Trouver des financements pour développer son entreprise

Par François Goussu Leveur de fonds

Les financements de la croissance, si l’on s’en tient aux PME en France, n’ont jamais été aussi nombreux et approvisionnés en liquidités. Mais pour y accéder, il faut bien s’y prendre !

Le banquier est votre allié

En tous cas, vous devez tout faire pour qu’il le devienne. Son maître-mot : la confiance. Son problème : le manque d’information et donc de visibilité. Sa crainte : que vous lui fassiez défaut.
La confiance ne se décrète pas. Prenez la peine de rédiger personnellement et de lui adresser chaque mois une simple page avec les faits marquants et les chiffres-clés du mois qui vient de s’achever. Prenez la peine de lui envoyer chaque année vos bilans, et de rencontrer le banquier à l’agence peu après pour les commenter. De temps à autre, proposez de déjeuner pour échanger sur vos projets (plus convivial qu’à l’agence). Appelez-le ponctuellement pour lui demander un conseil ou un contact. Et bien sûr, surtout, si vous anticipez un incident, prévenez-le ! Avec un minimum d’attention et d’information régulière, vous pourrez lui inspirer confiance.
Autre point et pas des moindres : c’est lui qui détient les clés du financement de vos projets de croissance, notamment le crédit d’équipement, ou l’emprunt pour racheter une affaire. C’est aussi lui qui instruira les dossiers de garantie Oséo. Il peut aussi vous fournir les services d’affacturage (qui peuvent résoudre partiellement la question de l’accroissement du besoin en fonds de roulement en phase de croissance). Dernier point : demandez-lui un rendez-vous pour connaître votre cotation BDF (Banque De France) et vos cotes de solvabilité, les commenter et lui demander conseil pour améliorer les choses, le cas échéant. Ceci impacte directement votre capacité d’emprunt et le niveau des taux que vous pourriez négocier.

Les fonds propres

Le niveau de vos fonds propres va conditionner la faisabilité de vos projets de croissance. La PME française est historiquement sous-capitalisée et pâtit d’un laxisme sur les délais de paiement inter-entreprises. Trois conséquences majeures : Insuffisance de financement du BFR, entraînant un recours coûteux et trop fréquent au découvert bancaire, et/ou à l’affacturage. Vulnérabilité générale vis-à-vis des banques, dont les politiques en matière de suivi des entreprises peuvent connaître des variations imprévisibles, et pas toujours compréhensibles… Enfin, handicap permanent pour les projets de croissance. La faiblesse chronique des fonds propres contraint l’entrepreneur à demeurer petit, car il ne peut pas prendre de risque de croissance. En effet, la croissance entraîne très souvent une augmentation du BFR, qu’il n’a pas les moyens de financer, même s’il aurait pu obtenir par exemple un crédit d’équipement.

Cash is king

Votre trésorerie est votre arme la plus précieuse. Son niveau vous donne de la marge de manœuvre, que ce soit avec vos clients, vos fournisseurs, vos collaborateurs, vos actionnaires, et dans vos projets (en particulier en phase de croissance externe). La qualité de sa gestion vous permettra d’inspirer la confiance d’un banquier. Et la notion de confiance est centrale dans les opérations de financement. Sans confiance, pas de crédit, pas de soutien. Soignez votre trésorerie. Faites même de ce soin votre principale routine quotidienne.

Le BFR se finance avec de la ressource durable, et pas avec du découvert

La bête noire de l’entrepreneur : le besoin en fonds de roulement. Vous devez financer des stocks, des salaires, des charges fixes. Et accorder – ou vous faire imposer – des délais de paiement à vos clients. Votre BFR est facile à calculer et à surveiller. Il est en principe stable dans la durée, sauf accident, et croît en phase d’expansion. Idéalement il devrait être financé par de l’argent stable, donc du capital. Concernant particulièrement les projets de croissance, il convient de bien calculer l’accroissement du BFR, afin de calibrer l’augmentation de capital nécessaire. Vous pouvez aussi avoir recours à l’affacturage. Y recourir en totalité n’est pas conseillé. Financer votre BFR en tirant sur votre découvert est ce qu’il y a de pire. Outre le coût prohibitif, que se passe-t-il si votre autorisation de découvert est réduite ou supprimée ? Vous ne pouvez plus financer normalement votre exploitation.

Les équipements productifs et les rachats d’entreprise se financent par emprunt

Il vous faut lister les différents besoins et identifier les financements appropriés. Hors aides et subventions, on en revient essentiellement à l’emprunt bancaire ou obligataire. Votre capacité d’emprunter, et donc de réaliser votre projet de croissance, repose sur : une situation de trésorerie maîtrisée (même en flux tendu, elle ne doit pas vous handicaper), des fonds propres suffisants (votre cote de solvabilité conditionne votre crédit d’emprunteur), de bonnes relations avec votre banquier, ou au moins un minimum de confiance mutuelle…, une anticipation de l’accroissement nécessaire de vos fonds propres, et bien sûr, un dossier solide pour un projet crédible, une équipe confirmée et des risques identifiés.

Article par François Goussu, Leveur de fonds

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