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Le sport en entreprise, un système gagnant-gagnant ?

« Un esprit sain dans un corps sain. » Salariés comme dirigeants semblent s’accorder pour dire que le sport en milieu professionnel comporte de multiples avantages. Bienfaits sur la santé physique et mentale, renforcement de la cohésion du groupe ou encore moyen de rétention des talents, cette pratique se place comme un second souffle pour l’entreprise. Mais jusqu’où peut-elle aller avant d’atteindre ses propres limites ?

2018 bat son plein et l’arrivée du printemps semble être le bon moment pour songer (enfin) à mettre en pratique ses bonnes résolutions. Parmi elles, le sport se classe en tête de liste. Avant que certains n’évoquent l’excuse du manque de temps, il existe une méthode simple à mettre en place et à laquelle on ne pense pas toujours : intégrer le sport dans son entreprise. En plus de vous inciter à pratiquer une activité physique et sportive, ce procédé permettra à vos salariés comme à vous de décompresser et d’évacuer le surplus de stress. Et pour l’entreprise, cette pratique, source de bien-être, est aussi gage d’attractivité et de productivité.

Une pratique trop peu mise en œuvre

Ces dernières années, des sociétés comme Google ou Facebook ont adopté le sport dans leur culture d’entreprise. En France, la plupart d’entre elles n’hésite d’ailleurs pas à reconnaître ses bienfaits. Sur 265 dirigeants interrogés, 87 % se disent convaincus des « effets positifs » (selon une étude réalisée par le Medef, le ministère des Sports et l’Union Sport & Cycle, publiée au mois de novembre dernier, ndlr). Pourtant, les équipements spécifiques mis à la disposition des collaborateurs pour faciliter leur pratique sportive se font rares. Du côté des TPE et PME, 82 % des sondés n’auraient toujours pas franchi le pas faute de « temps », d’« argent » ou encore d’« énergie ». En attendant, les TMS (Troubles Musculo-Squelettiques) demeurent, depuis plus d’une vingtaine d’années, reconnus comme étant la première maladie professionnelle, aussi bien en France qu’en Europe, d’après l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité) – Santé et sécurité au travail.

Santé mentale et physique

Lorsqu’on parle de sport au travail, le premier bénéfice mental de cette pratique auquel on pense repose sans doute sur la gestion du stress. Pratiquer une activité physique, en entreprise comme dans sa vie personnelle, permet d’évacuer toutes tensions inutiles. Pendant l’effort, le cerveau libère des hormones dites « apaisantes », ce qui permet à l’individu en question de mieux gérer la pression ainsi que son niveau de stress. Au-delà de la santé mentale, le sport présente également des avantages sur le plan physique. Pratiquer une activité régulière permet l’élimination de toxines mais pas seulement. Prévention des maladies cardio-vasculaires, amélioration du sommeil et de l’état des os, réduction du risque de diabète, de dépression, d’hypertension, de cardiopathies coronariennes, d’accident vasculaire cérébral ainsi que de cancers du sein et du colon… Autant de bienfaits profitables aux salariés comme à vous et votre entreprise. Grâce à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, la part de créativité de vos collaborateurs devrait augmenter d’environ 55 %.

Des bienfaits réels pour l’entreprise

Véritable tendance dans l’univers professionnel, le sport comporte de nombreux avantages pour les salariés comme pour l’entreprise. Booster de motivation, l’activité physique et sportive, qui permet l’oxygénation du cerveau, maximise les capacités intellectuelles. Un salarié pratiquant au moins 30 minutes par jour gagnerait en moyenne 12 % de productivité par rapport aux autres employés, si l’on en croit une étude menée par Santé Canada. Autre avantage : le fait qu’un salarié exerce une activité sportive régulière revient, pour l’entreprise, à réaliser une économie de 7 à 9 % sur les frais de santé annuels de ce dernier. Et pour cause, les troubles induits par la sédentarité ou la pénibilité du travail, comme le port de charges lourdes effectué au sein de certains secteurs, accentuent les maladies professionnelles physiques comme psychologiques. En plus de réduire les risques d’arrêts maladie et d’absentéisme, les sportifs gagneraient trois années d’espérance de vie.

Des offres sportives diverses et variées

Ce sont près de 2 000 sociétés et 40 000 salariés qui composent la Fédération Française du Sport d’Entreprise (FFSE). Team building, tapis de course, coachs sportifs… Qu’il soit question de la forme ou encore des disciplines dispensées, le sport en entreprise peut prendre de multiples aspects. Des infrastructures sont parfois directement intégrées dans l’espace de travail comme c’est le cas au sein de certains grands groupes (des douches sont généralement aménagées dans le but de faciliter cette pratique). Elles peuvent également se dérouler à l’extérieur de l’entreprise comme pour les salles ou clubs sportifs. Dans ce cas précis, les sociétés auxquelles sont rattachés les salariés remboursent tout ou partie de leur adhésion voire de leur abonnement. D’autres encouragent cette pratique à travers des stages intensifs ou des séminaires sportifs. L’objectif est, bien souvent, de fédérer une équipe : on parle alors de « team building ». Mais l’émergence d’une activité sportive en entreprise peut aussi provenir d’initiatives de salariés. Dès lors qu’un certain nombre se rassemble autour d’une même pratique (souvent une passion commune) et que le groupe prend de l’ampleur, une association peut alors être créée.

Renforcer la cohésion du groupe

Parmi les sports pratiqués en contexte professionnel, 29 % se traduisent par de la marche, 26 % par du football, particulièrement pour les hommes et les salariés âgés de 30 – 49 ans, 23 % par du fitness, notamment pour les femmes, et 22 % par de la musculation, principalement pour les hommes (d’après une étude réalisée par Decathlon Pro, entre le 16 juin et le 4 juillet 2016, auprès de 257 salariés). Les sports individuels en entreprise sont toutefois loin d’être les seuls. Ceux collectifs détiennent l’avantage de réunir différents profils. En milieu professionnel, ces derniers peuvent aussi bien se révéler de simples salariés que des managers. Réunir tout ce petit monde sous la même enseigne, en laissant de côté quelques instants les rapports hiérarchiques, a tendance à rapprocher les membres de l’entreprise. S’ils œuvrent toujours pour un but commun étant donné que l’on parle de sport collectif, cette fois-ci, le stress reste sur la touche. Mobilisant des qualités telles que l’échange, l’écoute et l’esprit d’équipe, ce moment de détente et de partage ne fait que renforcer le sentiment d’appartenance de chacun des membres de la team. Au bout du compte, ne serait-ce pas là l’occasion de générer plus d’engagement mais aussi de loyauté de la part de vos salariés ?

Un moyen de rétention des talents

Alors que le bien-être au travail est de plus en plus plébiscité par les nouvelles générations de salariés, le sport a, lui aussi, tendance à attirer mais également, à conserver les talents. Les entreprises où il fait bon travailler semblent avoir pris le pouvoir ces dernières années. Nombreuses sont les start-up à intégrer sport et détente dans leur politique de management. Et pour cause, les entreprises le savent, les grands groupes n’ont plus le monopole en matière de recrutement. Les salariés ne considèrent plus en priorité la marque et la notoriété de l’entreprise mais davantage le bien-être qu’elle leur procure. Pour 83 % d’entre eux, adopter une approche sportive confère une image « dynamique » à l’entreprise en question et, pour 56 %, un aspect « humain » et « moderne », toujours selon l’enquête menée par Decathlon Pro. De leur côté, les entreprises, qui peinent de plus en plus à conserver leurs perles rares, n’ont d’autres choix que de se plier à la règle.

Quand les start-up s’y mettent…

Dans les sociétés où l’esprit start-up prédomine, la pratique d’une activité sportive est, bien souvent, encouragée. Pour certaines, le sport fait même partie intégrante de la culture d’entreprise à travers des activités physiques destinées à motiver les troupes et à faire valoir la cohésion d’équipe. Mis à part celles dites de « team building », une autre pratique est, elle aussi, mise à l’honneur : le yoga (ou la méditation). Par exemple, Assessfirst, un service d’aide au recrutement, propose des cours de yoga à ses collaborateurs, pendant la pause-déjeuner notamment. D’autres vont même plus loin en offrant à leurs salariés une prime variant en fonction de leur activité sportive mais aussi de leur sommeil. C’est le cas de l’entreprise américaine Casper, spécialisée dans la vente de matelas, qui reverse des bonus pour chaque heure de sport et de sommeil effectuée grâce à un système de géolocalisation. 17 centimes d’euros sont reversés par kilomètre de marche, 1,70 euros par kilomètre à vélo ou par nuit de sommeil complète. Le tout plafonné à 190 dollars, soit environ 170 euros, chaque mois.

Les structures d’accompagnement personnalisé

Face à l’engouement de certains quant à la pratique du sport en entreprise, des structures d’accompagnement personnalisé fleurissent un peu partout. Sport Heroes Group, à titre d’illustration, incite à faire courir les salariés. Pour les encourager à pratiquer cette activité, elle propose des récompenses telles que des bons de réduction valables chez certaines grandes marques. Wellness Training se place, elle, comme une société française experte du « mieux-être » en entreprise. Des salles de remise en forme (fitness, sieste, luminothérapie…), à l’architecture (matériel, décoration, animation), la structure dispose d’une offre globale pour favoriser le sport au travail. « Parce que l’homme est au cœur du sport. » Le slogan de l’enseigne De Sport & D’esprit marque, lui aussi, bel et bien la tendance en s’adressant spécifiquement aux dirigeants d’entreprise, particulièrement aux acteurs du sport. Elle leur propose ainsi de bénéficier d’un accompagnement personnalisé permettant d’« appréhender les nouveaux impératifs économiques, sociaux et environnementaux du sport amateur et professionnel ».

Le sport, freiné dans sa course

78 % des salariés interrogés déclarent qu’ils pratiqueraient du sport en entreprise si les conditions étaient réunies, soit plus de 20 millions de personnes en France. En tête de liste des motivations, décompresser, déstresser, s’oxygéner, conserver une bonne forme physique, perdre du poids et renforcer la cohésion d’équipe. Malgré cet engouement, les freins liés à l’expansion de cette pratique restent nombreux. Certains évoquent l’absence d’un lieu pour faire du sport ou bien d’un local pour se changer et se doucher, le coût, le manque de temps mais aussi le besoin d’un coach. Pour d’autres, il est question d’obstacles logistiques tels que le manque d’accompagnement ou encore d’informations au sujet de l’installation de dispositifs sportifs. D’autant plus que, selon la taille des structures, les moyens utilisés pour cette pratique ne peuvent, en principe, s’avérer les mêmes… Pour pallier ces freins, le ministère des Sports, le CNOSF (Comité National Olympique et Sportif Français), le Medef et l’Union Sport & Cycle devraient s’attacher à concevoir un large plan d’action ayant pour objectif la mobilisation d’un grand nombre d’entreprises. Les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, organisés par la Capitale, se présentent d’ailleurs comme un véritable atout pour remettre le sport au centre des préoccupations.

Ce qu’en pensent les médecins…

L’ensemble des médecins semble s’accorder pour dire que les TMS (Troubles Musculo-Squelettiques) observés chez leurs patients fluctuent selon les métiers exercés et doivent donc être étudiés au cas par cas. L’enjeu serait de pouvoir diagnostiquer les différents types de sports à pratiquer en entreprise. Il est vrai qu’en principe, un cadre sédentaire n’a pas les mêmes besoins qu’un ouvrier sujet à une charge de travail pénible. On constate néanmoins un facteur à l’origine de nombreux maux : les objets connectés. Bien des pathologies seraient liées à l’utilisation d’ordinateurs, tablettes ou Smartphones, ou plutôt, à leur mauvaise utilisation. Être assis quasiment une journée entière dans la même posture a tendance à favoriser les TMS, d’autant plus que la position adoptée n’est souvent pas la bonne. Il ne faut donc pas hésiter à se lever, faire des pauses (aller aux toilettes, prendre un café…) afin de relâcher les muscles et, par la même occasion, la pression. S’il n’est pas toujours nécessaire de pratiquer une activité sportive longue et coûteuse, adapter la position de son écran et de sa chaise selon sa morphologie fait également partie des précautions d’usage.

Une discipline à pratiquer sans limite ?

Bien que le sport en entreprise demeure source de bien-être, le danger est qu’il devienne un facteur aliénant pour les salariés. Pratiquer une activité en milieu professionnel doit avant tout rester un choix et non une contrainte. Or, selon des experts, certains dirigeants inciteraient trop fortement leurs employés à adopter un rythme sportif au travail dans le but d’améliorer leur productivité et parfois même pour réduire absences et frais de santé. Autre point sujet à polémique : la pratique du sport en entreprise pourrait bien créer ou amplifier certaines inégalités entre les salariés. En résumé, encourager le sport en entreprise reste une bonne idée à partir du moment où celui-ci est basé sur le volontariat.

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