Qu’est-ce que « l’impact investing » ?

Difficile de s’y retrouver pour placer son argent, entre les fonds d’investissement, les Business Angels, les plateformes de crowdfunding… Trouver l’entreprise qui correspond à votre vision tout en identifiant celle qui parviendra à lever suffisamment de fonds pour pouvoir se développer dans le futur peut représenter un casse-tête. Pour vous aider, une nouvelle stratégie d’investissement est en passe de se démocratiser : « l’impact investing ». Définie pour la première fois en 2007 par la Fondation Rockfeller, elle désigne les stratégies d’investissement alliant explicitement recherche de performance sociale et environnementale avec des objectifs financiers ambitieux.

Investir dans une stratégie responsable

« L’impact investing » consiste à placer son argent dans des entreprises innovantes dont l’activité principale est dédiée à l’atteinte d’un objectif positif pour l’environnement et/ou la société. Cette pratique dont la renommée croît chaque jour n’en est qu’à ses débuts et devrait, dans les mois qui suivent, devenir une tendance majeure de l’investissement.

Par « l’impact investing », les investisseurs font le choix de financer un projet, soit une entreprise qui va aider un secteur, qui fera partie de l’innovation durable. Les projets sont très divers : cela peut être des entreprises issues du domaine de l’énergie renouvelable, des structures qui ont pour objectif de faire avancer la médecine ou encore qui veillent à ce que leur chaîne de valeur soit inclusive pour les personnes en situation de précarité. Que ce soit à court ou à long terme, elles représentent un impact positif pour les populations et la Planète.

Une évolution vers la démocratisation

Si « l’impact investing » demeure une pratique qui émerge encore, elle n’est pas vraiment nouvelle. Les problématiques durables et sociétales prennent une place de plus en plus importante dans notre manière de gouverner les entreprises et d’investir, de manière générale. En 2008, par exemple, la loi de modernisation de l’économie (loi Fabius) a rendu obligatoire la proposition d’un fonds solidaire pour les dispositifs d’épargne salariale, systématisés dans les entreprises de plus de 50 salariés. Et c’est depuis cette loi qu’ont massivement émergé les fonds communs de placement d’entreprises solidaires (FCPES), plus connus sous l’appellation « 90-10 », devant investir entre 5 et 10 % des montants sous gestion dans des entreprises agréées sociales et solidaires.

Autre exemple : depuis 2010, les entreprises cotées en bourse et réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 100 millions d’euros ou dont la masse salariale est supérieure à 500 personnes sont dans l’obligation de rédiger un rapport RSE annuel. Ce dernier doit comporter toutes les mesures prises par l’entreprise en faveur de la société et de l’environnement, dans les pratiques internes ou par rapport aux parties prenantes externes. Enfin, en 2015, les Nations Unies ont établi 17 recommandations sur le développement durable pour 2030, censées inspirer les entreprises, gouvernements et citoyens dans leurs actions quotidiennes.

Si les investisseurs ne font pas encore des critères sociaux et environnementaux leur préoccupation numéro une, il paraît, cependant, de plus en plus évident de soutenir les entreprises dont l’activité et l’organisation sont orientées vers la résolution d’une problématique sociale et/ou environnementale majeure. Les entreprises de l’ESS (Économie Sociale et Solidaire) se démarquent et séduisent de plus en plus de parties prenantes et clients par leur engagement fort et les valeurs qu’elles véhiculent. Les modes de consommation évoluent, les clients sont de plus en plus soucieux de la traçabilité des produits, de leur impact environnemental et social, et sont de plus en plus engagés dans une démarche éco-responsable, ce qui n’échappe pas aux investisseurs. Il en va de même pour les épargnants, de plus en plus attentifs à la destination de leurs fonds.

Faire du social, tout en étant rentable

S’agissant d’un investissement, il faut réfléchir à un réel retour. Impact positif ne signifie pas mécénat ni philanthropie. Les pratiques sociales et environnementales séduisent les consommateurs mais ce n’est pas forcément parce qu’une entreprise a un tel concept qu’elle va générer du profit. Investir dans ce type de projets demande du discernement pour chaque financement. Dans ce cadre, la démarche d’investissement est intimement conditionnée à l’atteinte d’objectifs de viabilité économique et de rentabilité. Si ceux-ci sont peut-être moins ambitieux que pour les entreprises sans recherche d’impact positif, ils ne restent pas moins essentiels et sont nécessaires au développement et à la croissance de ladite structure.

Et pour regrouper ces deux aspects, des plateformes d’investissements étudient scrupuleusement les candidatures des entreprises. Elles disposent de projets avec un impact positif, tout en permettant un retour optimal sur investissement. C’est le cas, par exemple, de Sowefund, une plateforme française qui a développé une filière d’investissement à impact, s’attachant à proposer des projets ayant une visée environnementale et solidaire, en plus de ses opportunités classiques. Depuis 2014, le service propose aux particuliers d’investir au capital de start-up innovantes et dédie, depuis cette année, une partie de son portfolio aux projets innovants à impact positif. Le but étant de permettre aux investisseurs de choisir parmi une sélection de projets divers et variés, au plus proche de leurs attentes (financières et durables) et de leurs valeurs.

Même si « l’impact investing » ne parle pas encore à tous, il commence réellement à se démocratiser partout dans le monde. Selon une étude de la banque JPMorgan, cette pratique devrait représenter 1 000 milliards de dollars d’ici 2020. Et bien qu’en France l’engouement reste encore limité, à l’international, « l’impact investing » devient une réelle tendance.

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