Prendre un stagiaire ou employer un junior ?

Les changements relatifs au statut des stagiaires en entreprise ont relancé le débat de l’efficacité au sein de l’entreprise. En tant qu’entrepreneur qui démarre, avec peu de moyens, est-il préférable de prendre un stagiaire peu onéreux mais dont les compétences ne répondent pas nécessairement aux besoins de l’entreprise, ou alors faut-il préférer quelqu’un de plus compétent et donc de plus cher ? Analyse.

L’apprentissage, les stages, la formation en entreprise… Ces mots trouvent un écho de plus en plus large dans les entreprises en France, mais également à l’étranger. Le Gouvernement français a procédé à une vaste refonte des textes de loi relatifs à l’apprentissage et au déroulement des stages en entreprise tant cette réalité se doit de trouver une place dans la situation et le contexte économiques actuels. En particulier, le régime encadrant les stages a été particulièrement chamboulé dans le but d’améliorer l’attractivité des rémunérations et de valoriser un peu plus le travail effectué par les stagiaires.

Stagiaires : des avantages pour les deux parties

Le poste de stagiaire comporte de nombreux avantages aujourd’hui tant pour l’entreprise que pour la personne effectuant l’une de ses premières expériences professionnelles. L’entreprise trouve dans cette opportunité le moyen d’obtenir les services d’une personne (parfois formée et compétente) selon son niveau scolaire et, ce, à un coût moindre. Le stagiaire voit quant à lui la possibilité d’acquérir de l’expérience dans une entreprise, directement sur le terrain et au contact de tâches concrètes.

L’importance de mesurer le rapport entre le coût et le niveau de qualification

Le rapport entre le coût d’un stagiaire et son niveau de qualification en vaut-il la chandelle ? Clairement, il existe une grande différence entre les différents stagiaires. On recense ceux qui sont issus de voies plutôt générales, de licence ou encore de master à l’université, et ceux qui sortent de formations bien plus ciblées et professionnalisantes (type licences pros ou écoles spécialisées). 

Les profils ne sont pas les mêmes, et les coûts non plus. C’est d’ailleurs l’un des points de la dernière réforme sur le statut des stagiaires qui a le plus impacté la vie des entreprises. Depuis le 1er janvier 2023, cette gratification minimale s’élève à 4,05 euros par heure de présence effective. Pour un stage à temps plein (soit 35 heures par semaine), la rémunération mensuelle minimale se calcule comme suit : 4,05 euros/heure×35 heures/semaine×52 semaines/an÷12 mois/an=610,35 euros/mois

Cette gratification minimale est exemptée de cotisations sociales dans la limite de 15 % du plafond horaire de la Sécurité sociale.

En considérant qu’un employé junior coûte 1000€ de plus, le jeu en vaut-il la chandelle ? Pensez qu’il vous faudra tout de même évaluer son profil, ses compétences et son cursus mais qu’en théorie, il restera plus longtemps dans votre entreprise.

Pesez le pour et le contre… à vous de choisir !

Bien sûr, on doit peser chaque investissement de l’entreprise, surtout en ces périodes de crise. C’est pourquoi le recours à un stagiaire doit découler d’une mission ciblée et répondre à des objectifs bien précis pour optimiser au mieux la présence d’un jeune en formation au sein de l’entreprise. Mais est-il vraiment préférable de prendre un stagiaire plutôt que d’embaucher un employé junior ? Le stagiaire coûte moins cher, il est présent dans l’entreprise pour une durée moins longue. Cependant, l’inconvénient majeur est que votre entreprise le forme sans avoir la certitude de le garder. C’est qui n’est aucunement le cas pour un employé junior, qui sera néanmoins plus cher sur le long terme. Il reste alors primordial pour une entreprise de bien évaluer ses besoins et ses ressources afin de choisir qui du stagiaire ou de l’employé junior représente la meilleure solution pour son futur.

Un choix encadré légalement

Le recours à un stagiaire est strictement encadré par la loi pour garantir une expérience formatrice de qualité. Les stages doivent s’intégrer dans un cursus pédagogique et s’inscrire dans un programme de formation dispensé par un établissement d’enseignement. Une convention de stage, signée par le stagiaire, l’entreprise et l’établissement d’enseignement, est obligatoire. Cette convention précise les objectifs du stage, les missions, la durée, les modalités de gratification, et les conditions de travail.

Les missions confiées au stagiaire doivent permettre de mettre en pratique les connaissances théoriques acquises et avoir une dimension formatrice. Le stage ne doit pas se substituer à un emploi permanent. La durée maximale du stage au sein d’une même entreprise est de six mois par année d’enseignement, sauf exceptions spécifiques. L’entreprise doit également désigner un tuteur responsable de l’accompagnement du stagiaire. Ce dernier veille  à la bonne réalisation des missions et au respect des objectifs pédagogiques.

Le nombre de stagiaires accueillis dépend de la taille de l’entreprise. Une entreprise de moins de 20 salariés ne peut pas accueillir plus de trois stagiaires simultanément. Pour les entreprises de 20 salariés ou plus, le nombre de stagiaires ne peut excéder 15 % de l’effectif. Aussi, pour les stages de plus de deux mois, la gratification vue plus haut est obligatoire. Les stagiaires peuvent aussi bénéficier d’avantages tels que les tickets restaurant et le remboursement des frais de transport. Le respect des droits et des conditions de travail, notamment en matière de temps de travail et de repos hebdomadaire, est évidemment requis.

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