Vers la fin du CDI ?

Risque d’une mauvaise embauche, nouvelles méthodes de travail, externalisation, développement de nouveau statut permettant de travailler, … Voguons-nous vers la fin du contrat à durée indéterminée ?

L’emploi en CDI est de plus en plus impopulaire chez les TPE et PME comme en témoigne les augmentations récentes du nombre de CDD. De nouvelles alternatives se développent et le marché du travail change. Effet d’une période de fragilité économique ou réel changement des mentalités ?

La prolifération du CDD

Les petites (et grosses !) entreprises se dirigent vers des contrats à courte durée, qui nécessitent moins de visibilité sur les ventes futures. Les contrats de travail temporaire sont de plus en plus nombreux – surtout chez les jeunes. Selon une étude de l’INSEE, plus de la moitié des salariés de moins de 24 ans sont en CDD, en intérim ou en alternance. Contrairement à 18% d’entre eux en 1982. Des chiffres qui pourraient s’amplifier au regard de la conjoncture actuelle. Les aides mis en place pour faire face au chômage, ont aussi baissé. A la fin des années 90, ils étaient plus de 800 000 bénéficiaires, contre les 300 000 recensés il y a 2 ans.

Les contrats en CDI baissent ainsi au profit, majoritairement, du CDD. Les statistiques le prouvent. D’après la caisse nationale de l’URSSAF, les CDI ont chuté de 12% de 2012 à 2013. Aujourd’hui, les CDD représentent 81,7% des embauches (contre 71.3 il y a 10 ans). Ils se multiplient donc logiquement, mais raccourcissent : +2,6% pour les CDD de plus d’un mois ; +6,5% pour les CDD de moins d’un mois.

L’influence des nouveaux outils et méthodes de travail

Les nouveaux outils liés à Internet replacent cette problématique au goût du jour. La dématérialisation de l’information et du partage, qui conduisent à la décentralisation du travail en général et à l’autonomie du travailleur, changent la donne. Grâce à des solutions Cloud (Google Drive), aux e-mails et intranet, à Skype, et à la numérisation en général ; la majorité des travailleurs peuvent œuvrer de chez eux, avec comme seul outil un ordinateur et une connexion internet. Dès lors, il est plus facile pour un employeur d’externaliser, et de faire travailler à distance des free-lance.

La frilosité des entreprises à employer un CDI

Dès lors, comment expliquer davantage ces chiffres, et la frilosité des entreprises ? Déjà par les points faibles du CDI :
• L’employé, du fait de la sécurité de celui-ci, peut être tenté de diminuer son implication, ou bien de s’installer dans une routine, ce qui nuira à sa productivité.
• Le contrat est aussi peu flexible. Il est très complexe pour un employeur de licencier son salarié ou de diminuer ses heures de travail lorsque l’activité diminue.
• Les salariés partant en congés sont extrêmement difficiles à remplacer dans les PME qui disposent de peu d’effectif et d’une charge de travail élevé.
• il subsiste un véritable risque – en période de crise économique – à engager un CDI, étant donné les difficultés du recrutement (et du licenciement).
De nombreuses PME ou TPE remettent en cause la flexibilité du code du travail, peu adapté à la taille de leur structure. Les attaques aux prudhommes, qui semblent s’être banalisées, effraient aussi les dirigeants qui évitent d’employer.

Les alternatives privilégiées

Pour éviter le CDI, les employeurs se tournent vers d’autres statuts, comme celui d’auto-entrepreneur, qui n’offrent pas de garanties (avec une sécurité de l’emploi moins absolue) au travailleur. Pourquoi ? D’abord car ce dernier s’implique, en général, plus dans son travail puisqu’il peut voir sa mission s’achever à tout moment. Depuis sa mise en place en 2009, initialement pour faciliter la prise de risque en France, on compte aujourd’hui près d’un million d’auto-entrepreneurs actifs. Ce qui en fait une solution très populaire. Le statut revient à un régime simplifié d’entreprise, qui vous exempte de charges sociales et fiscales quand il n’y a pas de CA dégagé. Ce statut offre à une personne la possibilité de se « mettre à son compte » tout en travaillant pour une entreprise qui n’aurait pas à l’employer.

Dans la même lignée que celle de l’auto-entrepreneuriat, le partage salarial permet à une personne de proposer ses services – ou de tester son entreprise – sans créer de société. La loi de modernisation du marché du travail le définit comme « un ensemble de relations contractuelles organisées entre une entreprise de portage, une personne portée et des entreprises clientes comportant pour la personne portée le régime du salariat et la rémunération de sa prestation chez le client par l’entreprise de portage. Il garantit les droits de la personne portée sur son apport de clientèle. » Le porté (qui a le statut de cadre) effectue une prestation pour un client, qui verse ses honoraires à une société de partage. Cette dernière les redistribue au porté, en déduisant les cotisations sociales et une commission. Cette alternative concerne plus des missions bien définies qu’une période indéterminée.

Le CDD reste l’alternative la plus prisée par les petites entreprises. De durée déterminée, le risque professionnel est moins grand pour l’employeur (même s’il est plus couteux) et permet toujours de proposer un CDI à la fin de la durée convenue…

Quitter la version mobile