Les frontières avec les nouveaux moyens de communication semblent abolies. Et pourtant rien de plus difficile que de communiquer en dehors des obligations liées aux différentes tâches des salariés. Les salariés se sentent isolés. Décryptage d’une réalité inquiétante.
SFL vient de publier les résultats du 6e baromètre Paris Workplace, réalisé en partenariat avec l’Ifop (1 600 salariés interrogés, travaillant dans un bureau, à Paris et première couronne). Cette édition 2019 mesure, pour la première fois en France à cette échelle, l’impact des interactions entre les salariés sur leur performance et leur bien-être.
Inutile de le répéter, les moyens de communication sont omniprésents
7 salariés sur 10 échangent quotidiennement avec plus de 10 personnes par messagerie instantanée, mails, téléphone ou intranet. L’apparence trompeuse est que nous sommes loin de l’isolement.
De plus Les open spaces et les bureaux partagés se sont multipliés comme des champignons, depuis 20 ans, rassemblant aujourd’hui 82 % des travailleurs. Les salariés vivent donc dans des espaces de travail où en fait ils ne sont pratiquement jamais seuls. L’apparence trompeuse est que nous sommes loin de l’isolement.
Or, une majorité de salariés avouent qu’il leur « arrive de se sentir isolés » au sein de leur entreprise (59 %) et de plus un quart des salariés affirment se sentir « souvent isolés », évoquant la réalité quotidienne du salarié enfermé dans l’isolement.
Pour l’entreprise, cette enquête montre ses failles puisque se sentir isolé est un sentiment qui est loin de montrer le caractère convivial d’une entreprise et donc que ses salariés ne sont pas vraiment heureux au travail. Les salariés évoquent même le fait que cette situation leur engendre un véritable stress et établit des relations délétères puisqu’ils se sentent dévalorisés sur leur performance par rapport aux collègues
Mais quelles en sont les raisons et les conséquences ?
Les salariés souvent isolés jugent à 49 % qu’ils ne se sentent pas soutenus en cas de difficultés et Ils avouent avoir des tensions avec leur responsable hiérarchique et même avec leurs collègues. Dans ces conditions, le sentiment d’isolement et son corollaire la souffrance apparaissent évidents. Les salariés 70% recherchent à quitter l’entreprise pour trouver une meilleure qualité de vie au travail.
Dimitri Boulte, Directeur Général Délégué de SFL souligne :
« L’intérêt de l’étude est de démontrer, chiffres à l’appui et sur un échantillon solide de 1 600 salariés, comment l’intensité relationnelle (quantitative comme qualitative) crée du bien-être et de la performance. Le bureau, en permettant de rassembler physiquement les salariés, est à la fois un catalyseur de performance, un aimant à talents et le véhicule de la culture d’entreprise. Les entreprises qui l’ont compris en tirent un actif stratégique dans la course à l’innovation et dans la guerre des talents. »
Se parler en face à face pour rompre l’isolement
Envoyer plus d’e-mails ? Téléphonez plus souvent au salarié ? Rien de plus destructeur. Si la généralisation des messageries internes et externe obéit à une logique d’efficacité opérationnelle, elle n’apporte aucune amélioration dans les relations humaines. Le résultat de l’enquête confirme qu’un salarié qui échange quotidiennement avec 10 collègues par mail a autant de risque de souffrir d’isolement que celui qui échange avec moins de trois personnes.
En revanche, plus on échange en face à face, c’est -à-dire plus on se parle plus le sentiment d’isolement disparait. L’échange de personne à personne est plébiscité par les salariés : à choisir, 77 % préfèrent échanger avec leurs collègues ou leur hiérarchie en face à face (13 % par mail, 10 % par téléphone).
Le management, que peut-il faire ?
- Promouvoir le travail collaboratif : le bien-être au travail est directement corrélé à la fréquence du travail en équipe : les collaborateurs qui travaillent « très souvent » en équipe ont une perception plus positive de l’ambiance dans l’entreprise. Ils donnent à la qualité des relations avec leurs collègues une note de 7,4/10, contre 6,8 pour ceux qui travaillent « rarement » en équipe. Le principe du travail collaboratif est l’échange !
- Soutenir les salariés face à une difficulté : les salariés qui se sentent « soutenus » en cas de difficulté sont plus heureux au travail, s’estiment plus efficaces et jugent leurs supérieurs plus performants.
L’environnement de travail, un critère positif ?
Les salariés qui échangent le plus et qui entretiennent de bonnes relations avec leurs collègues disposent, plus souvent que la moyenne, d’espaces de convivialité dans leurs bureaux (84 % vs 66 %), et d’espaces destinés à travailler en mode collaboratif (62 % vs 47 %).
Last but not least, l’aménagement des bureaux joue un rôle sur la qualité des relations : le meilleur « format » est celui des bureaux partagés de 2 à 6 personnes, qui favorisent davantage les échanges de qualité que les open spaces ou les bureaux individuels fermés.
La qualité des relations entre salariés résulte donc également des choix réalisés par l’entreprise en matière d’aménagement des espaces.
Éric Singler, Directeur Général du Groupe BVA le souligne dans ces propos :
« Nous sommes passés… une économie de la connaissance au sein de laquelle l’intelligence de chacun prime. Il faut donc créer les conditions de la créativité et de l’engagement. Et, à ce titre, l’environnement physique a un rôle à jouer. Tout compte : les matériaux, les couleurs, les odeurs, l’ambiance sonore, les flux de déplacement… Il y a des « règles » universelles. Par exemple, les tables rondes dans une salle de créativité ou de réunion diminuent le risque conflictuel (versus des tables rectangulaires), etc. Les open spaces ont autant des machines à communiquer que des espaces d’interruption. »