Interview de Philippe Lefrancq, Fondateur de fleurs Florajet

Votre première création d’entreprise était une boutique de fleurs. était-ce par passion que vous avez ouvert cette boutique ?

Je me suis lancé dans cette aventure déjà par opportunité. Un local commercial très bien placé s’était libéré dans ma ville et je me disais depuis longtemps qu’il y manquait un fleuriste. Je pense que la vente de fleurs m’a attiré car cela rassemblait mes intérêts pour le côté commercial, le contact humain et l’aspect créativité. Toutes mes expériences professionnelles passées m’ont nourri pour mener à bien ce nouveau défi.

Rêviez-vous alors de créer un jour votre entreprise ?

Oui, car j’ai toujours eu envie d’indépendance, envie d’être mon propre patron. Déjà tout petit j’avais l’état d’esprit d’un entrepreneur. En primaire par exemple, j’étais le premier volontaire pour vendre les billets de tombola pour la kermesse de l’école ! Alors que mes camarades ne prenaient qu’un carnet de billets à vendre, j’en réclamais trois ! Je trouvais cela passionnant et motivant de faire du porte à porte pour vendre mes tickets… Et je les écoulais avec une grande facilité !

Pourquoi ne pas se contenter de développer cette boutique ? Vous rêviez d’un business plus « grand » ?

C’est l’observation des fortes contraintes liées à la transmission florale pour les fleuristes qui m’a inspiré l’idée de Florajet. La situation ne pouvait pas rester comme elle l’était ! Quand j’ai commencé à développer l’entreprise, les fleuristes étaient tous affiliés à des réseaux de transmission florale du type Interflora. Il en existait sept sur le marché, mais pas un n’avait eu l’idée de dépoussiérer le service pour faciliter la vie des fleuristes. Tous avaient copié l’acteur historique sans apporter d’innovation.

Quels étaient ces problèmes rencontrés par les fleuristes ?

Lorsqu’un client venait déposer une demande de livraison de bouquet à un proche vivant dans une autre ville, le système de transmission était très lourd, tant pour le fleuriste qui recevait la commande que pour celui qui l’effectuait. Le fleuriste qui passait la commande devait trouver, dans un gros annuaire, le contact du fleuriste le plus proche du destinataire. Il devait ensuite l’appeler pour lui dicter le contenu du bouquet à réaliser ainsi que le message d’accompagnement et le prix de la commande. Le fleuriste qui recevait cette commande devait s’arrêter dans son travail ou alors qu’il était avec un client pour noter la commande. Le système était très chronophage : la « dictée » durait souvent 20 minutes et de nombreuses erreurs pouvaient s’y glisser, sans laisser aucune preuve de la commande passée. Lors de périodes telles que la fête des mères, je vous laisse imaginer quelle situation vivaient les fleuristes !

Quelle innovation avez-vous apporté alors ?

Avec Florajet, nous avons lancé un système de transmission des commandes directement par fax à un acteur central qui répartissait les commandes, sans possibilité d’erreurs et en permettant de considérables économies de temps. Il n’y avait plus qu’un numéro à connaître et la transmission prenait deux minutes.

Le système apportait un vrai plus. Cela a dû être facile pour vous de convaincre les fleuristes !

Eh bien non, pas si facile… Les fleuristes ne sont pas connus pour être de grands technophiles ! Je me suis rendu vite compte qu’aucun d’entre eux n’avait de fax et que la plupart n’en connaissait même pas le principe. Ils étaient même plutôt réticents à l’idée d’adopter cette nouvelle technologie qui leur semblait très compliquée. J’entendais souvent l’objection suivante : « je préfère avoir le fleuriste au téléphone pour passer mes commandes ». Dans ces cas là, je savais d’emblée que le fleuriste que je rencontrais ne comprenais rien au fax et était apeuré ! Il y en a même un qui ne m’a pas cru quand je lui ai expliqué que cette machine pouvait transmettre des commandes. Quand je lui ai prouvé le contraire, il prenait cela pour quelque chose de magique !

La transition vers le web a due être rude alors !

En effet, quand nous sommes passés du fax à l’extranet, il y a eu encore quelques réticences à dépasser. Mais, là encore, nos fleuristes ont compris que cela serait plus pratique et plus sûr pour eux. Depuis la création de l’entreprise, nous faisons en sorte de rester à la pointe des nouvelles technologies avec le souci constant de faciliter la vie des fleuristes de notre réseau et de nos clients.

Après le lancement de l’extranet pour nos clients B to B, nous avons créé un site e-commerce en B to C. Aujourd’hui c’est vers la commande via le mobile que nous rassemblons nos efforts. Je suis tout le temps en recherche d’améliorations de notre service. à l’heure actuelle où tout va très vite, je pense qu’il ne faut pas avoir peur de réinventer constamment son métier, de se demander comment les choses peuvent être faites différemment. Il ne faut jamais arrêter d’adapter son outil aux nouveaux besoins des clients et aux nouvelles technologies.

Vous avez créé l’Académie internationale de formation des fleuristes. Pourquoi avoir pris cette initiative ?

Je voulais apporter aux fleuristes du réseau des services supplémentaires. L’objectif pour nous est d’apporter une solution complète à nos partenaires. Cette Académie a pour objectif de permettre aux fleuristes de devenir plus créatifs en maîtrisant de nouvelles techniques de compositions florales.

Vous êtes ceinture noire de judo ! Qu’est-ce que la pratique du judo vous a apporté ?

Cela m’a permis de développer une bonne maîtrise de moi face aux situations complexes. Grâce à cela, je peux prendre des décisions avec le recul nécessaire. J’ai appris également à ne pas confondre vitesse et précipitation. Il est bon d’être rapide et réactif. Mais agir de façon précipitée peut conduire à de graves erreurs. l

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