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CréerFemme et entrepreneuriatStart-Up

Quel est le meilleur moment dans la vie d’une femme pour créer son entreprise ?

Interview de Sandra Le Grand, PDG fondatrice de Canalce

Peut-on créer son entreprise dès la fin de ses études ?

Bien sûr, l’impulsion créative peut arriver à la fin des études, parfois grâce à une petite expérience (montage d’un projet, d’un évènement, de recherche de sponsor pour une manifestation etc..) dans des juniors entreprises ou des associations d’étudiants qui nous a donné envie et nous a donné confiance en soi dans la réalisation d’un projet de A à Z, avec énergie, courage et réussite. Alors pourquoi ne pas se lancer « en vrai » ? Si l’on attend, sous prétexte de ne pas avoir l’âge ou l’expérience, on risque de passer à coté de quelque chose de formidable et, peut être, de ne jamais réaliser son projet. En revanche, il y a comme dans tout « timing » des avantages (jeunesse, insouciance, énergie, rien à perdre/tout à gagner, disponibilité, etc..) et des inconvénients (peu d’expérience, peu de moyens financiers, peu de réseau professionnel …).

Est-ce une solution pour les seniors qui ne trouvent pas d’emploi ?

Oui on peut créer à tout âge. En revanche, il faut peut-être envisager un tutorat inversé, c’est à dire non pas le schéma classique du senior qui prend sous son aile un jeune, mais plutôt celui d’un jeune qui influence le senior sur des axes internet, nouvelles technologies, pratique de l’informatique, outils web, solution d’externalisation, nouveaux réseaux de commercialisation et notamment réseaux sociaux. Les seniors peuvent aussi créer des sociétés de consultants afin de faire bénéficier les jeunes créateurs de leur expertise.

Y’a-t-il vraiment un bon moment pour créer ? Comment avez-vous choisi le vôtre et par rapport à quels critères ?

Le besoin de créer son entreprise est une impulsion que l’on sent venir en soi, une envie qui devient plus forte que tout. Dès que l’on ressent cela, je pense que le bon moment pour créer est arrivé. Bien sûr on est tenté de faire l’exercice qui consiste à mettre dans une colonne les risques/inconvénients et dans une autre les opportunités/avantages, mais il faut dépasser ce schéma rationnel. Pour se lancer, il faut une petite touche d’inconscience et d’encouragement de son entourage. La première condition nécessaire est d’être supporté par ses proches, à commencer par son conjoint et sa famille, afin de ne pas culpabiliser au moindre faux pas !

Pour ma part, j’ai choisi de le faire après 10 ans d’expérience dans un grand groupe, mais j’ai été encouragée par le phénomène des années 2000 : start-up, levées de fonds et… le support précieux de mon mari ! N’ayant jamais changé de société pendant 10 ans après mes études, j’ai demandé à mon conjoint cette fois-ci de ne pas bouger de son emploi, pour que je puisse me lancer. Je préconise de sécuriser tout de même la famille car la création d’entreprise, bien que passionnante, reste un exercice risqué !

L’entrepreneuriat au féminin est-il compatible avec la vie de famille ?

Oui, bien entendu. En revanche, il faut savoir s’entourer, déléguer et ne pas essayer de tout faire, au risque de se fatiguer et de ne pas tenir dans la durée. Grâce à ces précieuses aides, l’entrepreneuse peut préserver des moments de qualité avec sa famille. Quelques règles tout de même : il faut qu’elle veille à conserver ses week-ends, à rentrer une à deux fois par semaine suffisamment tôt pour dîner avec sa famille, à passer des vacances reposantes qui permettent de déconnecter.

Quels sont les sacrifices à faire ? y’en a-t-il plus pour une femme que pour un homme ?

Je n’aime pas le mot sacrifice, auquel je substitue les termes d’efforts, de contraintes, ou de choix. Le premier est financier : au début on investit, on ne se paie pas beaucoup, et on ne profite pas du confort d’un salaire qui tombe, d’un 13e mois, d’un intéressement, d’une participation, de bonus ou voiture, de mutuelle…. Le deuxième est le temps de travail ou la disponibilité à y consacrer, et ce quasi non-stop dans l’esprit. La création d’entreprise est un vrai projet de vie : on y pense souvent, on s’endort avec, pas forcément en ressassant les problématiques, mais aussi par passion et enthousiasme.

Le créateur ressent le besoin d’échanger sur son projet en famille ou entre amis. Un entrepreneur doit également travailler son réseau en participant à de nombreuses manifestations qui peuvent prendre du temps sur le créneau horaire réservé à la vie familiale. Homme ou femme, tout entrepreneur vit le même combat. La femme doit néanmoins enchaîner avec un deuxième plein-temps lorsqu’elle rentre chez elle avec la gestion de sa vie familiale.

Faut-il être passionné par le secteur d’activité dans lequel on veut se lancer ?

Oui la passion est nécessaire si l’on veut réussir. L’entrepreneuse doit s’enthousiasmer pour le secteur d’activité bien sûr et par le monde de l’entreprise également. Mais la passion ne suffit pas. Il est également indispensable d’avoir de l’ambition pour s’imposer dans le secteur dans lequel on se lance. Il faut aussi savoir acquérir les divers savoir-faire essentiels pour la réussite de son activité. On ne peut pas savoir tout faire, mais il faut quand même essayer de tout comprendre, pour pouvoir avoir un avis pertinent. Pour cela, rien de mieux que d’aller sur le terrain, d’expérimenter par soi-même, de mettre les « mains dans le cambouis ». Connaître son marché est un plus, mais ce n’est pas forcément un élément indispensable. Si on ne connaît pas son marché, il faut au moins connaître son métier, son activité et son réseau. Tout cela limite le risque de défaillance de l’entreprise.

Quelle serait la mauvaise raison de créer son entreprise ?

Ce serait celle de créer sa structure par volonté d’échapper à une hiérarchie, pour essayer d’imiter quelqu’un ou encore pour gagner de l’argent. Si cela peut être une conséquence, cela ne doit pas être l’unique motivation !

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