Dépasser les tabous de l’échec

Le tabou de l’échec entrepreneurial est à l’agonie. L’échec entrepreneurial très mal perçu et mal vécu en France il y a moins d’une décennie est en train d’acquérir des lettres de noblesse. La conception de l’échec permet d’envisager que celui-ci est le premier pas vers le succès.

Pensez à vos amis entrepreneurs. En connaissez-vous au moins un qui n’ait pas connu le moindre échec dans son parcours de création d’entreprise ? Avez-vous déjà rencontré un entrepreneur ayant connu très vite le succès, sur son premier projet, sans avoir à réorienter son modèle et qui ne s’est jamais trompé dans ses lancements de produits ?
En faisant ce constat rapide, on se rend bien compte qu’il est illusoire de considérer l’échec entrepreneurial comme un boulet que se traînent aux pieds les entrepreneurs malchanceux ! À croire que l’entrepreneur qui ne serait pas une sorte de grand visionnaire, parfait stratège et ultra chanceux serait à considérer comme un mauvais entrepreneur… !

A savoir ! période exceptionnelle, chiffres exceptionnels  !

Selon la banque de France, en juin 2020, le nombre de défaillances sur un an diminue de 25,1 %. Cette baisse n’indique pas une réduction du nombre d’entreprises en difficulté mais à la fois l’impact qu’a eu la période de confinement sur le fonctionnement des juridictions commerciales et les évolutions réglementaires qui modifient temporairement les dates de caractérisation et de déclaration de l’état de cessation de paiement. Elle s’observe dans tous les secteurs et pour la plupart des catégories d’entreprise, sans que cela puisse être analysé d’un point de vue économique.

Une étude optimiste sur la levée du tabou

Selon une étude menée du 21 au 29 mars 2017, sur un échantillon de 1018 entrepreneurs et dirigeants d’entreprise, l’échec d’une société ne brise pas l’envie d’entreprendre. En effet, 61% des entrepreneurs envisageraient de créer une nouvelle société s’ils devaient fermer leur entreprise, 36% d’entre eux s’abstiendraient. Un pas en avant !
Les femmes sont cependant plus frileuses, tout juste une sur deux retenterait l’aventure en cas d’échec (53%), tandis que 64% des hommes voudraient relever à nouveau ce défi.
L’âge est également un critère qui joue dans le challenge de créer une nouvelle entreprise. 75% des entrepreneurs de moins de 35 ans déclarent être prêts à se lancer à nouveau le défi, un chiffre qui diminue avec l’âge puisqu’ils ne sont plus que 65% parmi les 35-49 ans, 59% parmi les 50-64 ans et enfin 42% des 65 ans et plus.
Mais les réponses des dirigeants varient aussi en fonction de leur région d’implantation : 67% des dirigeants franciliens étant susceptibles de recréer une société contre 57% en province. Selon leur secteur d’activité actuel, les interviewés n’expriment pas non plus la même propension au risque : deux entrepreneurs sur trois du BTP et des services aux entreprises envisageraient de recréer une société (respectivement 66%), quand ils ne sont que 53% parmi les agriculteurs et industriels. Ces derniers sont 45% à ne pas envisager de reconduire l’expérience, 26% d’entre eux étant même certains de ne pas vouloir le faire (contre 13% en moyenne qui partagent cet avis).

Petites histoires de gros déboires…

Pixmania : Avant de bâtir l’un des leaders du e-commerce européen, les fondateurs de l’entreprise ont dû réorienter leur business qui filait droit dans le mur. Ayant lancé au départ un service de développement de photos à distance, ils ont dû changer le concept même du service pour l’orienter vers le e-commerce. Seul souci, le site a ouvert en 2000, à une époque où personne n’était équipé du haut débit. Il a fallu attendre la fin 2001 pour que leur business commence enfin à décoller.

Criteo : L’entreprise a connu trois changements de modèles en trois ans avant de devenir la success story d’aujourd’hui. Le fondateur explique avoir au départ mal fait, puis un peu mieux, un mauvais concept, avant de trouver le bon projet. Il a ensuite mal mis en œuvre le bon concept avant d’arriver à bien faire la bonne idée ! La première version était complètement orientée B to C alors qu’aujourd’hui Criteo s’impose dans le B to B.

Quelles sont les clés pour réussir à rebondir après un échec ?

Ceux qui arrivent à rebondir sont déjà ceux qui réussissent à comprendre d’où vient leur échec. Il faut être ou devenir suffisamment flexibles pour arriver à remettre en cause son modèle pour réussir à rebondir lorsque son entreprise connaît des difficultés. Les entrepreneurs qui abandonnent tout sans chercher de solution alternative lorsque des problèmes arrivent ont en général du mal à transformer l’échec en opportunité. Cela prend du temps, ce n’est jamais facile. Personne n’est fier de dire qu’il a échoué et perdu de l’argent. Mais pour bien le vivre, il faut commencer par assumer ses responsabilités. Et puis il faut relativiser en se rappelant que la plupart des entrepreneurs qui ont bien réussi ont connu également d’énormes échecs.

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