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Le buzz de la semaine : le webzine Konbini relaie des propos douteux

Vendredi dernier, un nouvel ouragan s’est abattu sur la twittosphère. Le média Konbini, connu pour son ton décalé, a publié la vidéo d’un micro-trottoir sur la meilleure façon de séduire la gent féminine… L’un des participants invitait à « faire boire les filles » et la diffusion de tels propos a profondément choqué les viewers. Accusé de cautionner des « méthodes de violeur », le webzine a manifestement opéré un mauvais choix de publication.

« Faire boire la fille »

Le webzine d’information et de divertissement Konbini jouit d’une certaine popularité auprès du grand public. Sur un ton décalé, il dénonce, tour à tour, l’homophobie ou le racisme en relayant, par exemple, les propos fédérateurs de Paul Pogba lors de la campagne RESPECT lancée par l’UEFA : « peu importe qui vous êtes et d’où vous venez, il y a une manière de jouer au football et de l’apprécier. Si nous réussissons à augmenter la diversité et l’accessibilité dans le football, il se développera et s’améliorera pour tous. Je pense que le football peut contribuer à réunir les communautés et à montrer que nous sommes tous égaux, sur le terrain et en dehors ». On peut aussi y consulter des articles sur une start-up ougandaise fabriquant des serviettes hygiéniques à bas coût ou encore les résultats d’un sondage présentant Bernie Sanders comme la personnalité politique préférée des Américains. Un positionnement qui fait que, lorsque les internautes ont découvert une vidéo contenant des propos tendancieux vendredi dernier, cela a suscité leur indignation. Le film en question, d’une durée de 1min30, se présentait sous la forme d’un micro-trottoir, dans lequel on demandait aux passants la meilleure technique pour « draguer une fille ». Au bout de 40 secondes, on pouvait entendre un participant dévoilant sa recette secrète pour conquérir l’objet de son affection : « faut faire boire la fille un maximum. » Conscient du caractère potentiellement sexiste de son idée, celui-ci ajoute avec un grand sourire et un calme olympien « technique de chien mais efficace ». Le féminisme en prend un coup…

Une avalanche de critiques

Repérée par le journal Libération, la diffusion de ce conseil fort avisé ne tarde pas à générer le bad buzz. Les internautes s’indignent, rappelant qu’une personne sous l’emprise de l’alcool n’est plus maîtresse de ses actes et dénoncent rapidement l’incitation au viol. Envahi par une vague de critiques, le site se voit obligé de retirer la vidéo mise en ligne le jeudi soir et le lendemain, à 10h58 présente ses excuses officiellement sur Twitter au travers de deux messages : « Nous avons publié hier une vidéo qui relayait des propos inappropriés. Vous avez été nombreux à nous écrire pour nous signaler ce contenu », suivi d’un autre texte d’excuses : « Nous nous excusons auprès de tous ceux que nous avons pu choquer ». Un geste pris en note mais pas forcément accepté par tout le monde car ces posts suscitent tout autant de reproches : « Le problème n’est pas que vous ayez choqué, c’est que personne dans votre rédaction ne l’ait été », tweete une certaine Julia Castanier. « Au lieu de faire de fausses excuses mettez-vous vraiment en cause car vous avez participé à valider aux yeux de plein de gens une situation de viol », rétorque une internaute sous le pseudo de camphoto, avant de compléter sa pensée : « La moindre des choses serait de venir s’exprimer dessus et de rappeler pourquoi ce qui a été dit et ce que vous avez validé est immonde. » Ce que le rédacteur en chef, Louis Lepron, s’est empressé de faire peu de temps après.

Quand le rédacteur en chef s’en mêle…

Face à l’ampleur qu’on pris les choses, le rédacteur en chef s’est vu dans l’obligation d’intervenir. Pas d’excuses cette fois-ci, juste la reconnaissance d’une faute commise par la rédaction. « Nous avons fait une erreur, nous l’assumons, et ça ne se reproduira pas », assure-t-il, après avoir insisté sur le fait que cela « va à l’encontre de toutes les idées et valeurs pour lesquelles le média s’est battu ces dernières années » et que « c’est, au-delà d’être d’un propos choquant, un exemple flagrant de la culture du viol ».

Un combat féministe loin d’être terminé

Plusieurs organisations de défense du droit des femmes se sont indignées devant la négligence du site. Le collectif « Prenons la Une », cofondé par deux journalistes, Léa Lejeune et Claire Alet, ancienne journaliste d’Alternatives économiques, fait partie des premiers à avoir réagi. Cet organisme se concentre sur le traitement médiatique des violences faites aux femmes et tweetait, en réponse à Konbini, que le média « allait trop loin » et qu’il « faudrait préciser qu’on est dans l’incitation au viol ». Les polémiques dénonçant le sexisme sur ce même réseau social restent, néanmoins, monnaie courante. Pas plus tard que le mois dernier, lors de la visite de Rihanna à l’Élysée, le caricaturiste Alex s’était vu adresser une foule de reproches pour son dessin indiquant que la chanteuse viendrait parler d’éducation sexuelle au président. Celle-ci le rencontrait en réalité dans le but d’aborder l’éducation des populations défavorisées. Autre exemple, en décembre 2016, la SNCF essuyait les quolibets des internautes quand elle se vantait de l’écart « de seulement 4 % » entre les salaires masculins et féminins dans la société. Les débats de ce type demeurent récurrents et les micro-bloggers de Twitter se sont, jusqu’à maintenant, toujours révélés présents pour crier à l’injustice.

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