Thibaut Bechetoille, président de CroissancePlus : Les secrets des bonnes pratiques de l’entrepreneuriat

Thibaut Bechetoille, président de CroissancePlus

Thibaut Bechetoille, président de CroissancePlus vous livre tous les secrets des bonnes pratiques de l’entrepreneuriat au travers de son expérience. Focus sur un parcours inspirant.

Quel est votre parcours d’entrepreneur de vos débuts jusqu’à aujourd’hui ?

J’ai commencé mon parcours d’entrepreneur dans la Silicon Valley, il y a assez longtemps au niveau de l’infrastructure de réseaux et j’ai travaillé quatre ans en tant que product manager et ingénieur. Ensuite, j’ai évolué dans une autre entreprise en tant que directeur marketing. Puis, j’ai enchaîné en tant que dirigeant d’une filiale qui a été rachetée. J’ai, par la suite, créé mon premier projet entrepreneurial en 2000, qui était un opérateur de réseau spécialisé sur l’interconnexion des réseaux d’entreprise. Ce métier était très technique et nous avons affronté la crise des télécoms en 2001 – 2002.

J’ai repris en 2005 une société qui s’appelle Qosmos où nous avons dû complètement changer la stratégie. Nous sommes passés d’une société qui faisait des équipements d’optimisation de réseaux à une société qui faisait des logiciels pour les équipements réseaux et télécom. Cela nous a permis d’acquérir de très bons clients, notamment dans la Silicon Valley comme HP. Nous avions également un client important en Scandinavie qui était Nokia pour la partie infrastructures mobiles et des clients au Japon. Nous avons, dès le début, été un projet très international puisque nous ne faisions que 2 % de notre chiffre d’affaires en France et donc en conséquence le reste hors de l’hexagone.

Si j’évoque les bonnes pratiques entrepreneuriales, objet de ce dossier, je suis un grand adepte de la stratégie de l’océan bleu. Je trouve que c’est une des bonnes pratiques entrepreneuriales. Nous avons inventé quelque part un nouveau marché en partant d’une technologie que nous avions. Nous sommes devenus un fournisseur pour les équipementiers de réseaux, sécurité et télécom. Puis, j’ai cédé la société en 2016 à une société suédoise.

Que faites-vous depuis ?

Aujourd’hui, je suis resté dans la société qui nous avons rachetée jusqu’à fin 2018. En juin 2019, j’ai commencé mes fonctions au sein de CroissancePlus dont j’ai été élu président. Par ailleurs, j’ai investi dans une société que je codirige et qui s’appelle Ozon. Celle-ci vend des solutions liées à la cybersécurité et cyber-assurance, avec une solution tout en un sans intervention dans l’entreprise. Il n’y a pas d’équipements à intégrer dans l’entreprise. Dans le domaine de la sécurité, que nous appelons du MSSP (Manage security service provider), nous sommes en phase de démarrage de ce projet qui a un fort potentiel. De plus, nous travaillons avec de nombreux courtiers en assurance qui voient leur métier évoluer et qui au-delà des polices d’assurances classiques, vont pouvoir fournir aussi des programmes de cyber-assurance. Nous avons donc une double offre.

Pourquoi avoir décidé de prendre la présidence de CroissancePlus ?

J’ai toujours été intéressé par l’entrepreneuriat ainsi que l’économie et la politique dans un sens étymologique du terme, c’est-à-dire contribuer à l’intérêt général. CroissancePlus répond donc à ces trois aspects. Ce programme est passionnant car nous avons un rôle très important de soutien aux entrepreneurs. Dès le premier confinement, nous avons pu dialoguer avec les pouvoirs publics sur des éléments comme le PGE ou encore le chômage partiel. Il y a également ce côté où nous avons la possibilité de réaliser de nombreuses actions au quotidien pour les soutenir et aider à naviguer dans cette crise.

L’entrepreneur est celui qui peut avoir un impact énorme sur d’importants problèmes de société. Nous ne pouvons pas tout attendre de l’État, c’est la raison pour laquelle cette notion d’entrepreneur au service de l’intérêt général et des causes sociétales est primordiale. Les entrepreneurs ont souvent des projets très ambitieux et peuvent ainsi arriver à marier la croissance et la profitabilité à l’impact. Ceci est vrai dans tous les secteurs. Le deuxième axe de mon programme se situait sur le partage des fruits de la croissance. Le troisième était de vouloir être des éclaireurs positifs et de montrer que malgré de nombreuses évolutions disruptives, elles peuvent se révéler bénéfiques pour la société.

Quelles sont finalement les bonnes pratiques de l’entrepreneur ?

J’ai finalement trois convictions qui soutiennent d’ailleurs les bonnes pratiques. D’abord, il y a le sujet de la stratégie. Souvent quand nous accompagnons des entreprises, nous avons tendance à travailler sur l’opérationnel alors que la pierre angulaire du problème c’est que nous allons pouvoir le découvrir en déroulant la totalité afin d’arriver à des questions de stratégie. Une entreprise doit passer un certain temps à se poser la question de son positionnement stratégique et sur ses secteurs stratégiques.

C’est absolument fondamental et il n’y a pas de bon alignement opérationnel si vous n’avez pas cette réflexion. Tout à l’heure, j’évoquais la stratégie de l’océan bleu qui utilise un outil, que je trouve efficace, qui est la CANVA stratégique qui permet de mettre, sur un graphe, vos critères de valeurs par rapport à la concurrence, qu’on appelle parfois des critères de différenciation. C’est une espèce de boussole qui vous dit que si ces derniers sont établis de telle ou telle manière votre plan marketing, plan de développement R&D ou votre plan produit ils doivent être alignés dessus.

Quelle est la deuxième ?

La deuxième bonne pratique tourne autour du marketing et du commercial. Les sociétés américaines sont souvent en avance dans ces domaines et quand nous regardons leur compte de résultat nous remarquons qu’ils obtiennent d’énormes investissements. Cela peut toucher autant les équipes séniors que l’entreprise va recruter pour toucher les grands comptes ou encore sur l’utilisation du marketing d’influence, c’est-à-dire de leader de pensée. Il est parfois possible d’éduquer le marché autour des forces de l’entreprise.

Et la troisième bonne pratique ?

Cela tourne autour des ressources humaines. Celles-ci sont une fonction stratégique de l’entreprise surtout si vous voulez faire croître une entreprise. Il y a des notions de scalabilité qui passent souvent par une fonction RH en place. Ce n’est pas une fonction secondaire qui va impacter la culture d’entreprise et les recrutements. Le recrutement d’une équipe sous le CEO est absolument fondamental. D’ailleurs nous pensons parfois que les équipes sont, au début, surdimensionnées mais en fait elles vont permettre de faire croître l’entreprise très vite.

Autour de ce même sujet, je pense qu’il existe de nombreux outils qui permettent de mieux comprendre comment fonctionnent les personnalités au sein de l’entreprise et d’analyser leurs interactions entre elles. Ils permettent d’analyser les réactions des personnes et de cerner leur manière de construire, de réagir face à une prise de décision…Toute méconnaissance entraîne des soucis alors que quand nous comprenons comment ils vont réagir les uns par rapport aux autres, nous évitons nombre de difficultés.
L’outil ne reste certes qu’un support. Après c’est d’abord le management et, en ce qui me concerne, je fonctionne beaucoup à l’intuition. Il ne faut jamais confondre leur utilisation avec le fait de fonctionner de manière purement algorithmique.

Avez-vous des bonnes pratiques quotidiennes à vous ?

J’en ai beaucoup qui tournent autour de la gestion du temps. Par exemple, si vous avez un projet que vous commencez, mettre des dates en représente une. Se fixer un objectif et des dates butoirs est fondamental. De manière globale, la gestion du temps est fondamentale.

Après il y a une notion que j’ai essayé de formaliser. Le bon entrepreneur ou CEO ne peut pas se permettre d’être dans le perfectionnisme. Il vaut mieux un sujet qui soit traité à 80% plutôt que comme j’ai eu le cas de figure dans une petite entreprise de personne qui se perdait dans les détails d’un business plan alors qu’il y avait une problématique de cash à très court terme. En effet, il faut savoir hiérarchiser les priorités.

Il y aussi tout ce qui est lié au management de projet. Je suis assez adepte d’un management très horizontal et transversal. Il y a aussi tout ce qui est lié au développement agile et pour lequel il est indispensable de faire des points régulièrement.

Y a-t-il des points que je n’ai pas abordés ?

Déjà ces trois convictions me semblent fondamentales. J’ai certainement plein de points que j’ai oubliés. Quand on est entrepreneur, on constitue notre business sur des choses imparfaites et je trouve que l’appel à des consultants ou de faire appel à des personnes à temps partagé ou partiel peuvent permettre d’apporter un réel plus. Il ne faut pas hésiter à aller chercher dans ce vivier de personnes et de compétences essentielles car ils apportent énormément à l’entreprise. Appartenir à des réseaux comme CroissancePlus génère le fait que c’est un réflexe naturel de faire appel à des avis extérieurs et un jeune entrepreneur à tout intérêt à nous rejoindre.

« Nous avons la possibilité de réaliser de nombreuses actions au quotidien pour soutenir et aider les entrepreneurs à naviguer dans cette crise. »

Thibaut Bechetoille, président de CroissancePlus

D’ailleurs, quels sont les apports d’un réseau comme CroissancePlus ?

Le réseau apporte plusieurs choses. D’abord il y a ces pratiques et partages d’expérience entre entrepreneurs. Nous avons ainsi des petits déjeuners qui permettent à chacun de se nourrir de ce qui a marché ou des difficultés rencontrées. Nous avons en moyenne une ou deux interventions par mois et cela est très riche.

De notre côté, nous réalisons également des webinaires et nous en avons fait beaucoup pendant le confinement quasiment tous les jours avec des thèmes parfois très techniques comme le chômage partiel, les fonds propres mais aussi des thèmes plus ludiques. Finalement ce qui nous réunit, c’est le partage d’expérience, la convivialité, l’influence qui peut être assez disruptive car nous avons moins de contraintes que d’autres réseaux et ensuite la notion de développement de l’activité. Il y a évidemment la notion d’impact ce qui se traduit avec des partenariats comme avec des fondations où nous avons incité à mettre celui-ci au cœur de leur entreprise.

« J’ai toujours été intéressé par l’entrepreneuriat ainsi que l’économie et la politique dans un sens étymologique du terme, c’est-à-dire contribuer à l’intérêt général. CroissancePlus répond à ces trois aspects. »

Thibaut Bechetoille, président de CroissancePlus
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