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Utiliser une imprimante 3D : mythe ou réalité ?

L’imprimante 3D est un objet qui a le vent en poupe depuis quelques années et qui trace progressivement son chemin dans l’esprit du grand public. Certains croient lire en elle une nouvelle révolution industrielle. De quoi attiser bon nombre de fantasmes et les spéculations. 

Le potentiel créatif paraît illimité. L’impression en trois dimensions (3D), aussi connue sous le nom de fabrication additive, fonctionne par dépôt de fines couches de matières qui vont se solidifier pour obtenir un objet final réel. L’impression ne peut avoir lieu que par l’utilisation d’une imprimante spécifique dont la taille et le prix varient suivant le besoin de fabrication. 

Utilisation actuelle dans des domaines divers

La technologie de l’imprimante 3D ne date pas d’hier. La première imprimante 3D dont on attribue la paternité à Charles Hull remonte aux années 1980. Depuis, avant même l’explosion de la demande et la médiatisation du produit ces dernières années, l’impression est utilisée dans l’aéronautique pour réaliser des pièces complexes dans les moteurs d’avion que ce soit par Boeing ou son concurrent européen EADS. 

Récemment, la création de dix maisons construites en 24h à Shanghai grâce à cette technologie a beaucoup fait parler d’elle. La société WinSun Decoration Design Engineering Co a démontré sa capacité à réaliser des bâtisses de 200 m² en un temps record et pour une économie de main d’œuvre considérable (une maison coûterait 4800 dollars soit 3473 euros selon la société chinoise). Si ce ne sont que des prototypes dont la fiabilité n’a pas été testée, il n’en reste pas moins que l’utilisation de l’impression 3D, de cette envergure, ne peut laisser de marbre. Pour l’occasion, une imprimante spécifique aux mesures hors normes a été construite. D’autres projets et réflexions autour du bâtiment sont en cours notamment à Amsterdam et en Californie du Sud où des architectes et des universitaires repensent une nouvelle manière de créer l’habitat. 

L’impression tridimensionnelle pourrait bientôt être utilisée dans l’industrie automobile pour pallier la lenteur de l’innovation, soumise à la robotisation standardisée. D’autres applications plus étonnantes concernent le domaine de l’agroalimentaire où des recherches en biotechnologie et en impression de cellules et de tissus humains sont menées. Et dans le domaine de la santé, une équipe chirurgicale néerlandaise a implanté pour la première fois en mars dernier un crâne en plastique imprimé par la technologie 3D sur une jeune femme souffrant d’une maladie rare. Le secteur de la mode se lance aussi et des fabricants de chaussures de marque et de sport comme Puma ou Nike valident grâce à cette nouvelle technique les nouveaux designs de chaussures. 

Les recherches poussées laissent de plus en plus place à la créativité, preuve que la technologie de l’impression tridimensionnelle recèle des limites jamais atteintes jusqu’alors. IBM a fait la démonstration fin avril d’une impression 3D à échelle nanométrique. En s’associant avec National Geographic Kids, l’entreprise a pu reproduire la couverture d’un des magazines pour enfant sur une surface de seulement 11 x 14 micromètres, rapporte numerama.com. La technologie pourrait servir à la miniaturisation de processeurs ultra-rapides. La NASA envisage quant-à-elle très sérieusement d’utiliser la technologie dans l’espace. 

Vers de nouveaux business models ? 

Médiatisées grâce à ces utilisations et lors de salons notamment, ces machines séduisent de plus en plus le grand public et les entreprises de taille plus modestes que celles que nous venons de voir. Surtout le prix des imprimantes devient abordable pour les particuliers et les petites structures. Les premières peuvent être acquises pour 1500 euros environ (certaines, affichant des prix bien inférieurs pour les particuliers, commencent autour de 500 euros). Mais comptez jusqu’à 100 000 euros pour certaines utilisations ! Les logiciels de modélisation sont également de moins en moins chers et plus faciles à prendre en main. Toutefois, même si l’utilisation de l’imprimante se démocratise, savoir toucher à la modélisation est un pré-requis. La conception assistée par ordinateur est nécessaire pour modéliser l’objet que l’on veut créer. Une complexité qui refrène la plupart des entreprises et des professionnels à sauter le pas. 

Pour autant en arrive-t-on bientôt à une révolution industrielle comme au 19e siècle ? L’imprimante 3D va-t-elle révolutionner la manière de produire de nos entreprises ? Impossible encore de savoir si réellement la messe est dite ni si cette technologie va devenir un réflexe pour bon nombre d’entreprises en terme de production et de commercialisation. L’engouement pour des entreprises françaises pionnières dans la 3D comme Phenix Systems rachetée en novembre dernier par la firme américaine 3D Systems, numéro 2 mondial de l’impression 3D, ne laisse pas planer de doute sur le potentiel de croissance de la technologie. Pourtant depuis quelques semaines, les marchés financiers ne s’emballent plus autant pour le procédé technologique et les cours des grandes sociétés de l’impression 3D en bourse sont redescendus. En cause certainement la multiplication des acteurs due à la démocratisation de la machine et des cours redevenus « normaux » après une surévaluation excessive. 

Quoiqu’il en soit, l’imprimante tridimensionnelle redéfinit le rapport au prototype sans passer par des sous-traitants. Dans le livre L’impression 3D, Mathilde Berchon et Bertier Luyt mettent en avant le point que « dans l’industrie, l’impression 3D est susceptible de modifier en profondeur le prototypage et la fabrication des produits, en accélérant leur cycle de développement, en permettant la customisation de masse et en autorisant des formes de plus en plus précises et complexes. » 

L’impression 3D permet de réaliser rapidement des pièces et de les ajuster aux besoins de l’industrie et des petites structures. Pour les start-ups, la technologie repense de nouveaux business models. Son potentiel est plein de promesses et de défis pour l’avenir. L’impression 3D augmente le droit à l’erreur en perfectionnant les produits avant commercialisation. Elle pourrait aussi adapter la production à la proximité du lieu de distribution plutôt que produire en série, l’une de ses principales limites actuelles.

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