Quelles difficultés pour une femme entrepreneure aujourd’hui ?

Même si les mentalités globales tendent à évoluer, une part conséquente des freins à l’entrepreneuriat féminin se rencontre avant même le lancement (autocensure, manque de confiance de la part des partenaires, etc.). Quelles difficultés spécifiques les femmes rencontrent-elles pour entreprendre ? Et comment faire pour les dépasser ? Eclairage. 

S’imaginer en entrepreneure : des représentations mentales à changer ?

Pourquoi les femmes restent-elles si peu, en proportion (30% des créations), à se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat ?

On pourra tout d’abord souligner le manque de ce que les Américains appellent role model : des personnes à qui s’identifier. Parce que les dirigeantes sont aujourd’hui moins nombreuses que les dirigeants masculins -et encore moins nombreuses à des postes médiatisés-, l’entrepreneuriat est une possibilité moins facilement envisagée par les femmes.

Quand elles dépassent le manque de confiance en soi causé par les stéréotypes, on note qu’elles ont tendance à entreprendre dans des secteurs jugés traditionnellement plus féminins : services à la personne, communication, culture, etc. Rares sont celles qui osent briser un double tabou, en entreprenant dans un métier jugé plus masculin, lié à l’industrie ou au bâtiment, par exemple.

Or, ce type de limitation « mentale » n’est pas sans conséquences, sur la taille de l’entreprise (les femmes créent davantage d’entreprises individuelles ou TPE que les hommes) et le chiffre d’affaire (en moyenne, 71K€ chez les femmes vs. 150K€ chez les hommes). Une tendance qui ne fait qu’entretenir l’idée que certains secteurs demeurent des prés carrés masculins, et qui contribue à nourrir les schémas mentaux qui ne favorisent pas l’entrepreneuriat féminin.

Obtenir du soutien pour lancer son entreprise : encore moins facile quand on est une femme ?

Bien évidemment, en matière d’entrepreneuriat féminin, les difficultés rencontrées ne se limitent pas à un manque de confiance en soi. Les différents acteurs et partenaires qui concourent à l’émergence (et la réussite) d’un projet d’entreprise semblent par ailleurs moins présents lorsque l’entrepreneur est une femme.

L’accès au financement est d’abord un vrai problème : bien qu’elles demandent moins de prêts bancaires, les entrepreneures se voient opposer un refus près de deux fois plus souvent que les hommes : 4,3% vs. 2,3%. Dans la mesure où elles désirent souvent emprunter de petites sommes, elles sont réorientées vers des organismes de micro-crédit. Ce type d’organisme demande généralement des garants. L’appui des proches (famille, conjoint…) devient donc doublement crucial : financièrement et mentalement.

Autre point important pour le lancement d’une entreprise : les études montrent que l’utilisation d’un réseau professionnel est beaucoup moins fréquente chez les femmes que chez les hommes. Pourtant, ces dernières auraient tout à y gagner.

Se voir reconnue en tant que chef d’entreprise : un défi privé et professionnel

On ne compte plus les dirigeantes à qui l’on demande poliment s’il est possible de parler à leur patron : prestataires, clients, et partenaires s’avèrent souvent incrédules. Mais surtout, les négociations prennent un tout autre tour quand l’interlocuteur se refuse à prendre la chef d’entreprise au sérieux, ce qui a des répercussions professionnelles importantes.

Il est aussi important, pour une femme entrepreneure, que son statut soit pleinement reconnu chez elle. Exemple certes cliché, mais néanmoins toujours d’actualité : la prise en charge à part égale des tâches domestiques par les différents adultes vivant dans le logement n’est malheureusement pas encore d’actualité, ce qui permettrait pourtant à tout entrepreneure de consacrer l’énergie nécessaire à son entreprise.

Des difficultés spécifiques en voie de résorption ?

Après la liste des obstacles, n’oublions pas de dresser celle des motifs d’optimisme. Peu à peu, les représentations mentales concernant la place des femmes dans la société évoluent (en ce qui concerne la famille, le monde professionnel, etc.), ce dont les entrepreneures ne peuvent que bénéficier. De plus, le gouvernement s’est saisi de la question du financement avec la création du FGIF, et le crowdfunding offre de nouvelles solutions sur ce plan. Enfin, le volontarisme en la matière permettra l’émergence de modèles à suivre pour les futures entrepreneures.

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