Entretien exclusif avec Meryl Job, cofondatrice de Videdressing, le site Internet d’achat-vente d’articles de mode, qui vient de réussir à lever 4,6 millions d’euros auprès de fonds d’investissement internationaux.
Quel a été votre parcours avant la création de Videdressing ?
Je suis née aux état-Unis. J’ai grandi dans le Minnesota pour ensuite faire mes études universitaires à New York. J’ai déménagé en France pour intégrer un Master en Marketing à l’ESCP Paris. Ensuite, j’ai travaillé dans les services marketing de L’Occitane en Provence et de Chanel.
Comment vous est venue l’idée de cette entreprise ?
J’ai eu l’idée de créer le site Internet fin 2008 et je l’ai lancé un an après, fin 2009. C’est ma passion pour la mode et mon expérience dans le luxe qui m’ont donné l’idée du concept de Videdressing.com. En tant qu’adepte des ventes privées parisiennes, j’ai accumulé un certain nombre de vêtements et d’accessoires de mode, à tel point que je n’avais plus de place dans mon placard ! J’ai donc cherché un moyen de vendre ceux que je ne portais plus. Je me suis alors rendu compte qu’il n’existait que des dépôts-vente où la commission était trop élevée ou alors des sites Internet généralistes, pas adaptés à la revente d’articles de mode. C’est ainsi qu’est née Videdressing.com.
Quelles ont été les principales difficultés lors du démarrage ?
Lors du lancement du site Internet, nous avions pris le parti de ne pas internaliser la technique. Cette erreur a fortement ralenti le développement du site Internet et de ses fonctionnalités. Nous avons finalement recruté un développeur un an après, ce qui nous a sauvés.
Vous avez enchaîné plusieurs levées de fonds je crois ?
Tout à fait. Pour lancer Videdressing, avec mon associé Renaud Guillerm, nous avons levé 100 000 euros en love money. Par la suite, une deuxième levée de fonds de 300 000 euros a été lancée en 2011, suivie d’une troisième de 700 000 euros auprès de particuliers et de Business Angels en 2012. Une nouvelle levée de fonds a été clôturée en 2013 pour un montant de 4 600 000 euros provenant d’un syndicat d’investisseurs internationaux. Ce nouveau tour de financement va permettre à l’entreprise d’accélérer son développement, d’augmenter ses parts de marché en France, de renforcer son organisation et de se développer à l’international.
Comment avez-vous réussi à convaincre les fonds d’investir plus de 4 millions d’euros dans l’entreprise ?
Ce qui a avant tout convaincu nos investisseurs est la viabilité de notre modèle économique et la croissance importante de l’entreprise – l’activité a été multipliée par 5 entre janvier et décembre 2012. Cette croissance s’est faite grâce à la qualité du service offert aux utilisateurs, au bouche à oreille, et ce, même avec une utilisation très limitée du marketing payant !
Comment avez-vous réussi à faire connaître Videdressing.com ?
La stratégie originale d’acquisition de trafic gratuite basée sur des partenariats avec des blogs et sites Internet de mode fut dès l’origine l’un de nos points forts. Dès le lancement du site, nous avons développé des alliances avec de nombreux blogs de mode parmi les plus influents et avec des sites médias féminins tels que Elle.fr, Aufeminin.com et L’Express Styles. Ces derniers partenariats prenaient notamment la forme de sites co-brandés soutenus par des opérations régulières de promotion et de communication avec les partenaires. Cette stratégie nous a apporté très vite une grande visibilité sur la toile.
Beaucoup de concurrents sont arrivés depuis sur votre marché. Comment faites-vous pour que votre site Internet reste le n°1 ?
Pour nous différencier des autres places de marché, nous apportons un contenu éditorial de qualité. Autre point de différenciation : notre site est la seule plateforme de transaction C to C qui offre une garantie satisfait ou remboursé ; ce qui constitue un véritable avantage concurrentiel. Nous mettons également l’accent sur la lutte contre la revente, sur notre site Internet, d’articles de contrefaçon. à cette fin, une équipe de juristes spécialisés en propriété intellectuelle et ayant bénéficié de formations par les grandes marques procède à un contrôle systématique des articles de luxe mis en vente sur le site Internet.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier de chef d’entreprise ?
J’aime le côté challengeant et pluridisciplinaire de l’entreprenariat. Il faut savoir répondre quotidiennement à des questions et problèmes sur des domaines très différents. Chaque jour est un nouveau défi !
Aviez-vous toujours rêvé de devenir entrepreneur ?
Je pense avoir toujours eu la fibre entrepreneuriale. Je n’ai jamais eu peur de prendre des risques et j’aime mettre en forme mes idées, voir aboutir un travail de longue durée.
Qu’est-ce que vous apporte votre culture américaine dans la vision que vous avez du business ?
Les Américains encouragent fortement les initiatives individuelles. Cette culture de l’entreprenariat m’a aidée à me lancer avec une forte volonté d’accomplir ce que je désirais et d’aller jusqu’au bout de mes idées.
Comment définiriez-vous votre style de management ?
J’essaye de laisser une marge de manœuvre à mes équipes, de les responsabiliser mais tout en contrôlant le résultat final. Je suis d’une nature assez exigeante mais toujours à l’écoute, j’essaye de me rendre disponible pour répondre à leurs questions.
Votre meilleur souvenir d’entrepreneure ?
Le jour de l’ouverture du site Internet au public, le résultat d’un an de travail acharné ! Nous étions excités et un peu nerveux à l’idée de voir enfin notre idée se concrétiser, mais surtout très fiers du travail accompli.
Comment vous ressourcez-vous ?
J’essaye de m’accorder des moments de pause en partant en vacances au soleil, en bord de mer, où j’essaye de me déconnecter un maximum, même si ce n’est pas possible de le faire totalement… l’appel du devoir !