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CréationCréerFemme et entrepreneuriat

Entrepreneuriat, un univers machiste ?

Observatoires, sites internet, concours et plans gouvernementaux destinés à l’entrepreneuriat féminin… autant d’outils tout spécialement conçus et dédiés aux femmes, laissant penser que l’égalité des sexes n’est pas encore acquise dans la sphère entrepreneuriale. Pourquoi les femmes sont-elles moins nombreuses à créer ou reprendre des entreprises ? Focus sur les difficultés à se faire une place dans un univers largement dominé par la gente masculine.

Profil des femmes entrepreneurs

Aujourd’hui en France, seulement environ 40% des entrepreneurs sont des femmes, et la situation est sensiblement la même dans les pays de l’Union Européenne.

Les résultats de plusieurs enquêtes menées par la Caisse d’Epargne permettent de faire ressortir un profil type de la femme entrepreneur. Âgée d’une quarantaine  d’années, elle dirige une entreprise individuelle, principalement dans le domaine des services tels que le commerce et les activités scientifiques et techniques, et réalise un chiffre d’affaires moindre qu’une structure dirigée par un homme mais dont la croissance est plus importante.

Quelques statistiques

40% d’entreprises individuelles créées par des femmes

En 2020, une enquête de l’Insee révèle que les femmes sont porteuses et créatrices de 4 entreprises individuelles sur 10.

58 % des créatrices d’entreprises ont moins de 40 ans

Contre 47 % des hommes situés dans la même tranche d’âge. L’étude du National Bureau of e=Economic Research précise que l’âge moyen de réussite, hommes ou femmes, est de 42 ans.

21 % des dirigeants de startups sont des femmes

En 2020, seulement 2 startups sont dirigées par des femmes et 34% d’entre elles décident de se lancer dans le commerce.

2 % des levées de fonds sont destinées aux femmes

Une enquête de l’organisme SISTA et BCG révèle que depuis 2008, les levées de fonds destinées aux femmes porteuses d’entreprises ne s’élèvent qu’à 2 %.

8% des entreprises créées par des femmes sont rentables

Contre 5 % chez les hommes ! 

 

Les réseaux de femmes entrepreneures

De plus en plus de réseaux se développent autour de l’entrepreneuriat et plus précisément pour les femmes. Ces réseaux ont été créés pour offrir des plateformes d’échange et de soutien pour les femmes désireuses de se lancer dans l’entrepreneuriat.

  • Femmes Business Angels : organisme créé par des femmes pour des femmes, il propose des solutions de financement de projets comme des levées de fonds en plus des offres d’emploi diffusées sur le site internet.
  • Willa : anciennement Paris Pionnières est un réseau qui propose des programmes d’aide au lancement de projets. Basé à Paris, cet organisme met à disposition des webinaires, des conférences mais aussi des formations en ligne.
  • Sista : contrairement aux autres réseaux, Sista prône la diversité et intègre dans son processus, des hommes engagés pour établir un milieu entrepreneurial plus égal.

Les aides à la création d’entreprise pour les femmes

  • Prêt CLEFE : lancé à l’initiative de la Racine Clefe, cette aide propose un prêt avec intérêt remboursable en accord avec une convention.
  • AGEPI : proposé par Pôle emploi, cette aide propose, entre autres, des aides à la garde d’enfants.
  • Garantie Egalité Femmes : lancée par France Active, la Garantie Egalité Femmes met à disposition des prêts d’aide au lancement qui peuvent aller jusqu’à 50 000 €.

Différences et difficultés liées à l’entrepreneuriat féminin

Ces enquêtes, ainsi qu’une étude menée par le Centre d’Analyse Stratégique, révèlent les points communs et les différences de perception entre hommes et femmes, ainsi que les freins qui influent sur la décision de ces dernières de se lancer dans une création ou une reprise d’entreprise.

D’un point de vue général, hommes et femmes partagent une même vision globale de l’entrepreneuriat, mais leurs opinions diffèrent sur certains thèmes.

Concernant tout d’abord les entrepreneurs des deux sexes déjà installés, ceux-ci s’inquiètent, dans le contexte économique actuel, de potentielles difficultés de l’entreprise et de sa rentabilité, et de l’impact que cela peut avoir sur le budget familial, même si les femmes restent plus confiantes en l’avenir. En termes de développement, là encore les priorités sont identiques, mais les femmes accordent plus d’importance à valoriser la relation clients tandis que les hommes sont plus concentrés sur la conquête de nouveaux marchés. Enfin, elles sont plus préoccupées à se constituer une retraite et améliorer leur couverture sociale.

Concernant l’acte de création ou de reprise d’entreprises, les femmes ne perçoivent pas autant d’opportunités que leurs homologues masculins, mais ont aussi plus peur d’échouer dans leur projet et de ne pas avoir les capacités suffisantes pour réussir. Ensuite, elles auraient moins le goût du risque que les hommes. Enfin, elles rencontreraient plus de difficultés liées à l’installation de l’entreprise, mais également aux compétences et aux financements.

Concernant les préjugés à abattre, la maternité n’est pas vécue comme un obstacle à l’entrepreneuriat, mais bien au contraire comme une opportunité de pouvoir mieux concilier vie professionnelle et vie de famille, même si elle n’est pas la raison principale à l’installation.

Rompre les écarts entre hommes et femmes dans l’entrepreneuriat

Ainsi, les différences entre hommes et femmes dans le domaine de l’entrepreneuriat relèveraient donc plutôt de perceptions différentes entre les sexes que d’une forme de machisme avérée.

Conscient des enjeux que représente l’entrepreneuriat féminin pour l’économie, le Gouvernement, sous l’égide de Marlène Schiappa, Secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, » a signé un accord le 6 octobre 2017 avec la Caisse d’Epargne pour porter au moins jusqu’à 40 % le taux de femmes créatrices d’entreprise en France d’ici 2020.

Ce nouveau partenariat vise la mise en œuvre d’actions concrètes de promotion de l’entrepreneuriat féminin et de porter à 15 % la proportion de femmes entrepreneures qui bénéficieront d’une action d’accompagnement post-création, d’accroître le nombre de femmes qui bénéficieront d’un prêt bancaire pour créer son entreprise, d’orienter plus de femmes entrepreneures vers les réseaux d’accompagnement à la création d’entreprise et enfin de définir des indicateurs sexués permettant d’identifier les chiffres de l’accès aux financements des femmes créatrices d’entreprise. Les signataires du partenariat partagent la conviction que l’entrepreneuriat féminin est un facteur important de création de richesse, d’emplois et de performance économique, sociale et environnementale en France et qu’il doit être à ce titre reconnu, encouragé et promu par tous les acteurs. »

Parmi les objectifs, il est prévu de mieux informer sur l’entrepreneuriat féminin, d’identifier des profils féminins représentatifs et de communiquer sur ces modèles de réussite, et de rassurer les femmes par l’accompagnement à la création et au développement. Pour se faire, plusieurs mesures sont mises en place, comme le site ellesentreprennent.fr, et le rapprochement des plateformes nationales d’aide à la création d’entreprises.

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