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Management

Communication interne : l’exemple du Japon

Le pays du soleil levant se classe parmi les cinq plus grandes puissances mondiales depuis plus de 30 ans. Ce pays à la productivité exceptionnelle demeure célèbre pour sa très forte culture d’entreprise et son modèle de management particulier. Avec une communication interne très intense, les sociétés japonaises s’assurent de la motivation de leurs salariés. Zoom sur cette approche de la communication interne japonaise.

Une très forte culture historique de l’entreprise

A la fin de la seconde guerre mondiale, le Japon est en ruines.La population meurt de faim, Hiroshima et Nagasaki ont subi les bombardements atomiques américains. Le pays décide alors de se relever et de devenir une grande puissance industrielle mondiale pour retrouver son honneur, exploit qu’il va accomplir en un temps record. En à peine trente ans, ce pays ravagé par la guerre rejoint la Triade grâce à son pari de l’industrialisation et des nouvelles technologies. La pays du soleil levant mise sur sa productivité qu’il développe et cultive intensément. Parties du constat qu’un employé travaille plus et mieux s’il se sent encouragé et estimé, les entreprises japonaises se dotent de leur propre culture. Elles mettent au point des rites et des systèmes pour booster les travailleurs et leur donner envie de se donner corps et âme à leur tâche. Une méthode qui fonctionne plutôt bien vu le classement des entreprises nippones et leur faible taux de suicide : seulement 81 dus au surmenage chaque année.Ces firmes mettent en place une communication interne intense et organisée faite de codes et de rituels pour permettre un plus grand dévouement de leurs salariés et assurer une meilleure productivité.

Une communication interne organisée

La communication d’entreprise s’organise selon plusieurs principes. D’abord, la multiplication des émetteurs : il s’agit pour l’entreprise de communiquer à un maximum de cibles, quitte à être redondante. Ensuite, la multiplication des récepteurs à l’inverse, qui implique de s’adresser au plus de cibles possibles et l’adoption de structures de communication simples. A titre d’exemple, la société Recruit se sert des technologies de messagerie pour donner la possibilité à tous les salariés de dialoguer avec le PDG mais aussi entre eux, conformément au principe de transparence. Dans cette même entreprise parait le journal « La Mouette », diffusé à un maximum de membres du personnel et présentant des informations, critiques ou opinions de salariés sans filtre. Les firmes nippones encouragent donc leurs employés à s’exprimer pour faire régner la confiance, il convient cependant de rappeler que ceux-ci sont triés sur le volet et sélectionnés que si ils répondent aux attentes de « l’esprit maison ».

Une identité propre à chaque entreprise

Au pays du soleil levant, chaque entreprise invite ses salariés à s’investir moralement et physiquement. Les sociétés instaurent leurs propres codes et se créent un univers très défini. Appelé « esprit maison », ce concept confère une dimension affective à la société qui vise à établir une connexion émotionnelle entre elle et les salariés. Cette culture d’entreprise extrêmement forte constitue un des fondements des firmes nippones et se présente sous la forme de codes et de rituels mis au point par chacune d’elles. Elles imposent des uniformes, insignes, inscrivent des slogans et devises spécifiques sur les murs ainsi que d’autres signes distinctifs afin de se créer une identité visuelle.Elles proposent aussi des activités pour immerger l’employé dans la culture de sa société. Tous les matins se tient la réunion d’accueil « choreishiki » pour distribuer les consignes et les tâches, accompagnées de discours moralisateur rappelant les valeurs de l’entreprise. Des hymnes à la gloire de la firme sont également entonnés quotidiennement pour remonter le moral des salariés et les booster, au même titre que des séances de gymnastique de groupe sont prévues pour réunir tous les membres de la société et renforcer la cohésion de groupe. Celle-ci se construit aussi en invoquant les perspectives d’avenir de l’entreprise que les entreprises ne manquent pas de rappeler.

Des perspectives d’avenir pour préserver la concentration

Au cours des réunions matinales, les objectifs de la société sont fréquemment cités, tout comme les précédents records de productivité à battre. Ces perspectives, énoncées dans le plan d’entreprise, représentent des lignes directrices que tout employé doit connaître sur le bout des doigts. Elles sont rappelées au cours de réunions de services, d’ateliers de travail… et servent à motiver les salariés et à leur inculquer une vision grandiose et suprême de la compagnie. A titre d’exemple, la firme Canon indique dans son préambule : « la mission d’entreprise de Canon consiste à contribuer à un monde meilleur. Nous sommes convaincus que le monde ne fait qu’un, et qu’aucune nation ne peut réellement réussir aux dépens d’une autre. Nous nous engageons à conduire nos affaires dans cet esprit, et à encourager une perspective globale partout où cela est possible. »

Le modèle J de communication

Ces multiples encouragements et cette immersion dans la culture de l’entreprise s’accompagnent d’un mode de communication radicalement différent de l’occidental. Les informations ne circulent pas de façon verticale mais horizontale. Aussi dénommé « coordination horizontale », le modèle J propre au Japon consiste à organiser une société de façon à privilégier le partage de connaissances et d’informations. Celles-ci sont transmises oralement afin d’être mises par écrit et de circuler plus rapidement. Pour instaurer un climat de respect et de compréhension mutuelle, la rotation des postes s’avère très efficace : les ingénieurs, par exemple, alternent les fonctions techniques et de production, ce qui évite la petite guerre classique entre les deux. Le modèle J permet donc une entente, une compréhension et une entraide mutuelles, de par le partage d’expérience et d’informations qu’il induit.

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