L’entreprise qui donne un coup de pied dans la fourmilière de l’emploi

Quand elles se sont rencontrées, Aurore Crespin et Laura Lombardo ont eu un coup de cœur humain. Ensemble, elles ont décidé de créer Coop-Time, une entreprise qui devrait révolutionner le monde du travail dans les années à venir.

Aurore : 13 ans passés dans le recrutement.

C’est à la fin de ses études en 2003 qu’Aurore Crespin postule, CV sous le bras, dans différentes agences d’intérim. Elle rencontre notamment la responsable de l’agence Kelly Services qui ne lui propose aucune mission en intérim. Mais la jeune femme se voit offrir un CDI directement au sein de l’agence ! « Je n’avais pas d’expérience dans le milieu de l’intérim, mais j’ai décidé de tester » raconte Aurore. « Je suis littéralement tombé amoureuse de cette boîte, dans laquelle j’ai fait mes armes. » Rapidement promue responsable d’agence, Aurore manage deux agences en parallèle. En 2008, elle rejoint un grand cabinet, où elle expérimente une approche très industrialisée du recrutement, qui ne lui convient pas. Chassée par un autre cabinet international qui recherchait à l’époque une responsable d’agence, elle quitte l’entreprise pour manager une équipe de 8 personnes.

Laura : l’inspiration des parents.

Laura a quant à elle toujours baigné dans l’univers du recrutement. « Mes parents possèdent un cabinet » précise-t-elle. « Les mots « chasseurs de tête » ou « sourcing » faisaient partie intégrante de mon quotidien. » Néanmoins, la jeune femme décide d’orienter ses études vers un master en marketing et communication. Elle travaille au sein d’une start-up dans le domaine de l’événementiel, puis entre à l’issue de ses études au sein d’une société spécialisée dans le merchandising pharmaceutique. « Je ne trouvais pas d’intérêt dans ce job. Je n’avais pas le sourire le matin en me levant. » Elle décide de quitter l’entreprise et rejoint le cabinet de ses parents pendant une période de transition. Le milieu lui plaît énormément. Laura décide de couper le cordon et rejoint une start-up qui place des candidats chez les clients finaux en mode SSII, principalement pour des postes en lien avec le digital. L’expérience confirme son intérêt pour le recrutement.

L’idée de la cooptation.

Avec son expérience marquée dans le domaine du recrutement, Aurore observe que de nombreuses grandes entreprises recrutent énormément grâce à la cooptation, phénomène qui consiste à recommander une personne de son réseau pour un poste en particulier. « J’ai pensé qu’en exploitant le canal internet pour faciliter la cooptation, il existait la possibilité de créer un business innovant » dévoile la jeune femme. Elle décide de créer un portail internet collaboratif de recrutement dédié aux cadres, qui fonctionnerait uniquement par la recommandation. « J’ai imaginé un cercle fermé, constitué de coopteurs qui pourraient pousser des candidats de leur propre réseau vers des postes à pourvoir dans les entreprises qui recrutent. Par ce biais, les entreprises pourraient avoir l’opportunité de toucher une nouvelle audience de candidats qui ne sont pas forcément sur le marché de l’emploi. » L’idée de Coop-Time est née. En parallèle de son activité de directrice d’un cabinet de recrutement, Aurore commence à modeliser le site.

Une rencontre décisive.

Au travers de réseaux d’entrepreneurs, Aurore entend profiter pour entrer en contact avec des cabinets de recrutement afin d’établir des partenariats pour son projet. « Ces événements networking m’ont permis de rencontrer des chefs d’entreprise qui m’ont aidée à modéliser mon plan » détaille-t-elle. « Un jour, on m’a présenté la mère de Laura, qui possède le cabinet de recrutement Leyders Associates. Elle m’a confirmé que le projet Coop-Time était intéressant, mais qu’elle n’avait pas le temps de s’y pencher. En revanche, elle m’a présenté sa fille ! » Les deux jeunes femmes se rencontrent et vivent un véritable coup de cœur humain l’une pour l’autre. Elles se rendent compte qu’elles partagent une vision commune du recrutement et voient que leurs deux profils sont complémentaires. « J’avais plus d’expérience sur le côté de la recherche de clients et j’avais construit la version 1 du site qui était déjà en ligne. En revanche, il me manquait quelqu’un pour gérer le réseau de coopteurs, les candidats, l’humain en somme » détaille Aurore. Si au début, elles n’avaient pas du tout l’idée de s’associer, l’aventure en commun paraît alors une évidence. « étant issue d’une famille d’entrepreneurs, j’ai toujours ressenti cette petite frustration de ne pas pouvoir créer mon propre bébé… Quand j’ai rencontré Aurore, j’ai été emballé par le projet ! » explique Laura. Officieusement, les jeunes femmes commencent à travailler sur le site, à ouvrir des postes. Puis, en septembre 2014, alors que le réseau atteint 3 000 coopteurs, elles se lancent et créent l’entreprise.

Un intérêt évident du marché.

Dès l’ouverture de l’entreprise, Coop-Time affiche un beau succès populaire. Primée au Hub Day, la société est élue « start-up la plus innovante en transformation digitale et dans le futur des RH ». Rien que ça ! Au bout de quatre mois d’existence, Aurore et Laura sont invitées sur BFM Business pour évoquer la cooptation à l’échelle du web dans un débat. Fort de ce succès rapide, les jeunes entrepreneures décident de sortir la v2 de leur site, responsive et plus simple d’utilisation, tout juste un an après leur création, en septembre 2015. « Nous avons bénéficié de nombreux passages dans la presse car la cooptation constitue un phénomène qui prend de l’ampleur. Au début de l’aventure, on nous a mis à l’honneur alors que nous n’avions rien demandé… » analyse Aurore. Les fondatrices sont même invitées chez Google pour présenter Coop-Time dans un événement présentant le futur du recrutement. Un intérêt global du marché qu’Aurore attribue à l’innovation que constitue sa société : « Depuis 2005 et l’arrivée du réseau social LinkedIn, il ne s’est pas passé grand-chose sur le marché de l’emploi. Nous avons l’impression que Coop-Time est une mini-révolution dans ce domaine, même si la cooptation existe pourtant depuis toujours dans toutes les entreprises. Elle est parfois même un facteur-clé de succès au sein de certains services ! » note l’entrepreneure.

Un business model efficace.

Coop-Time fonctionne relativement simplement. Les recruteurs, clients de l’entreprise, payent 700 euros pour déposer leur offre d’emploi sur la plateforme. Cette dernière est envoyée par l’entreprise à l’ensemble du réseau de coopteurs tous les lundis matins. L’entreprise ne repaye rien ensuite, jusqu’au moment de la mise en poste du candidat. à ce moment-là, Coop-Time prélève une commission de 12 % du salaire annuel brut du recruté. Le modèle fonctionne parfaitement. « Grâce à la cooptation, les entreprises touchent une nouvelle audience de candidats, qui ne sont pas forcément à l’écoute du marché, mais qui sont quand même intéressés par l’offre en question car c’est une personne de confiance qui leur conseille de postuler. En moyenne, en l’espace de 72h, nous recevons 15 à 25 recommandations par poste » détaille Aurore. Les fondatrices filtrent les personnes recommandées et font passer un entretien physique afin de vérifier le bien-fondé de la candidature. Après un contrôle de références de chaque postulant, Aurore et Laura envoient une « short-list » de trois candidats à l’entreprise. Enfin, cerise sur le gâteau, quand un coopteur place un candidat dans une entreprise, il remporte une prime de 700 euros, dont il peut disposer comme il le souhaite.

Développement fulgurant.

Depuis septembre 2015, Coop-Time a connu un essor rapide. En février 2016, l’entreprise a dépassé les 300 000 visites par mois ainsi que la barre des 10 000 visites par jour au début du mois de février ! Les coopteurs de l’entreprise viennent aujourd’hui de partout en France, mais également de l’étranger. L’entreprise vient de dépasser le seuil des 10 000 coopteurs inscrits et actifs sur la plateforme. « Nous travaillons énormément nos communautés sur les réseaux sociaux, de Facebook à Twitter en passant par Instagram, LinkedIn et Viadeo » précise Aurore, qui admet que le passage chez Google a donné à l’entreprise un sacré coup de boost !

Des objectifs à remplir pas à pas.

Malgré ce beau succès immédiat, les entrepreneures n’ont pas la tête dans les étoiles et envisagent l’avenir avec pragmatisme. à court terme, Aurore et Laura envisagent de lancer un v3 du site d’ici la fin de l’année 2016. Davantage de fonctionnalités devraient permettre aux coopteurs de recommander plus facilement et plus rapidement des personnes de confiance. « Nous travaillons également sur le développement d’une application mobile dédiée, afin de rendre la cooptation accessible à tous. Enfin, en parallèle, nous voulons recruter. Il faut renforcer notre équipe de consultants et de Key Account Manager » détaillent les deux jeunes femmes, pétillantes et épanouies, qui semblent aujourd’hui avoir clairement trouvé leur voie dans les méandres de l’entrepreneuriat.

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