Interview de Boris Saragaglia, Fondateur de Spartoo

Retrouvez notre interview exclusive de Boris Saragaglia, Fondateur de Spartoo

Pourquoi avoir choisi la voie de l’entrepreneuriat ?

J’ai eu naturellement envie d’entreprendre et de créer une entreprise car j’aime construire des choses à partir de rien et en faire un succès. J’aime construire un projet, lui donner du sens et des valeurs qui me correspondent. Je suis aussi très attaché à ma liberté. Tout ça fait que j’ai décidé de me lancer dans le projet Spartoo pendant mon cursus à HEC entrepreneurs.

Comment avez-vous trouvé l’idée de votre entreprise ?

Je savais que les business qui se développent très fortement sur les autres continents finissent toujours par arriver en Europe. J’ai donc analysé les portfolios des sociétés de capital risque aux états-Unis et en Asie. J’ai remarqué qu’en 2004, Sequoia Capital avait investi 40 millions de dollars dans Zappos, un site américain de vente de chaussures en ligne. J’ai donc décidé de reproduire le modèle en Europe.

Spartoo n’est donc pas né par passion mais plutôt par raison ?

Complètement, c’est une idée qui a émergé à partir de l’analyse de données très simples. Je pense que pour entreprendre il faut être passionné, mais passionné par le travail, par la résolution de problématiques, pas forcément du produit qu’on vend.

Vous êtes vous associé pour créer Spartoo ?

Oui, comme j’aime les belles histoires humaines, j’ai emmené deux copains avec moi dans l’aventure ! Ils sont d’ailleurs toujours présents à mes côtés dans l’aventure cinq ans après. J’aime les belles histoires et surtout j’aime les construire avec des gens.

A l’époque le business de la chaussure sur le net n’existait pas en France. Ne vous a-t-on pas pris pour un fou ?

J’avais alors 23 ans et je proposais de vendre des chaussures sur Internet, ce qui n’était absolument pas dans les habitudes de consommation… alors oui, j’ai été très peu pris au sérieux ! Mais ce n’est pas grave, j’ai fait preuve de ténacité et nous avons construit l’entreprise pas à pas.

Comment avez-vous financé le démarrage ?

J’ai levé un premier million en 2006. J’ai par la suite fait deux autres levées de fonds, en 2007 4,3 millions auprès d’un fonds français, puis 12,3 millions auprès notamment de fonds américains prestigieux, il y a deux ans. Nous avons levé le premier million en présentant des maquettes du site qui n’était pas encore lancé et en parlant des partenariats avec les marques que nous étions en train de conclure.

N’était-ce pas difficile d’être crédible face aux investisseurs à seulement 23 ans ?

J’ai pallié cette difficulté en leur donnant un maximum de lisibilité sur ce que je voulais faire. J’expliquais exactement comment je souhaitais procéder pour le développement de Spartoo. Puis j’ai fait en sorte de réaliser toutes les promesses que j’avais vendues aux investisseurs, et petit à petit ma crédibilité envers eux s’est renforcée.

Quand vous avez lancé Spartoo vous aviez en tête une ambition pour cette entreprise ?

Ce qui m’importe depuis le départ c’est de construire une société solide sur le long terme. Je me suis donc assuré que chaque élément soit basé sur des fondamentaux solides. J’avais également envie de créer un vrai leader européen dans son secteur.

Comment gérez-vous la concurrence avec les autres sites positionnés sur le même secteur ?

Déjà je pense que ce n’est pas grave d’avoir la même idée de business que d’autres personnes. L’important est de la réaliser mieux qu’eux. Alors nous travaillons dur afin d’être toujours plus proches de nos clients et d’être meilleurs sur l’offre aussi.

Comment vous expliquez-vous le succès de Spartoo ?

Nous nous basons sur trois grandes orientations : d’abord nous sommes toujours axés vers nos clients, puis nous définissons toute notre stratégie à partir de données chiffrées et enfin nous avons une plateforme technologique puissante qui nous permet de nous développer facilement.

Vous avez une vision très rationnelle du business ?

Je travaille comme un architecte. Nous devons construire une belle tour, solide, qui résiste aux intempéries  et pour cela, nous devons nous fonder sur des données tangibles, pas sur des spéculations.

Selon vous quel est le rôle du patron ?

Je me vois surtout comme un coéquipier ayant pour objectif de résoudre les problématiques avec ses équipes et de challenger ses collaborateurs sur leurs objectifs. Nous avons une approche de la hiérarchie très plate au sein de Spartoo : on discute avec moi comme avec les autres.

Est-ce facile de gérer un tel succès professionnel si jeune ?

Déjà moi je ne vois pas cela comme un succès, mais plutôt comme un bon démarrage ! Pour moi, l’aventure Spartoo est avant tout une aventure humaine sympa à vivre ! Après, je ne prends pas le temps de me retourner pour voir si c’est un succès ou pas. Je préfère regarder devant et penser à la suite.

Quel est votre rêve pour les 40 prochaines années de votre vie professionnelle ?

Je ne suis pas quelqu’un qui rêve. Je fais simplement des choses que j’aime : construire et jouir de ma liberté. Je préfère vivre et trouver mon bonheur dans le présent, plutôt que de m’imaginer un monde meilleur pour le futur. Je n’ai pas l’habitude de me projeter dans le futur ou de regarder le passé. Je savoure simplement l’instant présent.

Vous sentez-vous en décalage avec vos amis par rapport à votre réalité quotidienne de chef d’entreprise ?

Complètement. Mais j’essaie d’avoir le recul nécessaire et la maturité suffisante pour gérer cette problématique. l

5 conseils

  1. Se concentrer sur ses clients. C’est la chose la plus importante dans le business.
  2. Toujours appuyer ses stratégies sur des données chiffrées. Il ne faut pas opposer cette manière de fonctionner à la créativité. Ce n’est pas parce que vous êtes rationnel que vous n’êtes pas créatif.
  3. Résoudre les problèmes à court terme avec une vision du long terme. Il faut toujours penser à construire solide.
  4. S’entourer de personnes experts qui sont belles humainement et avec qui vous prenez plaisir à travailler, mais s’assurer aussi qu’ils sont bons dans leur travail.
  5. Ne pas avoir une vision mono-pays de son business. L’économie a besoin d’entrepreneurs forts sur l’Europe. Pensez votre entreprise de manière globale mais agissez sur le local, en essayant de bien comprendre chaque pays.
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