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Ces start-up qui se spécialisent dans le secteur de la mort

La mort comme occasion de business… L’idée peut apparaître comme surprenante tant la disparition des êtres chers est censée rester une affaire privée et dénuée de tout aspect financier. Le secteur de la mort s’est toutefois engagé, ces dernières années, dans une profonde mutation. Rien qu’en France, le marché funéraire pèse environ 2,5 milliards d’euros. À l’ère du numérique et de l’innovation technologique, de plus en plus de start-up se spécialisent dans ce secteur encore tabou pour le transposer dans l’univers du e-commerce.

56 millions de morts ont été enregistrés dans le monde en 2015, selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé, ndlr). En 2025, le nombre de décès devrait dépasser celui des naissances, selon l’Insee (l’Institut national de la statistique et des études économiques, ndlr). Ces statistiques sont particulièrement importantes pour les start-up qui se consacrent au commerce funéraire. De la transmission de données, des cercueils connectés, un algorithme qui prédit le décès d’un patient, autant de projets inattendus qui voient le jour.

Aspire Health, l’algorithme qui prédit le décès

Cofondée par l’ancien sénateur américain Bill Frist et Brad Smith à Nashville, la start-up américaine Aspire Health anticipe le décès de patients gravement malades dans l’année qui suit. La société a calculé qu’un quart des frais d’assurance-maladie aux États-Unis, plus de 150 milliards de dollars, est dépensé pour les personnes qui vont mourir en l’espace de douze mois. Leur objectif, en prévoyant la date exacte du décès, est de limiter les traitements onéreux pour se focaliser uniquement sur les soins palliatifs à domicile et sur le bien-être des patients. Grâce à plusieurs algorithmes, la firme serait ainsi capable de prévoir la mort dans l’année, d’individus atteints de cancers, d’insuffisance cardiaque ou de maladies pulmonaires. En les identifiant, il serait alors plus facile de leur proposer une médication spécifique et adaptée. La société emploie des infirmières, des aumôniers et des médecins, en complément d’une équipe médicale existante. Ils sont disponibles 24 heures sur 24 pour se rendre au foyer du patient ainsi que pour dialoguer au téléphone. Depuis sa création, l’entreprise a travaillé avec plus de quinze mille malades et a réalisé près de cent mille visites à domicile par an. Ce concept a séduit le fonds d’investissement GV (anciennement Google Ventures, ndlr) qui a investi plus de trente-deux millions de dollars.

Digital Legacys : le cercueil connecté

Créée en 2013 par un couple habitant en Pennsylvanie, Lorie et Rick Miller, l’entreprise Digital Legacys propose de transmettre des souvenirs aux proches des défunts, à l’aide d’un outil particulier. Elle fournit des étiquettes QR (pour « Quick Response », code-barres sous forme de petit carré à modules noirs, ndlr) en acier inoxydable résistant aux intempéries qui peuvent être accrochées à un cercueil, un monument commémoratif ou une pierre tombale. Les visiteurs d’un cimetière munis d’un Smartphone et d’une connexion Wi-Fi scannent le code qui les renvoie à une page web intégralement constituée pour célébrer la mémoire du mort. Le site peut être protégé par mot de passe afin que seuls les proches puissent y accéder. Sur celui-ci vont alors défiler des photos, des vidéos, une biographie du défunt ainsi que ses morceaux de musique préférés. Un livre d’or est même disponible pour inscrire des messages d’affection. Les époux Miller ont inventé ce procédé dans l’intention de se remémorer joyeusement un parent, un ami ou même un animal de compagnie disparu et de transmettre un héritage aux générations futures. Côté prix, il faut débourser entre 99,99 dollars (soit 74 euros, ndlr) pour un accès d’un an et 149,99 dollars (soit 112 euros, ndlr) pour un accès illimité. Une sorte d’immortalité numérique pour les personnes décédées.

Transmitio aide à gérer la transmission numérique

Assurer la transmission des données numériques d’un entrepreneur décédé… Voici l’objectif que Benjamin Rosoor et Marc Bouguié se sont lancés en 2015 avec leur start-up française, Transmitio, en lançant une plateforme en ligne. Ils sont partis du constat que de nombreuses petites et moyennes entreprises disparaissaient en raison de la mort de leur dirigeant. L’augmentation de la dématérialisation des documents et l’usage du Cloud dans les sociétés a multiplié le nombre de codes et accès en possession des entrepreneurs. En moyenne, il y a vingt-sept identifiants que seul le directeur connaît. En cas de décès, la perte de ces données paralyse l’activité et menace l’avenir de la firme. Avec sa plateforme, Transmitio se charge de prévoir et gérer le transfert de ces mots de passe. L’homme d’affaires crée un espace personnel dont personne n’a accès et où celui-ci peut laisser des instructions d’utilisation. Un modèle de testament personnalisé et validé par un notaire lui est proposé. Il désigne alors un bénéficiaire par service comme son associé ou son comptable. Le document est ensuite enregistré au FCDDV (Fichier Central des Dispositions de Dernières Volontés, ndlr). Pour bénéficier de cette plateforme, l’entrepreneur doit débourser 399 euros.

Le marché de la mort connaît une expansion et une évolution depuis quelques années. Même la Mairie de Paris se lance dans ce secteur. Avec les SFVP (Services Funéraires de la Ville de Paris, ndlr), elle propose une offre « révolution obsèques » pour 789 euros, incluant un cercueil en pin massif et le transport du défunt en corbillard. La municipalité a également lancé une plateforme de crowdfunding, Tontine 2.0, afin d’aider les familles en difficulté, ayant peu de moyens pour financer l’enterrement d’un proche.

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