Gestion de trésorerie en France : un enjeu stratégique pour les entreprises en 2025

En 2025, la trésorerie n’est plus un simple chiffre coincé dans un tableau Excel : c’est le cœur battant de l’entreprise. Dans un environnement où l’inflation rogne les marges, où l’activité économique manque de souffle et où le coût de l’argent continue de grimper, beaucoup de dirigeants ont l’impression d’avancer sur un fil. Ils doivent garder assez de liquidités pour faire tourner la machine, rassurer banques, fournisseurs et salariés, tout en trouvant les moyens d’investir pour ne pas être laissés sur le bas-côté. Un équilibre fragile, presque un numéro d’acrobate.

Une tension de trésorerie qui touche toutes les tailles d’entreprise

Les chiffres confirment ce que les dirigeants vivent au quotidien : selon la Banque de France, près d’une PME sur deux a connu des tensions de trésorerie en 2024. Et lorsque l’on échange avec ceux qui travaillent dans le BTP, le transport, le commerce ou l’industrie, une idée revient, simple mais implacable : les coûts montent plus vite que les revenus.
Dans ces conditions, le moindre retard de paiement n’est pas une simple ligne en rouge sur un tableau : c’est parfois un fournisseur qu’on doit faire patienter, une facture qu’on espère pouvoir régler ou une fin de mois que l’on redoute un peu plus que d’habitude.

Ces retards, justement, restent un véritable casse-tête pour les entreprises. Selon l’Observatoire des délais de paiement, en 2024, les sociétés françaises étaient payées en moyenne 12 jours en retard. Dit comme ça, cela paraît abstrait… mais derrière ces douze jours, il y a des réalités très concrètes : un fournisseur qu’on n’arrive plus à régler à temps, une TVA que l’on repousse faute de liquidités, ou encore un salaire qu’on espère pouvoir verser sans avoir la boule au ventre.
Dans beaucoup de TPE et PME, la trésorerie n’a rien d’un indicateur théorique : c’est littéralement ce qui décide si l’entreprise peut tenir jusqu’à la fin du mois.

Et ce n’est pas un problème réservé aux petites structures. Même les grands groupes, pourtant mieux outillés, reconnaissent que la volatilité des marchés, les tensions géopolitiques ou encore les fluctuations des matières premières rendent la gestion du cash beaucoup plus sportive qu’auparavant. Résultat : la trésorerie n’est plus un sujet qu’on laisse au seul service financier. Elle remonte désormais régulièrement en comité de direction, au même niveau que la stratégie commerciale ou les investissements.

Des coûts de financement en hausse

Autre changement majeur : le coût de l’argent. Après des années de taux bas, la remontée orchestrée par la BCE a clairement rebattu les cartes. Emprunter pour combler un décalage de trésorerie coûte aujourd’hui cher, parfois deux fois plus qu’il y a seulement trois ou quatre ans.

L’AFTE, qui représente les trésoriers d’entreprise, souligne que 68 % des entreprises ont revu leur stratégie financière à cause de cette hausse des taux. Certaines ont gelé des projets, d’autres ont lancé de vastes plans d’économies. Beaucoup, surtout, surveillent désormais chaque euro qui entre ou sort.

Les banques, de leur côté, sont plus prudentes qu’avant. Obtenir un crédit nécessite des garanties solides et une gestion très rigoureuse. Pour les entreprises déjà fragilisées, c’est un cercle difficile à briser : sans trésorerie, elles peinent à obtenir un financement… et sans financement, leur trésorerie s’affaiblit encore.

Le numérique, un allié incontournable

Heureusement, il y a aussi de bonnes nouvelles. La digitalisation de la fonction financière a fait un bond énorme. Des outils autrefois réservés aux grands groupes sont aujourd’hui accessibles aux PME et même aux TPE. Concrètement, cela signifie qu’un dirigeant peut suivre ses encaissements, ses dépenses, et ses prévisions de trésorerie en temps réel, depuis un tableau de bord clair et automatisé.

Des solutions comme Agicap, Upflow ou encore Pennylane se sont imposées comme de véritables copilotes du quotidien. Elles alertent en cas de risque de découvert, anticipent les décalages de paiement et permettent de prendre des décisions plus rapidement. Pour beaucoup d’entrepreneurs, ces outils ont transformé ce qui était une source quotidienne de stress en un processus plus maîtrisé, presque apaisé.

Des plateformes comme Agicap, Upflow ou Pennylane ont bousculé le marché en proposant :

  • des prévisions automatiques basées sur les flux réels,
  • une centralisation des données bancaires,
  • un suivi en temps réel des encaissements et décaissements,
  • des alertes sur les risques de découvert,
  • des tableaux de bord dynamiques pour anticiper les besoins de financement.

Selon une enquête menée par Bpifrance Le Lab, près de 60 % des dirigeants ayant adopté des solutions de trésorerie digitales estiment que cela a réduit leur stress financier quotidien et surtout, ces outils permettent une prise de décision plus rapide, plus informée, presque prédictive.

Le cash comme levier stratégique

Le regard porté sur la trésorerie a changé. Pendant longtemps, elle était perçue comme un indicateur comptable, presque passif. Aujourd’hui, la trésorerie est stratégique. Elle conditionne la capacité d’investissement, la solidité de la chaîne d’approvisionnement et la résilience face aux crises.

Les experts en gestion financière recommandent désormais :

1. Une visibilité à 12 mois

Les entreprises ayant une vision de leur trésorerie sur un an seraient deux fois moins exposées aux ruptures de cash, selon une étude de Mazars.

2. Une politique stricte de gestion des délais de paiement

Certaines entreprises ont renforcé leurs pénalités contractuelles, d’autres ont recours à l’affacturage digital, qui s’est largement démocratisé.

3. Une maîtrise fine des stocks

Dans l’industrie et le commerce, les stocks représentent une “trésorerie immobilisée”. Avec les tensions logistiques, les entreprises cherchent désormais un équilibre entre sécurité d’approvisionnement et optimisation financière.

4. Des scénarios de stress financier

Les directions financières élaborent désormais des simulations basées sur différents scénarios : inflation à 4 %, récession, choc géopolitique, hausse des coûts de matières, etc.

Cette approche autrefois réservée aux grands groupes se diffuse dans les PME, signe que la culture financière évolue.

Les trésoriers français face à un métier en mutation

Le rôle du trésorier, souvent méconnu, est en pleine transformation. D’un poste technique, il devient un acteur clé de la stratégie. Les entreprises recherchent désormais des profils hybrides :

  • analystes,
  • communicants,
  • stratèges,
  • capables d’utiliser l’intelligence artificielle comme outil quotidien.

La montée en puissance des cybermenaces rend également le métier plus exposé. Selon l’ANSSI, près d’un quart des tentatives de fraude identifiées en 2024 visaient directement les flux financiers. Les trésoriers sont donc au cœur des politiques de cybersécurité.

Vers un nouvel équilibre économique

La France se trouve aujourd’hui à un moment charnière. Les entreprises doivent composer avec un environnement instable, mais elles disposent aussi de nouveaux outils, de nouvelles compétences et d’une culture financière qui mûrit rapidement.

La gestion de trésorerie n’est plus un sujet secondaire : c’est un pilier de la compétitivité française. Les dirigeants en sont conscients. En 2025, sécuriser son cash, c’est sécuriser son avenir.

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