Les arrêts de travail

Les arrêts de travail au sein des entreprises demeurent un facteur qui demande beaucoup de discernement de la part des dirigeants. Il s’agit de se séparer des jugements hâtifs ou des idées préconçues et d’identifier les causes réelles. Comment faire pour bien analyser la situation et avoir le comportement adéquat ?

Une hausse des arrêts de travail

Dans une enquête croisée avec l’IFOP, le groupe Diot-Siaci révèle une hausse du taux d’absentéisme chez les salariés en 2022 dans tous les secteurs d’activité. Cette enquête a été menée au mois de mars 2023 auprès de 3000 salariés, et d’un Observatoire statistique mis en place par Diot-Siaci portant sur 4 années de 2019 à 2022, sur un périmètre de 660 000 individus en 2022. Ces résultats permettent d’appréhender en profondeur la situation des salariés et des entreprises françaises face à l’absentéisme.

Selon l’analyse de Sabeiha BOUCHAKOUR, Directrice QVT-Prévention Diot-Siaci, on constate les faits suivants.

Le pourcentage de salariés absents au moins une fois dans l’année atteint un niveau sans précédent… et progresse particulièrement chez les jeunes de moins de 35 ans.

En 2022 le taux d’absentéisme est en hausse par rapport à 2021, s’élevant à 5,64 % contre 4,94%. Il retrouve un niveau similaire au taux observé en 2020 (5,62%), et ce en dépit d’une durée moyenne d’absence moindre. La hausse du taux d’absentéisme est liée à l’augmentation du nombre de salariés absents au moins une fois au cours de l’année, laquelle atteint un niveau historique en 2022 avec 45% des salariés en CDI et CDD (contre seulement 35% en 2021).

Toutes les catégories d’âge voient leur absentéisme augmenter entre 2021 et 2022

Cependant, seuls les salariés ayant moins de 25 ans et les 25-34 ans connaissent des niveaux d’absence plus élevés qu’en 2020 : l’absentéisme continue donc à augmenter plus rapidement chez les plus jeunes.

Plus d’un salarié sur deux voit sa santé mentale et physique affectée dans le cadre de son métier…

La majorité des salariés français continuent d’estimer exercer un métier susceptible d’avoir un impact négatif sur leur santé mentale (62%,) ou leur santé physique (52%,), et ces deux caractéristiques sont cumulatives et interdépendantes. En effet, 72% de ceux exerçant un métier pénible physiquement estiment que celui-ci peut aussi affecter leur santé psychologique (+10pts vs moyenne), et 62% de ceux dont le métier a des conséquences néfastes pour leur santé mentale le trouvent également pénible physiquement (+10pts vs moyenne).

… et le stress en est l’une des principales causes.

Parmi les motifs impactant le plus leur santé mentale aux yeux des salariés concernés figurent avant tout les situations de stress (pour 67% d’entre eux), une charge de travail trop importante (51%) ou encore un manque de reconnaissance (46%). Si ces facteurs sont donc surtout liés à l’organisation du travail, l’ambiance de travail occupe une place non négligeable : un tiers des répondants mentionnent ainsi une pression psychologique de la part de leur(s) manager(s) ou bien une mauvaise ambiance de travail entre collègues.

Le stress qui, dans l’imaginaire collectif, est davantage perçu comme toxique pour la santé mentale des salariés, a donc en réalité des conséquences tout aussi dramatiques sur leur santé physique.

Le lien avec le manager

Face aux problématiques de santé au travail, des actions largement attendues par les salariés au niveau de l’entreprise au global, mais aussi au niveau plus proche de leur manager

Le constat est sans appel. Seulement un tiers des salariés interrogés (32%) estiment que les managers de leur entreprise sont suffisamment sensibilisés aux Risques Psychosociaux (RPS), alors même que ceux-ci sont des acteurs de plus en plus centraux dans les grandes transformations en entreprise

L’absentéisme pour des raisons autres que la santé est en recul, avec 16% des salariés arrêtés en 2022, soit 7 points de moins qu’en 2021. Concernant l’absentéisme dit « de complaisance », 2% des salariés déclarent avoir été arrêtés en 2022 pour convenance personnelle ou suite à des congés refusés.

En parallèle, l’intérêt pour les différentes formations dédiées à la santé progresse, que ce soit sur les sujets de prévention des Troubles Musculo-Squelettiques (TMS) (71% des salariés intéressés, +6pts vs 2021), de gestion du stress et de prévention des RPS (67%, +8pts), mais aussi sur des sujets plus personnels et intimes comme des conseils sur le sommeil (56%, +5pts), des dispositifs d’aide pour l’accompagnement d’un proche malade (50%, +8pts), ou encore une ligne d’écoute psychologique (50%, +9pts). Ces résultats confirment les attentes des salariés pour un rôle élargi de l’entreprise.

« Alors que la question de l’absentéisme se voit sous le prisme du manque d’engagement des salariés, les résultats de l’enquête montrent très clairement que c’est bien la santé au travail qui est la cause racine de l’écrasante majorité des absences. Cette enquête souligne aussi de façon évidente que les salariés appellent de leurs vœux des actions plus recentrées sur les conditions de travail. »

Impératif de sortir des préjugés 

les salariés ne posent pas toujours d’arrêt dans des situations qui devraient l’imposer. En effet, confrontés à une difficulté nécessitant un arrêt maladie, 44% des salariés ne posent pas d’arrêts. 34% se rendent à leur travail et 10% préfèrent poser un congé (CP ou RTT). Ces derniers mettent notamment en avant 2 types d’explication. Ainsi, la volonté de ne pas voir leurs revenus baisser (surtout chez les ouvriers) et l’importance de leur charge de travail (surtout chez les cadres)

Le burn out, un fléau à endiguer

Selon des études antérieures, 23% des salariés ayant connu un arrêt associent cet arrêt à une cause professionnelle. Elles sont la conséquence de difficultés liées aux pratiques managériales (12%) ou aux tensions liées à l’organisation du travail (11%)

 Plus spécifiquement, 7% des salariés ont été arrêtés lors des 12 derniers mois pour un syndrome d’épuisement professionnel (communément appelé « burnout »). Les femmes (9%), les plus jeunes (9% des moins de 30 ans) et ceux qui travaillent en CDD (11%) sont ceux qui ont le plus connu ce type d’arrêt.

Mais aussi liés à la charge d’une personne à domicile

A noter que 22 % des salariés sont des aidants naturels. Le taux de burnout en cas de personne à charge au domicile du salarié grimpe à 14 %.

Les arrêts de travail, un frein pour les entreprises

Pour une majorité de DRH, les arrêts de travail ont un impact négatif sur l’organisation de leur entreprise (75%) et sur sa performance économique (58%). Ils font face à des difficultés de remplacement et citent parmi les impacts indirects des baisses de production et des retards de livraison.

Prendre en considération les personnes

Prendre en considération les personnes qui reviennent d’un long arrêt de travail est  impératif car l’entreprise doit être avant tout humaine. Le souci de rentabilité ne peut en aucun justifier le fait de ne pas donner aux personnes qui reviennent les meilleures chances de pouvoir  reprendre le travail en toute sérénité.

Le retour au travail après un arrêt de longue durée (plus de 3 mois) apparaît pour 84 % des salariés comme un moment angoissant et 62 % des salariés ayant connu un arrêt long expriment un besoin d’accompagnement par leur entreprise, avec en premier lieu un besoin d’écoute et de considération de la part de leur supérieur, d’accompagnement administratif, et des adaptations de postes et de conditions de travail.

Le télétravail, la solution pour réduire les arrêts

21% des entreprises ont mis en place un accord de télétravail. Pourtant, le télétravail (notamment occasionnel) semble avoir un impact fort sur le taux d’absentéisme. Le taux d’absentéisme des salariés qui ont des possibilités de télétravail est de 2%, voire même dans le cas de télétravail occasionnel est de 1.2% contre 4.3% pour les salariés qui n’ont pas de possibilités de télétravail.

Quelles sont les actions mises en place ?

Parmi les actions mises en place par les entreprises en gestion et prévention des arrêts de travail : mise en place d’un environnement de travail de qualité (80%), l’aménagement des horaires et des rythmes de travail (65%), le renforcement de l’équipe du salarié en arrêt (62%) et l’accompagnement des salariés en retour d’arrêts de travail (59%).

Mais qui demandent un suivi

28 % des entreprises ont mis en place une communication ou des dispositifs pour inciter à la pratique de l’exercice physique, et 25 % pour équilibrer l’alimentation pour préserver la santé et 25% des entreprises se sont dotées d’une ligne téléphonique d’accompagnement et de soutien psychologique.

Les DRH, un impératif besoin de formation

Un DRH sur deux consacre au moins 10 % de son temps de travail à la prévention et à la gestion des risques humains et sociaux.

Parmi les préoccupations principales 3 DRH sur 4 jugent l’évolution de l’entreprise comme un défi et 83 % expriment un besoin de compétences nécessaires pour exercer leur métier. 

De leur côté, dans un contexte d’évolution de leur travail, 77% des salariés identifient en priorité des besoins de compétences pour exercer leur métier et 71% identifient comme premier défi l’organisation de l’entreprise.

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