1514

Entrepreneur

Interview de Christophe Crémer, Fondateur de Sybel Informatique

Christophe Crémer, fondateur de Sybel Informatique

Entretien exclusif avec Christophe Crémer, fondateur de Sybel Informatique, de MeilleurTaux.com et plus récemment de Fantouch.

Comment a débuté votre parcours professionnel ?

Petit déjà, j’essayais de fabriquer des planches de surf avec Alain, mon jumeau. Nous avons également tenté de vendre des planches à voile, pendant nos vacances à Jersey, avant d’importer des shampooings de Hong-Kong pour les redistribuer en France. Nous avons toujours été dans une dynamique de business. J’ai commencé à travailler à Singapour pendant 1 an et demi, avant d’entrer pour 4 ans à la Silk Bank en tant que chargé de relations bancaires et des financements spéciaux. Pour l’anecdote, lors de ma première évaluation au sein de cette banque très structurée, mes supérieurs ont noté que j’avais tendance à demander des instructions et à n’en faire qu’à ma tête par la suite. Je me suis heurté à la hiérarchie inhérente à tout grand groupe et je me suis aperçu que ce fonctionnement ne me convenait pas. J’ai donc quitté l’entreprise en 1984.

Et vous vous êtes lancé dans votre première expérience entrepreneuriale ?

Exactement. Avec mon frère, qui était alors employé chez Accenture, nous avons monté Sybel Informatique, une entreprise de logiciels de gestion, de comptabilité et de facturation, à 5 dans sa chambre ! N’ayant pas les moyens de lever des fonds, notre père nous a prêté de quoi financer les produits de première nécessité, et notamment notre premier ordinateur. En 1995, nous avons revendu la société, qui comptait alors 350 personnes à l’entreprise multinationale Sage pour l’équivalent d’environ 20 millions d’euros. Nous en étions d’ailleurs relativement fiers car en décembre, dernier mois avant le rachat de l’entreprise, nous avions vendu pour 1 million de francs de produits.

D’autant qu’il s’agit d’un secteur compliqué…

Oui, dans le domaine du B to B, se démarquer de ses concurrents n’est pas chose facile. Il fallait donc miser sur la partie marketing. Nous devions faire accepter l’idée, aujourd’hui reconnue par tous, qu’il demeurait stupide que chaque entreprise développe elle-même son propre logiciel de gestion. Même si l’usage du micro-ordinateur n’en était qu’à ses débuts, nous avions à cœur de prouver à nos clients que nous pouvions vendre le même logiciel à plusieurs entreprises, ce qui permettait un partage des coûts maîtrisé et des performances intéressantes. Cette première expérience entrepreneuriale a constitué un vrai challenge car créer sa société n’était pas si simple. Il fallait surtout se faire reconnaître en tant que fabricants de logiciels et convaincre les entreprises que ce logiciel était plus rentable qu’un logiciel standard dans le but de gérer efficacement l’ensemble de son activité.

Vers quelle nouvelle aventure vous êtes-vous tourné ensuite ?

J’ai d’abord développé pendant trois ans une société qui faisait de la publication dynamique sur internet, avant de fonder MeilleurTaux.com en 1999, afin d’aider les particuliers dans leur choix d’un prêt immobilier. L’idée m’est venue en discutant avec mon beau-frère de ses difficultés à en trouver un lui-même. Avant l’existence de MeilleurTaux.com, quiconque désirait souscrire un prêt devait prospecter 5 ou 6 banques différentes, sans avoir la garantie d’obtenir la meilleure offre. J’ai donc songé à améliorer cela grâce à internet, qui me semblait une plateforme intéressante pour permettre à l’internaute de faire son choix de façon plus éclairée. Aujourd’hui, n’importe qui peut déposer un dossier sur le site et obtenir un retour des organismes bancaires sous 48 heures. Il s’agissait du premier site à se placer sur ce marché. Pour lancer l’aventure, j’ai levé 1 million d’euros en octobre 1999, puis 4 millions en mars de la même année.

Comment avez-vous développé l’entreprise ?

En 2000, nous avons dépensé 1 million d’euros en publicité avant de nous rendre compte que nous ne pouvions pas nous aligner sur les budgets de communication déployés par les banques elles-mêmes, qui tournaient autour de 15 millions d’euros. Nous nous sommes donc lancés dans une stratégie de relations presse, ce qui nous a fait connaître. Notre premier business model reposait sur un forfait que nous facturions par dossier. Ce fut un échec car aucune banque n’en voulait. Nous avons pivoté en choisissant de prendre un pourcentage pour chaque prêt réalisé. L’entreprise a commencé à croître à ce moment-là. à partir de 2001, nous avons ouvert une centaine d’agences dans toute la France. Nous sommes entrés en bourse en 2006 et avons réalisé un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros en 2007.En juillet de la même année, le groupe Caisse d’épargne a acquis l’entreprise au prix de 130 millions d’euros.

Que représente l’entrepreneuriat pour vous ?

C’est une façon de gérer mon propre projet, en parfaite autonomie. à travers mes aventures entrepreneuriales, j’espère également changer le mode de vie des gens. Depuis 1 an, j’ai créé Fantouch, une société spécialisée dans la musique qui aide les artistes à gérer leur communauté de fans sur les réseaux sociaux. Des personnalités comme Youssoupha ou Oxmo Puccino proposent déjà leurs applications grâce à Fantouch. Nous avons déjà plus de 6 000 inscrits et les retours sont excellents. L’entreprise compte 14 salariés et 2 associés, Alexandra Monaury et Edmonde Chiesa.

Quel type de chef d’entreprise êtes-vous ?

Je suis exigeant et pointilleux, mais je note que beaucoup de mes anciens employés souhaitent à nouveau collaborer avec moi. Ils savent qu’ils peuvent compter sur moi à la fois pour la convivialité et pour la rigueur dans le travail. Ce qui est certain, c’est je ne me vois pas derrière un bureau. Les cadres en entreprise possèdent une vie professionnelle intéressante avec souvent de lourdes responsabilités, mais ils demeurent tributaires d’une organisation. Je préfère ma liberté d’entrepreneur, qui consiste à prendre des risques, à les assumer et à faire grandir une société !

Vous avez des enfants entrepreneurs. à quel point cet aspect « transmission » est-il important chez vous ?

Sur mes 4 enfants, 3 ont créé une société. Ils ont fondé l’entreprise Sampleo dans le domaine des avis consommateurs et la société Kazaden dans le secteur des activités sportives. Ils ont su constituer leur propre clientèle, croire en leur projet et convaincre des clients.

les Conseils de Christophe Crémer

  • Savoir qui vous voulez être dans 3 ans. Lorsque l’on connaît à l’avance son objectif, il est plus facile de l’atteindre !
  • S’entraîner dans le domaine commercial. Il faut prendre le temps d’apprendre le vocabulaire adapté à la vente. Même si un entrepreneur n’est pas nécessairement un bon vendeur, il le deviendra !
  • Montrer que l’on est un gagnant. Il faut prouver que vous apportez un service différenciant, et montrer ce pour quoi vous êtes doué !
  • Avoir l’envie de progresser et d’apprendre.
  • Parler rapidement comme un leader. L’âge ne compte pas. Dire « c’est ma première expérience et je suis jeune » ne sert à rien !
  • Mettre son cerveau en mode créatif. Si vous avez une idée d’entreprise par jour, vous allez forcément tomber sur une bonne idée ! Cela ne sert à rien de se concentrer uniquement sur la recherche d’un concept génial.
  • Persévérer. J’assimile souvent la création d’entreprise à du sport car cela demande beaucoup d’énergie.

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page