Interview Aurélie Caillaud, coach et formatrice pour les entreprises depuis 15 ans. Elle a créé sa propre entreprise AURALIA et anime des formations en développement personnel (gestion du stress, gestion du temps et affirmation de soi) pour le compte d’ORSYS. Son activité consiste entre autres à accompagner entrepreneurs, cadres et dirigeants dans le cadre de coaching ou de parcours de développement professionnel alternant temps individuel et collectif ( PEPS Entrepreneur/PEPS Evolution de carrière/ PEPS Leadership) .
Elle nous explique comment améliorer son leadership.
Quel est votre conception du leadership ?
Si j’avais une définition à donner, cela pourrait être défini comme la capacité à impliquer les autres dans le processus de réalisation d’un but au sein d’une entreprise.
Je fais une différence entre management et leadership.
- Management : je fais avancer les gens autour de moi pour qu’ils puissent accomplir la tâche.
- Leadership : je fais en sorte que mon équipe ait envie de faire les choses. J’obtiens qu’ils soient impliqués.
Le leadership : c’est la capacité d’avoir une vision et de pouvoir la montrer, c’est comment je sais exercer une influence, comment je suis moi-même un exemple, comprendre mes propres émotions et celles des autres (intelligence émotionnelle) et comment j’apporte la motivation, l’énergie à l’équipe dans laquelle je suis.
Est-ce que le leadership s’apprend ?
Oui !
Car le but est de voir où j’en suis, et comment je vais pouvoir amplifier, développer toutes ces capacités et les maintenir dans le temps. On a tous des capacités de leadership en nous, et le but est de les sortir, en les travaillant. Pour ça, il y a des clés :
- Il y a une première notion : comment je gère le leadership vis-à-vis de moi-même. Si je ne suis pas capable de m’auto-diriger, m’auto-motiver, je ne vais pas pouvoir le transmettre aux autres. Développer le leadership de soi, c’est être dans la conscience. Cela veut dire avoir une certaine connaissance de soi : de sa zone d’excellence ! Mes valeurs, mes talents, là où je suis le plus dans ma réussite, dans mes ressources,… Comment je me connais davantage, comment je m’entraîne à maintenir tout cela, et une fois que cela est acquis je vais pouvoir être leader auprès des autres. Cela est un développement constant.
- Deuxième point, comment je comprends, j’écoute l’autre. Ma capacité à me mettre à la place de l’autre.
- Troisième chose, comment je maîtrise mon « Jeu intérieur ». Il y a le « jeu intérieur » : tous les obstacles et objectifs que je me fixe moi-même pour réussir, ce n’est pas ce que l’on vit qui est important mais ce que je vais en faire pour moi et les autres.
Puis le « jeu extérieur» : les obstacles et objectifs fixés par l’extérieur et l’environnement, qui ne dépendent pas toujours de moi. Il faut donc entrainer, maîtriser ces deux parties. Pour ça, on va, entre autre comprendre nos propres croyances c’est-à-dire comprendre ce à quoi on croit, comment on se représente le monde. Si je pense que les choses ne sont pas possibles je ne vais pas pouvoir y aller et me créer les moyens de réussir. Les premiers obstacles sont toujours ceux du « jeu intérieur » et c’est pour ça que le leadership ça s’apprend : on peut travailler ça pour se développer. C’est puissant ! - Une autre clé très importante : la gestion de l’énergie. La manière dont je maintiens mon énergie dans la journée. Il faut prendre conscience de son énergie, et voir comment on la canalise, comment on la renouvelle. C’est ce qui donne de l’impulsion. Il y a des énergies qu’on appelle « archétypales », tout le monde les vit depuis sa naissance.
On parle de l’énergie de la détermination, de la bienveillance et de la créativité.
Et en fait, lorsque l’on est entrepreneur, on va chercher un équilibre pour stimuler ces trois énergies là, pour les développer. Ce que je travaille avec les personnes c’est comment connaitre son excellence, comment rentrer dans cette zone et comment la maintenir et enfin comment je vais la stimuler et comprendre celle des autres.
Est-ce que le leader a droit à ses moments de faiblesse ?
Il y a cette notion d’authenticité et de gestion émotionnelle. Quand moi-même je me sens affaibli, perturbé, comment je m’accorde le droit d’être dans cette émotion. Souvent, on entend « je suis chef d’entreprise, je n’ai pas le droit, la seule chose que j’ai le droit c’est d’avoir le sourire et la pêche, d’avoir de l’énergie. Et puis, si je n’en peux plus, je ne peux pas le partager avec beaucoup de personnes. »
Si je peux accueillir toutes mes émotions je vais pouvoir aussi accueillir celles des autres, qu’elles soient négatives ou positives. On est dans du leadership authentique. On est vrai et c’est là que ça marche. On est dans du talent et du bien-être pour soi et pour les autres. On s’autorise alors une plus grande liberté de penser et d’agir.
Donc le leadership n’est pas un comportement prédéfini à adopter ?
Non, le point commun de tout : c’est la personne, chacun est unique et chacun va gérer son leadership en fonction de lui, et non pas en fonction de la taille d’une entreprise, ou du domaine d’activité. On part toujours d’un état des lieux de la personne, de son état intérieur. On cherche le ou les blocage(s) intérieurs pour que la personne puisse commencer à croire que c’est possible. C’est un travail personnel. Il ne faut pas oublier que l’on gère les autres comme on se gère soi-même !