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Start-Up

Weezevent : révolutionner et innover la billetterie en ligne

Pierre-Henri Deballon. Co-founder and CEO at WEEZEVENT

Fondée en 2008 par Pierre-Henri Deballon, Sébastien Tonglet et Yann Pagès, Weezevent, spécialisée dans la billetterie en ligne, est l’un des acteurs qui bouscule le secteur de l’événementiel. Face à un marché vieillissant, l’entreprise dijonnaise propose une solution innovante et peu coûteuse aux organisateurs d’événements. Malgré les difficultés qui peuvent survenir à tout moment, son maître mot est de se réinventer et d’innover sans cesse. 

« Weezevent, c’est une solution qui permet à des organisateurs d’événements, en quelques secondes et en quelques clics de façon très simple de créer une billetterie, qui va leur permettre de vendre des billets lors d’événements professionnels, de spectacles ou encore de conférences. » résume Pierre-Henri Deballon, son cofondateur. Un concept qui marche puisqu’aujourd’hui, la société a permis de distribuer plus de cinquante millions de billets pour des événements de tout type et de toute taille. Elle a équipé plus de 400 festivals comme le célèbre Hellfest et les Vieilles-Charrues ainsi que des marques comme Red Bull et des clubs de Ligue 1 notamment le PSG. Elle a remporté le prix Deloitte de la société européenne à la plus forte croissance en 2014. L’idée germe lorsque Pierre-Henri Deballon et Sébastien Tonglet, organisateurs d’événements, ne trouvent pas d’inscriptions en ligne qui répondent à leurs besoins et se décident avec Yann Pages à créer une solution performante, qu’ils ne peuvent obtenir auprès de leur confrères.

Une stratégie en trois points

Pour s’imposer sur le marché de la billetterie, les fondateurs ont choisi une stratégie basée sur trois axes essentiels. Dans un marché avec un monopole historique, dominé par des acteurs comme Fnac, le premier axe de Weezevent était d’innover dans un secteur qui ne se renouvelait plus et qui était uniquement concentré sur un modèle pré-établi. Le deuxième axe était de mettre l’accent sur ce que souhaitaient les clients et de ne pas se tromper dans leurs choix, en proposant le produit qui était attendu sur le marché. Le troisième axe a été de se focaliser sur l’aspect économique avec un business model assez basique avec lequel l’entreprise ne prend une commission que sur les billets vendus. Si des organisateurs proposent des événements gratuits ou s’ils ne rencontrent pas le succès espéré, ils n’ont ainsi pas à engager des frais et des investissements trop conséquents. « Avec ce modèle-là, avec des commissions faibles, un euro par billet, cela nous a permis d’apporter une innovation, qui convient bien aux clients et qui diffère de ce que font les acteurs existants » explique le cofondateur.

Des difficultés et des défis permanents

Tout n’a pas été facile pour autant puisque la société a traversé des difficultés et des défis, qu’ils ont parfois dû débaucher sur des échecs. Mais Pierre-Henri Deballon relativise ces épreuves qui permettent à chacun de s’améliorer :« Pour créer une entreprise, il faut aimer les soucis, si vous n’aimez pas résoudre les problèmes, il ne faut surtout pas créer d’entreprise. Le plus important, et ce qui explique le succès de Weezevent, c’est que nous avons rencontré une succession d’échecs, mais qui n’étaient assez graves pour que la société périclite et surtout nous nous sommes efforcés à ne pas les répéter afin d’apprendre et de nous améliorer. ». Les fondateurs ont eu beaucoup de mal à lever des fonds. Cinq années, avec beaucoup de temps et d’énergie dépensés, ont été nécessaires pour y arriver après des revers en business angel et en série A (second tour de table d’investissement, ndlr). « Après c’était aussi formateur, cela nous a permis d’affiner notre business model, de continuer à prouver, par les chiffres et par l’attraction de la société, qu’il y avait un vrai modèle derrière. Nous étions focus dessus pour prouver à tous ceux qui ne voulaient pas investir chez nous, qu’ils avaient tort. Je crois que nous leur avons plus que prouvé. » souligne l’entrepreneur. Du côté des équipes de produits et de développeurs, les débuts ont été un peu timides, tant il n’était pas évident pour les dirigeants de trouver les mots justes pour les amener là où ils voulaient aller. Mais leur principale erreur, c’est d’avoir voulu se lancer trop tôt à l’international en faisant notamment une traduction de leur site. Une perte d’énergie et de temps au détriment du marché français selon Pierre-Henri Deballon : « En réalité, il ne fallait pas seulement traduire un site, il fallait qu’il y ait une équipe sur place qui nous suive. L’ambition était prometteuse mais les moyens et le timing n’étaient pas pertinents, nous aurions pu nous concentrer encore davantage à ce moment sur le marché français, dans lequel nous n’existions pas encore. »

Se réinventer pour marquer l’innovation et le dynamisme

Face à la concurrence, l’entreprise veut se différencier et montrer qu’elle est là pour durer. « Nos concurrents aujourd’hui sont pilotés par des managers, qui n’ont pas été des organisateurs d’événements, qui n’ont pas créé de sociétés mais plutôt qui se sont concentrés sur une carrière. Ils sont de passage. Ils ont une vision à très court terme sur deux ou trois ans. Nous, nous sommes en train de construire un modèle, nous ne sommes pas là pour prendre quelques parts de marché et de plus-value puis nous en aller. » Afin de montrer que Weezevent est une entreprise dynamique, qui se réinvente constamment et innove toujours autant, les dirigeants ont décidé de faire évoluer son image, à l’occasion des dix ans de la société. Un nouveau logo et un nouveau site web ont été mis en place tandis qu’une clarification de son offre a été entreprise. Un moyen de mettre en lumière la réalité actuelle de l’établissement. « En termes de stratégie, il y avait un enjeu pour nous. Au début, nous avons créé un produit d’un seul bloc, dans lequel nous pouvions réaliser plein de choses, puis nous nous sommes rendu compte qu’il y avait des usages incontournables comme le ticketing pour éditer des billets ou des invitations, la partie contrôle d’accès et puis la partie cashless que nous avons lancées et qui équipent pratiquement tous les festivals français et de plus en plus de festivals européens. » indique le cofondateur. A partir du diminutif « Weez », ils ont alors adapté leur produit autour de 4 applications : WeezTicket, WeezAccess, WeezPay et WeezTarget. La première est une solution de billetterie, d’inscription en ligne et de vente sur place qui effectue notamment la gestion d’invitations tandis que la deuxième permet un contrôle d’accès et de suivi des entrées pour tous les types d’évènements via une application mobile ou des terminaux de scan professionnels. La troisième est une solution de paiement cashless (« sans monnaie » en français, solution de paiement dématérialisé via technologie NFC offrant la possibilité d’utiliser une carte, clé, bracelet comme porte-monnaie, ndlr) tandis que la dernière est un logiciel de Gestion de Relation Client qui permet aux organisateurs d’analyser et d’exploiter leurs bases de données pour des communications ciblées et personnalisées. « Cette nouvelle stratégie fait partie de la maturation de notre entreprise, qui va continuer à grossir et à se structurer. »

Un projet de développement clair

Niveau projet dans l’avenir, Weezevent a un objectif clair et précis. L’entreprise souhaite accélérer son développement à l’international. « Aujourd’hui, 95 % de nos chiffres sont réalisés sur le marché français et tout l’enjeu, c’est que notre société fasse plus de 50 % à l’étranger dans les années qui viennent. Réussir là où beaucoup d’entreprises françaises échouent et faire un bon cocorico avec notre drapeau dans tous ces pays. » En très forte croissance, la société a implanté cinq bureaux à Paris, Montréal, Madrid, Londres et Lausanne et réalise des ventes dans plus de trente pays. Son enjeu est de continuer à avancer et de surtout devenir un acteur incontournable. Pour cela, elle a changé son logiciel, passant d’une entreprise franco-française à une firme plus ouverte sur le monde. « Nous cherchons à recruter des gens qui soient au minimum bilingues et des profils avec plus d’expérience, qui nous font gagner du temps et nous aident à structurer car ils sont meilleurs que nous sur des sujets que nous leur confions alors qu’au début, nous avons travaillé plutôt avec des stagiaires et nous étions souvent plus expérimentés qu’eux. » précise Pierre-Henri Deballon. Si les deux fondateurs ont cherché à réaliser des levées auprès de Business Angels au début de l’entreprise, aujourd’hui le but n’est plus de le faire par ce biais. « Nous ne souhaitons pas faire d’autres levées de fonds. Avec ces dernières, vous vous associez avec vos actionnaires, avec des contraintes et un cadre un peu moins libre. Nous avons envie de garder le plus de liberté possible et surtout, nous avons le luxe de pouvoir le faire car la société est rentable. Nous finançons plutôt nos projets avec de la dette ou en allant chercher des fonds par le biais d’emprunts qui nous permettent ensuite de faire des acquisitions et de continuer le développement de l’entreprise. »

À vous de l’appliquer dans votre boîte !

  • Beaucoup travailler. Il faut être prêt à bosser sans compter les heures car cela finit par payer.
  • Être bien accompagné. Quand on crée une société, cela prend beaucoup de temps et d’énergie. Il faut que les personnes l’acceptent pour qu’il n’y ait pas de poids qui pèse en plus.
  • Former une équipe avec son associé. Le succès de Weezevent, c’est la voix d’un duo. Sans cela, nous n’aurions pas pu créer celle-ci.
  • Bien recruter. C’est vous qui portez le projet, mais pour qu’il marche, il faut que vous recrutiez des personnes qui ont des qualités et un profil identique au vôtre.
  • Se servir et s’appuyer sur les défauts des concurrents. Leur immobilité vous permet d’être plus fort qu’eux.
  • Être malin c’est-à-dire, au début, faire avec peu de moyens mais être inventif.
  • Casser les codes. Ne pas hésiter à sortir des lignes tracées dans lequel on veut vous enfermer et être en rupture avec les pratiques habituelles du marché.
  • Ne pas se lancer trop tôt à l’international. Il faut ne pas sauter les étapes. D’abord être champion dans son pays.
  • Savoir se séparer des gens de façon intelligente en prenant beaucoup de recul si cela s’avère nécessaire.
  • Communiquer avec ses équipes, s’aligner et faire passer des messages pour pas être seul à porter tout le projet.

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