Pourquoi parle-t-on d’isolement du chef d’entreprise ?

De nombreux dirgents subissent un phénomène que l’on appelle l’isolement du chef d’entreprise. Si l’isolement est souvent compris lorsqu’on parle des personnes âgées, il lest moins quand on évoque la fonction du dirigeant qui reste plus que difficile à cerner pour tout le monde. Zoom sur cet isolement délétère que la majorité des personnes ne comprennent pas.

« Traitez un individu comme il est, il restera de qu’il est. Traitez-le comme il doit et peut devenir, il deviendra ce qu’il doit et peut être ».

Goethe

L’isolement du dirigeant n’est pas une fatalité. Mais celui doit porter attention au fait que l’isolement n’est jamais bon signe. Alors pourquoi ne pas développer l’optimisme au contact des autres au lieu de se plaindre.

Les zones de stress mal comprises

Si le métier de dirigeant est souvent dans le top 5 des métiers à stress, ce n’est pas pour rien. Il est d’ailleurs souvent considéré au même niveau que les reporters de guerre. Il faut dire que le dirigeant doit absorber la pression de tous les côtés. En effet, il est l’ultime rempart de l’entreprise contre quasiment toutes les difficultés ainsi que le décisionnaire pour tout ce qui se passe mal. C’est à lui qu’on s’adresse pour tous les couacs qui peuvent arriver. Il doit de plus gérer toutes les situations compliquées, surtout dans les petites entreprises.

Si les collaborateurs font ainsi des erreurs, c’est dans l’immense majorité des cas à lui de les résoudre. Il doit en assumer les conséquences notamment vis-à-vis des clients ou de manière globale. Il n’est pas rare qu’il rencontre 4 ou 5 difficultés majeures dans une journée qu’il doit se charger de résoudre ou d’en trouver la solution pour le bon fonctionnement de l’entreprise.

Une surcharge de travail hors du commun

Qui dit gérer les difficultés dit aussi pallier les manques. Il est ainsi en première ligne pour les heures supplémentaires. Dans les petites entreprises et notamment lors du lancement, il demeure celui qui enchaîne du matin jusqu’au soir et dépasse parfois la centaine d’heures par semaine. Par ailleurs, Il faut bien dire que les restrictions horaires du code du travail ne s’appliquent pas à lui. Il en fait bien souvent le double jusqu’à que l’entreprise tourne. Il standardise d’ailleurs sa semaine aux alentours de 60h par semaine selon les sondages réalisés. Sa puissance de travail est souvent là pour combler l’absence de recrutement . Conséquence : fatigue et stress sont en permanence à absorber.

Heureusement, il apprend vite en général à relativiser les situations et à décupler sa productivité s’il ne veut pas crouler sous la masse de travail ainsi qu’à gérer une tension qui ne s’arrête jamais. Malheureusement ce n’est pas toujours le cas et il n’est pas rare qu’il cède à un burn-out car il s’agit bien du métier qui a quasiment inventé l’expression même si elle s’est popularisée dans le domaine du salariat pour désigner parfois tout et n’importe quoi. 

L’incompréhension en plus

Le pire dans l’histoire, c’est qu’il demeure souvent un incompris. Non content de faire plus que les autres ou encore d’absorber plus de stress et de fatigue que les autres, sa fonction n’est absolument pas comprise. Certains considèrent les chefs d’entreprise comme à leur service et n’hésitent pas à les déranger pour tout et pour rien. Il faut dire qu’il existe une confusion entre le dirigeant « manager » qui a du temps dédié au management avec celle du dirigeant « opérationnel » qui lui n’en dispose absolument pas et assume en permanence les charges de travail dans la précipitation. 

Certains collaborateurs considèrent ainsi que le fait que le dirigeant fasse le double de leurs heures, se lève tôt, se couche tard ou encore produise bien plus qu’eux est normal et qu’ils peuvent leur rajouter parfois du travail avec des questions inutiles et qu’ils peuvent résoudre par eux-mêmes. Pourtant la plupart d’entre eux seraient bien incapable de monter leur rythme horaire à ce niveau et de tenir ne serait-ce que quelques jours à cette cadence. Oui mais vous comprenez, c’est le patron…  Heureusement pour le dirigeant, c’est loin d’être le cas de tout le monde. 

Une expression qui énerve

S’il y a bien un isolement du chef d’entreprise c’est bien celui qui consiste à généraliser la fonction dans le mot « patron ». Comme si ce mot recouvrait toutes les réalités de la fonction alors que la différence de charge de travail ou encore de stress n’est pas du tout la même d’une entreprise à une autre. Considéré qu’être patron d’un TPE et celui d’une plus grande structure c’est la même chose revient à comparer deux métiers totalement différents où les moyens et les rôles sont totalement différents. Rythmes horaires, capacité à se reposer sur une structure établie ou à déléguer, responsabilité, stress, … Rien de commun entre deux dirigeants de deux entreprises différentes. 

Cette confusion s’exprime souvent par une phrase souvent entendue : « oui mais c’est toi qui as décidé d’être patron », ce à quoi on pourrait se demander s’il y aurait un sens à dire à un salarié : « oui mais c’est toi qui as choisi d’être salarié » quand il rencontre une difficulté.  Comme si le fait d’être dirigeant ne générait pas quelques motifs de se plaindre ou de mal vivre certaines situations difficiles. Une aberration qui heureusement commence à disparaître depuis quelques années, beaucoup ayant tenté de lancer leur entreprise et affronté la difficulté de l’exercice, souvent sans succès. 

Un regroupement parfois nécessaire

Reste que le chef d’entreprise soumis à ce stress doit trouver des zones pour évacuer celui-ci. L’incapacité de la famille ou encore avec des amis à comprendre a entraîné que de nombreux chefs d’entreprise se regroupent dans des clubs ou se rencontrent régulièrement. S’ils y vont en partie parfois pour développer leur business ou partager des bonnes pratiques, ils sont nombreux à y trouver un espace de détente

La « compréhension » n’est pas la seule raison qui pousse les chefs à se regrouper, il faut également considérer le prisme par lequel une situation est vue. Si les salariés la perçoivent d’une manière, les patrons la perçoivent dans le sens inverse avec enjeux et contraintes qui sont différents, ce qui rend le dialogue souvent impossible autrement qu’avec ses pairs. 

Pour prendre un exemple, un salarié qui ne reçoit pas ses tickets restaurants en temps et en heure pourra s’en plaindre légitimement car il s’agit d’un devoir pour le chef d’entreprise. Cependant, à regarder de l’autre côté du miroir, on peut s’apercevoir que la situation peut être bien plus complexe à gérer avec un dirigeant qui pourra s’être déjà coupé son salaire depuis longtemps, qui doit trouver comment payer des charges et s’assurer de la continuité de l’activité. Une réalité qui ne supporte aucune comparaison selon que l’on regarde d’un côté ou de l’autre. 

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