Le marché de l’art, l’un des plus anciens au monde, s’est engagé difficilement vers sa transition numérique depuis près de cinq ans. Les maisons de vente et les galeries d’art physiques ont vu apparaître, avec internet, des plateformes en ligne proposant de multiples œuvres. Les nouvelles technologies laissent place à une plus grande démocratisation du secteur, un accès simple à l’information et à la diffusion ainsi qu’à l’apparition de nouveaux services. Des start-up s’immergent alors dans ce domaine en proposant des solutions favorisant la digitalisation de l’art. Découvrez trois d’entre elles.
Les ventes aux enchères d’œuvres de Fine Art (ensemble de disciplines artistiques comme le dessin, la sculpture, la peinture et la photographie, ndlr) ont atteint 14,9 milliards de dollars en 2017, selon le rapport annuel d’Artprice (entreprise française de cotation du marché de l’art sur internet, ndlr). D’après la même source, la Chine se positionne à la première place avec 5,1 milliards de dollars de chiffre d’affaires tandis que les États-Unis se retrouvent juste derrière avec 4,9 milliards de dollars. La France est, quant à elle, quatrième, pesant 5,3 % du chiffre d’affaires mondial, soit 784 millions de dollars. Face à ce constat, des start-up partent à l’assaut du secteur avec leurs plateformes digitalisées.
Daylighted et ses galeries digitales
Créée à San Francisco en mai 2015 par deux entrepreneurs français, Elisabeth Mouchy et Alex Cammarano, la start-up Daylighted propose de mettre en forme des « smart galleries » (galeries d’arts numériques en français, ndlr) disposant d’une vaste collection d’œuvres et d’informations sur leurs auteurs. Leur objectif : démocratiser l’art au plus grand nombre en le rendant accessible dans des lieux publics comme des hôtels, des restaurants, des hôpitaux, des écoles ou des aéroports. Par le biais d’un boîtier connecté au WiFi, des peintures, photographies ou vidéos sont diffusées, selon l’envie du client, sur des écrans ou des télévisions. Grâce à une plateforme web, ce dernier peut sélectionner ce qu’il souhaite déployer parmi plus de 26 000 œuvres disponibles et choisir un thème correspondant au créneau horaire ou à la décoration de son établissement. Pour 307 dollars, soit environ 263 euros par mois, l’utilisateur aura la possibilité de connecter jusqu’à cinq appareils. Afin de diffuser leur composition, les artistes les téléchargent sur le site de la start-up. Tout un chacun peut, via une application mobile, avoir en direct des informations utiles sur les productions diffusées et les acheter directement auprès des créateurs en version numérique ou physique. Véritable succès outre-Atlantique avec l’affichage de plus de 70 000 œuvres par mois sur une centaine d’écrans dans des hôtels de luxe comme le Sofitel, l’entreprise veut s’implanter dans l’Hexagone. Elle a signé des accords avec le complexe Novotel Paris Tour Eiffel, les espaces de coworking WeWork Paris et a même digitalisée le musée du Quai Branly pour permettre la visualisation de certaines créations à proximité de celui-ci.
Artsper et sa plateforme de vente d’œuvres contemporaines
Lancée en mars 2013 par Hugo Mulliez et François-Xavier Trancart, la start-up Artsper offre une plateforme de vente en ligne d’œuvres d’art contemporain. Un catalogue de 70 000 productions venant de 10 000 artistes est ainsi présenté, et l’entreprise collabore avec 1 200 galeries partenaires. Les amateurs peuvent ainsi consulter une sélection élaborée par les experts de la société, découvrir des informations sur l’œuvre sélectionnée et bénéficier d’un programme d’accompagnement intitulé l’ « Artsper Art Advisory ». Ce service permet au client de disposer d’un « Art Advisor » (conseiller en art contemporain en français, ndlr) qui sélectionne, pour lui, les meilleures créations disponibles sur le marché, selon ses goûts et son budget. L’expert peut également négocier auprès des galeries pour obtenir des œuvres au meilleur prix et informer son acheteur de l’actualité des artistes de la collection sélectionnée. Un autre service est disponible pour les entreprises afin de donner vie aux bureaux et valoriser leur image. Plus de 100 sociétés ont déjà fait appel à Artsper comme Homère (cabinet d’avocats implanté à Paris au service des entrepreneurs, ndlr). Les productions sont vendues au même prix qu’en galerie physique, allant d’une centaine d’euros à plus de 350 000 euros. Le client peut régler sa commande par carte bancaire et la recevoir dans le monde entier. Les résidents de l’Union européenne ont même la possibilité de profiter de quatorze jours d’essai et peuvent, s’ils ont changé d’avis, renvoyer le produit et être remboursés. Pour se financer, la start-up prélève une commission sur les ventes. Depuis sa levée de fonds de deux millions en 2017, elle est devenue l’un des leaders de la vente de productions d’art contemporain en ligne.
ArtPhotoLimited et son site de photographie d’art
Fondée en 2016 par Louis Albert et Junior Bernardla, la start-up bordelaise ArtPhotoLimited propose une plateforme de vente en ligne d’œuvres d’art photographiques à destination des particuliers. Elle permet aux clients de posséder une photographie signée et numérotée en édition limitée. Entre 30 et 300 exemplaires sont ainsi disponibles à des prix accessibles, dès 49 euros. 8 213 photos sont classées selon des thèmes variés comme le sport ou le cinéma. Tout en choisissant leur cliché, les consommateurs peuvent choisir entre sept à huit formats, de 28 x 21 cm à 150 x 120 cm, et sélectionner des options d’encadrement comme un contre-collage sur aluminium ou un cadre caisse américaine. Sur le modèle d’une marketplace, ArtPhotoLimited se rémunère via une commission de 30 % sur chaque vente. Les entreprises qui souhaitent se procurer une œuvre photographique ont accès à un dispositif : elle permet de déduire 100 % du prix d’acquisition de leur résultat imposable par tranche de 20 % pendant cinq ans, dans la limite de 5 % du chiffre d’affaires. À la suite de la victoire des Bleus lors de la Coupe du Monde 2018, le site qui dispose d’un partenariat avec le magazine L’Équipe a vu ses ventes multipliées par dix, grâce à des commandes de photos des joueurs français pendant la compétition.
Ces start-up favorisent ainsi la digitalisation de l’art. Le marché de la vente en ligne d’œuvres prend de plus en plus de place et pèse, aujourd’hui, 3,75 milliards de dollars, selon une étude « Online Art Trade Report 2017 » de Hiscox (assureur spécialisé dans le domaine des objets d’art, des patrimoines de valeur et des risques professionnels, ndlr).