CréationCréerLes qualités de l'entrepreneur

Devenir Steve Jobs ? Non merci !

Steve Jobs est présenté souvent comme le modèle de l’entrepreneur mais il est souvent critiqué pour avoir oublié de placer l’humain au centre de ses préoccupations. Faut-il à tout prix vouloir révolutionner son secteur ou changer le monde pour entreprendre ? Certains entrepreneurs arrivent très bien à se faire une place sur leur marché sans afficher une ambition démesurée.

D’autres moteurs à l’entrepreneuriat.

Selon l’INSEE, les motivations pour créer une entreprise sont principalement : la volonté d’être indépendant, le goût du challenge ou la nécessité de créer son propre emploi. 

Pour Steve Jobs, la première raison d’entreprendre semblait provenir de la volonté de changer le monde. Pourtant, cela ne paraît pas constituer une généralité pour nombre de ses congénères. Vouloir changer le monde n’apparaît pas comme une fin en soi ni comme la première motivation pour la grande majorité des porteurs de projets. Une étude de l’INSEE  mettait en exergue le fait que la première raison qui pousse les entrepreneurs (hommes et femmes confondus) à créer leur entreprise en France est de devenir indépendant pour 60,7 % d’entre eux. La seconde raison, qui pousse 44,2 % des interrogés à lancer leur business, est d’affronter de nouveaux défis. Viennent ensuite l’augmentation des revenus, qui est une raison valable de lancer sa boîte pour 27 % des interrogés, la volonté de créer son propre emploi (24 %) et la simple opportunité de créer une entreprise (22 %).

Les personnes interrogées ne sont que 14 % à lancer leur business parce qu’elles ont une idée nouvelle de produit, de service ou de marché. Preuve que malgré l’aspect révolutionnaire et disruptif qu’incarnent les grands entrepreneurs du 21e siècle, Steve Jobs y compris, les motivations des créateurs semblent en grande partie encore se situer ailleurs.

Partir simplement d’un besoin ou d’une passion.

Loin des réussites entrepreneuriales exponentielles obtenues à coup d’idées novatrices et copieusement décrites par les médias, l’univers micro-économique regorge d’histoires d’entrepreneurs à succès qui n’ont pas spécialement établi de révolution ou de rupture de modèle. C’est le cas d’Alain Coumont, fondateur de l’entreprise Le Pain Quotidien, qui a suivi un parcours similaire. Fils et petit-fils d’épiciers, l’entrepreneur belge étudie à l’école hôtelière de Namur de 1977 à 1981 et travaille pendant une petite dizaine d’années au service de restaurants étoilés.

Restaurateur de métier et de passion, il décide de retourner à Bruxelles en 1987 et de lancer son affaire. Il ouvre « le Café du Dôme » mais fait rapidement face à la difficulté de trouver du bon pain à Bruxelles. Faut-il l’importer de France ? Trop cher ! L’entrepreneur décide d’acheter un four et de le fabriquer lui-même. Progressivement, il finit par servir la plupart des restaurants des environs. La marque Le Pain Quotidien voit le jour en octobre 1990. En 2014, l’enseigne comptait 215 boulangeries-restaurants répartis dans 17 pays, pour un chiffre d’affaires de 250 millions d’euros au total.

Ne pas se retrouver obsédé par son projet.

« Devenir Steve Jobs » n’est sans doute pas un moteur pour tous les entrepreneurs. D’autant qu’en ce qui concernait le gérant de la marque à la pomme, l’entrepreneuriat ne constituait plus un métier ou une vocation, mais relevait presque d’une obsession. À ce stade, il devient difficile d’avoir une vie professionnelle qui n’empiète pas sur la vie personnelle. Vie de famille, vacances, week-end deviennent rares voire inexistants. Bill Gates, principal « ennemi » du PDG d’Apple avouait ne pas avoir eu de journée « off » depuis 20 ans.

Quant à Mark Zuckerberg, il confiait travailler 50 à 60 heures par semaine. Pour devenir de tels géants de l’entrepreneuriat, inutile de préciser que de nombreux sacrifices demeurent nécessaires. Jusqu’à son dernier souffle, même sur un lit d’hôpital, Steve Jobs réfléchira à la manière dont il pouvait encore changer le monde, même s’il l’avait déjà accompli en modifiant profondément notre rapport à la technologie. S’ils doivent rester conscients de l’implication nécessaire à tout projet d’entreprise, pas sûr que tous les entrepreneurs en herbe aient réellement envie d’en arriver là… 

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