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Start-Up

Quand tu lances ta boîte mais que rien n’est facile !

William Boiché, cofondateur de Compta Clémentine

Interview de William Boiché, cofondateur de Compta Clémentine, votre comptabilité en ligne. Retour sur la création et le développement de son entreprise. Un chemin semé d’embûches !

Comment est née l’idée ?

L’idée est née d’une discussion avec mon père autour d’un dîner familial à Noël où nous avons perçu que nous avions des compétences à associer, lui, des connaissances techniques de comptable et moi de web, sur un marché où il n’y a pas d’expert-comptable en ligne comme par exemple les assureurs ou les banques en ligne.

Qu’est-ce que Compta Clémentine ?

Clémentine aujourd’hui c’est un expert-comptable en ligne qui propose d’associer un comptable dédié pour vous conseiller tout au long de l’année sur votre comptabilité, de vous renseigner sur vos problèmes fiscaux, vos obligations fiscales, avec une technologie intuitive : une plateforme de pilotage de votre comptabilité, pas besoin de connaissances comptable, vous pouvez avoir votre comptabilité à jour de façon journalière ou bien hebdomadaire ou mensuelle en fonction du nombre de fois où vous vous connectez à l’application. Vous pouvez y récupérer des tableaux de bord de votre activité.

Pourquoi Compta Clémentine ?

Nous mangions des clémentines ! La première idée est sortie de là, nous voulions prendre l’image de la clémentine pour la « rendre sans pépins ». C’était tout bête, nous avons cherché un nom sérieux mais sommes revenus à Clémentine, qui était un nom simple que tout le monde autour de la table avait retenu. Il s’agissait d’un nom simple, qui correspondait à l’image que nous voulions donner à l’entreprise.

Serial entrepreneur ?

J’ai lancé un projet de transport de personnes, un peu comme aujourd’hui il existe des Ouibus Flexibus, avec des minibus à l’époque pour transporter des gens entre Paris et Nancy, j’allais même parfois jusqu’à Strasbourg, donc sur tout l’axe du TGV Est d’aujourd’hui et je me suis aperçu que cette activité n’était pas du tout rentable, je l’ai donc arrêtée au bout de quelques mois. Mes parents eux-mêmes étaient d’ailleurs assez surpris de cette activité-là, en parallèle de mes études, donc comme ce n’était pas rentable et prenait beaucoup de points sur le permis de conduire de mes deux salariés retraités que j’avais à mes côtés, je l’ai complètement arrêté.

J’avais aussi lancé de l’achat et de la revente de matériel médical, ce qui était une bonne activité, lucrative, sauf qu’il fallait toujours trouver de nouveaux stocks et il n’y en avait pas forcément. Je n’étais pas assez introduit dans les réseaux pour aller plus loin et créer le réseau nécessaire prenait beaucoup plus de temps que je n’en avais. Ce n’était pas trop possible, comme j’ai toujours été attiré par le web, je voulais me lancer là-dedans mais je n’ai pas trop forcé. Il me restait un peu d’argent, j’ai changé. J’avais un copain qui avait un super business dans une école, il vendait des voitures et j’avais trouvé le concept super sympa car je voyais bien les marges, c’était concret donc je suis parti avec lui dans l’aventure qui a un peu marché aussi.

Des débuts difficiles ?

Le début n’a pas été facile pour rassurer mon père : nous avions mis toutes nos économies sur la table, beaucoup d’argent, parce qu’en plus j’avais créé un site internet. Mais il a fallu passer par une agence web car c’était plus simple, ils étaient plus compétents. Nous avons donc tout repris, ce qui a couté beaucoup d’argent sans aucun fruit. La seule source que nous avons eue la première année, c’est un client, un seul prospect qui a appelé le jour de l’ouverture du site et qui a signé le jour même. Incroyable ! Nous nous sommes dits, « c’est notre eldorado, on y est arrivés ! ».

Sauf que le lendemain, plus rien, le surlendemain, plus rien, la semaine d’après, rien, le mois suivant, rien. Nous nous sommes posés des questions, « mais c’était une farce cette cliente ? » Pourtant nous nous en étions occupés, je m’en souviens très bien, c’était une dame qui achetait et revendait des vêtements d’occasion, qui est toujours cliente d’ailleurs. Après nous avons traversé le désert, aucun appel. Nous nous sommes posés des questions sur le site, était-il mal référencé ? Mais ce n’était pas le cas. Il a donc fallu réinvestir de l’argent et aller voir notre banque, la convaincre de remettre de l’argent dans quelque chose qui n’avait pas encore décollé voire même qui était toujours au balbutiement ! Et surtout j’ai dû convaincre mon père et ma mère de ne pas arrêter le projet tout de suite parce que c’est vrai que c’était un peu flippant.

Et l’équipe ?

Le plus gros problème que nous avons eu était la création d’une équipe. Nous avons perdu beaucoup de temps pour que des gens fassent confiance à notre équipe. Nous avions mis beaucoup d’énergie à l’extérieur pour que nos partenaires nous fassent confiance mais pas assez sur notre équipe, et constituer une équipe avec des gens qui ne croient pas dans le projet rend la situation beaucoup plus difficile pour avancer. Aussi, nous avons eu des démissions en cascade, même durant les périodes d’essai, les collaborateurs partaient au bout de 2 semaines.

Peut-être n’avions-nous pas la bonne méthode de management, ou parce qu’ils ne comprenaient pas le business model, mais dès que nous avons compris qu’il fallait s’intéresser aux collaborateurs avant de s’intéresser aux clients, aux banquiers ou aux fournisseurs, nous avons décollé, nous avons créé une équipe. Nous avons insufflé de la confiance et mis en place une culture d’entreprise… Cela ne s’est pas fait en trois mois, mais en trois ans, à partir de là, nous avons trouvé des personnes qui nous ont fait confiance.

Un de mes meilleurs amis nous a rejoints dans l’expérience dès la première année et il y avait une bonne ambiance. Et ensuite il ya eu un début de culture d’entreprise, nous allions tous au restaurant… maintenant nous sommes allés beaucoup plus loin dans la culture d’entreprise, qui est très importante pour donner de la force à l’entreprise. Nous partons tous les ans à l’étranger pendant 4-5 jours. Nous sommes partis en voyage ensemble, à Barcelone, en Croatie…

Quelles ont été les déclencheurs du succès ?

Nous étions à court de trésorerie lorsqu’un banquier nous a fait confiance, ce qui nous a beaucoup encouragé à continuer. A ce moment-là, j’avais vendu ma voiture pour continuer à remettre de l’argent mais au bout d’un moment, il n’y avait plus rien à vendre. Nous avons vu trois banques qui ont refusé le prêt, même deux qui nous ont refusé d’ouvrir le compte bancaire de la société donc c’était compliqué ! Ensuite, une banque a accepté d’ouvrir un compte avec nous, puis trois autres banques ont refusé de nous prêter de l’argent, la quatrième a accepté, donc nous avons ouvert un compte dans une autre banque. La réussite, c’est la perspicacité, la ténacité, ne pas baisser les bras. C’est à force de se battre qu’on y arrive.

Nous y croyions tellement fort, je crois qu’en plus mon père a eu un déclic en voyant que je n’abandonnais pas, cela lui a permis d’entrer dans la même dynamique alors qu’il n’y croyait plus trop, vu nos problèmes. Nous avons vraiment foncé tous les deux, les gens nous ont suivis car il y avait une réelle motivation et un vrai projet, ce qui a créé une synergie positive. J’ai amélioré le site web, et je travaillais de 7h à 23h tous les jours week-end compris. J’ai disparu des radars de mes amis, même ma sœur, je ne la voyais plus, car elle était à Paris et moi à Nancy.

Il a fallu une énorme volonté et beaucoup de travail ce qui a aussi emmené notre équipe dans cet état d’esprit et à mon avis toutes les entreprises qui finissent par marcher passent par une étape très difficile, qui débouche sur le succès. Notre combat et notre persévérance ont fait notre réussite.

Une levée de fonds ?

Chaque année de notre développement, nous avons fait attention à garder de bonnes relations avec nos partenaires financiers qui étaient des banques et l’année dernière nous sommes allés la voir pour un financement, elle nous a renvoyés vers la BPI. Parce que nous voulions quelque chose de trop important qui nécessitait trop de cautions personnelles, le projet était tout jeune, l’entreprise était jeune, moins de 5 ans. Nous y sommes allés, la BPI nous a refusé deux fois, je m’y rendais avec différentes personnes, et la troisième fois, accompagné de mon responsable financier, ami de longue date, nous avons rencontré quelqu’un qui a compris notre business, qui nous a présenté quelqu’un d’autre de vraiment spécialisé sur le financement des start-up et la BPI nous a financé il y a 6 mois.

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