Comme un poisson dans l’eau…  du succès !

Interview de Grégory Marciano, cofondateur de l’enseigne de vente de sushi créatifs Sushi Shop.

Qu’est-ce qui vous a mené à vous lancer dans le sushi à une époque où seuls les japonais en mangeaient en France ?

Après mes études de droit, j’ai vécu un an aux états-Unis. Là-bas, j’ai découvert des sushi complètement différents de ce que je connaissais ici. Il y avait déjà beaucoup de restaurants de sushi créatifs, comme les california rolls que j’adorais. Quand je suis rentré en France j’ai donc voulu continuer à en manger… mais rien de tel n’existait ! On ne mangeait des sushi que dans des restaurants de japonais pour des japonais, donc très traditionnels, et chers en plus ! J’ai senti qu’il y avait là un vrai marché à prendre.

Vous aviez déjà l’envie de créer votre propre boite ?

Pas exactement… Mais ce dont j’étais sûr c’est que je ne me voyais pas devenir avocat, ça ne me passionnait pas du tout ! Mon associé Hervé Louis avait, lui, très envie d’entreprendre. J’avais l’idée et il avait le projet de création, donc on s’est lancé. Je crois que Sushi Shop est avant tout une histoire d’amitié entre Hervé et moi.
Vous étiez alors très jeunes et le concept était novateur. N’avez-vous pas eu du mal à convaincre ?
Si, bien sûr ! Tout le monde nous déconseillait de nous lancer, en nous expliquant que notre concept était voué à l’échec ! Nous avions 23 et 26 ans, nous nous lancions dans un concept que personne n’avait testé avant nous… Les plus optimistes nous disaient « C’est super, prenez-le comme une bonne expérience pour le futur ! ». D’ailleurs nous avons eu du mal à simplement ouvrir un compte professionnel pour la société. Deux banques ont refusé que nous ouvrions un compte chez eux.

Pourquoi avoir choisi le modèle de la livraison à domicile qui n’était alors pratiqué que pour les pizzas ?

Parce que nous n’avions pas assez d’argent pour acheter un restaurant, nous n’avions que 60 000 francs chacun ! Notre stratégie est née pour beaucoup de nos impératifs financiers. Nous avons eu tout juste assez pour ouvrir une boutique de même pas 30 m² et pour recruter un cuisinier. Nous avons ouvert en 1998, le 1er avril, ce qui est assez drôle pour une entreprise qui vend du poisson ! Au départ, nous avons dû faire un peu avec les moyens du bord : un soir, c’était Hervé qui faisait les livraisons et moi qui était à la caisse et le lendemain, on échangeait.

Mais le succès est arrivé vite, non ?

Oui, nous étions les seuls à proposer ces produits là et à un prix abordable. Nous avons vite rencontré du succès vis-à-vis de notre cible, la jeunesse dorée de l’ouest parisien. L’été suivant nous avons ouvert un point de vente éphémère à Saint-Tropez. Puis en septembre nous avons ouvert un second point de vente à Neuilly. Et tout ça en autofinancement, en nous débrouillant. Face au succès que nous rencontrions, des concurrents comme Planet Sushi sont arrivés sur le marché.

Comment êtes-vous passé de ce petit succès dans l’ouest parisien à un fort développement sur la France ?

Nous pensions que Sushi Shop allait se contenter d’être un succès sur cette petite niche de l’ouest parisien. Mais il s’est opéré en France un changement entre 2003 et 2005. Les traiteurs chinois ont vu leurs business s’effondrer suite à la diffusion d’une émission qui dénonçait les fameux « raviolis appartements » dans lesquels les normes d’hygiène alimentaire laissaient à désirer. Ils ont alors massivement choisi de se reconvertir en restaurants de sushi. Résultat, toute cette nouvelle offre a créé la demande. Les gens ont connus les sushi grâce à cela. Et ils sont venus à Sushi Shop pour être rassurés sur les normes d’hygiène de leurs sushi et avoir plus de variété et de choix.

Vous avez alors fait le choix du développement en franchise ?

Oui, à ce moment là, nous nous sommes dit qu’il y avait un potentiel de développement beaucoup plus grand que nos 5 petites boutiques. Nous avons alors mis en place les outils pour nous développer, pour construire un concept uniforme. Nous avons rencontré Adrien Schompré, le troisième associé, qui connaissait bien la franchise. Nous avons ouvert finalement notre première franchise en 2008. Et aujourd’hui, sur les 100 points de ventes en France et à l’international que compte notre réseau, environ 55 sont des succursales et 45 sont des franchises.

Quelle est votre stratégie de développement à l’international ?

Nous ne nous disons jamais « tiens, il faudrait que nous attaquions tel pays ! ». En fait, toute notre stratégie à l’international est guidée par la rencontre avec la bonne personne au bon moment. à chaque fois, c’est une personne qui nous a donné envie de nous installer. Nous avons récemment ouvert un point de vente à New York car l’un de nos amis nous a fait part de son envie de développer Sushi Shop là-bas. Le concept que j’avais emprunté aux états-Unis a traversé l’Atlantique : j’ai l’impression que la boucle est bouclée !

Avez-vous d’autres projets de création d’entreprise aujourd’hui ?

Non, plus maintenant. Depuis l’explosion du concept de Sushi Shop je me concentre pleinement sur son développement. Mais il y a quelques années, j’ai testé d’autres idées d’entreprises, sans grand succès. J’ai lancé une marque de vêtements. Je n’ai pas connu de succès avec ce concept, mais au moins j’ai eu le mérite d’essayer ! Aujourd’hui avec Sushi Shop, j’ai trouvé une idée qui marche très bien, avec une marque et des produits que j’aime. C’est très agréable pour moi de travailler sur le développement de la marque. Par contre, nous avons quelques petits projets de diversification que nous mettrons assez vite en place, dès que nous aurons atteint le taux de développement maximal de l’enseigne en France. Mais secret, je ne peux pas en dire plus !

3 clés pour réussir par Grégory Marciano

Ne pas trop réfléchir avant de se lancer. Certes, il ne faut pas se lancer n’importe comment, il faut bien réfléchir à la viabilité de son projet. Mais je pense qu’il ne faut pas trop réfléchir non plus. Si on veut devenir entrepreneur, il faut déjà commencer par entreprendre ! à force de trop réfléchir, de trop envisager l’échec comme possible, on n’entreprend jamais. L’échec est évidemment possible, mais si on ne se lance jamais, on n’aura jamais de succès !

Apprendre à déléguer. Une fois passée une certaine taille d’entreprise, il faut savoir avouer qu’on n’est pas le meilleur partout et s’entourer des bonnes compétences.

Faire ce que l’on aime. Si l’on trouve une idée qui peut générer un très grand marché, mais qu’on n’aime pas le produit, cela risque d’être dur. On vit son entreprise 24/24h, donc il vaut mieux faire quelque chose que l’on aime !

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