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Entreprendre à l’étranger

Par Jacques Gérard, Membre honoraire du Conseil économique, social et environnemental

Un million d’entreprises à capitaux français à l’étranger ? C’est possible ! Interview de Jacques Gérard, Membre honoraire du Conseil économique, social et environnemental

« Au moment où le marché du travail en France se restreint, pourrais-je créer mon entreprise à l’étranger ? ». C’est une question qu’on peut, en effet, se poser. De 200 à 300 000 compatriotes sont d’ores et déjà à la tête d’au moins une entreprise hors de France. Cette réalité est peu connue en raison d’une gestion encore trop administrative des statistiques tenues par nos consulats.

Un outil d’enregistrement existe

Un nouvel outil d’enregistrement est pourtant en place depuis plusieurs années et des modules annexes permettraient de distinguer les « chefs d’entreprise » ou « professions libérales » qui sont à leur compte, des autres, salariés d’une filiale française ou d’une société du pays d’accueil. Mais celui-ci n’est pas mis en œuvre. Ce vaste réseau demeure virtuel et n’est pas mobilisé pour développer davantage nos exportations. Certes, 50 % d’entre-eux s’y emploient déjà. Leurs résultats pourraient être rapidement décuplés s’ils étaient connus, reconnus et soutenus.

Avant la publication en 2004 par le Conseil économique et social de l’étude « Un atout pour notre pays : les entreprises créées par les Français établis hors de France », on ignorait quasiment tout de ces relais de notre économie, de notre technologie, de notre culture à l’étranger. Depuis, les choses ont évolué rapidement.

Des voyageurs de plus en plus médiatiques

Il y a 4 ans, Sylvain Peuch, a entrepris dans ce but un tour du monde d’un an. Il y a 2 ans, ce sont Grégoire Tiberghien, Matthieu Jan et Jean-Baptiste Dalle qui ont fait de même, mais, cette fois, à vélo ! Leurs sites se font l’écho de leurs rencontres, des difficultés et réussites de ces Françaises et Français qui les ont reçus. L’étude du CES, le bloc-notes de l’auteur et les sites de ces grands voyageurs répondent à de nombreuses questions que tout candidat à la création à l’étranger se pose. Tout comme, d’ailleurs, les émissions que radio BFM consacre à ces créateurs hors de France ou celles, trop rares, de nos chaînes télévisées. Les entrepreneurs qui souhaitent s’établir hors de France se posent généralement deux questions :

Est-ce facile de créer son entreprise à l’étranger ?

Sur le plan administratif : oui dans de nombreux états très libéraux ; non dans d’autres moins désireux d’ouvrir leur économie aux étrangers. Plusieurs exigent d’ailleurs une association avec des nationaux. Néanmoins, il n’est pas un pays au monde où des Français ne réussissent pas de brillantes affaires.

Sur le plan « politique » ou « sécuritaire » : oui encore pour la plupart des pays dans le monde et, de nouveau non dans ceux où le droit est souvent modifié et où la justice privilégie systématiquement ses nationaux. Mais là encore, les plus belles affaires se font souvent dans les pays les plus difficiles.

Il est cependant recommandé, là où cela est possible, d’éviter les « entreprises conjointes » au profit d’investissements à 100 % personnels. Pour des raisons de sécurité économique cette fois, l’analyse conduit à observer que, aussitôt que possible, il est souhaitable de devenir multi-créateur en développant une autre affaire, dans un secteur économique complètement différent du premier.

Des aides sont-elles facilement accessibles pour un créateur à l’étranger ?

En dehors de l’Union européenne, très rares sont les états qui ouvrent aux étrangers les mêmes droits qu’à leurs propres créateurs. Quant à penser obtenir des appuis pour s’implanter à l’international, de son pays d’origine, il ne faut malheureusement pas pour l’instant en rêver. Ces aides sont aussi rarissimes pour créer sa propre affaire qu’elles sont très nombreuses pour les futures filiales de groupes français, ou pour les encourager à développer leurs marchés à l’exportation. Ceci est une faille très importante des dispositifs de soutien français à l’économie,  mais cette remarque vaut pour la plupart des états au monde. Nos ministères n’imaginent notre économie à l’étranger que sous la forme d’exportations de France vers l’extérieur et non pas d’importations françaises depuis l’étranger !

Quant à nos banques implantées hors de notre pays, elles sont particulièrement frileuses en la matière et ne disposent généralement même pas d’un fichier de nos créateurs dans leur pays d’implantation.

Un capital pourtant nécessaire

Pour créer à l’étranger, il faut un capital. Ceci explique pourquoi la très grande majorité de nos créateurs est constituée d’anciens salariés à l’étranger qui, au fil du temps, ont identifié une opportunité de création et l’ont saisie, le moment venu. C’est la voie royale pour la création hors de France : y partir comme salarié dans le cadre d’un grand groupe, « apprendre » le pays, sa ou ses langues, observer le marché et identifier le bon créneau.

Quant aux « accompagnements », il ne faut généralement compter sur aucune de nos institutions. Mais seulement sur nos entrepreneurs à l’étranger qui ont réussi la même démarche. Il faut les rencontrer aussi vite que possible. Ils sont parfois « conseillers du commerce extérieur » mais n’en représentent qu’environ 10 % alors qu’ils créent 90 % des entreprises à capitaux français à l’étranger !

En conclusion, ceci ne doit nullement interdire de se lancer dans la création à l’étranger : de nombreux pays offrent, en raison de leur degré de développement, de vastes perspectives dans tous les domaines, par exemple « mais ceci n’est en rien exhaustif » : viticulture, tourisme, immobilier, médias électroniques, événementiel, restauration bien sûr mais aussi « très prisé à l’étranger », le conseil dans nombre de secteurs

Article par Jacques Gérard

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