La technologie numérique et l’omni-connexion ont permis ces dernières années l’émergence d’un esprit communautaire inédit. Là où ce dernier se définissait historiquement par la géographie, l’appartenance à un même village, ou par la sociologie, l’appartenance à un groupe socio-culturel, il s’exprime aujourd’hui via le Net. Les réseaux sociaux en mettant en relation des personnes jusqu’alors inconnues des unes des autres, ont permis l’émergence d’une nouvelle économie. Cette économie collaborative s’affranchit des circuits classiques via des organisations horizontales, plus courtes et moins coûteuses. Mais où en sommes-nous en France dans ce domaine ? Etat des lieux de cette nouvelle économie qui fait couler beaucoup d’encre.
Du lien social et du pouvoir d’achat en plus
L’économie collaborative repose sur la notion de partage au sein d’une communauté et sur le concept « utiliser plutôt que posséder ». Il s’agit via une plateforme collaborative virtuelle de partager, d’échanger ou de louer un bien ou de proposer un service. Ce modèle repose sur le contournement des circuits de consommation classiques afin de proposer une offre moins chère et plus éthique notamment en matière de développement durable. Il répond à la question : pourquoi posséder un bien dont j’ai besoin ponctuellement alors que je peux l’emprunter à un membre de la communauté ? L’économie collaborative, portée tout autant par la volonté d’une génération de recréer du lien social que par les gains de pouvoir d’achat potentiels, s’étend désormais à plus en plus de secteurs.
La France, un terreau fertile à l’économie collaborative
Selon une enquête de 60 millions de consommateurs de novembre 2015, 58% des français considèrent la consommation collaborative comme le mode de consommation du XXIème siècle. La France possède même un think tank consacrée à celle-ci, Ouishare, qui se veut aussi incubateur des initiatives collaboratives. Les grands noms internationaux de l’économie collaborative, Le Bon Coin, et Airbnb par exemple rencontrent un vif succès dans notre pays. Les français Blablacar, La Ruche qui dit oui, Globshop, SnapEvent qui du covoiturage au partage évènementiel en passant pat l’achat groupé représentent un échantillon des 150 startups recensées en France comme relevant de l’économie collaborative. La société française encline à dénoncer les travers du capitalisme à tout crin et de la société de consommation constitue un terreau fertile à l’éclosion de cette économie présentée comme alternative.
Le législateur reste en retrait…pour le moment !
Cette évolution économique soudaine et rapide inquiète autant qu’elle séduit. Si le consommateur et le citoyen sont séduits par ce nouveau modèle, le professionnel est réticent à son élargissement lorsqu’il concerne son secteur d’activité. Cette situation ambivalente trouve toute son expression dans le conflit qui oppose les taxis et la société Uber. Celui-ci démontre que l’économie collaborative en se faisant une place dans le paysage économique, conquiert des parts de marché et bouscule les acteurs traditionnels. Les détracteurs de ce nouveau modèle ont alors tendance à parler d’uberisation de la société en n’en présentant que les risques et les travers potentiels (remise en cause des acquis sociaux par exemple). Le gouvernement qui entend légiférer dans le domaine de l’économie numérique ne semble malheureusement pas vouloir aller suffisamment loin pour offrir un cadre clair à cette nouvelle économie. Le projet de loi ne propose aucune disposition concrète pour réguler les bouleversements engendrés par ce modèle innovant.
Une fois de plus la France est à la croisée des chemins en matière économique. L’économie collaborative s’impose autant comme un fait sociétal que comme une suite logique de la numérisation. Il importe de lui donner rapidement un cadre légal qui lui permette de trouver sa juste place sans provoquer une réaction de rejet contre-productive.