Pourquoi s’implanter en Espagne ?

Puissance d’Europe, la péninsule, qui jouit d’une influence prépondérante en Amérique latine, peut se vanter d’une économie innovante et d’un large marché de consommateurs. Le pays constitue un véritable appel à l’exportation malgré les prévisions des économistes.

N’en déplaise aux analyses pessimistes qui voyaient son économie sombrer pour longtemps, l’Espagne reste une destination de choix pour s’implanter à l’étranger et une rampe de lancement pour des marchés tiers que sont le Maghreb et l’Amérique latine. Tour d’horizon des forces de l’Espagne, une destination de choix pour les entrepreneurs.

Un marché interne dynamique…

L’Espagne possède un atout démographique incontestable : 45 millions d’habitants qui représentent un marché de consommateurs à ne pas négliger. Elle est connue pour son poids touristique.
L’Espagne est la 2ème destination préférée des touristes, et la 1ère si l’on s’intéresse aux recettes, selon Richard Gomes, directeur du bureau Espagne UBIFRANCE.  L’histoire de l’Espagne en fait un pays prestigieux où la culture joue un rôle vivant. C’est aussi un pays où il fait bon vivre, où le climat est très accueillant.

L’Espagne a construit son succès en partie sur le secteur du bâtiment qui a subi la crise des subprimes en 2008 et continue de souffrir de difficultés. Néanmoins, la péninsule ibérique offre une proximité appréciable et partage de nombreuses particularités avec la France, comme les habitudes de consommation, la culture européenne commune, les frontières au-delà des Pyrénées et la mer méditerranée qui avait fait l’objet d’un grand projet de commerce et de civilisation dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée impulsée,entre autres, par Nicolas Sarkozy.

…qui n’exclut pas les possibilités d’exportation !

Forte d’un marché ouvert, l’Espagne peut compter sur une industrie en forme.

Son économie, désormais résolument tournée vers l’extérieur, reste puissante malgré la crise financière. D’après Richard Gomes,ses exportations ont cru de 11% en 2010, 9% en 2011, et 4% en 2012. La France est d’ailleurs déficitaire vis-à-vis de son voisin du Sud.

Elle fait partie du marché intégré de l’Union Européenne depuis 1986 et a montré depuis le début de la transition démocratique un remarquable esprit d’entreprise qui lui vaut d’être aujourd’hui au 12ème rang des puissances économiques mondiales d’après l’OCDE.

Un esprit entrepreneurial prometteur

Selon une étude réalisée par Startup Genome et Telefónica Digital, Madrid et Barcelone pourraient bien être les prochaines Londres et Paris. L’écosystème entrepreneurial des grandes villes espagnoles est pour le moins solide, et en pleine effervescence. Pour preuve, le niveau de qualification des entrepreneurs, plus élevé que dans les autres villes européennes. 90% de ceux-ci ont un doctorat ou une maîtrise, contre 75% des entrepreneurs londoniens. Les Espagnols passent juste un peu moins d’heures journalières sur leurs projets que les entrepreneurs de la SiliconValley.

Une fiscalité accommodante

Le gouvernement semble avoir pris la mesure des investissements à apporter en adoptant une fiscalité incitative. Parmi les mesures, la création d’un régime spécial de TVA (paiement lors de l’émission de la facture), la réduction de l’impôt sur les sociétés de 10% pour les moins de 10 millions d’euros, des déductions pour la recherche et développement avec effet rétroactif pour ceux qui n’en auraient pas bénéficié malgré un investissement récent, un faible taux d’imposition (15%) pour les nouvelles entreprises pendant les 2 premières années, où elles sont le plus fragile, une imposition à 20% des revenus pour les travailleurs indépendants.

Un rayonnement jusque dans les contrées américaines

L’Espagne est aussi un pays à part si l’on considère son rayonnement culturel. L’Espagnol est parlé par une majorité du continent américain. Les liens qu’elle entretient avec les pays d’Amérique du Sud peuvent vous permettre de réussir votre installation à l’étranger. Si l’on en croit Richard Gomes, s’ouvrir à l’Espagne, c’est s’ouvrir au monde, et bénéficier d’un marché de 400 millions de consommateurs. Rappelons que la proximité géographique des pays du Maghreb en fait un partenaire privilégié pour l’Espagne. Ambitieux, libre à vous de poursuivre votre activité dans le tourisme au-delà de la Méditerranée.

Des spécificités culturelles à prendre en compte

Il faut tout de même bien prendre en compte la culture espagnole. La péninsule se divise en régions autonomes qui sont autant de micro-états, et auxquelles il faut savoir s’adresser. Comprendre les habitudes alimentaires basques, par exemple, vous permettra de vous adapter à un marché spécifique. La langue est aussi un élément à prendre en compte. Les Catalans, par exemple, sont très fiers de leurs pratiques culturelles. Renommer vos produits pour mieux les vendre est un atout considérable. Ayez le sens de la formule pour séduire votre clientèle. Intéressez-vous à L’Espagne ! Apprenez l’espagnol de l’entreprise, sachez apprivoiser la culture diverse de la péninsule. Une approche intellectuelle du pays, même voisin, est toujours une bonne chose pour appréhender au mieux le marché que vous souhaitez investir.

Ne négligez pas les pratiques managériales. Les Espagnols, fiers, méritent d’être compris. Privilégiez le dialogue, autrement vous vous retrouverez submergés par les différences culturelles. Par exemple, les habitudes des Espagnols sont plus étalées dans le temps. On y mange tard, et la productivité y est plus faible qu’en France. Tâchez donc de prendre en compte le cadre culturel des Espagnols.

Une économie variée : les secteurs clés

La péninsule possède une industrie aux bases solides, qui innove et se démarque dans plusieurs secteurs : bancaire, textile, agroalimentaire, nouvelles technologies.Un récapitulatif des secteurs qui pourraient vous décider à vous implanter au-delà des Pyrénées.

L’Espagne est à l’avant-garde de l’industrie alimentaire. Le producteur de viande Incarlopsa a renforcé son partenariat avec Mercadona l’an dernier, et a diversifié son activité en y ajoutant la production de porc.D’après des chiffres d’UBIFRANCE, le groupe a investi 44,5 millions en 2012 et 27 millions en 2013, preuve de la prospérité de cette filière. Campofrío Food Group, leader européen de la préparation de viande, a enregistré au 1er semestre 2012 une hausse de 9,04 % de son chiffre d’affaires à 910,36 millions d’euros.

Le secteur bancaire espagnol, contrairement aux caisses d’épargne, est aussi vigoureux, avec des banques comme Santander ou le groupe BBVA, deux poids lourds du secteur au niveau mondial. Les banques ibériques ont des filiales dans de nombreux pays. UBIFRANCE affirme que le système bancaire espagnol contrôle 12% des banques anglaises.

Le e-commerce subit une croissance constante en Espagne. UBIFRANCE décompte 14 millions d’acheteurs sur internet en 2011, chiffre en augmentation. En 2010, 831 euros étaient destinés aux achats en ligne, alors que la propension à consommer sur internet augmente de 11% chaque année. Le e-commerce espagnol, c’est 11 milliards d’euros et une hausse de 22%, un taux inédit en Europe. Le point fort du e-commerce est l’achat de services de transports. Les autres secteurs de marketing direct sont à exploiter. Là encore, des différences régionales : on dépense plus dans le nord de l’Espagne que dans le sud. Misez sur le discount, la place est à prendre.

L’industrie ferroviaire est une valeur sûre de l’économie espagnole. En effet, selon UBIFRANCE,  l’Espagne possède le premier réseau de TGV d’Europe. Le projet de construction d’une ligne de TGV entre Djeddah, Médine, et la Mecque a longtemps été disputé entre le géant français, Alstom, et Talgo, l’espagnol, qui n’avait que peu de contrats à son actif. Le dossier a finalement été confié à un consortium composé d’entreprises espagnoles et saoudiennes. Cela montre le poids grandissant de l’industrie lourde espagnole, et son savoir-faire technologique. D’ailleurs, les commandes de lignes à grande vitesse se multiplient en Amérique du Sud.

A cet égard, on peut noter un fort développement des technologies de pointe dans les secteurs des transports et de l’aéronautique. L’Espagne a beaucoup investi dans le programme de construction d’avions EADS, et propose des composants de qualité. En témoigne le récent programme de fabrication d’hélicoptères Tigre. L’Espagne y est le 2eme producteur d’avions civils et militaires, et le 7eme producteur de satellites.D’après UBIFRANCE, le secteur aéronautique représentait 5,8 milliards d’euros et employait 37 300 personnes en 2010, de quoi placer l’Espagne au 5ème rang européen. L’Etat a même avancé des sommes importantes pour la fabrication de l’A350 XWB, avion de ligne nouvelle génération.

Les biotechnologies semblent être privilégiées par le gouvernement espagnol. En effet, selon les bulletins électroniques du ministère des affaires étrangères, en 2010, le chiffre d’affaires a progressé de 11% pour atteindre 60 milliards d’euros, le nombre d’entreprises de 13%, les dépenses de R&D de 11% soit un total de 568 millions d’euros et le nombre de dépôts de brevets a cru de 17%.Le partenariat public-privé a été promu par la « plate-forme des marchés biotechnologiques » créée par ASEBIO. Les débouchés se situent dans l’agroalimentaire et la santé, et le niveau de formation des travailleurs est très élevé.

L’entrepreneur désirant s’implanter au pays de Goya peut également se tourner vers le textile, valeur sûre de l’économie espagnole. Ainsi, Zara ou Mango ont fait leurs preuves à l’étranger en tant que marques ambassadrices du style hispanique. L’excentricité y trouve sa place alors que des firmes comme Desigual prônent une originalité, un exotisme à travers des produits de qualité. C’est une manière pour l’Espagne d’afficher et de défendre son identité et son mode de vie dans les autres pays. Tâchez de tirer votre épingle du jeu de cette créativité et du dynamisme du secteur de l’habillement et du luxe.

Les cosmétiques représentent un marché important en Espagne, qui se développe davantage dans les grandes surfaces. La marque Puig, par exemple, prévoit 10% de parts de marché en 2014, rapporte UBIFRANCE. Le géant des cosmétiques français l’Oréal prépare le lancement du vernis « essie » en Espagne. La péninsule est un marché conséquent. La mode y est soutenue, encouragée par l’image de marque dont jouissent des stars de classe mondiale telles Antonio Banderas, Penelope Cruz ou Javier Bardem.

L’Espagne est également bien placée sur les NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication). Dans son rapport annuel, l’AETIC, association regroupant ces entreprises, signale que ce secteur représente 102,7 milliards de chiffre d’affaires et que les exportations ne cessent d’augmenter. Les innovations touchent les télécommunications (avec la marque Téléfonica, le leader européen de la téléphonie mobile), l’électronique grand public et professionnel, les contenus électroniques et les composants digitaux. A ce propos, l’Espagne dispose d’une réserve de travailleurs qualifiés. Le marché espagnol est d’ailleurs très en demande : c’est en Espagne que l’on trouve le plus fort taux de pénétration de smartphones d’Europe, si l’on en croit UBIFRANCE. Le développement de la fibre optique, l’accès à une grande partie de la population à internet, ne peuvent que vous inciter à investir le marché des télécommunications.

Au sein des NTIC, l’exemple de Connecthings, entreprise française qui produit des équipements mobiles, est intéressant. L’entreprise, qui n’avait pas beaucoup de moyens, a d’abord fait appel au volontariat international en entreprise (V.I .E)pour faire naître une image de la firme auprès des partenaires potentiels de l’autre côté des Pyrénées. Résultat : au bout de 6 mois, la ville de Madrid a accepté de se faire équiper en panneaux d’annonces pour l’attente des bus. La clé du succès : une bonne stratégie de prospection, d’étude de marché avec les acteurs espagnols, et de la persévérance. La patience paye toujours. Aujourd’hui, comme l’affirmeLaetitia Gazel Antoine, PDG de la PME, dans le blog export d’UBIFRANCE, Connecthings prospecte un peu partout en Espagne et entreprend un développement de son activité.

Vous pouvez aussi vous lancer dans les énergies renouvelables. L’Espagne, grâce à un climat propice, bordé par l’océan et la Méditerranée au Sud, est le 7eme pays pour l’installation de l’éolien et le 4e producteur d’éoliennes au monde, avec une augmentation de 5,1% en 2011 d’après les chiffres d’UBIFRANCE. Gamesa  et Vestas Wind Power sont les poids lourds du secteur. L’ensoleillement peut également vous donner des idées de développement des panneaux solaires.

En conclusion

Faites mentir les analyses dépréciatives qui font de l’Espagne le pays du chômage et de la crise. La consommation des Espagnols reste solide et le pays compte toujours des grandes entreprises qui donnent un cadre favorable à l’économie. De plus, l’Espagne est un pays de propriétaires. Rien ne vous empêche de vous intéresser au marché de la construction, grande malade lors de la crise de 2008, mais qui retrouve des couleurs, en particulier en matière de réhabilitation et d’efficience énergétique.

Selon les analyses de Morgan Stanley, l’économie espagnole devrait reprendre un bon départ tout au long de 2013.

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