Suivre le secteur lucratif de l’économie du partage

Qui n’a pas, aujourd’hui, entendu parler de la « sharing economy » ? Cette économie du partage dont on nous vante les mérites depuis un an ou deux est apparue en France dans les années 2000. Les plateformes de partage se multiplient et la consommation collaborative n’a jamais affiché une si bonne santé, à l’heure du numérique et du web 2.0. Focus.

Consommer, partager, utiliser à plusieurs plutôt que de posséder individuellement, c’est le crédo avancé par l’économie du partage. Ce secteur représente aujourd’hui un véritable mode de consommation alternatif, qui entend développer le lien social et réduire l’impact de l’homme sur l’environnement. Le concept n’est pas si récent, à bien y regarder de près ! Le troc et le partage demeurent des pratiques vieilles comme le monde et le modèle de la « sharing economy » tel qu’on le conçoit de nos jours est apparu dans l’Hexagone il y a une quinzaine d’années. Mais l’économie du partage retrouve aujourd’hui un second souffle grâce à l’explosion du web 2.0.

Une tendance boostée par les technologies

Partager une voiture, un logement, des outils ou des compétences est progressivement devenu d’une facilité déconcertante grâce au maillage du réseau Internet mondial et la multitude des algorithmes prédictifs du Web. Il suffit désormais d’une minute ou de quelques clics pour trouver l’appartement de ses rêves à l’autre bout du monde ou bien réunir des fonds pour mettre en œuvre un projet. Internet et les systèmes Peer-to-Peer sont à l’origine de la croissance des formes d’échanges directs entre particuliers. L’émergence de ce système a rendu possible le déploiement de masses d’internautes intéressés par l’échange et optimise la rencontre entre ceux qui possèdent les biens et ceux qui les recherchent. D’un autre côté, la notation sur Internet et les systèmes d’e-réputation permettent de maintenir la confiance nécessaire à la bonne tenue de cette économie du partage. Les plateformes d’échanges utilisent bien souvent des systèmes qui permettent aux internautes de noter et référencer ceux qui proposent leurs services et explique en partie le succès des sociétés qui structurent le marché.

Des chiffres qui ne trompent pas

Les données chiffrées prouvent la bonne santé du secteur. Selon le magazine Forbes, il pèserait 3,5 milliards de dollars en 2013, soit une progression de 25 % par rapport à l’année précédente. Selon une récente étude, l’internet est la clé du partage généralisé pour 97 % des européens âgés de 14 à 29 ans. Certains secteurs tirent particulièrement leur épingle du jeu, à l’image de l’échange d’appartements ou de l’auto-partage. 3 millions de personnes dans 235 pays ont déjà « couch surfé » et plus d’un million de candidats inscrits au covoiturage le considèrent déjà comme une alternative crédible aux transports en commun. Plus de 6 millions d’internautes sont enregistrés aujourd’hui sur la plateforme Couchsurfing.org et Airbnb.fr compte quant à lui 10 millions d’inscrits. En ce qui concerne les plateformes de partage de véhicules, le marché devrait frôler, d’ici 2020, les 26 millions d’utilisateurs ! On note aussi que le phénomène du « Car sharing » représentait 500 000 partages en Allemagne en  2012. Dans le même pays, on dénombre 25 % de co-consommateurs parmi la population, soit un allemand sur quatre. En Grande-Bretagne, ces derniers représentent 66 % de la population (deux sur trois environ). Au total, la « sharing economy » représentait environ 1,5 % du PIB britannique en 2012 et les experts prévoient un chiffre de 15 % en 2017 !

Un nouveau modèle économique à fort potentiel

L’économie du partage dynamise aussi l’entrepreneuriat, au point de devenir une force économique qui compte. La ville de San Francisco est considérée comme le berceau du secteur, puisque de nombreux modèles de sociétés présentes sur ce marché y ont vu le jour. Il existe aujourd’hui près de 200 start-ups s’intéressant à cette révolution, dans des domaines aussi variés que la location de vêtements à la mode (Fashion hire, Rent The Runway, etc.), le covoiturage (Taxistop), la mutualisation de cours de cuisine sur mesure (restolib), la location de places de parking (Parkatmyhouse.com)… La liste est longue ! La multiplication des plateformes de crowdfunding (Ulule, KissKissBankBank) et des espaces de coworking comme Bureaux à Partager.com ou Remix Coworking, qui a récemment bouclé une levée de fonds d’un million d’euros auprès d’investisseurs privés, participe aussi activement au fourmillement du secteur. Dans ce secteur, les levées de fonds sont d’ailleurs légion et plutôt colossales : 7 millions pour Thredup, site de troc de vêtements et de jouets pour enfants,1,6 million pour Grubwithus, qui propose un service de colunching, 1,2 million pour Gobble, qui permet d’acheter des plats fait maison près de chez soi…

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