Interview de Arthur de Soultrait, Fondateur de Vicomte A

Aristocrate, people… et surtout entrepreneur ! Découvrez l’interview d’Arthur de Soultrait, fondateur de la marque de vêtements sportswear et chic Vicomte A.

Comment a démarré l’aventure Vicomte A ?

Lorsque j’étais en école de commerce, je ne recevais pas d’argent de poche de mes parents. Alors, pour me faire un peu de sous, je revendais des cravates espagnoles. Je suis parti faire un stage aux états-Unis, dans une entreprise qui a fait faillite deux semaines après mon arrivée. J’étais coincé là-bas sans salaire. Alors j’ai recommencé à vendre mes cravates, au porte-à-porte dans des quartiers riches. Ma petite affaire a très bien marché et j’ai pu me payer mon hôtel et même une voiture. Seul souci, les espagnols tardaient à me renvoyer d’autres cravates et je me suis retrouvé sans ressources. Mes amis américains m’ont dit alors que je n’avais pas besoin d’une marque espagnole pour vendre des cravates. Ils m’ont conseillé de monter ma propre marque. Et c’est ainsi qu’est né Vicomte A, lorsque j’avais 22 ans. Beaucoup de gens ne croient pas à mon histoire ! Ils pensent que ce n’est pas possible !

Pourquoi avoir choisi de jouer avec votre titre de noblesse dans le nom de la marque ?

Ce n’est pas moi qui y ai pensé, ce sont des amis américains. De par l’éducation que j’ai reçue, mon titre de vicomte est quelque chose dont je ne me vante absolument pas. Mais mes amis américains m’ont conseillé de jouer à fond là-dessus pour la marque. Ils savaient qu’aux états-Unis cela aurait beaucoup de succès. Là-bas, on peut très bien être milliardaire, mais personne n’est aristocrate. Nous étions au restaurant et mes amis ont dessiné le logo de Vicomte A sur une nappe. De retour en France, j’ai tout de suite lancé la marque et commencé à produire des cravates.

Aviez-vous déjà l’ambition d’en faire une grande marque internationale ?

Non, pas du tout ! Mon objectif en créant Vicomte A était de générer un petit revenu à côté de mes études pour être indépendant financièrement ! Je me souviens que je m’étais fixé comme but d’arriver à gagner 1 000 € par mois grâce à mes ventes. C’était un petit boulot d’étudiant en quelque sorte ! Mais la société s’est développée et j’ai embauché un premier salarié, puis deux… et l’aventure était lancée !

Un gros contrat a permis à votre business de décoller. Comment avez-vous réussi à le décrocher ?

J’étais allé déposer mes cravates dans plusieurs points de ventes, notamment chez des tailleurs. C’est à ce moment là que la délégation pour la candidature de Paris aux JO de 2012 a lancé un appel d’offre auprès des tailleurs. Ils souhaitaient commander 2 000 cravates. L’un des tailleurs chez qui j’avais déposé mes cravates m’a prévenu tout de suite et nous avons été les premiers à répondre à l’appel d’offre. Deux heures après nous étions dans le bureau de la délégation place Iéna à Paris ! Et nous avons remporté l’appel d’offre face à de très grandes marques qui, elles, avaient mis 15 jours à répondre ! Ce contrat de près de 50 000 € m’a permis de monter l’entreprise.

Vous avez ensuite diversifié l’offre. Pourquoi ?

Tout simplement car je voulais faire connaître la marque, lui donner de la visibilité. Et sur une cravate, il n’y a pas assez de place pour vraiment mettre en valeur le logo. Donc j’ai commencé à produire des polos, des vestes…

Pourquoi vous êtes-vous associé à votre famille pour monter Vicomte A ?

Mon père a été entrepreneur toute sa vie. Il est co-gérant de la société, c’est-à-dire qu’il s’occupe des coulisses de l’entreprise, tandis que moi je suis plutôt sur le développement, la création, et la communication. Vicomte A c’est une grande histoire de famille ! Mes deux frères travaillent aussi avec moi sur le développement commercial et produit.

Vous n’arrêtez pas d’ouvrir des points de vente partout dans le monde. Comment faites-vous pour vous faire connaître à l’international ?

Nous sommes encore débutants à l’export car seulement 20 % de notre chiffre d’affaires est fait à l’étranger. Mais il y a des pays où nous commençons à être bien implantés, comme le Japon, Dubaï, Mexico, et même au Koweït ! Je pense que notre succès à l’international, nous le devons déjà à notre positionnement. Ce côté français, classique mais un peu impertinent plaît beaucoup. Dans chaque pays dans lequel nous nous installons, nous faisons en sorte de nous associer aux meilleurs partenaires. Une équipe de jeunes motivés comme nous associés aux « stars » de la distribution dans un pays, cela ne peut que faire des étincelles !

Avez-vous l’envie de partir sur d’autres projets entrepreneuriaux ?

Pas du tout ! On a souvent l’image de l’entrepreneur qui monte une boîte pour la revendre plein pot trois ans après. Personnellement, je n’envisage pas les choses comme ça. Dans ma famille, nous avons tendance à voir les choses sur le très long terme. J’espère que Vicomte A deviendra une grande marque bien implantée. De toute façon, je ne me vois pas faire autre chose que développer Vicomte A. C’est ma vie, c’est très associé à ma famille et à mes amis !

On vous a vu cette année dans les magazines people aux côtés de votre amie Pippa Middleton. Comment avez-vous vécu ce battage médiatique ?

C’est surtout pour Pippa que cela n’était pas très amusant… Pour moi, comme ce n’est pas tous les jours que je suis agressé par la presse, c’était plutôt original ! Même si je dois reconnaître que cela a été un peu violent à vivre pour mon équipe. Il y avait des camions de télévision devant les bureaux, des journalistes essayaient de rentrer… Dans tous les cas ça reste un souvenir marquant.

Est-ce-que tout ça a eu une influence sur la perception de votre marque ?

Je ne sais pas trop. D’un côté ça a mis un coup de projecteur sur Vicomte A. Mais de l’autre, l’image qui en a été donnée n’était pas toujours très glorieuse. La presse anglaise notamment a beaucoup cherché à me faire passer pour quelqu’un de volage, de décadent. Mais ils oublient que développer une entreprise demande un travail énorme !

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