Cultiver un mindset de croissance même après le succès

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Beaucoup de créateurs d’entreprise travaillent sans relâche pour atteindre leur premier grand objectif : lever des fonds, atteindre la rentabilité, ou décrocher un contrat majeur. Mais après l’euphorie des premiers succès, certains ressentent un ralentissement inattendu. L’énergie qui les poussait à innover se transforme parfois en volonté de protéger ce qu’ils ont acquis. Pourtant, rester dans cet état peut freiner la croissance de l’entreprise. Alors, comment continuer à penser à à l’expansion lorsque l’on a déjà franchi les premières étapes de réussite ?

Sortir de la logique du résultat

Le succès, paradoxalement, peut devenir un piège. Lorsqu’un entrepreneur atteint une étape clé, il peut avoir tendance à se concentrer uniquement sur le maintien de cette performance. Or, un état d’esprit de croissance implique de rester attentif aux nouvelles opportunités plutôt que de figer les acquis.

Les psychologues parlent de “biais du statu quo” : notre cerveau préfère ce qui est familier, surtout après un effort intense. Pour un dirigeant, cela peut signifier conserver un modèle d’affaires qui a bien fonctionné, même lorsque le marché évolue. La première étape pour cultiver un état d’esprit de croissance est donc de prendre conscience de cette tendance naturelle à se reposer sur ses lauriers.

Certains fondateurs s’imposent un exercice simple : à chaque succès, ils organisent une réunion d’équipe non pas pour célébrer seulement, mais pour se demander “quelles portes ce résultat ouvre-t-il maintenant ?”. Cette approche permet de transformer chaque victoire en tremplin plutôt qu’en point d’arrêt.

Retrouver l’envie d’apprendre

La croissance ne se limite pas à l’expansion financière ou à l’augmentation des parts de marché. Elle dépend aussi de la capacité du dirigeant à continuer à apprendre. Après un certain niveau de réussite, la tentation est de croire que l’on “sait” comment les choses fonctionnent.

Pour contrer cette inertie, certains entrepreneurs adoptent une discipline : lire sur des sujets hors de leur secteur, participer à des conférences dans des domaines éloignés de leur activité, ou se former à de nouvelles compétences. Cette curiosité volontaire nourrit l’esprit de découverte qui les a poussés à entreprendre.

Un dirigeant que j’ai rencontré récemment expliquait qu’il avait rejoint un programme de formation en neurosciences appliquées à la créativité, simplement pour “réapprendre à être surpris”. Selon lui, cet investissement intellectuel a eu un impact direct sur la manière dont il aborde les projets de son entreprise.

Éviter la prison du perfectionnisme

Après un succès, la pression augmente : les clients attendent davantage, les investisseurs aussi. Cela peut pousser certains dirigeants à vouloir que chaque nouvelle initiative soit irréprochable avant de la lancer. Résultat : les projets s’éternisent ou ne voient jamais le jour.

Un état d’esprit de croissance repose sur l’itération rapide : tester, mesurer, ajuster. Les dirigeants qui restent dynamiques sont souvent ceux qui acceptent l’imperfection, qui se donnent le droit d’expérimenter sans garantie de résultat.

Une bonne pratique consiste à définir un “seuil d’acceptabilité” plutôt qu’un idéal. Une version bêta d’un produit ou une offre test peuvent suffire à valider une hypothèse et à décider d’un investissement plus conséquent.

Changer de perspective sur l’échec

Lorsque l’entreprise a atteint une certaine stabilité, l’échec devient plus coûteux — ou du moins perçu comme tel. Pourtant, les dirigeants qui maintiennent un esprit de croissance sont ceux qui savent transformer les erreurs en apprentissages.

Il ne s’agit pas d’encourager la prise de risques inconsidérée, mais d’instaurer une culture où l’on analyse rapidement ce qui n’a pas fonctionné, sans blâme. Certaines entreprises ont même mis en place des “post-mortem positifs”, des réunions où l’équipe examine un projet raté pour en tirer des enseignements utiles.

Ce type de démarche renforce la résilience collective et garde l’organisation dans une dynamique d’innovation.

S’entourer de personnes qui challengent

L’entourage du dirigeant joue un rôle clé. Après le succès, le risque est de n’être entouré que de personnes qui valident les décisions déjà prises, par respect ou par peur de décevoir. Or, pour maintenir un état d’esprit de croissance, il faut rester exposé à des points de vue qui bousculent.

Certains chefs d’entreprise choisissent délibérément d’intégrer à leur comité de direction des profils qui posent des questions difficiles. D’autres sollicitent régulièrement des avis d’entrepreneurs d’autres secteurs pour éviter l’effet tunnel.

Être challengé n’est pas toujours confortable, mais c’est souvent ce qui évite l’endormissement et permet de repérer les signaux faibles avant les autres.

Protéger son énergie mentale

Poursuivre la croissance exige de l’endurance. Or, un succès initial peut conduire à une surcharge de sollicitations : demandes de partenariats, invitations à des événements, sollicitations médiatiques. Il est facile de se retrouver débordé, et donc de perdre le temps de réflexion nécessaire pour anticiper l’avenir.

Les dirigeants qui parviennent à rester dans une dynamique créative sont ceux qui savent protéger des moments pour la stratégie et la réflexion. Cela peut passer par des plages “sans réunion” dans l’agenda, ou par un temps dédié chaque semaine pour se concentrer sur les projets de long terme plutôt que sur les urgences.

Cette discipline permet de ne pas subir la croissance, mais de la diriger ! 

Se reconnecter à la vision initiale

Avec le temps, la gestion quotidienne peut éclipser la raison pour laquelle l’entreprise a été créée. Retrouver ce fil conducteur est un moyen puissant de réactiver la motivation.

Certains fondateurs relisent leur business plan d’origine ou leur premier pitch devant des amis pour se rappeler ce qui les animait au départ. D’autres réunissent leurs équipes autour de discussions plus larges : “Pourquoi faisons-nous ce que nous faisons ?” Ces moments redonnent du sens et permettent de fixer de nouveaux objectifs ambitieux.

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