi. Posséder une bonne idée ou un concept prometteur ne suffit
pas. C’est pourquoi de nombreuses aides et accompagnements furent mis en place
pour faciliter l’entrepreneuriat dans les quartiers difficiles :
- L’association « Les
déterminés » : cette dernière a pour vocation de faciliter la
création d’entreprise des jeunes de 18 à 35 ans issus de quartiers populaires.
Née d’une fusion entre le Medef (Le Mouvement des entreprises de France) et
l’association Agir pour réussir, l’association propose des formations
intensives de cinq à six semaines ainsi qu’un accompagnement par des mentors
expérimentés durant tout le processus de création et sur le long terme. « L’expérience des Déterminés a provoqué une
impulsion à mon envie d’entreprendre. La renommée des Déterminés m’a aussi
permis de gagner en crédibilité et m’a aidé à décrocher plusieurs contrats
suite à la formation », témoigne Sharron Manikon, fondatrice de Sharron
Consulting, sur le site de l’association.
- L’association « Positiv Planet » :
l’objectif de lutter contre l’exclusion et la précarité dans les quartiers
sensibles devrait se réaliser en aidant les jeunes à se hisser dans le monde
entrepreneurial. Avec plus de 28 antennes à travers la France, l’association a
le mérite d’avoir accompagné 16 000 personnes et participé à la création
de 3 900 emplois. « Notre mission
est de donner à chacun les moyens d’entreprendre et créer les conditions d’un
développement économique inclusif et viable pour aujourd’hui et demain »,
souligne Jacques Attali, président du conseil de surveillance et du comité de
direction générale. « J’avais
l’idée, le nom et le logo mais le plus dur restait à faire. Business plan,
démarches administratives, immatriculation… sont autant d’étapes qu’il me
fallait approfondir. Une amie qui connaît un peu le secteur me suggère d’aller
me renseigner auprès d’une association spécialisée dans l’accompagnement à la
création d’entreprise qui vient de voir le jour dans les quartiers Nord de
Marseille, Planet ADAM », explique Salim Hadad, fondateur de Net Azur,
société de nettoyage sur le site HuffingTonPost. Suite à sa rencontre avec un
des accompagnateurs de l’association, le jeune homme est en passe de poursuivre
ses démarches administratives et de s’installer très vite sur le marché, ce qui
lui permet de recruter plusieurs salariés. Le développement de son entreprise
fut suivi en continu même après un commencement réussi.
- Start-up Banlieue : le mois dernier, le
premier évènement de start-up banlieue voyait le jour. Sur une durée de trois
jours, des jeunes issus de quartiers prioritaires préparaient et présentaient leur
idée de création d’entreprise sur des lieux emblématiques tels que le 71
(Montreuil) ou le Stade France (Saint Denis). Les groupes se présentent à tour
de rôle devant un jury composé d’entrepreneurs, d’investisseurs et de potentiels
partenaires. Parmi eux, Alae Quarjouane, fondateur de Teekers : « On
ne se rend pas compte mais c’est pourtant souvent dans ces quartiers où la
créativité émerge. Qui n’a pas connu autour de lui un voisin vendeur de baskets
ou de vêtements à domicile ? Que ce soit au porte-à-porte ou sur
Instagram, rendre le produit accessible à seulement quelques kilomètres, c’est
ça l’innovation, la simplification des process, le “keep it simple” des
quartiers. Le problème c’est le démarrage, quand tu n’as pas les bons contacts,
tu ne sais pas comment faire, et, surtout, tu ne sais pas par où
commencer », explique-t-il
sur le site BondyBlog. Des prix à la clé pour les gagnants ainsi qu’une
visibilité profitable à leur développement d’entreprise.
Des projets concrets
face à une réalité chiffrée
Le financement demeure une étape difficile pour ces jeunes entrepreneurs.
Si d’ordinaire obtenir un emprunt
s’avère laborieux, il l’est d’autant plus lorsque le demandeur pose son projet
sur la table en étant sans emploi, sans grand apport et souvent sans diplôme
d’école de commerce. Les banques ont tendance à leur fermer les portes. Une
nouvelle solution s’offre à eux : l’ADIE (Association pour le Droit à
l’Initiative Economique). Une association dont le but est de
permettre à des personnes qui n’ont pas accès au système bancaire traditionnel
de créer leur propre entreprise grâce à celui de micro-crédit accompagné.
De nombreuses solutions sont présentes pour accompagner ces
jeunes dans leur développement de projet. De par leur motivation et leur
persévérance, ces derniers contribuent de manière audacieuse à la diversité
entrepreneuriale.