Si vous êtes dirigeant ou créateur d’entreprise, il y a une question qui revient sans cesse : comment maximiser les résultats de votre équipe, de votre projet ou de votre entreprise ? Traditionnellement, la réponse a souvent été simple : définir des objectifs précis, les écrire sur un tableau et tout mettre en œuvre pour les atteindre. Mais il existe une autre approche, plus subtile et plus durable, adoptée par les tops performeurs : penser en systèmes plutôt qu’en objectifs.
De l’obsession des objectifs à l’efficacité systémique
Nous vivons où les objectifs sont rois. Les KPI, les OKR, les plans trimestriels : tout pousse à mesurer et atteindre des résultats spécifiques. Mais si l’histoire récente des affaires et des performances personnelles nous a appris quelque chose, c’est que cette obsession peut être dangereuse. Les objectifs isolés sont souvent trop rigides et créent une pression inutile. Pire encore, ils peuvent nous amener à négliger ce qui est vraiment important : le processus.
James Clear, auteur de Atomic Habits, le résume parfaitement : “Vous ne vous améliorez pas en cherchant à atteindre un objectif. Vous vous améliorez en construisant un système pour l’atteindre.” La nuance est subtile mais puissante. Plutôt que de focaliser toute votre énergie sur un chiffre ou un résultat, il s’agit de vous concentrer sur le processus qui conduit naturellement à ce résultat.
Qu’est-ce qu’un système ?
Un système est un ensemble cohérent d’habitudes, de routines, de comportements et de structures qui fonctionnent ensemble pour produire des résultats souhaités. Dans une entreprise, cela peut prendre la forme d’un processus de vente, d’un protocole de recrutement, d’un programme de formation continue ou d’une culture interne qui encourage la prise d’initiative.
Pour illustrer, imaginez deux dirigeants : Alice et Benoît. Alice fixe des objectifs stricts : “Vendre 1 million d’euros ce trimestre.” Benoît, lui, met en place un système : chaque semaine, ses commerciaux ont des sessions de prospection structurées, des formations sur la négociation, et un suivi personnalisé de leurs clients. Qui est le plus susceptible d’atteindre son chiffre ? Très probablement Benoît. Parce que son système agit tous les jours, il augmente les chances de succès de manière exponentielle.
Pourquoi les systèmes surpassent les objectifs
1/ Les systèmes créent une constance
Un objectif est un point dans le temps. Un système est une trajectoire. Les top performeurs savent que la réussite durable ne résulte pas d’un effort ponctuel mais d’une pratique régulière et répétée. Steve Jobs ne s’est pas contenté de “lancer l’iPhone”, il a construit une culture de conception et d’excellence qui a produit des décennies de succès.
2/ Les systèmes sont sous votre contrôle
On ne contrôle pas toujours les résultats. Les ventes peuvent dépendre du marché, la levée de fonds d’un contexte économique, la satisfaction client de facteurs externes. En revanche, vous pouvez contrôler votre système. Vous pouvez décider de vos routines, de vos habitudes et de vos processus quotidiens. Et c’est là que se trouve le véritable pouvoir.
3/ Ils transforment l’échec en apprentissage
Quand un objectif n’est pas atteint, il est facile de se décourager. Avec un système, l’échec n’est pas un verdict mais une donnée. Chaque itération vous permet d’ajuster, d’améliorer et de devenir meilleur. Les top performeurs voient leurs systèmes comme des laboratoires vivants, où chaque erreur devient une opportunité d’optimisation.
4/ Ils favorisent l’innovation et la créativité
Les objectifs rigides peuvent tuer la créativité : « Je dois atteindre ce chiffre, peu importe comment. » Un système, en revanche, vous donne une structure tout en laissant place à l’expérimentation. C’est ainsi que naissent les innovations les plus disruptives : Apple, Google ou Amazon n’ont jamais poursuivi un simple chiffre, ils ont construit des systèmes capables de générer de l’innovation en continu.
Comment passer d’une mentalité d’objectifs à une mentalité de systèmes
1/ Identifiez les processus clés de votre entreprise
Au lieu de demander « Quel est mon objectif ce trimestre ? », posez la question : « Quels processus sont nécessaires pour produire les résultats que je souhaite ? » Dans une startup tech, cela pourrait être : le cycle de feedback client, le processus de développement produit, ou la gestion des leads. Identifiez ce qui a le plus grand impact sur vos résultats et commencez à le systématiser.
2/ Décomposez ces processus en routines quotidiennes
Un système ne se résume pas à une idée abstraite. Il se concrétise dans la pratique quotidienne. Pour un commercial, ce système pourrait inclure : 10 appels de prospection par jour, un suivi client personnalisé chaque semaine et une formation interne chaque mois. Pour un créateur de contenu : 1 article ou vidéo par semaine, un brainstorming hebdomadaire et une analyse des performances mensuelle. Chaque action devient une pièce d’un puzzle plus grand.
3/ Mesurez le processus, pas le résultat
Changer de focale demande un effort mental. Plutôt que de vérifier si vous avez atteint un chiffre d’affaires précis, mesurez la constance et la qualité de votre système. Par exemple : “Combien de rendez-vous clients avons-nous réellement tenus cette semaine ?”, ou “Combien d’itérations produit avons-nous faites pour améliorer l’expérience utilisateur ?”
4/ Itérez et améliorez
Le vrai secret des systèmes, c’est qu’ils sont vivants. Ils ne sont jamais parfaits dès le départ. Les top performeurs passent plus de temps à ajuster et à optimiser leurs systèmes qu’à se lamenter sur les objectifs non atteints. Jeff Bezos l’a résumé ainsi : “Nous sommes obsédés par le client, pas par le chiffre du trimestre. Le chiffre suit naturellement le système.”
Les systèmes dans la vie personnelle du dirigeant
Penser en systèmes n’est pas seulement utile pour l’entreprise. C’est aussi un atout majeur pour le dirigeant lui-même. Le stress, le burnout et la surcharge de travail sont souvent le résultat de la fixation sur des objectifs trop ambitieux. En adoptant un système, le dirigeant crée un cadre durable : routines de travail, moments de réflexion stratégique, pratiques de santé mentale et physique. Un dirigeant qui prend soin de son système personnel est plus résilient et plus inspirant pour son équipe.
Les pièges à éviter
1/ Confondre système et routine rigide
Un système efficace doit être flexible et adaptable. Si chaque action devient une corvée automatisée, vous perdez l’énergie créative et le sens du but. Le système doit soutenir l’humain, pas l’étouffer.
2/ Négliger la culture et les valeurs
Les systèmes fonctionnent mieux lorsqu’ils sont alignés avec la culture et les valeurs de l’entreprise. Un processus de vente efficace n’aura que peu d’impact si votre équipe ne croit pas en vos produits ou services. Il ne faut pas oublier que la cohérence entre système et valeurs est déterminante.
3/ Ignorer la rétroaction
Tout système doit intégrer un mécanisme de feedback. Sans retour d’information, vous risquez de répéter des erreurs ou de rater des opportunités d’amélioration. La rétroaction est le carburant qui fait évoluer le système vers l’excellence.
Un changement de mindset, pas juste de méthode
Adopter une mentalité de systèmes nécessite un véritable changement de perspective. Il ne s’agit pas de rejeter les objectifs, mais de les voir comme des indicateurs secondaires plutôt que comme le centre du monde. Les top performeurs comprennent que le succès durable est le fruit de systèmes cohérents et bien exécutés. Ils investissent dans le processus quotidien, conscients que les résultats suivront naturellement.
En résumé, penser en systèmes plutôt qu’en objectifs, c’est comme planter un arbre plutôt que de courir après ses fruits. Si vous arrosez, fertilisez et prenez soin du système, les fruits viendront chaque saison, et de manière plus abondante et durable qu’en cherchant à les cueillir directement.