Digimind, l’entreprise en croissance sans levée de fonds

Bien que très peu connue du grand public, l’entreprise œuvre en B to B et recrute à tour de bras avec un développement sous contrôle mais qui se fait bel et bien sentir. Immersion dans une entreprise où l’ambiance start-up est au rendez-vous. 

Des atmosphères multiples. 

Il est 10 h lorsque nous arrivons devant l’entrée de l’entreprise située à côté d’un cinéma sur la plus belle avenue du monde. Nous poussons la porte d’entrée et l’ambiance feutrée nous surprend immédiatement : elle nous fait penser à un café lounge. Nous arrivons devant l’ascenseur, moderne, direction le 4e étage où se situe un accueil qui dégage un certain charme. Une fois celui-ci traversé, il nous reste un étage à monter avant de nous retrouver devant une porte de sécurité où un salarié, plutôt détendu, nous ouvre. En franchissant le seuil de la société, nous remarquons immédiatement un billard, un babyfoot, un gong et nous ressentons une impression à la fois chaleureuse et originale.  

Une répartition des équipes par pôle. 

Charlotte Desrosiers, la directrice marketing et communication monde de Digimind, ne tarde pas à nous rejoindre et nous propose de faire la visite des locaux en même temps que nous dégustons un café, tout cela avec le sourire. Nous apprenons en commençant notre visite qu’elle a rejoint récemment l’entreprise, en janvier de cette année. La décision n’était pas pour autant facile. Originaire de Grenoble, où est situé le siège originel de l’entreprise, elle décide de quitter sa société où elle était installée depuis 6 ans pour rejoindre avec sa famille la capitale. Elle nous fait découvrir chaque service réparti sur plusieurs plateaux : service prospection, commercial, R&D, analyse… Nous traversons des petites salles munies de canapés qui permettent « à ceux qui le désirent de s’isoler ou de pouvoir passer des coups de téléphone ». Tout au long de notre visite, nous remarquons des photos de salariés placardées sur les murs. Charlotte nous précise qu’une nouvelle séance photographie est prévue car de nombreuses arrivées ont eu lieu et vont se produire. Dans la salle de réunion, des photographies de salariés trônent également, cette fois dans des pauses plus festives ainsi que les logos des clients qui font la fierté des équipes, synonyme de la réussite de l’entreprise. 

Une ambiance et des animations sympathiques. 

Côté ambiance, nous demandons à notre interlocuteur l’utilité du gong. « Lead gagné, rendez-vous chez un prospect qu’ils ont toujours rêvé d’avoir, le nombre de followers dans un pays, un recouvrement, une analyse livrée, le fait d’avoir été nommé leader par « G2 Crowd » (le Tripadvisor du logiciel)…, toutes les bonnes nouvelles s’avèrent un prétexte pour le sonner ! » nous raconte-t-elle. Elle ajoute : « Le babyfoot et le billard sont utilisés principalement le midi même si nous organisons parfois des tournois. » Un écran que nous découvrirons par la suite, la Digimind TV permet aux équipes de visionner des images du monde entier qui concernent l’entreprise : nouveau salarié, nouveau client, événement majeur de l’entreprise, événements internes tels qu’un carnaval où presque tous les salariés « ont joué le jeu et y sont allés de leur costume ». Au cours de notre entretien, nous apprenons qu’une grande animation regroupant tous les services est organisée tous les trois mois. Ce vendredi, aura d’ailleurs lieu un international lunch où chaque collaborateur ramène une spécialité de son pays ou régionale pour les Français. Mais ce n’est pas tout, des pots sont organisés pour chaque arrivée même si d’autres ont lieu de « manière spontanée entre les services » nous confie Charlotte. La communication est également encouragée par un channel Slack. Ce logiciel sert notamment à partager des informations utiles pour la vie privée. En bref, tout ce que vous souhaitez partager et qui présente une allure différente des activités quotidiennes. Une manière de fonctionner qui évite de recevoir trop d’e-mails et qui renforce l’esprit d’équipe. 

Une organisation de la semaine bien huilée. 

Un événement commun rassemblant toutes les équipes est organisé toutes les semaines : le « Friday morning ». En clair, un service différent fait, chaque vendredi matin, une démonstration en anglais qui est enregistrée et retransmise dans toutes les antennes mondiales sur un sujet qui concerne l’entreprise. Le but ? Faire monter en compétences et connaissances les équipes et leur faire comprendre les problématiques des autres services. Pour le reste du temps, Charlotte nous raconte que « chaque service à sa manière de travailler ». En l’occurrence, pour le service marketing, le lundi sert pour les réunions avec les managers intermédiaires et le vendredi après-midi à un « call » avec le président désormais aux états-Unis. Cette dernière sert essentiellement à dresser un bilan de la semaine passée et se mettre d’accord sur ce qui va se passer la semaine suivante. Pour notre interlocutrice, le reste de la semaine type du moment reste surtout consacré au recrutement, l’entreprise étant en hyper croissance : l’équipe marketing passe de 8 à 25 membres. 

Des débuts difficiles… 

Patrice François, l’un des deux cofondateurs encore présents dans l’entreprise nous rejoint et revient pour nous sur les débuts de l’entreprise. L’idée leur vient en 1998 d’un professeur qui leur a enseigné la veille stratégique et la recherche d’informations. Ils décident de créer une société qui permet d’instrumentaliser la gestion de l’information stratégique en entreprise. à l’époque, pas d’outil logiciel capitalisant l’information afin d’aider les entreprises à prendre de meilleures décisions. Dès 2000, ils créent les outils pour aider les entreprises à trouver des pistes de développement et des opportunités commerciales. Ces derniers suscitent de plus en plus d’intérêt avec l’essor de l’information sur internet. Digimind démarre à Grenoble après avoir fait des démarches auprès des PME industrielles de la région. « Les débuts ont été difficiles car la veille stratégique n’était pas très connue à l’époque » explique le cofondateur. Les premiers succès ? Des sociétés technologiques qui présentaient des besoins de veille sur le marché afin d’exporter leurs produits. Ils parviennent à identifier une cible : les sociétés internationales détenant un fort caractère innovant. Et en 2001, l’associé monte une antenne à Paris dans l’idée d’accélérer le développement. 

L’arrivée du 2.0 bouleverse le modèle. 

Dès les années 2005-2006, les entreprises s’intéressent de plus en plus à ce que disent les consommateurs sur internet. Avant l’émergence des réseaux sociaux, celles-ci commencent à regarder les blogs, forums (…) qui deviennent sources d’informations. Ils forment les prémices de la e-réputation. Puis, les réseaux sociaux font leur apparition : Twitter, Facebook, Instagram, YouTube, Dailymotion…, et se met en place une démocratisation de la voix du consommateur. Patrice François, raconte : « à ce moment-là, on prend conscience de l’ampleur et de l’importance des avis des internautes, quel que soit leur âge. » Pour les cofondateurs, il devient indispensable de développer ce média qu’est internet ainsi que de bien communiquer sur ces supports. « Au début, les marques ciblaient les avis des jeunes afin de savoir si elles étaient appréciées » explique-t-il. Face à ces évolutions, près de 50 % de leurs projets portent sur la veille des réseaux sociaux. Aujourd’hui, Digimind comprend deux activités principales : l’analyse de la réputation digitale, qui se développe le plus rapidement, et la veille concurrentielle et marché.

Une histoire de déménagements. 

Nous rencontrons également Pascal Eman, présent depuis bientôt treize ans dans l’entreprise et aujourd’hui Customer Sucess Manager (CSM). Une des nouvelles fonctions apparue depuis peu au sein de l’entreprise. La société cherche à améliorer la relation client plus qu’à en développer la quantité : en limitant le nombre de clients gérés par un commercial, ils assurent une présence plus forte dans le compte. Arrivé un an après l’ouverture de Paris et alors que la boîte réalise seulement 300 000 euros de chiffre d’affaires, il nous confie avoir assisté à la croissance de l’entreprise qu’il considère toujours comme à taille humaine. Son critère ? Avoir « accès facilement au chef d’entreprise et pouvoir parler aussi bien au fondateur de la boîte qu’à n’importe quel collaborateur ». Plus tard, Patrice François nous confiera que ce peu de hiérarchie émerge d’une volonté de l’entreprise. Ce que Pascal apprécie tout particulièrement réside d’ailleurs dans la capacité de réaction de l’entreprise, une « entreprise agile » selon ses mots. Et pourtant, l’entreprise grandit. Le CSM nous raconte les changements progressifs de locaux. D’abord dans une toute petite pièce, rue de Paradis dans le 10e arrondissement, qui devait faire 15 m² d’après la description qu’il nous en fait pour quatre personnes. Il se rappelle des déménagements dans des locaux de plus en plus grands : 30 m² environ dans la même rue, puis 400 m² à République où il voit arriver les deux premiers babyfoots, en passant par la rue de Ponthieu avec cette fois-ci un billard à la clé, pour finalement finir sur les Champs élysées avec 600 m². Mais pour lui, il est clair que « la start-up a pourtant toujours été dynamique » et que le mode « à la cool » a toujours été présent. 

S’adapter face à la croissance de la boîte. 

S’il faut bien constater une chose c’est bien que le nombre de salariés grimpe rapidement. Mais le recrutement se veut original dans les annonces, ainsi ce ne sont pas des « chefs de projet marketing » mais des « as du marketing qui sont recherchés ». Cela n’exclut pas pour autant le fait d’avoir rencontré certaines difficultés. Un cycle de forte croissance a rendu le management des ressources humaines plus délicat. Des changements bouleversant l’organisation se sont opérés car le renouvellement d’équipe s’avérait nécessaire afin d’acquérir de nouvelles compétences. Pour remédier à cela, l’entreprise recrute des membres clés, piliers de l’entreprise et stabilise les équipes. Tout cela sans levée de fonds ! « On a essayé comme tout le monde de lever des fonds dans les années 2000 mais cela ne s’est pas fait » raconte le cofondateur. Avec le recul, ils sont au final très fiers de ce qu’ils ont parcouru car la société reste basée sur un modèle durable et sain puisqu’ils se sont développés avec leurs clients, grâce à un business model reposant sur l’abonnement. Ayant pour objectif d’améliorer la qualité de leurs outils, ils espèrent maîtriser d’autant plus leur destin : « Ce fonctionnement est idéal pour moi car je peux prendre mes propres décisions, parfois en me trompant mais cela reste un grand plaisir » confie Patrice. Il ajoute : « La société a été rentable chaque année depuis sa création. »

A la conquête de l’international. 

Après avoir essuyé quelques échecs en se lançant au-delà des frontières de l’hexagone, ils en tirent un apprentissage et décident de surmonter ces expériences. Ils connaissent également de beaux succès bien que « l’international ne soit pas évident à gérer » selon le cofondateur. Au départ, ils font le choix de recruter directement dans le pays concerné mais la greffe ne fonctionne pas. Ils envoient par la suite des membres de Digimind à l’étranger comme cela s’est fait pour Singapour notamment avec l’envoi de deux personnes de l’équipe. Aujourd’hui, l’entreprise possède des implantations au sein de plusieurs pays, en plus de la France, tels que Munich, Rabat, New York et Singapour, et couvre les marchés espagnols, allemands, anglais, suisses, italiens, le Benelux et l’Amérique latine. Les défis ? Gérer une croissance rapide, proche de 50 %, nous explique Patrice François. « Celle-ci amène de nombreuses problématiques, notamment liées à la question du recrutement. Des plans de suivi, embauches, formations, s’avèrent par ailleurs plus que nécessaires à mettre en place » précise-t-il. Et tout ce petit monde implique de trouver de nouveaux espaces, ce qui explique leur recherche d’un open space qui les a conduits sur les Champs élysées. 

Les valeurs de l’entreprise

  1. L’innovation présente sur chacun des deux marchés : celui de la veille concurrentielle avec une plateforme intégrée de veille stratégique, et sur le social média, qui ont révolutionné l’activité avec leur vision novatrice.
  2. La passion depuis 18 ans. Entrepreneurs passionnés, on recrute des personnes qui ont envie de construire quelque chose avec nous en partageant des valeurs humaines, qui aiment partir à l’étranger, créer de nouveaux marchés, et s’investir personnellement.
  3. Apporter de la valeur en conférant un réel bénéfice à nos clients. On se satisfait du fait qu’ils en retirent une plus-value. On ne veut pas être un énième acteur de ce qui a déjà été fait mais apporter quelque chose de plus. Cet aspect est démontré par le taux de reconduction des abonnements.
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